lundi 15 avril 2019

La nouvelle réforme du système éducatif tunisien : Programme pour la mise en œuvre du projet " Ecole de demain " 2002 – 2007 (partie 8) : les grandes orientations de la nouvelle réforme scolaire



Hédi Bouhouch 
Nous poursuivons la publication du document relatif à la nouvelle réforme du système éducatif tunisien : Programme pour la mise en œuvre du projet " Ecole de demain " 2002 – 2007. Ce 8ème extrait traite de l'intégration des TIC dans le domaine de l'enseignement et de la formation et dans la gestion du personnel enseignant et administratif, ainsi que la scolarité des élèves. Un projet très ambitieux qui devrait permettre à la Tunisie d'entrer dans la société du savoir


Peu de temps après la promulgation de la deuxième loi sur la réforme de l’éducation en Tunisie (loi no 65 / 1991 du 29 juillet 1991 sur le système d’enseignement) on a commencé à réfléchir à un nouveau projet de réforme connu sous le nom de "l’école de demain". La réflexion est venue pour répondre à la présidence de la république qui avait appelé en 1995 à une "réflexion sur le renouvellement de la mission de l'école dans un monde qui devrait connaître de profonds changements dans la structure des sociétés de la connaissance et dans les méthodes de travail et des moyens de production."
En 1998, la "Commission de l'école de demain" fut instituée, présidée par le professeur Rafaa Ben Achour, alors président de l'université de Tunis 2. Ensuite, le ministère de l’éducation avait organisé un symposium international sur l’école de demain les 4 et 5 mai 1998 en coopération avec la Banque mondiale. Les résultats du symposium furent soumis à une consultation nationale qui a abouti à des propositions pour la remise à niveau de l'école tunisienne.
La réflexion s'est poursuivie par des commissions au niveau du ministère de l'éducation pendant plus de 4 ans. Cet énorme effort fut couronné par la production d'un document très important publié en juin 2002 dans sa version arabe (avant la publication de la loi d'orientation de 2002) suivie par la version française en octobre 2002 sous le titre : La nouvelle réforme du système éducatif tunisien : Programme pour la mise en œuvre du projet  " Ecole de demain " 2002 – 2007.
Compte tenu de la valeur de ce document fondateur qui a marqué un tournant dans la pensée éducative dans notre pays, nous avons voulu publier des extraits de ce travail afin de préserver la mémoire de l'école tunisienne et de rendre hommage à l'équipe qui avait contribué à sa conception et à sa rédaction. Cette équipe qui avait travaillé sous la direction du Ministre Moncer Rouissi, était constituée par feu Abdelmalek Sallami, inspecteur de français, feu Najib Ayed, ancien  directeur de l'Institut National des Sciences de l'Education, Omrane Boukhari, le directeur des programmes et Mustafa Neifar, directeur de la formation. 
Présentation du document.

Le document est constitué de 5 grands chapitres :

I - Le cadre stratégique de la nouvelle réforme du système scolaire         
II - La place du système scolaire tunisien sur l’échiquier éducatif mondial 
III - Les évaluations réalisées depuis 1992
IV - Les grandes orientations de la nouvelle réforme
V - Le calendrier de la mise en application du plan relatif aux programmes


IV- 2 - Les technologies de l’information et de la communication au service des activités d’enseignement-apprentissage.
Les technologies de l’information et de la communication constituent un choix stratégique dans le projet de l’école de demain et l’un de ses principaux piliers. La maîtrise de ces technologies est considérée, en effet, comme l’un des moyens les plus efficaces pour la préparation des nouvelles générations à affronter l’avenir et relever les redoutables défis dont il est porteur.
L’introduction des technologies de l’information et de la communication au sein de l’école vise à :
§  diversifier et enrichir les supports pédagogiques afin de faciliter l’accès au savoir et son acquisition par les élèves ;
§  développer l’autonomie des apprenants notamment en matière de recherche de l’information, de son traitement et de son exploitation ;
§  accoutumer les apprenants au travail coopératif et en réseau, soit au sein d’un même groupe, soit entre des groupes différents ;
§  promouvoir le rôle de l’enseignant, de manière qu’il substitue à sa position de source unique du savoir, celle d’un guide facilitant l’accès à des degrés élevés de la connaissance en recourant à des sources multiples ;
§  diversifier les modes de formation en développant la formation à distance au profit des enseignants pour consacrer le principe de la formation tout au long de la vie.
Pour réaliser ces objectifs, une stratégie s’articulant autour des axes prioritaires suivants a été mise en place :
§  intégration des TIC dans les apprentissages.
§  formation des enseignants à l’utilisation des TIC dans l’enseignement.
§  équipement des établissements scolaires en matériel informatique.
§  extension du réseau éducatif et amélioration de ses services.
§  création de l’école virtuelle tunisienne et mise en place d’un système évolué d’enseignement et de formation à distance.
§  production de contenus numérisés et de logiciels éducatifs.
IV- 2. 1- Intégration des technologies de l’information et de la communication dans le processus d’apprentissage
Un plan a été conçu en vue d’intégrer les technologies de l’information et de la communication (TIC) dans les programmes scolaires, afin de doter les élèves, dès leur jeune âge, de la capacité de se servir des moyens considérables qu’elles offrent dans l’apprentissage, la recherche de l’information, la communication, et pour trouver les réponses et les solutions aux problèmes qu’ils rencontrent. Dans le même sens, des outils et des guides seront mis à la disposition des enseignants pour les aider à utiliser ces techniques en classe dans les différentes activités.
Ce plan sera exécuté dans le cadre du projet de l'établissement qui définit les objectifs pédagogiques, les actions à entreprendre, les résultats attendus et les moyens de les évaluer.
VI- 2. 2- La mise à niveau des enseignants pour une meilleure maîtrise des technologies de l’information et de la communication et leur utilisation dans l’enseignement
L’intégration des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans l’apprentissage exige le réajustement des méthodes et des techniques d’enseignement, tout autant que l’évolution des attitudes et des comportements pédagogiques des enseignants dans la classe.
Ceci nécessite la formation des éducateurs et leur accompagnement afin qu’ils acquièrent les capacités requises pour les exploiter au mieux dans l’apprentissage. Cette formation se fait pour une part en présentiel, et pour l’autre part à distance, par le biais de l’école virtuelle qui a réservé l’un de ses départements à la formation des enseignants aux TIC et à leurs différents usages éducatifs.
Dans le même ordre d’idées, il sera procédé, tant au niveau national que régional, au renforcement des programmes de formation, en vue d’initier les enseignants à l’utilisation de l’ordinateur et de l’internet, à la production de contenus numérisés et à l’intégration des technologies de l’information et de la communication dans les activités d’enseignement- apprentissage.
Afin qu’ils disposent d’un cadre et de moyens appropriés pour la communication et l’échange d’informations et d’expériences pédagogiques, des réseaux regroupant les enseignants et les cadres pédagogiques dans diverses disciplines (mathématiques - sciences physiques - sciences naturelles - français - anglais...) ont été mis en place. Ces réseaux, dont les premières productions sont prometteuses, seront étendus à l’ensemble des disciplines afin d’impliquer le plus grand nombre d’enseignants.

IV- 2 - 3- L’équipement des établissements scolaires en matériel informatique
L’intégration des nouvelles technologies de l’information et de la communication requiert un équipement conséquent des établissements scolaires. Il est prévu dans ce cadre :
§  d’équiper toutes les écoles préparatoires en matériel informatique avant la fin de l’année 2002, et d’équiper une école primaire pilote dans chaque circonscription d’inspection au cours de la même année, en attendant de couvrir toutes les écoles primaires d’ici l’année 2005.
§  de développer les laboratoires d’informatique dans les lycées, de doter les laboratoires des matières techniques et scientifiques d’équipements informatiques et d’utiliser progressivement l’informatique dans toutes les disciplines, étant précisé que, dans une première étape, chaque lycée disposera d’un seul laboratoire à cette fin.
§  mettre en place, à titre de projets pilotes, des écoles «intelligentes» où les nouvelles technologies seront utilisées intensivement et dans tous les domaines.
IV- 2.4- Extension du réseau éducatif et amélioration de ses services
Le programme de connexion de l’ensemble des établissements scolaires au réseau Internet se poursuit normalement, selon le calendrier suivant :
§  amélioration de la connexion des lycées grâce à la mise en place de lignes numériques, au cours de l’année 2002.
§  connexion de tous les collèges avant la fin de l’année 2002.
§  connexion de toutes les écoles primaires au cours de la période 2001 - 2005.
Par ailleurs, un ensemble de mesures ont été prises pour développer les services éducatifs et assurer le stockage des contenus numériques et leur diffusion. Elles consistent principalement :
§  à offrir aux enseignants des comptes d’accès au réseau et aux services du courrier électronique afin de les inciter à utiliser l’internet et à en exploiter les ressources dans leur enseignement,
§  à faciliter l’hébergement des sites Web des institutions éducatives, des réseaux disciplinaires et des espaces d’innovation et de créativité dans les domaines culturel et scientifique tout en leur apportant l’assistance technique nécessaire,
§  à favoriser l’accès aux ressources éducatives et aux documents numérisés à travers la bibliothèque virtuelle éducative,
§  à offrir des services administratifs et scolaires à distance dans le but d’améliorer les services destinés aux élèves et aux enseignants, conformément à la stratégie nationale de mise en place de l’administration communicante.
IV- 2.5- Création de l’école virtuelle tunisienne et mise en place d’un système évolué d’enseignement et de formation à distance
Dans le cadre de la mise en place d’un système intégré d’enseignement et de formation à distance qui couvrira tous les cycles de l’enseignement, l’école virtuelle tunisienne ( E.V.T ) a démarré, dans une première phase d’exploitation expérimentale, depuis janvier 2002. L’E.V.T sera développée progressivement pour remplir les diverses fonctions qui lui ont été assignées auprès de élèves, des éducateurs, et également du grand public. Ces fonctions se résument dans les cinq objectifs qualitatifs suivants :
§  Le développement de l’autonomie des élèves dans l’acquisition des connaissances et l’appropriation de la «culture» du travail collaboratif et en réseau ;
§  La concrétisation du principe de l’apprentissage tout au long de la vie ;
§  La mise en pratique du principe de l’égalité des chances entre tous les apprenants, compte non tenu de leur âge et de leur lieu de résidence ;
§  La contribution à l’innovation pédagogique par l’introduction des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans l’apprentissage, l’enseignement et la formation.
Pour atteindre ces objectifs, l’école virtuelle organisera ses activités autour des quatre axes suivants :
§  Présenter des cours et des activités de soutien et d’accompagnement scolaire dans l’ensemble des disciplines, à tous les niveaux de l’enseignement.
§  Dispenser un enseignement de langue arabe et de civilisation tunisienne aux enfants des tunisiens résidant à l’étranger.
§  Donner l’opportunité à tous ceux qui ont interrompu leur scolarité, à titre temporaire ou définitif, de reprendre leurs études, dans le but d’élever leur niveau de formation et d’améliorer leur situation professionnelle et sociale.
§  Instituer un espace de formation pour les enseignants, afin de les doter des capacités qui leur permettront de tirer le meilleur parti des ressources offertes par les technologies de l’information et de la communication pour accroître leurs connaissances et développer leurs compétences professionnelles.
Dans l’exercice de ses activités, l’école virtuelle s’attachera en particulier :
§  à offrir un service d’encadrement et d’assistance à distance aux apprenants et à assurer le suivi des activités tant individuelles que collectives ;
§   à ouvrir aux apprenants des espaces pour la communication, la coopération et la production, dans le but de renforcer leurs acquis et de développer leurs capacités de production et d’innovation ;
§   à mettre à la disposition des apprenants des ressources éducatives sélectionnées selon leurs besoins et en fonction des contenus des programmes scolaires. La bibliothèque virtuelle éducative (BVE) a pour fonction, dans ce contexte, d’identifier puis d’emmagasiner les ressources de qualité dans une banque de données que des éducateurs qualifiés de toutes les spécialités seront chargés d’enrichir et d’actualiser en permanence. Il est à signaler que les mécanismes diversifiés de recherche dont a été dotée la BVE permettent aux utilisateurs d’accéder directement et sans erreur à ces ressources.
IV- 2.6- Développement de la production de contenus numérisés et de logiciels éducatifs.
Les logiciels d’enseignement constituent l’un des apports les plus importants des technologies de l’information et de la communication dans le domaine éducatif. Il est donc indispensable de faire accompagner les équipements informatiques fournis aux établissements scolaires de supports multimédias adaptés aux besoins des éducateurs et des élèves, et en adéquation avec les objectifs qualitatifs de l’école.
C’est dans ce cadre que le Centre National Pédagogique a programmé l’installation d’une unité de production de supports didactiques multimédias, conformes aux programmes officiels, en coopération avec des entreprises tunisiennes spécialisées et des spécialistes du monde de l’éducation. Il appartiendra à cette unité de superviser la production :
§  de contenus didactiques multimédias répondant aux besoins des élèves, ainsi que de supports éducatifs numérisés qui soient utiles aux éducateurs dans l’enseignement des différentes disciplines,
§  de documents numérisés accompagnant les manuels scolaires,
§  de logiciels éducatifs pour la formation des enseignants.
II- 2.7- Mise en place d’un système d’information intégré
Afin d’améliorer les méthodes de gestion administrative, le Ministère de l’éducation a entamé la mise en place d’un système d’information intégré, ayant pour point de départ l’établissement scolaire, transitant ensuite par la direction régionale, puis remontant vers les instances centrales du Ministère. Ce dispositif permettra un suivi rigoureux du système éducatif aussi bien au plan qualitatif que quantitatif et il fournira aux décideurs des moyens fiables pour l’évaluation et la planification.
Le Ministère de l’éducation a entamé, dans ce cadre, la réalisation des projets suivants :
§  Le développement et l’expérimentation d’un logiciel de gestion de la scolarité (Eduserv) aux multiples fonctions, qui aidera les établissements scolaires en particulier
­  à l’accomplissement des opérations courantes relatives à l’inscription, à l’assiduité, à l’orientation scolaire, aux examens et au suivi administratif et pédagogique des   élèves ;
­  à l’optimisation de la gestion des ressources humaines, des moyens matériels, des locaux, et des équipements mis à leur disposition ;
­  au suivi de la situation administrative et professionnelle des enseignants ;
­  à l’élaboration d’indicateurs quantitatifs et qualitatifs pour évaluer le rendement de l’école.
§  La mise en place d’une banque de données éducative qui rassemblera toutes les informations locales et régionales relatives aux élèves, aux enseignants, au personnel d’encadrement administratif et pédagogique, ainsi que les informations concernant les bâtiments, les équipements, les résultats aux examens et toutes autres données ayant trait à la vie scolaire.
§  L’installation d’un réseau administratif virtuel protégé qui assure le service du courrier électronique administratif, le transfert sécurisé des dossiers électroniques, la copie et l’échange à distance des données.
§  La modernisation des logiciels administratifs, leur intégration et leur mise en relation avec les bases de données régionales et centrales.
IV- 2.8- Restructuration de l’institut national de bureautique et de micro-informatique (INBMI)
Dans le cadre de la stratégie nationale de renforcement de la place des technologies de l’information et de la communication dans l’éducation, et compte tenu de la nécessité de suivre de près l’évolution de ces technologies afin de les exploiter au mieux dans l’apprentissage, l’enseignement et la formation, il est devenu nécessaire de faire évoluer l’Institut national de bureautique et de micro informatique ( INBMI ) afin d’en faire un centre d’excellence en la matière. Les nouvelles fonctions de l’INBMI consisteraient :
§  à entreprendre des études et à identifier les méthodes et moyens susceptibles d’améliorer les applications éducatives des technologies de l’information et de la communication ;
§  à mettre en place les infrastructures dans le domaine informatique ;
§  à fournir les applications et les services éducatifs numériques et à assurer leur diffusion sur réseau.
Dans le cadre de ces prérogatives l’INBMI sera appelé :
§  à concevoir et à mettre sur pied des projets d’exploitation des technologies de l’information et de la communication dans l’enseignement et la formation ;
§  à assurer le suivi de leur mise en œuvre ;
§  à veiller à leur évaluation et à leur diffusion à large échelle en collaboration avec l’unité de production de multimédias relevant du Centre national pédagogique, le Centre national de formation des formateurs, le Centre national de l’innovation pédagogique et de la recherche en éducation ainsi que toutes les structures concernées du Ministère de l’éducation.
Par ailleurs et pour améliorer les services de l’INBMI et les rapprocher des établissements éducatifs, de nouveaux centres régionaux seront créés, de manière à couvrir toutes les directions régionales de l’enseignement.
Fin de la 8ème partie ; A suivre

Présentation : Mongi Akrout, inspecteur général de l'éducation
Révision : Abdessalem Bouzid, inspecteur général de l'éducation
Tunis ; février 2019







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