dimanche 13 mars 2022

L'un des premier décret relatif à l'organisation du métier d'instituteur en Tunisie.


 

 

 

Hédi Bouhouch

Dans le cadre du travail du blog sur la mémoire de l'école tunisienne , nous publions cette semaine un document qui date de 1885, il s'agit d'un décret  promulgué par Ali Pacha Bey de Tunisie qui organise le métier d'instituteurs  les conditions de recrutement des instituteurs , on y apprend beaucoup d'aspects très instructifs comme les conditions de recrutement , les types d'instituteurs, les appointements , les promotions et les  différentes récompenses accordées aux instituteurs les plus méritants.

Le décret a prévu trois types de récompense :

 Il y a avant des récompenses financières :  l’instituteur qui aura fait recevoir cinq élèves indigènes au certificat d'études primaires en une seule ou plusieurs sessions    recevra une prime , une autre prime plus conséquente  à l'instituteur dont deux de ses élèves réussiront le concours d'entrée au collège Alaoui ou au collège Sadiki.  ( art 10)

En sus des récompenses financières, le décret avait prévu des récompenses morales  , ainsi  l'instituteur recevra  à partir de 15 élèves  qui réussissent  le certificat de fin d'études primaires,  un certificat d'honneur ou  une médaille de bronze ou une médaille  d'argent en fonction du nombre d'élèves admis ( art 9).

 

Enfin ,le décret avait prévu un autre type de récompenses sous la forme de promotions exceptionnelles, ainsi  tout instituteur tunisien  ou français   qui obtient un certificat  après un examen spécial en langue arabe aura droit à un avancement immédiat à la classe supérieure ( art 8), et tout instituteur qui  " se distingue par sa  bonne conduite,  aura un avancement après deux années seulement au lieu des 5 ans règlementaires ( art 6)

 

 

Décret du 16 Rabia  etthani 1302 - 9 décembre 1889

Louange à Dieu

 

Nous, Ali Pacha Bey, possesseur du royaume de Tunis,

considérant qu'il y a lieu de fixer le traitement et l'avancement des   instituteurs laïques exerçant dans les écoles publiques de la Tunisie;

Vu le rapport qui nous a été  adressé  par le directeur de l'enseignement public ,

Nous avons pris le décret suivant :

Article 1er .- Aucune personne ne pourra être nommée instituteur public, s'il  n'est pas pourvu au moins du brevet élémentaire.

Art.2.- Les instituteurs sont divisées en deux catégories.

Première catégorie.- Instituteurs pourvus du Brevet supérieur;

Deuxième  catégorie.- Instituteurs pourvus du Brevet élémentaire.

Art.3.- Les instituteurs de la première catégorie sont divisés en cinq classes dont les traitements sont fixés comme suit :

Première Catégorie : instituteurs pourvus du Brevet supérieur

5ème classe

25000 piastres annuellement

4ème classe

30000 piastres annuellement

3ème classe

35000 piastres annuellement

2ème classe

40000 piastres annuellement

1ère classe

45000 piastres annuellement

 

Art.-4 .Deuxième Catégorie : Instituteurs pourvus du Brevet élémentaire

5ème classe

20000 piastres  par an

4ème classe

25000 piastres par an

3ème classe

30000 piastres par an

2ème classe

33330 piastres par an

1ère classe

36660 piastres par an

 

Art.5.-  En cas de besoin, un élève pourvu du certificat d'étude primaire sera chargé d'aider son instituteur et il percevra une indemnité de 60 piastres par mois.

Art.6.-Tout instituteur des deux catégories citées dans les articles 3 et 4 ci-dessus a droit  à l'avancement  à la classe supérieur  tous les 5 ans de service; mais s'il se distingue par sa  bonne conduite,  l'Etat peut lui accorder un avancement après deux années seulement.

Art.7.-Tout instituteur de la deuxième  catégorie qui subira avec succès les épreuves du Brevet supérieur , passera de droit dans la première catégorie, en conservant la classe à laquelle il appartient.

Art.8.-  tout instituteur qu'il soit arabe ou français  qui obtient un certificat  après un examen spécial en langue arabe aura droit à un avancement immédiat à la classe supérieure, cet examen sera promulgué par décret après le décret présent. 

Art.9.- tout  instituteur dont  cinq de ses élèves obtiennent le certificat d'études primaires en une  ou plusieurs années aura droit à une indemnité de 100 piastres et si le nombre de ces élèves dépasse 15, il lui est accordé un certificat d'honneur  , une médaille de bronze si le nombre dépasse 25, une médaille  d'argent si le nombre dépasse 40 élèves.

Art.10.- tout instituteur dont deux parmi ses élèves réussissent  l'examen  d'entrée  à l'école Alaoui ou à l'école Sadiki  percevra une indemnité de 100 piastres, et une autre indemnité de 50 piastres si son élève est déclaré lauréat de l'un de ces deux examens d'entrée.

Art.11.- le Directeur de l'Enseignement public est chargé d'assurer l'exécution du présent décret.

Ali Pacha Bey  Possesseur du Royaume de Tunis , le 19 Ramadan 1302

Source : Le journal tunisien - N° 23  - JEUDI  18  Chaouel Moubarek  1302 - 30 juillet  1885

 

Patrick Cabanel : L’école laïque française en Tunisie (1881-1914) : la double utopie

https://books.openedition.org/pumi/5006#authors

" Un décret du 1er juillet 1885, portant sur les appointements et les promotions des instituteurs publics, aménage un certain nombre de récompenses : l’instituteur qui aura fait recevoir cinq élèves indigènes au certificat recevra une somme de cent piastres (60 F) ; une mention honorable récompensera le quinzième reçu, des médailles de bronze et d’argent le vingt-cinquième et le quarantième ; cent autres piastres marqueront l’entrée de deux élèves dans la même année au collège Sadiki. En 1887, c’est précisément un élève de Sadiki qui est reçu premier au certificat. « Ce résultat fait honneur aux professeurs de cet établissement dont les élèves, indigènes musulmans, ont obtenu de bonnes notes pour toutes les matières de l’examen », commente la correspondance publiée par la Revue pédagogique"

 

Présentation et  commentaire : Mongi Akrout , inspecteur général de l'éducation retraité.

Tunis, Mars 2022

Pour accéder àla version Ar , cliquer ici

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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