"le président résume le débat tout en reconnaissant les difficultés
matérielles que présente l'organisation de l'examen dans les grands centres,
il estime que le projet en question permettra de les atténuer, dans la pratique on s'efforcera d'arriver
au minimum d'erreur avec le maximum de rapidité"
extrait du rapport
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Présentation
Cette semaine, le blog pédagogique présente à ses lecteurs un document qui
remonte au début du siècle dernier , il s’agit d’un extrait « du procès
verbal des débats du Conseil de l’instruction publique sur la règlementation des conditions dans lesquelles
sera subi l'examen du certificat d'études primaires élémentaires ».
Nous avons tenu à le publier parce que les
questions qui ont été débattues par le CIP en décembre 1910 , continuent à être au centre des préoccupations des responsables des examens et de
l’évaluation un peu partout dans le monde où
existent des évaluation nationales , ces questions sont :
§ La
surveillance des candidats : le nombre de surveillants par salle - peut-on
permettre aux surveillants de surveiller ses propres élèves- combien d’élèves
par salle et par banc …
§ La
question de l’égalité des chances entre les candidats et de la fiabilité des
notes : la qualité de la correction, les correcteurs évaluent-ils de la
même manière, doit-on opter pour une commission de correction unique ?
comment réduire les écarts entre les centres ?
§ La
qualité des questions ( clarté,
exactitude…).
§ La
question des notes éliminatoires : faut-il les instituer ? pour
quelles matières ? doit-on rétablir les Zéro éliminatoires ?...
Nous terminons cette présentation par la remarque
suivante ; on est agréablement surpris par la démarche adoptée à l’époque
par la direction de l’instruction publique qui consistait à soumettre toutes
les questions au débat devant un conseil qui regroupait des représentants de tous les
acteurs du système , ainsi toutes les
décisions émanaient du conseil , mais ce
qui nous étonne le plus , c’est que les
débats sont rendus publics puisqu’ils
étaient publiés par le bulletin officiel de l’instruction publique et mis à la
disposition des instituteurs dans toutes les écoles du pays. On ne peut que
saluer cette méthode de travail et cette transparence et regretter la
disparition de ces belles habitudes.
Débat du conseil de l’instruction publique sur la règlementation des conditions dans
lesquelles sera subi l'examen du certificat d'études primaires élémentaires.
Conseil de l'instruction publique. Procès verbal de la séance
du 29 Décembre 1910
Le jeudi, 29 décembre 1910, à 9 heures du
matin, le Conseil de l'Instruction Publique s'est réuni à la Direction
générale
Etaient présents: M. Charléty, président, Mmes Débart,
Guillot, Pélissier, MM. Aunis, Baille, Bérard, Bériel, Bicoil, Collin,
Combaz, Delmas Dumas, Gellé, Guillon, Loth, Ouziel, Rivollet, Thomas,Tlatli,
Vaudaine, Verry, M.Tremsal, secrétaire,
Absents excusés : MM. Bourgeon, Duval.
(P 201)
« M. le Directeur général ouvre la séance. Il fait part
au Conseil des excuses de M° le Procureur de la République et de M° le
Proviseur du lycée, et souhaite en son nom personnel et au nom de l'assemblée
toute entière une cordiale bienvenue à M° le Président Dumas (président du tribunal de
Tunis), à MM.
Bériel et Tlatli, ainsi qu'aux nouveaux délégués élus des fonctionnaires de
l'Enseignement.
L'ordre du jour
appelle l'examen de la 2e question inscrite au programme des travaux du
Conseil: "Réglementation des conditions dans lesquelles sera subi
l'examen du certificat d'études primaires ".
Le Président tient à
indiquer à l'Assemblée les motifs qui ont amené l'administration à mettre la
question à l'étude. La réglementation actuelle des conditions dans
lesquelles est subi l'examen du certificat pouvait suffire antérieurement;
mais elle ne peut plus être maintenue, en présence des besoins nouveaux
résultant de l'augmentation des écoles et du nombre des élèves.
Il est un fait dont
on ne peut pas ne pas être frappé : la proportion des élèves reçus et refusés
dans les diverses localités présente
des différences surprenantes. D'où la nécessité de prendre des mesures
pour éviter que l'opinion publique n'interprète ces résultats d'une manière
fâcheuse et n'en tire des conclusions inexactes sur la compétence des
commissions et sur la valeur des maîtres. Cette seule raison légitime la
proposition qui est soumise au Conseil.
M. CHARLÉTY donne
lecture d'un tableau statistique qui fait ressortir que le pourcentage des élèves
admis en 1910 varie considérablement dans les différents centres: alors que
dans certaines localités il est de 100 % dans d'autres, il est
sensiblement inférieur, pour s'abaisser dans le centre de
Tunis, à 54, 65 %. Ces chiffres sont donnés uniquement à titre
d'indication ; il ne faut en tirer aucune conclusion sur les conditions dans
lesquelles l'examen a été subi.
Il peut se faire que des habitudes
d'indulgence ou de sévérité se soient introduites dans tel ou tel jury. Mais,
encore une fois, ce qui importe, c'est d'empêcher, dans la mesure du
possible, des inégalités qui sont évitables. Le meilleur moyen d'y arriver,
c'est d'unifier les conditions matérielles des épreuves, ainsi que la manière
de les noter et de les contrôler, et pour cela, de faire largement appel au
concours des Inspecteurs, tout désignés pour cette mission.
M. DUMAS estime que
le mal vient en partie de la façon dont sont composés les jurys de
l'intérieur, qui comprennent trop de membres n'appartenant pas à
l'enseignement ; il sait par expérience personnelle que les examinateurs
d'occasion ne sont pas habitués à juger des travaux d'élèves et tombent
fatalement dans l'extrême indulgence ou dans l'extrême sévérité. Il y a donc
tout avantage à appeler dans les Commissions d'examen le plus grand nombre
possible de membres de l'enseignement, quitte à faire voyager, si c'est
nécessaire, quelques instituteurs pour la circonstance.
M. LOTH fait
ressortir les difficultés que présente pour le recrutement des écoles
primaires supérieures la différence de niveau très réelle des candidats
possesseurs du certificat d'études primaires.
M. COMBAZ indique
comment l'on procède pour la constitution des jurys et des centres d'examen :
on fait déjà appel à des instituteurs étrangers à la localité.
Lecture est ensuite
donnée de la liste des centres[1], qui, ainsi que le fait remarquer le Président, n'a que la valeur
d'une indication et qui est destinée avant tout à faciliter la discussion.
Divers membres du Conseil (MM. DUMAS, BAILLE, COMDAZ, THOMAS, TLATLI) font
des observations au sujet de cette liste ou fournissent des indications sur
la répartition des candidats entre les différents centres d'examen et sur les
facilités ou les difficultés qu'offre la réunion des élèves dons une même
localité.
M. THOMAS demande
ensuite la parole au nom de ses collègues, représentants de l'enseignement
primaire au Conseil : En ce qui concerne la constitution des centres
d'examen, … il a surtout des observations à présenter sur le nouveau
mode de fonctionnement proposé pour Tunis. En 1907 et 1908, le système en vigueur a paru donner complète
satisfaction. Les candidats étaient alors divisés en 3 séries par ordre
alphabétique ; chaque série avait comme examinateurs des maîtres de toutes
les écoles de Tunis.
Le système suivi en
1909 et 1910, tout à fait différent, a suscité des réclamations. Il importe
de le modifier, mais la modification proposée ne permet pas la présence d'un
Inspecteur dans chaque série. Si l'on crée des groupes de 40 candidats, il
sera d'abord difficile de les placer, à raison d'un par table, dans une même
salle de classe, de plus on aboutira à créer de 6 à 8 centres différents, ce
qui rendra la présence effective de l'Inspecteur encore plus difficile et
nécessitera un nombre considérable d'examinateurs. Il serait préférable de
grouper les élèves, à raison de 25 par salle au maximum, avec deux
surveillants, ce qui permettrait d'en rassembler 150 à 200 dans une même
école.
Deux centres
d'examens suffiraient; ils pourraient être présidés par un Inspecteur. Quant
aux sous-commissions d'oral, qui devront comprendre 7 membres, elles ne
pourront évidemment être présidées par l'Inspecteur ; il faudra prévoir la
nomination de vice-présidents. De plus ces sous-commissions auront une tâche
écrasante : si 30 c
andidats sur 40 sont
admis à l'oral, il faudra près de 3
heures rien que pour la lecture et la récitation : il sera impossible
de finir en un jour, si les sous-commissions ne peuvent être subdivisées. Il
serait à désirer que des mesures fussent prises pour abréger l'examen, dans
l'intérêt des candidats, des maîtres et de l'examen lui-même.
Il est à désirer
également que le texte des épreuves ne présente jamais d'ambiguïté.
Enfin, M. THOMAS
demande la suppression d'un membre de phrase : surveillance par des
examinateurs n'ayant pas d'élèves dans la salle, formule qui lui
paraît susceptible d'être interprétée dans un sens défavorable au
personnel. Le Président fait observer que c'est précisément
pour supprimer toute prévention de suspicion et dans l'intérêt même des
maîtres, que cette mesure est proposée. Il est de même interdit aux
examinateurs du baccalauréat appartenant à l'enseignement secondaire de
figurer dans le jury qui juge leurs élèves.
M. CHARLÉTY donne
ensuite la parole à M.COMBAZ, qui répond aux diverses objections soulevées:
-
Les conditions de
fonctionnement de l'examen à Tunis ont provoqué des réclamations, avant comme
après les modifications qui y ont été apportées il y a quelques années. Le
nouveau système proposé n'a rien de définitif ni d'intangible; s'il ne donne
pas satisfaction, on le modifiera.
-
En ce qui concerne le nombre des élèves par
salle, le chiffre de 40 est un maximum, que l'on ne pourra pas toujours
atteindre ; une disposition spéciale de tables permettra d'ailleurs de faire place
à plus d'élèves.
En tout cas, si l'on a renoncé à mettre comme précédemment deux candidats
par table, c'est pour éviter que les deux voisins puissent communiquer entre eux, comme on a prétendu que le fait s'était
produit. Le règlement en
discussion n'apporte aucune modification aux conditions dans lesquelles est
subi l'examen oral.
-
Le changement le
plus important consiste dans l'institution pour les épreuves écrites d'un
comité de correction unique, qui pourra d'ailleurs se subdiviser en autant de
sous-commissions qu'il sera nécessaire,
après la correction en commun d'un certain nombre de copies, chacune
des sous commissions fonctionnera isolément. Cette création a été motivée par
des plaintes au sujet des différences d'appréciation des épreuves dans les
différentes commissions de correction.
-
Quant aux
inspecteurs, sans doute ils ne peuvent être partout à la fois : il
n'y a pas de système parfait, en raison des difficultés résultant du grand
nombre des élèves.
-
Enfin, si l'on a prévu des surveillants
n'ayant pas d'élèves dans leur salle, ce n'était pas dans un esprit de
méfiance à l'égard des maîtres, mais pour éviter le retour de certaines
réclamations.
C'est en somme, fait
observer M. DUMAS, l'application d'un principe général dont personne ne peut
se formaliser.
M. COLLIN ajoute que
l'existence d'un comité de correction unique évitera à l'Inspecteur
l'obligation de faire la navette entre les différents centres de correction
pour uniformiser la façon d'apprécier soit le problème, soit l'orthographe
comme il a du le faire l'année dernière, sur la demande même de divers correcteurs.
M. BAILLE indique au
Conseil que, si l'on juge le nombre des examinateurs insuffisant, il est
facile d'augmenter d'une ou deux unités dans chaque sous-commission le nombre
des maîtres convoqués, en s'assurant au préalable que tous pourront être là.
Au sujet de la durée
de l'examen, il n'est pas indispensable qu'il se termine le jour même pour
les candidats de la localité. On peut faire passer tout d'abord l'oral aux
candidats de l'extérieur ; pour les autres, les examinateurs ne sont pas
obligés de se surmener: ceux qui n'auront pu être interrogés le jour même
passeront le lendemain. D'autre part la présence constante de l'Inspecteur
est moins indispensable dans les grands centres, où tous les examinateurs
sont des professionnels, que dans les petites localités, où la Commission a
besoin d'être guidée.
M. THOMAS rappelle qu'on a essayé en
1905-1906.d'organiser une commission centrale et que l'expérience a été
abandonnée.
M. GUILLON croit
que ce n'est pas une raison pour ne pas reprendre un mode de procéder qui,
s'il n'assure pas la justice absolue, permettra du moins de s'en rapprocher.
Le Président résume le débat tout en reconnaissant les difficultés
matérielles que présente l'organisation de l'examen dans les grands centres,
il estime que le projet en question permettra de les atténuer, dans la pratique on s'efforcera d'arriver
au minimum d'erreur avec le maximum de rapidité.
M. THOMAS demande à
présenter une deuxième série d'observations, non plus sur la modalité de
l'examen, mais sur son essence même, bien que la question ne soit
pas à l'ordre du jour. Après y avoir été autorisé par le Président,
il exprime, au nom d'un grand nombre de maîtres,:
1°- le regret que la
nullité d'une épreuve n'entraîne plus l'ajournement, sans demander
absolument qu'on revienne au 0 éliminatoire, il désirerait qu'on exigeât une
note minimum pour l'ensemble des trois épreuves de langue française, (dictée,
questions, rédaction) ou qu'en raison de l'importance de la rédaction on lui
donnât le coefficient 3;
2° l'épreuve
écrite de sciences nouvellement instituée n'a pas donné ce qu'on en
attendait : les élèves se bornent à faire appel à leur mémoire et à
reproduire le résumé du livre en usage. Si l'épreuve était orale,
l'examinateur pourrait poser des questions d'intelligence et s'assurer si
l'élève a compris ce qu'il a appris.
MM. LOTH
et COLLIN s'associent à M. THOMAS pour regretter la suppression des
notes éliminatoires, aussi bien au certificat d'études primaires élémentaires
qu'au certificat d'études primaires supérieures, où cette mesure est d'autant
plus regrettable que le diplôme de ce dernier examen est requis pour l'entrée
aux écoles d'Arts et Métiers de la Métropole.
M. DUMAS est heureux de voir les membres de
l'Enseignement demander eux-mêmes plus de sévérité dans les examens.
Au sujet de l'épreuve de
sciences :
-
M. GELLÉ n'en voit
pas bien l'utilité à l'examen du certificat d'études primaires, étant donné
qu'il faut pour l'étude de la physique et de la chimie une maturité d'esprit
dont ne sont guère capables des enfants de 11 à 12 ans.
-
Mme DÉBART
croit que le sujet pourrait être choisi de façon à empêcher les candidats de
faire uniquement appel à leur mémoire.
Le Président estime
que les remarques de M. THOMAS sont très judicieuses et dignes d'être prises
en considération. Toutefois il y a lieu de faire un peu crédit aux
modifications récemment introduites dans les épreuves du certificat, avant de
se prononcer définitivement à leur égard. Pour l'épreuve de
sciences, si elle a été introduite à l'examen écrit, c'est avec le désir
d'accroître et non de réduire son importance ; le remède est peut-être dans
le choix opportun du sujet. En ce qui concerne les notes éliminatoires,
peut-être y aurait-il lieu de s'arrêter à une mesure modérée, la fixation
d'un minimum par exemple, l'augmentation du coefficient d'une épreuve ne
semblant pas de nature à donner des résultats appréciables. Si le Conseil n'y
voit pas d'inconvénient, la question pourrait figurer au programme de la
prochaine session.
L'ordre du jour étant épuisé, M.
CHARLÉTY lève la séance, non sans avoir remercié les membres du Conseil de
leur précieuse et active collaboration.
La séance est levée à midi.
Le Secrétaire Le Président,
P.TREMSAL. S.CHARLÉTY.
Bulletin officiel de l'enseignement
public
Février 1911, N°10 , 25° année
|
Présentation Hédi Bouhouch & Mongi Akrout, inspecteurs généraux retraités
Tunis , mars 2017
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