Hommage à notre grand frère et collègue, feu Ahmed Soua,
Avant
propos
Le 9 juin 2004, la famille éducative perdait l’un de
ses fils, le professeur Ahmed Soua , l’inspecteur général de l’éducation, parti
à la retraite en 1984 ; il est décédé après un riche , par parcours scientifique et
professionnel lui qui s’était fait
connaitre par son audace et par ses prise de position dans la vie publique en
général et dans l’enseignement d’une façon particulière, il préférait le
dialogue et cherchait à convaincre son interlocuteur par la preuve et la raison
, il collaborait avec ses jeunes
collègues et s’acharnait à défendre le corps des inspecteurs pédagogiques et leur indépendance.
Qui est Ahmed Soua ?
Ahmed Soua est né en 1924 dans le village sahélien de
Ksar Hlal. Après des études primaires dans son village, il rejoint la grande
mosquée, Az-zaituna, en 1937 ; de 1942 à 1946, il dirigea Al - Madressa Al
Hilalya, fondée par son père feu Ali Soua, pour héberger les étudiants de la
grande mosquée ; ensuite, il partit pour Le Caire et s’inscrit à
l’Université Fouad premier, où il obtient la licence en 1952. Il rentra au pays
et s’engage dans l’enseignement.
.
Ahmed Soua avait des activités littéraires : le
10 février 1955, il donna une conférence devant la jeunesse littéraire
hilalienne, au palais des associations à Tunis, sur Baha-Eddine : poète de
la nature égyptienne et du peuple ; devant le succès de la conférence, il
fut sollicité pour la présenter devant le public de la ville de Sousse, à la maison
de l’enseignement, le 17 mars 1955. Il semble être engagé dans l’action
syndicale dans les rangs de l’UGTT ,
pour preuve sa contribution - avec feu Abou al Kacem Mohamed Kerrou- à la rédaction d’un rapport sur
l’enseignement en Tunisie, et qu’ils
avaient remis à l’Union Générale Tunisienne du Travail au cours du mois de
novembre 1954.
An mois de février 1958, Ahmed Soua fut arrêté et
condamné à 5 années de prison, pour des raisons politiques ; il
bénéficiera d’une mesure de grâce présidentielle, et libéré le 30 mai 1960, et
retrouva sa fonction d’enseignant ; il intégra le corps des inspecteurs d’arabe de l’enseignement secondaire en novembre 1970[1] ; Ahmed Soua , l’inspecteur d’arabe, a participé
avec ses collègues à rénover les contenus de l’enseignement de la langue et de
la littérature arabe et aux différentes réformes de 1970 jusqu’à son départ à
la retraite, il est considéré comme le père des inspecteurs d’arabe , il a été
pendant longtemps leur coordinateur et leur président, et membre du jury de recrutement des nouveaux
inspecteurs pendant plusieurs sessions , l’un d’entre nous deux[2] l’avait connu , en 1973, alors
qu’il était un jeune professeur stagiaire deuxième année, Ahmed Soua venait de remplacer l’inspecteur Mohamed Rezgui appelé à
des fonctions administratives , ce fut
l’occasion de découvrir l’encadreur et le conseiller , respectueux des potentialités des jeunes enseignants
débutants , fraichement diplômés de
l’université tunisienne au début des années soixante dix, il était très ouvert
et encourageait les innovations pédagogiques ,
il lui confia la direction du stage des étudiants de
l’école normale supérieure en dépit de sa courte expérience et son jeune âge.
A coté de la mission d’encadrement et d’évaluation ,
Ahmed Soua a consacré ses efforts à la
recherche pédagogique dans le cadre de
l’Institut national des sciences de l’éducation de Tunis , où il travailla sur
plusieurs thèmes comme le développement du vocabulaire, l’encouragement de la bibliothèque,
la lecture suivie, les questions
civilisationnelles , la rénovation de l’enseignement de la littérature[3], il a en outre participé d’une manière
remarquée au séminaire national sur le développement du vocabulaire tenu en
1974 sous la supervision du professeur
Abdelmajid Attia, l’inspecteur général et directeur de l’INSE, à cette époque[4]
En 1982, Ahmed
Soua est promu Inspecteur général de l’éducation, en compagnie de Feu Mohsen
Mezghanni ( arabe) , Feu Abdelmajid Dhouib ( Histoire géographe ) et le
professeur Abdelkarim al Marrak ( philosophie) , cette nouvelle promotion avait
demandé l’application les termes de
l’organisation de l’administration
centrale du Ministère en cours , qui font d’eux des membres de droit du cabinet
du Ministre et ses conseillers , mais le directeur général des programmes qui était le chef hiérarchique du corps des
inspecteurs à l’époque voulait les
garder sous son autorité , pour ce faire il amenda le texte d’organisation de
l’administration centrale mais les 4 inspecteurs généraux faisaient de la
résistance , une sortie de crise fut trouvée en chargeant chacun d’entre eux
d’une mission, c’est ainsi qu’on confia à mohsen Mezghanni le dossier de
l‘école de Base , et le dossier du contrôle continue à Abdelmajid Dhouib , le dossier
du stage pédagogique à Abdelkrim Marrak ,
Ahmed Soua lui, est chargé de relancer le bulletin pédagogique, dans sa nouvelle série[5] ,il présida son comité de
rédaction avec l’aide du professeur Abderrazak Hlioui, le bulletin a permis aux
membres de la famille éducatif de publier
leurs réflexions et d’échanger
leurs point de vue sur les questions de l’éducation.
Grâce à lui , le bulletin a pu paraitre d’une façon régulière , jusqu’à sa retraite , on e souvient qu’il s’est porté
volontaire de poursuivre sa mission si le ministère , je me rappelle , qu’il en
a informé le Ministre , un mois avant la date de son départ à la retraite ,
sans recevoir de signe quelconque qui
l’aurait encouragé à continuer , il prit la décision de partir et de profiter
de sa retraite.
L’autre visage
du militant Ahmed Soua , c’est sa participation dans la vie associative
et en particulier aux activités de l’amicale des inspecteurs de l’enseignement
secondaire depuis sa fondation au début des années soixante dix, suivant la voie tracée par les pères fondateurs comme Mohamed Rezgui ou Ahmed Al
Fani et beucoup d’autres qui croyaient
en la mission de l’inspection pédagogique et fiers d’en faire partie, ils
militaient pour son indépendance surtout
vis-à-vis e l’administration et
veillaient sur la dignité de ses
membres, ils avaient toujours rejeter leur intégration dans le
cadre administratifs malgré les avantages
financiers ( postes fonctionnels…)
Ahmed Soua a présidé le comité de l’amicale durant
plusieurs années , défendant les intérêts moraux et matériels de ses membres
et représentant le corps dans les
différentes réunions importantes , l’amicale avait aussi pris l’habitude
d’organiser des cérémonies à l’honneur de ses membres qui partent à la retraite
et pour accueillir ses nouveaux membres
, nous nous rappelons de notre première participation à ce type de cérémonie , ce fut à l’occasion
du départ de nos collègues : Mohamed Mganem ( inspecteur de mathématiques
) , Abdelkrim Marrak ( inspecteur de philosophie) et Melle Chakroun ( inspectrice de
l’enseignement professionnel)
Qu’il repose en paix
L’histoire du rapport
Ce fut au
cours du mois de Novembre 1954[6], quelques mois après la visite de Mendes France, président du Conseil du
gouvernement de la France, en Tunisie,
le 31 Juillet 1954, et sa rencontre avec
le Bey de la régence de Tunisie, au cours de laquelle il proposa
d’accorder l’autonomie interne au
pays, alors que le pays menait, depuis
1952 , une résistance armée contre le présence française en Tunisie.
Il semble,
qu’à cette période, l’UGTT fondée en 1946 et le syndicat de l’enseignement avaient
commencé à préparer un projet de réforme
de l’enseignement tunisien, afin qu’il soit prêt, avant la signature de
l’accord d’autonomie interne ; la centrale syndicale et le syndicat de
l’enseignement voulaient anticiper les négociations, et surtout les futurs
accords culturels entre la France et la Tunisie, car tout le monde avait la
certitude que les autorités françaises allaient chercher à préserver sa place particulière
dans le pays, et à sauvegarder les
acquis de la culture française et la place de sa langue dans le futur système
éducatif de la Tunisie indépendante.
Nous pensons
que l’initiative des professeurs Soua et Kerrou d’écrire un rapport sur la
situation de l’enseignement en Tunisie et son envoi à l’UGTT, s’inscrit dans cette
optique.
Le professeur
Kerrou n’a pas reproduit l’intégralité du rapport dans son livre, déjà cité
précédemment, il s’est contenté d’en présenter un résumé très succinct en 15
points qui font l’état des lieux, et traduisent les grandes orientations
défendues par les deux professeurs ; d’ailleurs le titre qu’ils avaient
choisi est à lui seul tout un programme : Le chemin pour l’avenir. Il
s’agit d’un document très important sur l’histoire des origines de la première réforme
éducative, que nous avons voulu partager avec les amis du blog pédagogique.
Le
document : le chemin de l’avenir
1.
Considérer la langue arabe comme étant l’unique langue
officielle dans tous les niveaux de l’enseignement, et dans tous les services
de l’Etat.
commentaire
l’importance
de ce premier point réside dans le fait qu’il précise la place que devrait
occuper la langue arabe ; c’est la langue officielle unique dans
l’enseignement et dans la société ; c'est-à-dire que qu’elle doit être
la langue d’enseignement de toutes les disciplines et de tous les niveaux de
l’enseignement ; elle doit être aussi la langue de tous les
services l’administration et du
gouvernement ; ce point de vue appelle deux remarques :
1-
pour la première fois une demande d’utiliser la
langue arabe dans l’administration est exprimée sans équivoque, alors
qu’avant les demandes se limitaient à l’école.
2-
les auteurs ne font aucune allusion aux langues
étrangères à l’école, quelle est la raison de ce silence ?
|
2.
Unification de tous les établissements et les
instituts scientifiques, et de tous les programmes appliqués par ces
établissements dans notre pays.
Commentaire
Sous
le protectorat, plusieurs types d’enseignement coexistaient ; on y
trouvait l’enseignement public et l’enseignement privé, l’enseignement laïc et
l’enseignement confessionnel, l’enseignement français et l’enseignement
« indigène » ; cette diversité a provoqué une dispersion et la
poursuite d’objectifs au service de politiques éducatives contradictoires, et
l’absence d’une politique éducative nationale ; c’est ce que proposent
les deux auteurs du rapport.
|
3.
Faire que les futurs programmes scolaires de tous les
niveaux d’enseignement visent à former le bon citoyen qui s’appuie sur une culture
moderne et progressiste et qui est fier de notre patrimoine national.
Commentaire
Les
auteurs insistent sur le concept de ‘ citoyen’ qui doit être l’objectif
ultime de l’école : un citoyen ancré dans la modernité et« fier de
son patrimoine ». Ce principe a été adopté par toutes les réformes
éducatives depuis celle de 1958 jusqu’à la réforme de 2002/
|
4.
Création d’un grand nombre d’écoles professionnelles
et techniques (industrie - commerce - agriculture).
commentaire
Ce point traduit une demande très ancienne (mouvement
jeunes tunisiens). il s’agit de développer l’enseignement professionnel, afin
de répondre aux besoins de l’économie ; pour les auteurs, la politique
éducative doit être en rapport étroit avec l’économie ; ce point de vue
est très en avance, les auteurs, de formation classique, n’ont pas appelé à
conserver l’enseignement classique (enseignement général et l’enseignement
religieux)
|
5.
Assurer la spécialisation professionnelle (la
professionnalisation) dans les domaines des études d’une part, et dans les
domaines du travail et de la fonction, d’autre part.
6.
Donner à la fille toutes les chances de scolarisation,
et la préparer pour qu’elle puisse être un membre utile dans la société, tout
en veillant à la protéger socialement, moralement et économiquement.
Commentaire
un
appel très clair en faveur de l’enseignement de la fille (qui souffrait d’un déficit) ;
mais cet appel est resté très général ; les auteurs n’ont évoqué ni
l’égalité entre les deux sexes, ni l’obligation de la scolarisation des
filles ; ils n’ont pas précisé quel type d’éducation ils voulaient pour
la fille : est-ce une simple formation aux affaires domestiques, ou une
formation générale ou même formation spécialisée qui prépare la fille au
travail en dehors du foyer ?
|
7.
Multiplier les jardins d’enfants, et donner une
formation pédagogique spéciale aux personnes qui en auront la charge.
Commentaire
Ce point traduit une vision avant- gardiste qui
accorde à l’enseignement précoce une place importante dans le système
éducatif, d’où leur appel à son développement ; ainsi les deux auteurs
avaient-ils accordé aux catégories oubliées (femmes et
enfants) une place dans leur projet ?
|
8.
Élargir
l’enseignement secondaire, afin qu’il puisse accueillir tous ceux qui désirent poursuivre
leurs études dans les écoles professionnelles ou scientifiques.
Commentaire
Il est à relever que dans ce point consacré à
l’enseignement secondaire, le projet ne parle que ‘ d’élargissement’ pour
répondre aux ‘désirs’, sans appeler à la généralisation, ni à l’obligation ;
d’ailleurs nous remarquons l’absence de ces deux principes pour
l’enseignement primaire que les auteurs ont passé sous silence.
|
9.
Veiller à créer l’université tunisienne moderne.
commentaire
En appelant à la création d’une Université tunisienne
moderne, les auteurs n’avaient pas parlé ‘ de moderniser ou de réformer
l’enseignement de la grande mosquée ; est-ce un oubli réfléchi ? Pensaient-ils à une nouvelle université où la
Zitouna serait une faculté parmi les autres. il est difficile de trancher.
(Rappelons que le gouvernement de l’indépendance a décidé de créer
l’université Az-zaituna en 1956, et a nommé Mohamed Tahar Ben Achour comme
doyen, alors que l’université de Tunis ne fut créée que plus tard (1960)
|
10.
Élargir les missions scientifiques vers l’orient (le
monde arabe) et vers l’occident ; accorder des facilités et des aides aux étudiants, comme les crédits ou autres,
et les superviser à l’intérieur et à l’étranger.
Commentaire
Ce point semble être en contradiction avec le point
précédent, car l’appel à augmenter le nombre d’étudiants tunisiens envoyés à
l’étranger ne peut guère se justifier dès lors qu’on parle de lancer une
université à Tunis.
|
11.
Reconnaître les diplômes des universités de l’orient,
une reconnaissance administrative et scientifique totale, de telle manière
qu’ils aient les mêmes droits, les mêmes devoirs et les mêmes avantages que les
diplômes délivrés par les universités occidentales ; et nous attirons, à
ce propos, votre attention, que cette question est traitée par les autorités
officielles avec beaucoup de négligence, bien qu’elle soit en rapport direct avec
notre avenir culturel.
Commentaire
Ce point traite de la question épineuse de l’homologation des diplômes
obtenus par les étudiants tunisiens dans les universités des pays arabes (nos
deux auteurs étaient des diplômés de
ces universités) . Ceux-ci n’étaient traités de la même façon que les
diplômes obtenus dans les universités françaises ; la question de
l’homologation divisait : pour les uns, elle devrait se faire en se référant au plus haut diplôme
tunisien connu sous le nom d’AL Alimya, délivrée par l’Université Az-zaituna ;
pour le gouvernement, elle devrait se faire en se référant aux diplômes de
l’Université tunisienne ; la question fut tranchée par le Ministre M. Messadi
dans la conférence de presse tenue le 16 avril 1960 dans les termes suivants :
« je voudrais dire que la question de l’homologation des diplômes doit
être posée d’une manière opposée à celle communément perçue ; les seules
diplômes qui ont tous les droits et tous les avantages sont les diplômes
universitaires tunisiens ; quant aux diplômes étrangers, la seule valeur
qu’ils auront, c’est celle que lui accorderait les arrêtés officiels
d’homologation ; je dis cela pour démentir les illusions de ceux qui se
demandent quels sont les diplômes qui seront homologués avec les
nôtres ».
|
12.
Contrôle de toutes les institutions scientifiques étrangères
qui sont installées dans notre pays ; le contrôle devrait concerner ses
programmes et la manière dont elles traitent nos enfants qui les fréquentent.
commentaire
Les auteurs traitent avec ce point une question très
importante, c’est le droit de regard et de contrôle que devrait exercer
l’Etat sur les institutions scolaires étrangères établies dans le pays (contrôle
des programmes …), les auteurs sous entendent les risques de
déracinement (religieux et même idéologique) que peuvent encourir les élèves
tunisiens qui fréquenteraient ce type d’établissement.
|
13.
Lutter contre tous les « marchands du
savoir » et tous ceux qui exploitent les besoins scolaires de notre peuple,
que ça soit par les écoles ou par les manuels et les livres.
14.
Une attention particulière à l’élaboration des manuels
scolaires et à l’édition en général (presse, cinéma, radio, théâtre)
15.
Un grand soin pour les organisations de jeunesse, en
accordant les facilités et les aides à toutes les activités culturelles,
sportives et sociales de la jeunesse. »
Fin du document
Hédi Bouhouch & Mongi Akrout,
Inspecteurs généraux de l’éducation
Tunis , Mai 2016
Pour accéder à la version AR , CLIQUER
ICI
[1] Voir la liste d’aptitude
, JORT n°52 du 13-17 novembre 1970 , la liste
comprenait 16 noms classés par ordre alphabétique français.
[3] A participé avec MM Bahri Bahri, Hédi Bouhouch
et Abderrazak Hammami à la réalisation
d’une étude intitulée : L’enseignement de l’arabe pour les classes terminales
de l’enseignement secondaire entre 1959
et 1984, qui a été publiée en 1986 par INSE (en°27)
[4]
Le séminaire a vu la participation d’inspecteurs, de conseillers
pédagogique et de professeurs qui étaient chargés d’enseigner cette discipline : développement du
vocabulaire
[5] Le premier numéro
de la nouvelle série est paru au mois de Mai 1983 , le Ministre Mohamed Frej Chedly
signa l’éditorial comme se fut le cas du premier numéro de la première série
dont l’éditorial fut signé par le Ministre Mahmoud Messadi
[6] Le journal
Assabah avait publié dans son numéro du
7 janvier 1955 un comte rendu du rapport
, c'est-à-dire un peu plus d’un mois
après avoir été remis à l’union générale ; quant à nous , nous avons
utilisé le résumé inclus dans l’annexe 3 de l’ouvrage de Abou Al Quacem Mohamed
Kerrou : l’enseignement tunisien entre le présent et l’avenir , la
première édition , imprimerie Attaraqui , 8 rue du Caire , Tunis, PP 47 et 48.
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