Hédi Bouhouch |
La scène éducative tunisienne a connu en 1908, deux événements importants, le premier fut le
départ à la retraite du premier directeur général de l’instruction
publique Louis Machuel[1], le
deuxième événement fut la nomination de Sébastien Charléty [2] Directeur
de l’enseignement public en juillet 1908 après avoir occupé la fonction d’inspecteur
général de l’enseignement professionnel indigène.
Charléty n’était pas d’accord
avec les orientations des programmes des
écoles primaires réservées aux indigènes depuis l’instauration du protectorat,
ce sont d’après lui, « des programmes parachutés sur des élèves et sur
leur milieu social et économique, qui reproduisent des contenus similaires aux
programmes appliqués en France, et qui ne répondent pas aux besoins des colons et de la nouvelle économie ».
Charléty avait exposé sa conception et ses vues au congrès de Paris qui eurent
un bon accueil et un fort appui de la
part des représentants des colons, cependant les représentants tunisiens comme Kharaillah Ben Mustapha , Mohamed
Lasram et Abdeljalil Ezzouch avaient exprimé leur opposition à ce projet.
Dès sa nomination à la tête
de la D.I.P. Charléty a mis en place une
commission qu’il présida lui-même, chargée
d’étudier les programmes de l’école primaire, cette commission était composée de 9 membres qui représentent l’enseignement
primaire (direction et inspection), l’enseignement professionnel, l’école
normale des instituteurs(enseignant et direction) et la DIP, en plus de
l’inspecteur des écoles coraniques et de M° Khairallah Ben Mustapha en tant
qu’interprète judiciaire et connaisseur de l’enseignement indigène[3].
La commission s’est référée,
dans ses travaux, au programme du 28
mars 1882 et aux modifications
introduites par les arrêtés du 18 janvier 1887 et du 7 mai 1906.
La commission avait présenté
les résultats de ses travaux devant le C.I.P.
[4] au cours
de sa réunion tenue les 28 et 29 mai 1909
au siège de la Direction générale de l’enseignement public sous la
présidence de M° Charléty[5]. Les
débats sur les différents éléments du programme proposé traduisent les
conceptions divergentes qu’avaient les membres du Conseil, certains membres
avaient réussi à introduire des modifications substantielles sur la première
copie des nouveaux programmes et sur la nouvelle organisation de l’examen du
certificat des études primaires qui
avait introduit de nouvelles épreuves comme les connaissances usuelles , le dessin, l’agriculture pour les garçons et
la Couture et l’enseignement ménager pour
les jeunes filles , et elle a modifié la fonction et la nature d’autres
épreuves.[6]
Après les délibérations du C.I.P.
Charléty a publié un nouvel arrêté relatif au programme général de l’enseignement
primaire (voir l’annexe ci-dessous)[7] .
Charléty voyait que la
réforme des programmes de l’enseignement primaire doit se faire de pair avec la
réforme des programmes de la préparation des instituteurs, surtout que la
langue arabe est devenue une matières importantes et fait désormais partie des
épreuves du certificat de fin d’études primaires , ainsi son enseignement
nécessite des instituteurs qualifiés pédagogiquement en plus de la maîtrise de la langue, c’est dans ce cadre qu’il créa la
section des élèves - mouderres au sein
de l’école normale au collège Alaoui et il
chargea une commission spécialisée d’organiser cette section et ses programmes.[8]
Après tous ces travaux (la
préparation des nouveaux programmes pour les écoles primaires et pour l’école
normale des instituteurs) ,Charléty a adressé aux inspecteurs de l’enseignement
primaire une longue circulaire dans laquelle il explique les finalités des nouveaux
programmes et expose ses vues quant à la mission de l’école primaire et son
mode de fonctionnement et aux rôles de ses différents acteurs .
Vu la valeur historique de cette
circulaire porteuse d’une nouvelle vision de l’enseignement primaire destiné aux enfants
tunisiens et traite de problématiques et de questions d’ordre
pédagogique qui sont encore d’actualité et qui continuent à alimenter des débats entre
les spécialistes au sujet de la confection des programmes et sur leur rapport avec la réalité sociale
et économique du milieu de l’élève ainsi
que sur les stratégies de leur mise en application
par l’enseignant et le degré de liberté à
lui accorder , nous avons voulu partager avec les amis du blog
pédagogique des extraits de cette circulaire vieille de plus d’un siècle.
1er extrait : Circulaire
Du Directeur général de l’enseignement public aux Inspecteurs de l’enseignement primaire sur
l’application des programmes - Tunisie ,30 juin 1909,
Monsieur
l’inspecteur,
Il importe que le maitre responsable de
l'éducation d'une population d'écoliers qui, dans la plupart des cas, ne
connaîtront pas d'autre enseignement que le sien, ait une
conscience claire de son rôle et une vue nette de son utilité.
|
En
confiant aux délibérations d'une commission spéciale, puis en soumettant à l'examen du Conseil de
l'Instruction Publique les réformes à apporter aux méthodes et aux programmes
de l'enseignement primaire tunisien, mon intention a été moins d'y accomplir un
changement brusque et radical que de l'orienter peu à peu, par étapes
successives, vers une direction nouvelle.
Il
importe que le maitre responsable de l'éducation d'une population
d'écoliers qui, dans la plupart des cas, ne connaîtront pas d'autre
enseignement que le sien, ait une conscience claire de son rôle et une vue
nette de son utilité.
l'instruction primaire devait être d'abord et surtout une préparation
directe et appropriée à la vie pratique
|
La
discussion engagée à ce sujet[9] et à
laquelle vous avez apporté les vues de votre expérience, a fait
ressortir une opinion générale, dominante, unanime, ou se fondaient toutes les
divergences de détail, à savoir que l'instruction primaire devait être d'abord
et surtout une préparation directe et appropriée à la vie pratique.
C'est
pourquoi, dans l’énumération et la définition des matières qui
composeront le programme général
des écoles, est apparu le souci constant de mettre, sous les
termes traditionnels qui désignent les différentes disciplines, le plus de
réalités possible, de les adapter aux besoins, à la
situation, aux formes de vie de la population variée de nos écoles,
l'enseignement élémentaire des sciences
doit désormais jouer un rôle prépondérant à l'école primaire.
|
je n'ai
pas besoin de vous rappeler les considérations consignées dans le rapport
de la Commission[10] et
approuvées par le Conseil qui accompagnent chacun des articles du programme, Sans
négliger la part, qu'il ne faut en aucun cas restreindre, de l'éducation morale
des enfants qui nous sont confiés, éducation qui doit toujours inspirer les
moindres actes et paroles de la classe, de même sans diminuer la place -une
place d'honneur - qui revient à l'enseignement pratique de la langue française
à nos nationaux, aux indigènes et aux étrangers. Nous avons décidé que
l'enseignement élémentaire des sciences doit désormais jouer un rôle
prépondérant à l'école primaire.
l'initiation
scientifique de l'enfant s'opère sous l'aspect familier de la vie quotidienne
|
Vous
savez trop bien les limites que la nature même des choses impose à un tel
enseignement pour que j'ai besoin de
redire ici combien la prétention de cet enseignement doit être, en général,
modeste. Ce qu'il faut, c'est que l'initiation scientifique de l'enfant s'opère
sous l'aspect familier de la vie quotidienne;
C’est un
pli à lui donner, un désir de savoir à
faire naître en lui par les deux procédés bien connus des pédagogues :
l'habitude et l'imitation. Ce sont, au début, les objets de la classe, de la
cour, du jardin, de la rue, qui doivent donner prétexte à des observations
précises reliées par des raisonnements simples. Il y a des leçons de langage à
faire avec l'histoire d'un grain de blé, d'un olivier, d'un ver à soie. La
collection des observations et des expériences fondées sur la vie la plus
ordinaire, sur le mode d'activité agricole ou industrielle le plus
voisin ou le plus familier, servira ensuite à préparer un enseignement méthodique
de physique, chimie, histoire naturelle, avec des applications à l'hygiène, et
suivant les lieux et les cas, à l'agriculture et à l'industrie,
La place importante réservée dans les programmes à l'enseignement
scientifique aura d'ailleurs une sanction à l'examen du C.E. P. E. qui comprendra désormais une épreuve
écrite spéciale sur les connaissances usuelles..
il faut
que dans le détail, le programme soit assoupli et adapté aux nécessités de
chacun
|
Telle est
la première nouveauté générale qui doit pénétrer désormais les programmes et
les méthodes de l'enseignement primaire. C'est par elle qu'il
apparaîtra comme une initiation à la vie réelle. Mais c'est précisément
parce que là vie réelle ne se présente pas pour tous les écoliers
sous le même aspect qu'il faut que dans le détail le programme soit assoupli et
adapté aux nécessités de chacun. Or, il ne peut échapper à personne que la
différence la plus apparente qui existe entre nos écoliers est celle que créent
la langue et la race. Si notre devoir est de rapprocher de plus en plus les
indigènes de la population française, d'être leurs guides, leurs initiateurs,
notre devoir d'éducateurs est aussi de tenir compte des conditions réelles où
se trouve la population des écoliers qui fréquentent nos écoles.
je ne
les (programmes) considère en aucune façon comme uniques et rigides
|
La
liberté ménagée aux maîtres par l'article 2 de l'arrêté[11] de
ce jour a précisément pour but de permettre l'adaptation du programme scolaire
à ces conditions, je ne les considère en aucune façon comme uniques
et rigides. Il n'y a, pour ainsi dire, en ces matières que des cas d'espèce.
L'organisation
actuelle de nos écoles comportant en fait des établissements où les enfants
européens et indigènes sont isolés, d'autres où ils sont mêlés en proportions
très inégales et très variées, il serait vain de prévoir une
réglementation précise pour des types aussi divers. C'est à l'initiative des
maîtres surveillée, excitée par vous qu'il appartient, peut être, probablement
même après des tâtonnements nécessaires, de fixer l'organisation pédagogique de
chaque école.
S'il y a
des cas — et il faut les espérer nombreux dans le présent — où toutes les
matières du programme peuvent être utilement enseignées, s'il faut le souhaiter
dans l'avenir pour toutes les écoles. Si nous devons y préparer
toute la population, par des mesures appropriées et par une série de réformes,
il est actuellement impossible de ne pas tenir compte de faits évidents comme
ceux que vous connaissez bien, tels que les classes de demi-temps pour les
indigènes qui emploient le reste de la journée à l'étude de l'arabe ou de
l'hébreu : la nécessité pour les étrangers de consacrer dans les
débuts de nombreuses leçons à l'étude de la langue qui sert de véhicule à
l’enseignement.
Ici donc,
la règle d'inspiration, c'est de se demander, étant donné le temps
que les enfants passent à
l'école, leur âge et leurs aptitudes, quel est le maximum de services à leur
rendre. Je ne veux pas reproduire ici la discussion du Conseil, Je vous invite
à attirer sur elle l'attention des maîtres, mais, pour en mieux marquer la
portée, j'insisterai sur deux exemples.
l'école ferait ...œuvre vaine, si elle prétendait
initier aux détails de toute histoire qui
resterait étrangère à la Tunisie où à la France moderne.... l'enseignement
historique sera adapté aux besoins des élèves et son
programme limité, aux éléments assimilables.
|
Le
programme général prescrit un enseignement des éléments de l'histoire
de la France et de l'Afrique du Nord. Qui ne voit dans quel embarras se
trouvait le maître qui aurait à faire une leçon d'histoire dans un cours
enfantin[12]
et même dans un cours élémentaire d'élèves étrangers oui indigènes? Quelles que
fussent sa science pédagogique et son ingéniosité, il ne
parviendrait pas à se faire entendre. L'enseignement de l’histoire est
matériellement impossible avec de tels élèves, et sans doute le directeur de
l'école le supprimerait du programme et de l'emploi dû temps. Mais poursuivons.
Nos élèves ont grandi, ils se sont familiarisés avec notre langue et nous les
retrouvons dans les cours moyen et supérieur en état de comprendre l'enseignement historique et d'en
profiter. Alors, l'histoire des Carthaginois et des Romains en Tunisie, la conquête
arabe, le passage des autres envahisseurs, l'œuvre de la France surtout
seraient de nature à intéresser les élèves indigènes..
Ils en
retireront sans doute plus de profit que de l'étude des Gaulois et des Francs,
des Normands, de la Féodalité, des Communes, de la guerre de Cent ans, des
guerres de religion. S'il est utile pour comprendre la situation actuelle de la
Tunisie qu'ils connaissent les relations qui ont existé à diverses époques et
particulièrement depuis un siècle entre la France et la Régence ; s'il convient
de ne pas leur laisser ignorer les noms des grands hommes qui ont illustré leur
pays, la Franco et l'humanité, l'état politique de leur pays avant et depuis
notre occupation, l'école ferait, semble-t-il, œuvre vaine, si elle prétendait
les initier aux détails de toute histoire qui
resterait étrangère à la Tunisie où à la France moderne. Dès lors la
conclusion se présente d'elle-même : l'enseignement
historique sera adapté aux besoins des élèves et son
programme limité, aux éléments assimilables.
2.
L’enseignement
des connaissances scientifiques usuelles
dans l'école franco-arabe de la campagne, c'est par
l'exercice de langage le plus élémentaire, sur les choses les plus simples de
la vie ordinaire, que l'enfant devra prendre le premier contact avec les
réalités de l'existence.
|
Des
considérations de même nature conduisent à des conséquences analogues
dans l'enseignement des connaissances scientifiques usuelles.
Quelques indigènes des villes, un assez grand nombre
d'étrangers et la plupart des petits Français en arrivant à l'école, ont sur
les choses de la vie réelle des notions acquises dans la famille ou la vie de
tous les jours.
Leurs
habitations sont pourvues de meubles et d'ustensiles divers,
dont ils savent l'utilité, Ils ont vu les artisans des principaux
métiers employer un certain nombre d'outils et de machines. Ils ont contracté
dans leur famille certaines habitudes de tenue, de bien-être. Toutes ces choses
sont la plupart du temps inconnues du bédouin ou du fellah. Aussi
l'enseignement destiné aux premiers
mettant à profil les connaissances acquises, prendra dans la leçon de
choses, au cours enfantin même, une portée déjà un peu scientifique, tandis
que, dans l'école franco-arabe de la campagne, c'est par l'exercice de langage
le plus élémentaire, sur les choses les plus simples de la vie ordinaire, que
l'enfant devra prendre le premier contact avec les réalités de l'existence.
Dès le
cours enfantin, même s'il n'agit d'élèves étrangers et indigènes, les leçons de
langage — à raison de deux par jour au moins — devront autant que possible
porter sur les choses réelles de la vie enfantine.
Dans
les cours élémentaire et moyen, L'emploi du temps réservera une place
suffisante aux exercices d'observation et d'application : expériences,
travaux au jardin, visites et promenades industrielles ou agricoles.
|
Dans les cours élémentaire et moyen, la leçon de choses
proprement dite de 30 ou 45
minutes figurera au moins une fois dans les exercices de chaque jour. Cet
enseignement sera complété et étendu dans le cours supérieur par
l'enseignement ordonné et méthodique des
connaissances scientifiques usuelles avec leurs applications à l'hygiène, à
l'agriculture et aux industries locales. L'emploi du temps réservera une place
suffisante aux exercices d'observation et d'application : expériences, travaux
au jardin, visites et promenades industrielles ou agricoles.
En dehors
des leçons régulières, un enseignement occasionnel suivant les saisons et les
circonstances est recommandé. Les programmes détaillés et |le tableau de
l’emploi du temps mentionneront ces leçons.
3.
L’organisation
pédagogique et les règles pédagogiques
Il va
sans dire que dans la rédaction de leur projet , les directeurs et directrices
appliqueront les prescriptions réglementaires en vigueur et s'inspireront des
règles pédagogiques ordinaires, dont le commentaire a été à plusieurs reprises
publié dans le Bulletin de l'enseignement public Ces instructions visent les
heures des entrées, la durée des classes, la place des récréations, les jours
de congé, les enseignements extrascolaires, la dénomination des classes et des
cours, la simultanéité dans les écoles-recettes du service
scolaire et du service postal,
la
nécessité des leçons courtes pour les jeunes enfants en raison de la
mobilité et de la puissance d'attention très limitée de leur esprit ; la place
des leçons au commencement ou à la fin de la journée ou de la séance,
immédiatement après une récréation, selon la difficulté de chaque exercice e|
l'effort de réflexion qu'il exige ; la nécessité de séparer les leçons par des
chants, des marches, des mouvements pour donner satisfaction au besoin
d'activité des élèves : la variété dans la succession des exercices pour intéresser
l'élève et éviter la fatigue de l'intelligence : l'usage des devoirs
écrits, de la leçon commune et l'emploi des moniteurs dans les écoles à une
classe.[13]
Messieurs les Inspecteurs
« Comme les programmes,
les horaires devront s'inspirer des besoins des élèves et des nécessités
locales. Dans une même ville, une école réservée aux européens, une autre ne
recevant que des indigènes, une troisième fréquentée par des enfants de
diverses nationalités auront forcément un emploi du temps différent. L'école
urbaine et l'école rurale, celle du littoral, celle des hauts plateaux, d’un
pays agricole et d'une région industrielle ne peuvent suivre le
même horaire »
|
Telles
sont dans les grandes lignes la nature et l'esprit de la réforme des programmes
dont l'application vous est confiée. Votre rôle va commencer dès l'examen que
vous allez faire des projets d'emplois du temps pour l'année scolaire
1909-1910.
Vous
aurez à mettre en pratique des vues nouvelles sur les programmes et la méthode
d'instruction. Comme les programmes, les horaires devront s'inspirer des
besoins des élèves et des nécessités locales. Dans une même ville, une école
réservée aux Européens, une autre ne recevant que des indigènes, une troisième
fréquentée par des enfants de diverses nationalités auront forcément un emploi
du temps différent. L'école urbaine et l'école rurale, celle du littoral,
celle des Hauts Plateaux, d’un pays agricole et d'une région
industrielle ne peuvent suivre le même horaire.
Le règlement laisse au directeur de l’école l'initiative du projet ...
Mais il ne manquera pas …de consulter ses collaborateurs. La
collaboration active et éclairée du personnel est à la base
de la réforme de l'enseignement
|
l'avis de tout le personnel chargé de l'enseignement sera précieux pour
là répartition par cours, par classe, par trimestre ou mieux par
mois des matières du plan d'études
|
Le
règlement laisse au directeur de l’école l'initiative du projet qui doit vous
être soumis. Mais il ne manquera pas sans doute de consulter
ses collaborateurs. La collaboration active et éclairée du personnel
est à la base de la réforme de l'enseignement. Qui peut mieux
connaître les besoins des populations et les difficultés
spéciales à chaque région que les maîtres qui, dans leur classe,
comme dans la vie quotidienne, sont sans cesse aux prises avec ces difficultés
et ces besoins? Dans certaines écoles à plusieurs classes, les
maîtres ont pris depuis quelque temps l'habitude de réunions pédagogiques dans
lesquelles sont étudiées en commun les questions du règlement, programmes,
emploi du temps, discipline, etc. Cette pratique est à encourager. Dans l'application
à chaque école du programme général, l'avis de tout le personnel chargé de
l'enseignement sera précieux pour là répartition par cours, par
classe, par trimestre ou mieux par mois des matières du plan d'études,
Les
programmas détaillés une fois établis pour chaque classe, il restera à fixer le
nombre d'heures à attribuer par jour et par semaine à chaque enseignement selon
son importance relative, que lui attribuent l'origine des élèves, la région, la
localité, et à répartir dans le tableau horaire qui sera soumis à votre examen
les différentes leçons qui composeront la semaine de travail d'un écolier.
l'application
et l'expérience de chaque jour feront sans doute ressortir des imperfections
dont il sera pris note pour faire subir au tableau, au moment opportun, lors
d'une de vos visites ou au commencement de l'année suivante les retouches
nécessaires.
|
J'insiste
à nouveau sur l'importance à accorder partout, dans toutes les classes, celles
qui sont exclusivement composées de Français, comme celles qui reçoivent
uniquement des étrangers ou des indigènes, à l’enseignement des connaissances pratiques. Une fois l'emploi du temps ainsi
établi, approuvé et mis en vigueur,
l'application et l'expérience de chaque jour feront sans doute ressortir des
imperfections dont il sera pris note pour faire subir au tableau, au moment
opportun, lors d'une de vos visites ou au commencement de l'année suivante les
retouches nécessaires.
J'attacherai
du prix à ce que chaque maître ait sous les yeux en classe, en même
temps que son emploi du temps, ses notes d'inspection, son journal de classe,
ses cahiers de préparation et recueils de devoirs, la répartition mensuelle
des matières du programme adoptée pour le cours dont il est chargé,
avec une marge suffisante pour inscrire les annotations que la pratique
journalière et les Inspections auront suggérées. Lors de vos tournées, vous ne
manquerez pas do vous faire présenter ces documents sur lesquels vous pourrez,
si vous le jugez utile, consigner vous-même ou faire inscrire les corrections,
compléments, suppressions et toutes modifications nécessaires.
L'examen
des rapports périodiques de décembre, de mars et de fin d'année et des autres
renseignements que vous croirez devoir demander aux maîtres vous permettront de
contrôler el de corriger au besoin la marche des études dans les écoles.
4. L’appréciation de la valeur pédagogique des
maîtres
Dans
l'appréciation de la valeur pédagogique des maîtres et des résultats obtenus,
vous tiendrez le plus grand compte des efforts individuels, faits dans le sens
de l'adaptation des leçons au milieu, du développement des connaissances
scientifiques d'après l'esprit de la nouvelle méthode en vigueur.
La note
en chiffre qui résume votre appréciation et qui est un des éléments de
l'avancement au choix sera naturellement en rapport avec les constatations que
vous aurez faites.
Je me
réserve d'ailleurs d'examiner avec vous s'il ne conviendrait pas pour
encourager les bonnes volontés et mieux marquer l'importance que j'attache à la
réforme d'accorder des récompenses particulières aux maîtres qui se seront
signalés par leur esprit d'initiative et par leur zèle.
S.
CHARLETY.
Traduction et commentaire Hédi Bouhouch &Mongi
Akrout , Inspecteurs généraux de l'éducation
Tunis , Mars 2015
[1] L .Machuel
fut nommé Directeur général honoraire, en
guise de reconnaissance pour les services
qu’il avait rendus à l’enseignement en Tunisie et maintenu en service
détaché en Tunisie chargé d’une mission spéciale.
[2] Sébastien Charléty (
1867-1945) , Professeur d’histoire à la faculté des lettres de Lyon, a
travaillé en Algérie, puis mis à la disposition du gouvernement tunisien en
1906 et nommé le 1° janvier 1908 inspecteur général de l’enseignement
professionnel , le 6 juillet 1908
, il est nommé directeur de
l’enseignement , la nomination prenant effet le 1° octobre .
[4] Le Conseil de
l’Instruction publique ( C.I.P) a été
institué par le décret Beylical de 1888 , relatif à l’organisation de
l’enseignement dans la régence , il comprend parmi ses membres des
représentants des colons français installés en Tunisie.
[6] voir les délibérations à propos de l'examen du
certificat de fin d'études élémentaires ,
B.O.I.P n°28 , année 23
[7] Il s’agit de l’arrêté du Directeur
général de l’enseignement public , relatif au programme de l’enseignement
primaire en date du 30 juin 1909 et qui entra en application à la rentrée
1909/1910, le texte de l’arrêté est publié dans le BOIP N°28 , Février 19 09
[8] Voir l’arrêté du 23 novembre 1908 fixant les
membres de la commission , à noter que cette commission comprenait deux membres
tunisiens , il s’agit de Mohamed Lasram et de Kairallah Ben Mustapha , BOIP n°
18 ; février 1909.
[9] Les travaux de la commission de la
commission de la réforme de l’enseignement primaire ont démarré depuis le 23
décembre 1908.
[10]
Il veut parler de la discussion
du conseil de l’instruction publique
du projet du programme proposé l tenue le 29 mai 1909 .
[11]Il s’agit de l’arrêté
relatif au programme de l’enseignement primaire du 30 juin 1909
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