Si le système éducatif en Tunisie a réalisé des résultats positifs
qui se sont traduits par la diffusion de la scolarisation dans la plupart des milieux sociaux, et la formation des ressources
humaines dans diverses spécialités dont le
pays a besoin, les évaluations internes et externes du système éducatif de la
Tunisie ont montré que ce système ne manque pas de lacunes qui ont
fait que son rendement est limité et en
de ça des attentes , et que seuls quelques objectifs fixés par les lois successives
depuis 1958 jusqu'en 2002 ont pu être réalisés.
la plus importante
lacune est peut-être « l'absence de professionnalisme» comme l'a reconnu le ministère de l'éducation dans un rapport
publié sous le titre la « nouvelle réforme de l'éducation: le plan pour l'école
de demain 2002 -2007 ". Qu'entendons-nous par la professionnalisation? Quel est sa situation
dans notre système éducatif? Quelle est son importance? Comment pouvons-nous
l'atteindre dans le domaine de l'éducation?
6- L'histoire de la formation
au métier de l'enseignement après l'indépendance
L'attention portée
aux finalités immédiates et lointaines de l'autorité de protection française ne
doit pas nous faire oublier ses réalisations
dans le domaine de l'éducation en Tunisie, notamment au niveau de la
formation professionnelle et pédagogique
des instituteurs. L'organisation française a contribué au développement de
l'enseignement par la rupture avec les
traditions scolaires obsolètes et avec certains savoirs
qui ont perdu de leur efficacité avec le temps. [1]
L'une des
manifestations de ce renouveau est
peut-être l'instauration de l'ordre et
de la discipline dans tout ce qui
touche le métier d'enseignant de
l'apprentissage à la pratique du métier
, comme les programmes, les manuels, la
formation académique et professionnelle des enseignants. Peut-être que l'originalité c'est qu'on avait exigé du
candidat au métier de l'enseignement une bonne condition physique , contrairement à ce que nous observons
aujourd'hui dans certaines écoles supérieures
de formation des instituteurs.[2]
Les textes juridiques
nous montrent que l'Etat tunisien a
pris conscience de l'importance de
l'enseignement en général et du cadre enseignant en particulier, de sorte que
nous le voyons immédiatement après l'indépendance renforcer les institutions existantes et spécialisées
dans la formation des enseignants du primaire, et créer de nouvelles institutions spécialisées dans
la formation des enseignants du secondaire.
A. La
formation des enseignants du primaire: le
collège Alaoui a continué à former les instituteurs , et a été renforcé par la création d'une
section pour former les
institutrices au collège Jules Ferry en 1911 qui est devenue une
école normale d'institutrices en 1917, ainsi le pays hérita à
l'indépendance deux écoles normales l'une pour les garçons et l'autre pour les
jeunes filles qu'il a renforcé par plusieurs autres écoles; et parce que ces
écoles n'arrivaient pas à répondre aux besoins des écoles primaires en enseignants surtout
que l'Etat tenait à tunisifier le cadre enseignant , la réforme de 1958 a
créé une section normale dans
l'enseignement secondaire, cette expérience fonctionna plusieurs années
puis elle fut abandonnée, parce la
coexistence des normaliens avec les autres élèves les a empêchés de se
distinguer scientifiquement et pédagogiquement.
Cet inconvénient était à l'origine de la multiplication des écoles normales des
instituteurs ce qui a permis de regrouper tous les normaliens et toutes les
normaliennes dans des établissements dédiés à leur formation.
Cependant, les écoles
normales , qui sont d'après le décret de
1961 des «institutions publiques destinées
pour former les instituteurs et les institutrices [3]»,
se sont, elles aussi, trouvées incapables de répondre aux besoins des écoles qui
se multipliaient d'années en années à un
rythme qui dépassait la formation des
normaliens , et pour faire face à cette situation le Secrétariat d'état à
l'éducation a dû faire appel à des non
normaliens , et on s'est trouvé à trois types d'instituteurs : le premier type
est constitué par les diplômés des
écoles normales; le second par les bacheliers , les diplômés sadikiens ou encore les diplômés de la zaytouna
( détenteur du tahcil); le troisième type
sont les moniteurs qui ont réussi un examen de qualification fixé par
décret [4].
Ce fait a justifié la
modification du décret de 1961 par un autre décret publié en 1963 qui avait
élargi les fonctions des écoles normales d'instituteurs, l'article 33 de ce
décret stipule que « les écoles normales
et les sections normales des lycées
secondaires sont conçues pour des
instituteurs , des institutrices, des moniteurs et des monitrices pour
l'enseignement primaire[5].
» le nouveau décret a été créé une nouvelle branche pour former
des moniteurs et des monitrices ; c'est
ainsi que la mission des écoles normales
furent élargies et désormais elles assuraient trois fonctions: la première est la formation
d'élèves instituteurs et d'élèves institutrices ( la durée de la
formation est de trois (3) ans ; la
deuxième est la formation des élèves moniteurs et des élèves
monitrices (la formations dure deux ans). La troisième est
l'organisation des séances de stage pédagogique et de formation professionnelle
pour les non normaliens afin de les
préparer au métier d'enseignant.[6].
Quand on suit
l'évolution pédagogique et les textes juridiques qui l'a accompagnée
on remarque que le rythme de la politique
de professionnalisme n'a pas suivi la même cadence , elle a été accompagnée par le lancement des écoles normales , puis des
sections normales dans les lycées secondaires , ensuite s'est ajouté la section
des moniteurs dans les écoles normales ,
puis l'organisation d'une formation
pédagogique accélérée pour les détenteurs
de différents diplômes. Enfin la durée de la formation a été tantôt allongée et tantôt réduite . Mais tout cela
n'a pas découragé l'Etat qui a poursuivi la création de nouvelles écoles
normales jusqu'à ce qu'elles atteignent
dix-huit écoles en 1975-1976, comme le montre le graphique suivant[7].
L'augmentation du
nombre des écoles normales eut
pour conséquence d'accroitre la capacité d'accueil pour répondre aux besoins croissants surtout
que le secrétariat d'état a imposé
l'orientation forcée de 25 à 30% des élèves
à la fin du premier cycle de
l'enseignement secondaire vers la section normale , et a ouvert les portes des
écoles normales aux lauréats de la section générale de l'enseignement moyen,
cette période faste fut suivie d'une
forte chute et une perturbation qui se sont traduites par la fermeture de
quelques écoles normales , puis leur réouverture après un an ou deux, puis à nouveau elles
sont refermées. Il ne fait aucun doute que la baisse de la courbe qui
représente l'évolution du nombre des écoles normales, comme le montre le
diagramme ci-dessus , traduit le manque
de clarté des choix et une méconnaissance de l'évolution démographique de la société tunisienne à
l'époque.
Cette situation ne s'est stabilisée qu'ave les ministres
Mzali et F.Chedly de 1976 à 1986, puisque ce dernier a poursuivi
la politique de son prédécesseur ; ainsi le nombre d'écoles
normales et le nombre d'élèves orientés
vers la section normale ont augmenté régulièrement.
Cette amélioration
n'a pas empêché la poursuite du débat sur les performances de ces écoles et
leur avenir, car si certains les
défendaient et les soutenaient et cherchaient à trouver des moyens pour
encourager les élèves brillants à s'orienter vers ces écoles , d'autres
cherchaient à y mettre fin, en
évoquant leur faible affluence, et le
coût de la formation dans ces établissements, un troisième point de vue
proposent la création d'instituts
supérieurs pour la formation des instituteurs qui recruteraient les nouveaux
bacheliers , mais cette option fort
intéressante n'a pas vu le jour qu' au début des années
quatre-vingt-dix avec la réforme de l'éducation de 1991.
Ces écoles avaient continué à jouer le rôle locomotive de l'éducation dans le pays
jusqu'à peu de temps passé lorsque la corruption a réussi à mettre fin à ces institutions
et a asséné un coup fatal au système
éducatif si bien qu'aujourd'hui la situation est devenue désespérée et le
chemin de la réforme très difficile, non pas en raison du faible niveau des enseignants seulement,
mais aussi à cause de la difficulté de
traiter avec cette nouvelle catégorie d'enseignants
qui n'a rien à voir avec le métier.
Les écoles normales ont été supprimées
en 1991-1992, pour être
remplacées au début de 1989-1990 par les instituts supérieurs de
formation des maitres (ISFM)[8],
qui n'ont pas survécu puisqu'ils ont été eux aussi abandonné rapidement[9].
on avait recouru au
recrutement des instituteurs de
différentes spécialités après une formation de courte durée dans les
«Instituts des métiers de l'éducation
" qui ont été créés à cet effet[10].
Alors si ces instituts ont été conçus pour
former les candidats aux métiers de l'enseignement , et
aux métiers de l'encadrement pédagogique et administratif à l'enseignement de base, à l'enseignement
secondaire et à la formation professionnelle
aux compétences nécessaires pour
ces différents métiers, et pour l'achèvement de la formation académique initiale et la contribution au renouveau pédagogique[11],
le fonctionnement de ces instituts était
intermittent et occasionnel et interfère
avec d'autres institutions qui accomplissent la même tâche , tels que
les centres régionaux de formation continue (CREFOC), le Centre national
d'innovation pédagogique ( CNIPRE), le
Centre national de formation des formateurs
de Carthage ( CENAFFE) avec
d'autres institutions qui assurent la même tâche[12].
Cela nous amène à
nous interroger sur l’utilité de ces instituts et sur les véritables raisons de
leur création. Il ne fait aucun doute que cette politique qui consiste à créer
des institutions pour les
abandonner est surprenante et
déroutante, et la question devient pressante si nous savons que la même
chose a eu lieu dans d'autres pays
musulmans comme l'Algérie.
B. la
formation des enseignants du secondaire: l'apparition des écoles spécialisées dans la formation des
enseignants de l'enseignement secondaire
était tardive , elles sont nées
après l'indépendance, contrairement aux des écoles destinées à la formation des
instituteurs qui ont vu le jour avec
l'occupation française de la Tunisie comme on l'a vu plus haut. L'apparition
des écoles normales supérieures a connu
plusieurs étapes, résumées ci-après[13]:
L'école normale
supérieure de Tunis: L'État avait créé «l'école normale supérieure » à la rentrée de
la première année scolaire après l'indépendance, c'est-à-dire , en Octobre
1956, sans attendre la publication de texte officiel organisant cette école. puis le décret n °
201 de 1958 daté du 28 Safar 1378 H / 13 septembre 1958 portant création d'un
institut de d'enseignement supérieur, dénommé " L'école normale supérieure
"[14] est paru . ainsi les institutions d'enseignement supérieur dont
certains existaient depuis l'époque coloniale
s'étaient renforcées par cette
institution spécifique, en effet l'article premier du décret qui l'organisait avait précisé que la mission de l'école normale supérieure
est " la formation des professeurs
de l'enseignement secondaire".
L'ENS a poursuivi sa mission
d'abord en tant qu'institution autonome qui jouit d'une indépendance administrative et
financière, jusqu'à ce qu'elle soit
incorporée entre 1960 et 1973 à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines
pour les spécialistes littéraires et sciences humaines et à la Faculté des sciences en sciences
exactes. Une fois l'étudiant achève ses études, l'étudiant obtenait un diplôme
qui lui sera délivré par la
faculté dont il dépendait .
L'école normale
supérieure de Tunis a retrouvé son indépendance
entre 1973 et 1982 , et un nouveau local ( c'est le bâtiment qu'occupe
actuellement l'Institut Supérieur d'Education et de Formation Continue de
Tunis) , selon un nouveau statut plus évolué que
ancien. L'article deux du décret
relatif à l'organisation de l'école a défini sa fonction , qui consistait à:
§ La formation des professeurs des lycées de l'enseignement secondaire et des écoles
pour la normales d'instituteurs et les
cadres de l'enseignement supérieur et la recherche scientifique.
§ La formation des inspecteurs de l'enseignement primaire et
secondaire et de animateurs pédagogiques.
§ L'organisation des études
pour ses étudiants dans la spécialité qu'ils ont choisie, qu'elle
soit scientifiquement et littéraire, en
plus de leur préparation pour qu'ils puissent remplir leur future mission d'enseignant .
§ aider les étudiants à acquérir une culture générale et une formation civique
qui les qualifient pour la mission
d'enseignant.
§ La formation pédagogique
de ses étudiants, comme elle
pourrait assurer la même tâche pour tous
les autres étudiants qui choisissent la profession de l'éducation
§ l'organisation de
"séminaires pédagogiques" et des "cours complémentaires"
pour la mise à niveau des enseignants de
l'enseignement secondaire en exercice et les inspecteurs de l'enseignement
primaire et secondaire.
§ La contribution aux études et aux recherches à caractères
pédagogiques.
Ensuite, l'école
normale supérieure de Tunis a connu une
nouvelle page de son histoire , quand
elle fut rayée du système de
l'enseignement supérieur de 1982 à 1991, en vertu de l'article 132 de la loi de
finances de 1983, où nous lisons que
«l'école normale supérieure est
supprimée , et ses possessions sont transférées à l'Institut supérieur de
l'enseignement et de la formation continue qui vient d'être créé selon l'article 130 de la loi ci-dessous.
L'école
normale supérieure de Bizerte et de Sousse:
En 1980-1981, furent créées deux nouvelles ENS: l'école normale supérieure de
Bizerte[15]
et l'école normale supérieure de Sousse[16].
Alors que la première se voyait confier
la formation de professeurs des sciences , la deuxième ceux des domaines des
langues, de la littérature et des sciences humaines. Les deux institutions
remplissaient trois fonctions: la première est la formation de professeurs de
l'enseignement secondaire et de professeurs des écoles normales des
instituteurs et des institutrices ,la deuxième est la participation à la préparation des programmes de
l’enseignement secondaire , la troisième est réservée , au recyclage et à la formation continue des
enseignants .[17]
il faudrait signaler
que si les tâches de l'ENS de Bizerte et
celle de Sousse étaient plus focalisées
et plus spécialisées en comparaison
avec les
tâches de l'ex école normale supérieure, ces tâches avaient encore besoin de précision , sinon que signifie
charger un institut supérieur
de formation pour les enseignants de la préparation des programmes de
l'enseignement secondaire? Cela est
peut-être dû à l'absence d'institutions
spécialisées et à de cadres qualifiés pour accomplir cette tâche à cette époque de l'histoire du pays.
Suppression
des ENS de Bizerte et Sousse: la suppression des deux
institutions a été par décret .Les
biens et les engagements de l'ENS
de Sousse[18] sont
transférés à la Faculté des
lettres de Sousse et ceux de l'ENS de
Bizerte à la Faculté des Sciences de
Bizerte[19].
Ainsi donc le dossier des écoles spécialisées dans la formation au
métier de l 'éducation est clos . Ce type d'institutions a disparu du paysage
éducatif du pays ( momentanément).
L'ENS de Tunis (1)
L'ENS est reparaissait de nouveau à Tunis. elle a connu au cours de cette
période deux phases , je vais
donner le numéro un à la première phase, qui a commencé en 1996.
La loi qui l'a instituée stipulait qu'
«Il est créé un établissement public à caractère administratif, doté de
la personnalité morale et de l'autonomie financière dénommé, "école
normale supérieure". Son siège est à Tunis". elle est mise sous la tutelle du ministère de
l'enseignement supérieur[20]
, elle occupe les locaux de l'ancienne
école normale des instituteurs et de l'ancien ISFM sise la place des
chevaux au quartier Al Gorjani , la nouvelle ENS est différente de
l'ancienne, elle a de nouvelles missions.
Le deuxième article de la loi stipule que la mission de l'ENS
est de:
§ former des enseignants de haut niveau dans les diverses
disciplines pour les établissements d'enseignement secondaire et les
établissements d'enseignement supérieur et de la recherche scientifique.
§ Assurer à ses étudiants une
formation académique qui les
qualifie pour jouer un rôle de premier plan dans la promotion du niveau de
l'éducation et de recherche dans diverses institutions.
§ préparer ses élèves à passer le concours d'agrégation de l'enseignement secondaire, par le
développement de leurs capacités et aptitudes professionnelles et tout ce dont
la recherche a besoin.
§ Organiser toute activité de recherche susceptible de contribuer
au développement de l'éducation et de l'enseignement dans le pays.
§ Organiser toutes sortes
d’activités susceptibles de développer
la culture générale de ses élèves et leur formation sociale.
En voyant ces missions , le régime des études en vigueur à l'ENS dans sa nouvelle version , et le
mode de recrutement des étudiants , on s'aperçoit que la fonction de l'ENS n'est plus limitée à la formation des
professionnels de l'enseignement secondaire,
on lui a confié aussi la
formation des enseignants pour l'enseignement supérieur à travers la préparation au concours
d'agrégation.
Les élèves ne rejoignent
pas l'ENS par la voie de l'orientation scolaire ou par le biais d'un
concours ouvert pour les nouveaux bacheliers qui le
souhaitent, mais à travers un concours
ouvert aux étudiants des autres
facultés . Un certain nombre parmi ceux qui ont terminé les études du premier cycle de l'enseignement supérieur
sont reçus à l'ENS en plus de ceux-ci certains étudiants de deuxième année de
classes préparatoires pour les écoles
d'ingénieurs peuvent également la rejoindre .
On peut voir en
regardant le nombre de postes ouverts, soit pour accepter les étudiants à l'école , ou
pour accueillir certains d'entre
eux pour préparer l'agrégation , que le
nombre de postes ouverts chaque année
est très réduit en comparaison avec les
besoins des collèges , des lycées secondaires et des établissements
d'enseignement supérieur .
D'après les
observations précédentes, nous comprenons que l'enseignement secondaire n'est
plus la priorité de l'ENS dans sa
nouvelle version, cela se confirme par le fait que la formation ne se fait plus au sein de
l'école elle-même mais dans d’autres établissements universitaires choisis par
le Ministre de l’enseignement supérieur. Les études à l'ENS durent 3 ans: au cours des deux années où
l'étudiant suit les cours dans l'un des établissements d'enseignement supérieur
désignés par le ministre de
l'Enseignement supérieur, et par conséquent, il doit s'inscrire à cette
institution parce que c'est elle qui lui décerne son diplôme
de fin d'études. La troisième année est consacrée à la préparation de l'agrégation
[21].
L'ENS n'assure pour ses élèves qu'un complément d'enseignement dans leur spécialité et dans des spécialités annexes , afin
d'approfondir la formation académique, l'acquisition des langues étrangères , la didactique
des disciplines , la maitrise les techniques de
communications et l'outil informatique[22].
La réduction des
attributions de l'ENS dans sa nouvelle version
se confirme par le fait que les
spécialités qu'elle inclut concerne les
disciplines vouées à l'agrégation. comme
la langue arabe, le français, l'anglais, l'histoire, la géographie, les mathématiques, la physique, la
chimie, les sciences de la nature, et la
philosophie, ce qui signifie que l'ENS ne se soucient pas de la formation des enseignants dans toutes les disciplines
nécessaires pour les écoles
préparatoires et l'enseignement
secondaire à l'époque[23].
En raison de cette
baisse du nombre de tâches ;des étudiants et des spécialités ouvertes aux
étudiants , le recrutement des professeurs de l'enseignement secondaire se fait
principalement parmi les diplômés de différentes facultés et instituts supérieurs, sans prédispositions scientifiques
ni compétences professionnelles.
Cela a eu un effet néfaste sur le niveau
de l'enseignement , sur le profil et le niveau des diplômés.
Ainsi l'ENS dans sa
nouvelle version a gardé l'ancien nom et
a maintenu certaines missions , mais au
niveau du système de recrutement des élèves
et de la méthodologie de
formation a connu un changement total, l'institution
a été vidée de son contenu
essentiel , en réalité c'est là une caractéristique de la
plupart des institutions créées depuis que Zine El Abidine Ben Ali a
détenu le pouvoir en 1987.
L'école
normale supérieure de Tunis (2): on a
noté précédemment que le retour de l'ENS
s'était fait en deux étapes, et après avoir vu la première étape, on passe
maintenant à la deuxième, à laquelle j'ai attribué le numéro 2, qui a
commencé en 2001. Au cours de cette étape, l'ENS a retrouvé
son autonomie et sa spécificité .Elle a recruté ses propres professeurs à temps plein, ses cours ont lieu dans les locaux
de l’institution elle-même, et enfin elle a délivré un
diplôme appelé " le diplôme de l'école normale supérieure"[24] . Elle a ouvert un concours pour
les étudiants de deuxième année qui passent à la troisième dans le système « LMD » pour
les disciplines suivantes: mathématiques, physique, chimie, littérature arabe,
français, anglais, histoire, géographie et philosophie.[25]
Si les conditions
d'admission pour suivre les études à l'ENS
avaient connu des changements
d'une année à l'autre, le souci matériel est resté déterminant dans toutes les décisions que
prenaient l'autorité de tutelle .Au lieu
de recruter l'étudiant dès la première année pour l'accompagner
dès son entrée à l'université, il est
admis après avoir suivi le premier cycle
de l'enseignement supérieur dans une autre institution afin de réduire le coût. Ainsi l'investissement dans l'éducation est
commandé par les équilibres
financiers du pays pour qui l'éducation
n'est pas une priorité nationale, ce qui ne reflètent pas une stratégie éducative et
scientifique à long terme, et qui a engendré une baisse continue du niveau de l'éducation et de
l'enseignement en Tunisie jusqu'à ce le
diplômé de l'université et le futur enseignant est devenu non seulement
ignorant des méthodes de l'enseignement, mais incapable de maîtriser sa
discipline et la langue d'enseignement qu'elle soit l'arabe, le français ou l'anglais
Ce qui compte pour
nous dans cet aperçu historique, ce sont les points suivants:
Le premier: C'est la volonté de l'Etat de créer des établissements spécialisés pour
former les instituteurs et les professeurs
qui seront en mesure d'exercer leurs fonctions de la meilleure manière,
et la sélection du personnel enseignant pour ces élèves instituteurs parmi les meilleurs enseignants. Mais ,
l'absence d'une politique éducative claire , et les soucis budgétaires ont fini
par sapé la volonté de créer une génération d'enseignants professionnels. On est
même arrivé à la
fermeture des établissements spécialisées , ce a qui laissé libre cours
au désordre et à l'anarchie , afin de résorber le chômage des diplômés au dépens de la qualité de l'enseignement et
du savoir.
Le deuxième:
C'est que l'expérience des écoles pour la formation des instituteurs et des professeurs, bien qu'elle ne fût pas la
voie idéale, elle a exprimé la conscience de l'élite tunisienne du besoin de
professionnaliser les enseignants. Mohammed Taher ben Achour en fut un exemple , il avait insisté, au début du XXe siècle, sur
la nécessité d'apprendre« le métier
d'enseigner avant de choisir la personne qui va enseigner »[26]
afin de former de nouveaux enseignants qui répondent à l'évolution et soient
capables de faire face aux changements .
Et bien que les résultats de ces écoles fûrent
modestes en raison de leurs
capacités par rapport aux besoins
réels , elles ont exprimé la détermination des pionniers de
l'État tunisien à créer un noyau pour le
développement d'institutions
spécialisées dans la formation" au
métier de l'enseignement" selon les mots d'Ibn Khaldoun. Mais la
génération qui est venue après ces
pionniers n’était pas au niveau de la responsabilité, elle n’a pas su fructifier
cet acquis , au contraire elle l'a dilapidé
pour des calculs étroits qui
n’expriment pas un sens de
responsabilité scientifique et nationale.
Le
troisième point : Il y a deux ans, le Ministère
de l'Education s'est orienté vers la création de nouveaux établissements d'enseignement supérieur
spécialisés dans la formation d'instituteurs , ce type d'établissements a
attiré les meilleurs bacheliers. Mais cette initiative malgré son importance fut entachée par une série d'imperfections en
l'absence d'une bonne préparation au
niveau du programme et du cadre enseignant qualifié. Ce qui risquerait de
compromettre son avenir. Le Ministère a
également lancé un Master professionnel destiné
aux futurs enseignants de l'enseignement secondaire, mais ce projet a échoué en raison de la pression
des candidats qui ont réussi le concours d'accès à ce Master , c'est un
précédent dangereux, comme l'a dit Monsieur le Ministre de l'Education
devant les députes à l'assemblée du
peuple, parce que cela exprime le manque de conscience de l'importance de cette
étape dans la réforme du système
éducatif.
Le quatrième point: les
effets de cette instabilité de la politique de formation et de recrutement des enseignants est très dangereuse pour le
présent et le futur du système éducatif . Nous observons ses signes
dans la faiblesse du niveau
linguistique , scientifique
et moral des diplômés de l'école,
un V.T.R a été diffusé par une chaîne de
télévision tunisienne , tourné dans la salle de classe d'une école primaire a
montré une phrase composée de 5 mots en
français écrite par le maitre remplaçant au tableau, " Les enfant prépare ses
valise". Quand le journaliste lui a demandé: "Saviez-vous que la
phrase contenait des fautes de français ?" gêné et troublé l'instituteur suppléant répliqua " Je voulais juste leur apprendre à
prononcer les lettres ". Ce qu'a
écrit le maitre devant ses élèves, et sa réponse est un cas qui nous
aide à faire un diagnostic précis de
la réalité de l'enseignement dans notre
pays, et explique l'ampleur du drame que vit
notre système éducatif, depuis 2011 les analyses et les slogans qui fusent de toute part annonce une révolution culturelle, mais ils
n'ont abouti qu'à plus de détérioration du
niveau linguistique, scientifique et moral.
D.Béchir
Mekki Abdellaoui , Inspecteur général de l'éducation et chercheur au centre des
études islamiques.
Traduction
Mongi Akrout , Inspecteur Général de l'éducation retraité& Brahim ben Atig
, professeur Emérite.
[1]- de
donner une bonne méthode d'enseignement.
En résumé, l'étude de la langue arabe à l'école normale aura surtout pour objet de réformer,
de rendre plus claire, d'aérer pour ainsi dire et de rendre pédagogiquement
utilisable la culture précédemment donnée en d'autres milieux. Bulletin Officiel de l’enseignement
publique, N° 28 , A 23. Juin 1909. p 621.
[7] le
graphique est tiré de l'histoire brève des écoles normales des instituteurs et
des institutrices en Tunisie depuis
l'indépendance (2ème partie) - Bouhouch &Akrout , le blog pédagogique.
http://akroutbouhouch.blogspot.com/2017/02/blog-post_12.html
[8] les
ENI de Gafsa et de Sbeitla furent remplacées par
deux ISFM par la loi des finances n° 98 /1991 du 31/12/1991, J.Officiel n°90 ,
134ème année - du 31/12/1991.Trois instituts ont été créés à Kairouan, au Kef et
à Gafsa par la loi 108/1990 du 26
novembre 1990.
[9] L'ISFM de
Sfax fut fermé au début de septembre 1996, son local est donnée à l'école des
besux arts de Sfax (loi 88/1996), puis c'est au tour de l'ISFM de Tunis (loi 30
du 5 mai 1997 - Jort n°37 du 9mai 1997 ; p 828.) puis les ISFM de Jendouba et de Gabès ( décret 448 du 23
février 1998- jort n°18 du 3 mars 1998;p 433), puis les ISFM de Kairouan, Gafsa
et Le Kef (décret 669/2007 du 22 mars 2007;jort n°26 du 30 mars 2007, p 1052),
enfin ce fut le tour de l'ISFM de Sbeitla (décret 4276/2007 du 27 décembre 2007;jort n°2 du 4 janvier 2008, p 96).
[10] trois instituts ont été créés à Korba, Sfax et
Sousse par le décret 2116/2007 du 14 aout 2007 relatif à la
création des instituts des métiers de l'enseignement et de la formation et de
leur organisation ; jort n° 68 du é' aout 2007;p3207.
[11] art
2 le décret 2116/2007 du 14 aout 2007
relatif à la création des instituts des métiers de l'enseignement et de la
formation et de leur organisation ; jort n° 68 du é' aout 2007;p3207.
[12] l'un des
directeur généraux d'un institut que les fonctionnaires de son institution
vivaient un chômage déguisée, ils ne
font que marquer leur présence puis quittent l'établissement.
[14] JORT N°74
, 102ème année; mardi 16 septembre 1958.
[17] art
2 des décrets 1210 et 1211 du 27 septembre 1985 , jort n°75 , 70 ème année, mardi 8 octobre
1985 ,pp 1333 et 1335.
[18] art32 de la loi 127 /1994 du 26
décembre 1994 relatif à la loi des finances de l'année 1995, jort 103 , 137ème
année , du 30 et 31 décembre 1994 p 2189.
[19] art33 de la loi
127 /1994 du 26 décembre 1994 relatif à la loi des finances de l'année 1995,
jort 103 , 137ème année , du 30 et 31 décembre 1994 p 2189.
[20] Loi n° 96-87 du 6
novembre 1996, portant création de l'école normale supérieure jort n°90,
139°année; vendredi 26 joumada Atthani ,
8 novembre 1996, pp 2561
[21] Art 3 du décret 451/1997 , du
3mars 1997 fixant le
régime des études et des stages à l'école normale supérieure, jort n° 20 , 140 ème
année , 11 mars 1997 , p 429.
[22] Art 3 du décret
451/1997 , du 3mars 1997 fixant le régime des études et des stages à l'école normale
supérieure, jort n° 20 , 140 ème année , 11
mars 1997 , p 429.
[23] Chaque année , un décret organisant le
concours d'accès à l'ENS est publié voir par exemple 449 /1997 du 3 mars 1997
fixant les conditions et l'organisation du concours d'entrée à l'ENS, , jort n°
20 , 140 ème année ,mardi 11 mars 1997 , p 427.
[24] décret 2494 /2001 du 31
octobre modifiant le décret 451/1997 du3 mars 1997 fixant le cadre général du régime
des études et des stages à l'ENS, JORT N° 89. 144ème année; du mardi 6 novembre
2001 , p 4555.
[25] Arrêté du Ministre
de l'enseignement supérieur du 2 mai
2011 relatif à l'ouverture d'un concours pour recruter des élèves pour l'ENS
dans les matières littéraires et de sciences humaines et de sciences fondamentale au titre de l'année universitaire 2011/2012 ; JORT N° 32. 154ème
année; du mardi 6 mai 2011 , p 615.
[26] Ben Achour , L'aube n'est pas
si proche ( arabe أليس الصبح بقريب) p 201.
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