Ext
Titre du Mémoire
: Comparaison entre les résultats des
élèves des classes terminales obtenus à l'épreuve d'histoire et de géographie
et leurs moyennes annuelles dans les deux disciplines
Présenté par Mohamed
Bouaziz, Rabiaa Bouderbal et Souhayl
Haddar
Le plan
Introduction
I.
Les résultats de l'épreuve d'histoire et de géographie au Baccalauréat
.1. Les hypothèses
a. Conformité des résultats entre le baccalauréat et les
résultats de l'année
b. Non-conformité des résultats entre le baccalauréat et
les résultats de l'année
.2. L'état des lieux
a. L'écart entre les deux résultats
b. Poids de la note d'histoire et de géographie dans le
résultat du baccalauréat
II.
Les facteurs explicatifs de cette réalité
.1. Les causes de l'écart selon les enseignants
.2. Les causes profondes
Conclusion
----------------------------------------------------------------------------------
Introduction
Cette recherche
s'intéresse aux résultats en histoire et
géographie d'un échantillon d'élèves de 7ème année lettres au baccalauréat en
comparaison avec leurs résultats au cours le l'année. Nous avons essayé à
travers ce travail de:
- présenter un état des lieux et de chercher à
l'expliquer,
- sensibiliser les enseignants d'histoire et de
géographie de la situation partant de
deux hypothèses, la première part du principe de conformité entre les deux
résultats et la deuxième part au contraire de l'absence de cette conformité.
Quant à la méthode de recherche, nous avons choisi un
échantillon constitué de 148 élèves sur 3139 candidats qui avaient participé à
la session principale de 1994, ce qui représente environ 5%. Les élèves de
l'échantillon appartiennent tous à la direction régionale de l'enseignement de
Sfax mais proviennent de plusieurs établissements publics et d'un établissement
privé, trois établissements du centre ville et un établissement d'un
village; le choix de l'échantillon des
candidats et des établissements était aléatoire.
La matière utilisée était constitué des moyennes
annuelles d'histoire et de géographie, des notes obtenues au baccalauréat (session
principale, juin 1994), de la moyenne générale au baccalauréat et du résultat
final.
I- L'état des
lieux des résultats des élèves en histoire et géographie
1- les
hypothèses avancées.
Quand on s'engage à étudier l'état des lieux et la
réalité des deux disciplines dans les classes terminales, nous nous trouvons
devant deux hypothèses:
* La première hypothèse parle d'une conformité des
résultats des élèves au baccalauréat et au cours de l'année, cette hypothèse
est défendue par 5 enseignants sur six qui ont répondu à notre enquête, ces
derniers affirment qu'ils appliquent les mêmes critères en évaluant les copies
des élèves au cours de l'année et lors de la correction dans les centres
d'examen. D'autre part ils appliquent le même barème à savoir : le plan (6
réponses sur 6) ; la bonne organisation (5 réponses sur 6) ; la maîtrise des
connaissances (4 réponses sur 6).
*La deuxième hypothèse parle d'une différence entre
les deux résultats, en se référant aux mécontentements des élèves et de leurs
enseignants qui se plaignent après chaque session de la baisse des notes au
baccalauréat par rapport aux moyennes annuelles .
.1. L'état des lieux
Après l'analyse des données statistiques dont nous disposions,
nous avons dû rejeter la première hypothèse qui dit qu'il ya une conformité et
par conséquent la confirmation de la deuxième hypothèse qui reconnait
l'existence d'une non-conformité entre les résultats des élèves au cours de
l'année et ceux qu'ils ont obtenus à l'examen du baccalauréat. Les statistiques
nous ont montré aussi que les notes d'histoire géographie obtenues au
baccalauréat ont un impact direct sur le résultat final du candidat.
- Les
notes obtenues au baccalauréat diffèrent des notes de l'année
Il faudrait signaler tout d'abord que la tendance dominante
est plutôt vers la baisse et non vers l'amélioration, ainsi sur les 148 cas
étudiés:
- 93 élèves ont vu leur note baisser,
- 23 élèves ont obtenu les mêmes résultats
- 32 élèves ont vu leur note s'améliorer.
La baisse moyenne a atteint 1.89 points, alors que
l'amélioration moyenne n'était que 0.96 point. Parmi les 93 candidats qui ont
vu leurs notes baisser, les notes de 24 candidats ont chuté de 3 à 6 points,
l'amélioration dans les mêmes intervalles n'a été enregistrée que pour deux
candidats.
Plusieurs
indices montrent la différence entre les deux résultats, parmi eux, nous
citons:
*la
baisse de la moyenne des notes obtenues au baccalauréat par rapport à la
moyenne des notes au cours de l'année scolaire,
la première est de 8.9 alors que la deuxième est de 10.
*
Réduction du nombre d'élèves ayant obtenu de bonnes notes (voir tableau 1
ci-dessous).
Notes entre 10 et 15
|
Notes supérieure à 15
|
|
Au cours de l'année
|
54.7 % des candidats
|
0.7 % des candidats
|
A l'examen du baccalauréat
|
29 % des candidats
|
0 % des
candidats
|
Tableau 1: comparaison des taux des élèves ayant
obtenu des notes au dessus de la moyenne.
Le
tableau ci-dessus montre que le taux des élèves dont la moyenne annuelle en
histoire -géographie était comprise entre 10 et 15 sur 20 était presque le
double du taux enregistré au baccalauréat, cela confirme le recul des résultats
de notre échantillon, dans le même temps, le taux des élèves qui ont obtenu de
mauvaises notes ou en tous les cas, des notes en dessous de la moyennes au
baccalauréat a atteint 70.3%, alors qu'ils ne représentaient que 44.6% au cours
de l'année scolaire. Nous pouvons ajouter pour confirmer ce recul que les notes
inférieures à 5 sur 20 étaient absentes au cours de l'année alors qu'au
baccalauréat 5.4% des candidats avaient obtenu des notes inférieures à 5. (Voir
tableau 2 ci-dessous)
Total en dessous de la moyenne
|
De 5 à 10
|
De 0 à 5
|
La note
|
44.6%
|
44.6%
|
0%
|
Au cours de l'année
|
70.3%
|
64.9%
|
5.4%
|
Au baccalauréat
|
Tableau 2 : comparaison des taux des élèves ayant des notes inférieures
à la moyenne.
* le recul de la moyenne la plus faible et la moyenne la
plus forte
Au Baccalauréat
|
A cours de l'année
|
|
2.5 sur 20
|
6.16 sur 20
|
Moyenne des notes les
plus basses
|
13 sur 20
|
15.51 sur 20
|
Moyenne
des notes les plus élevées
|
Tableau 3 : comparaison de la moyenne la plus faible et la moyenne la
plus élevées
Le
tableau ci-dessus montre que la moyenne des notes les plus faibles enregistrée
au cours de l'année scolaire était autour de 6 ( 6.16) , cette moyenne
dégringole au baccalauréat jusqu'à 2.5 , nous notons aussi un net recul au
niveau de la moyenne des meilleures notes obtenues par les élèves de notre
échantillon qui est passée de 15 sur 20 au cours de l'année à 13 sur 20 à l'examen du baccalauréat.
L'idée
de la non-conformité entre les deux moments de l'évaluation se consolide en
étudiant la dispersion des notes, en effet l'écart type[1] est passé de + 1.53 au cours de l'année à + 2.21 au
baccalauréat.
Pour
récapituler, on peut conclure que tous les indices que nous avons pu analyser confirment
la non concordance entre les résultats de l'évaluation des élèves au cours de
l'année (faite par leur enseignant et sans anonymat) et les résultats obtenus
au baccalauréat.
b-
Effet des notes de l'épreuve d'histoire et de géographie sur le résultat du
candidat au baccalauréat
Notes
d'histoire et de géographie
|
Les
admis
|
Les
refusés
|
||
effectif
|
%
|
effectif
|
%
|
|
De 0 à 5
|
0
|
8
|
5.4%
|
|
De 5 à 10
|
45
|
34.5%
|
51
|
30.4%
|
10 à 15
|
34
|
23%
|
10
|
6.8%
|
Total
|
79
|
57.5 %
|
69
|
42.6%
|
Tableau 4 : répartition des notes d'histoire et
de géographie des amis et des refusés
Les
données statistiques montrent qu'il ya un réel impact des notes de l'histoire
et de la géographie sur le résultat final du candidat au baccalauréat, deux indices renforcent cette constatation:
-
le premier indice : aucun candidat ayant eu en histoire et en géographie une
note inférieure à 5 n'a réussi son
baccalauréat. (Voir tableau 4 ci - dessous)
-
le deuxième indice : parmi les79 élèves déclarés admis, 34 ont obtenu de bonnes
notes en histoire et géographie, et parmi les 69 élèves refusés 51 candidats
avaient obtenu des notes entre 0 et 10.
Mais,
il faut relativiser ces conclusions car nous trouvons parmi les candidats ayant
obtenu de bonnes notes en histoire géographie sans pour autant réussir leur
baccalauréat (voir tableau 4).
L'impact
des résultats en histoire géographie se voit aussi à travers les résultats des
élèves de l'échantillon au cours de l'année (voir tableau 5 ci-dessous).
N'ayant
pas la moyenne annuelle générale
|
Ayant
la moyenne annuelle générale
|
Nombre
d'élèves
|
Moyenne
annuelle en H G
|
||
%
|
Nombre
|
%
|
Nombre
|
||
28.4%
|
42
|
16.2%
|
24
|
66
|
De 5
à 10
|
17.6%
|
26
|
37.2%
|
55
|
81
|
A 15 10
|
1
|
1
|
+ de 15
|
|||
44.6%
|
69
|
53.4%
|
79
|
148
|
Total
|
Tableau 5 : rapport entre la moyenne en histoire géographie et la moyenne annuelle générale
Les
données statistiques du tableau
ci-dessus montrent clairement l'impact des notes d'histoire et de
géographie sur la moyenne générale de l'année puisque la majorité de ceux qui
avaient des bonnes notes en histoire et géographie (55 sur 81 élèves) ont la
moyenne annuelle générale, par contre parmi ceux dont les notes étaient
insuffisantes ou faibles (entre 5 et 10 sur 20) la majorité n'a pas la moyenne
générale (24 sur 42 élèves). Bien que nous notions un cas étrange, c'est celui
de cet élève dont la note d'histoire et de géographie est supérieure à 15 qui n'a pas eu la moyenne annuelle générale.
II-
Les facteurs explicatifs de cet état
La
principale conclusion qu'on pourrait tirer de l'analyse précédente, c'est
l'importance des deux disciplines dans les résultats de l'élève que ce soit au
niveau de la moyenne annuelle ou du résultat du baccalauréat.
Nous
avons essayé de connaitre les causes de la baisse des notes au baccalauréat qui
a touché 93 candidats sur 148, pour y parvenir nous avons enquêté auprès d'un
certain nombre d'enseignants de terminales et sur nos propres recherches et
analyse des données réalisée dans la première partie.
1)
les facteurs explicatifs d'après les enseignants
Pour
connaitre les facteurs qui expliquent le recul, nous avons envoyé un
questionnaire à 6 enseignants de terminales qui participaient aussi depuis
quelques années à la correction des épreuves du baccalauréat.
La
majorité d'entre eux renvoie la baisse des notes des élèves au baccalauréat par
rapport à leurs résultats au cours de l'année à trois facteurs :
*
le premier facteur est la non assimilation du programme à cause de sa longueur (
5 enseignants parmi 6), le grand nombre de leçons constitue un obstacle par rapport
aux capacités des élèves à l'assimilation et la maîtrise de la totalité des
questions , à ce propos les enseignants expliquent la différence entre les
résultats par le fait qu'au cours de l'année scolaire les épreuves ne portent
que sur un nombre limité de chapitre ( un ou deux ).
* le deuxième facteur c'est
l'absence de méthodologie chez les candidats car ils ne l'ont pas acquise
pendant les années qui précèdent la classe terminale.
*
autres facteurs comme la peur de l'examen, l'absence d'une formation de base transdisciplinaire, et la négligence des deux disciplines par les
élèves lors de leurs premières années au collège et au lycée.
2)
Les raisons effectives
Nous sommes en accord
avec la majorité des enseignants sur l'effet de la longueur des programmes
comme facteur qui explique la baisse des notes au baccalauréat, d'ailleurs ce
qui aggrave la situation c'est le recours de certains enseignants aux polycopies
ce qui ne facilite guère la tâche des élèves et ne les aident guère à assimiler
les contenus des dernières leçons.
Mais nous ne sommes pas
d'accord avec nos collègues quand ils expliquent la baisse par l'absence de
méthodologie, nous ne nions pas l'importance de la méthodologie, ce que nous
contestons c'est le fait de la considérer comme un facteur du recul des élèves
au baccalauréat, car dans la première partie nous avons montré que 24 élèves
qui ont vu leurs notes baisser de 3 à 6 point, 19 avaient de bonnes notes au cours
de l'année (entre 11 et 15 sur 20), on est en droit de se demander comment ces
élèves ont-ils pu "oublier" la méthodologie le jour de l'examen alors
que leurs notes au cours de l'année laissent supposer qu'ils avaient une
certaine maîtrise méthodologique, or la méthodologie est une compétence durable
et non un savoir éphémère.
A moins que l'élève n'a
jamais été initié à la méthodologie au cours de sa scolarité et dans ce cas
c'est la responsabilité de l'enseignant ou bien que cet aspect n'est pas pris
en considération lors de l'évaluation au cours de l'année scolaire car comme on l'a déjà précisé il n'est pas
facile d'oublier une compétence qu'on a maitrisée durant l'année scolaire sauf
pour des cas très particuliers d'élèves qui peuvent perdre tous leurs moyens le
jour de l'examen national, cela ne peut guère toucher plus de la moitié des
candidats.
C'est pour cette raison
que nous pensons qu'il y a un facteur important qui explique la baisse des
notes à l'examen final, il s'agit de l'attitude de l'enseignant qui ne traite
pas les copies avec la même rigueur, ainsi au cours de l'année il est moins
exigeant ( la preuve la plus faible moyenne au cours de l'année de notre
échantillon était 5/20, alors qu'au bac elle est descendue à 2.5/20) ; nous
constatons la même chose pour la meilleure moyenne qui passe de 15/20 à 13/20.
Le troisième facteur
avancé par les enseignants enquêtés est l'absence d'une formation globale et interdisciplinaire
et le faible intérêt des élèves pour les disciplines d'histoire et de
géographie au cours des premières années de collège et du lycée, qui pense qu'il
suffit d'apprendre par cœur le résumé dicté par le professeur et de le
reproduire le jour de l'examen, en réalité cette image n'est pas le fruit du hasard,
elle est le résultat des pratiques des enseignants qui adoptent en général la
méthode magistrale et la dictée des résumés , méthodes qui rebutent les
apprenants et dévalorisent les deux disciplines à leurs yeux.
Conclusion
Notre recherche nous a permis de nous arrêter sur
plusieurs vérités:
La première est recul des résultats des élèves en histoire et
en géographie à l'examen du baccalauréat, et le poids déterminant des deux
disciplines à l'examen du baccalauréat.
La deuxième vérité est
que la responsabilité de la baisse des résultats est partagé entre plusieurs
acteurs dont l'enseignant qui est le principal responsable de la formation de
l'élève ( ici nous parlons de tous les enseignants et non de ceux des classes
terminales), nous sommes convaincus que la réussite de l'élève au baccalauréat
ne peut pas être le produit de ce qu'il apprend en 7 ème année, il est le fruit
d'une formation que l'enseignant devrait lui donner depuis les premières années
en adoptant les méthodes actives et en inculquant le véritable sens des deux
disciplines, c'est le seul moyen pour faire changer l'attitude de l'élève vis-à-vis
de l'histoire et de la géographie .
Quant à la
responsabilité de l'élève, elle n'est pas moindre, il doit se libérer de la
dépendance totale vis-à-vis du cours de son maitre en faisant plus d'efforts
dans le sens de l'auto formation.
Traduit par
Mongi Akrout & Abdessalam Bouzid, Inspecteur généraux de l'éducation
Tunis, juillet
2020
[1]
L'écart-type sert à mesurer
la dispersion, ou l'étalement, d'un ensemble de valeurs autour de leur moyenne.
Plus l'écart-type est faible, plus la population est homogène
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