lundi 18 février 2019

La question de l'éducation dans la pensée et l'action de Mahmoud Messadi



Hédi Bouhouch
Le blog pédagogique poursuit  cette semaine la publication  de la deuxième partie de l' étude réalisée par la plume du professeur Mahmoud Tarchouna  sur la question de l'éducation dans la pensée  et l'action de Mahmoud Messadi  qu'il a déjà publiée sur les page du journal "Ech-Chaab du 3 septembre 2011. pour revenir à la première partie , cliquer ICI)
M° Tarchouna ,professeur universitaire Emérite de langue et de littérature arabe, est le grand spécialiste dans la pensée et la vie de Mahmoud Messadi ,il a rassemblé  son œuvre complète en 2002[1].
Le blog pédagogique remercie M° Tarchouna de nous avoir permis de publier cette étude  et d'avoir accepté de réviser et de corriger le texte français.



3.    La voie   gouvernementale : démocratisation  et réforme de l'enseignement:
   Après la voie  syndicale avant l'indépendance,  est venue ,après l’indépendance,  la voie   gouvernementale .C’était   l'occasion  pour Messadi de mettre en application les réformes  qu’il avait préconisées  dans les motions  et le programme de l’UGTT  . La  période qu’il avait  passée  en tant que directeur de l'enseignement secondaire au  Secrétariat d’Etat à l'éducation nationale et en tant  qu’inspecteur général  de l'enseignement secondaire (1955 - 1958) lui a  permis de connaître les problèmes de l'éducation de l’intérieur  et lui a facilité , quand il avait été chargé du portefeuille de l'Education nationale de 1958 à 1968,  de travailler  sur le projet   de la « réforme de l'enseignement » et sur le « plan décennal » pour réformer l’enseignement , généraliser progressivement  la scolarisation   et mettre  en place le noyau de l’Université tunisienne en 1960 dans le cadre de l'organisation structurelle  de l'enseignement englobant  les trois cycles :  primaire,  secondaire et  supérieur.
   Il  conserva les mêmes objectifs qu' il avait cherché  à réaliser dans le cadre de l'UGTT, à savoir la mise en place d'une éducation nationale tunisienne au vrai sens du mot ,  qui accorde à la langue arabe une importance particulière - en réaction naturelle à la volonté de  sa marginalisation au temps  du protectorat -  avec une ouverture sur la culture et  aux sciences  modernes.:  «  J’avais la chance, dit-il, d’être chargé  du ministère de l'Education : ceci m’a permis de mettre en place ce que nous avons appelé le « programme national  de l’enseignement tunisien» qui  comprenait essentiellement  la sauvegarde  de la  culture nationale moderne à savoir l'islam et la langue arabe, mais avec une totale ouverture  sur la civilisation  moderne et la culture humaine » [1].  Quant à l’éparpillement  qui a  déjà été constaté,   il  a  nécessité « l’unification des différents régimes  et programmes  des établissements d'enseignement , « l'intention étant  bien sûr de réformer l'enseignement  Zitounien et son intégration dans le système de l'éducation nationale. Le troisième objectif était la démocratisation  de l’enseignement  c'est-à-dire le rendre accessible à tous les enfants tunisiens en âge d’être scolarisés,  or ce n'était pas facile étant donné le manque  au niveau des cadres enseignants et de l'infrastructure de base.
    Le plan décennal a prévu  l’intégration de 65000  enfants chaque année afin et d’absorber environ sept cent mille élèves à la fin du plan .  A la fin des années cinquante,  les rapports qu’avait le peuple tunisien    vis-à-vis  du  mouvement national et de l'indépendance nationale sont encore tout frais, ce qui explique   son engagement et  son  grand enthousiasme  pour  construire bénévolement des écoles dans les zones rurales en particulier. Le mouvement a pris une telle ampleur qu’à un certain moment,  il a été appelé à arrêter les constructions en raison du manque d'enseignants 
    On ne s’est pas étendu sur  l'évaluation de la réforme de l'enseignement  et ses résultats car plusieurs études qui ont été  publiées, ont montré ses qualités et ses défauts, mais nous signalons simplement que nous devons à cette réforme la formation de  générations d'intellectuels bilingues, et de cadres  qui ont contribué à l’édification  de la Tunisie au cours de la  seconde moitié du XXe siècle. Toutefois ,à cette époque,  on lui a reproché  d’avoir  donné la priorité  à la  quantité au dépens de la qualité, et cela est vrai dans une certaine mesure, mais si l'on compare le niveau des diplômés des différents établissements d'enseignement des années soixante et sa dégradation après cette période, malgré la disponibilité de meilleures conditions matérielles,  le fruit de cette réforme nous parait  mûr , et nous nous  risquons  de dire qu’il a «mûri prématurément ».
     La question  de la relation du plan décennal avec  le développement économique  a été soulevée, il a semblé que le plan décennal était isolé du reste des secteurs de développement. En fait, ce n’était pas le cas,  car il est devenu plus tard l'un des fondements de ce qu’on a appelé  «  Le plan directeur national tunisien pour le développement économique et social, qui a été préparé au cours des années 1961 et 1962 »[2]  Messadi a essayé de convaincre les responsables de l'UNESCO qui conditionnaient  l’assistance  de l’organisation pour  chaque projet de réforme à l'aspect  de la rentabilité économique   en leur disant :  « Il ne peut y avoir  de croissance économique en l’absence de personnes qui la font et la créent que nous devons former  dans les écoles pour  acquérir  les  capacités intellectuelles et scientifiques nécessaires pour garantir  à l’économie et  à  la croissance économique  toute l'efficacité et toute la productivité ... » [3]
     On a reproché également à cette réforme la destruction de l’enseignement  zitounien ; or cette question mérite d'être clarifiée, car  c’est une question très sensible  si bien qu’ il y a encore  des gens qui ont la nostalgie  des « cercles » de la Grande Mosquée et qui continuent à trainer ses répercussions jusqu’à nos jours.
  La réforme a démarré à partir du diagnostic de la situation de la  Zitouna dans les années cinquante, et la chose la plus dangereuse qui caractérisait cette  situation  était l’enchevêtrement entre les différents cycles :  primaire, secondaire et  supérieur,  cela se voit  particulièrement au niveau  des programmes qui ne faisaient pas de distinction entre les trois niveaux ; ainsi on retrouve presque les mêmes  matières  : la lecture  du Coran, le culte du monothéisme (تَوْحيد, tawhid)  ,la Sounna( Conduite et pratique du prophète) , la morale  , le Hadith ( les  propos attribués au prophète), les rites ( al farayedh), les principes de la jurisprudence ainsi que la grammaire, la rhétorique et la poésie ancienne. L’enseignement se basait sur les écrits anciens, tels que  «  Metn al Ajrūmīya ,Le commentaire d’ al Ajrūmīya ,   d’Ibn Hisham ,   Al Alfya  expliquée  par Ibn Aquil , et Le commentaire d’al Alfya   par Al- Makkùdi . Le plus grave  c’était l’absence  des sciences modernes telles que les mathématiques, la physique et la chimie.

  
     Cette situation  a  rendu nécessaire le transfert  des deux cycles  primaire et secondaire de l'enseignement zitounien  aux établissements scolaires  nationaux et la spécialisation de l’enseignement zitounien dans les   sciences de la religion   au niveau de l’enseignement supérieur , à l’image du reste des facultés de l’enseignement supérieur , l’accès  à cet enseignement est désormais conditionné par  l'obtention du baccalauréat, comme toutes les institutions de l'enseignement supérieur. Ainsi l’enseignement zitounien n’a pas été supprimé ou aboli, mais  il fut promu  et modernisé et les études qu’il assure furent  unifiées  comme c’était le cas  des autres  spécialités  de la jeune Université tunisienne,  et  parmi les aspects de cette modernisation  , on cite le remplacement des leçons qui étaient données dans des  cercles animés par le maitre (   Cheikh)  adossé à l’une des colonnes  de la mosquée et  entouré par ses étudiants assis  ou accroupis par des cours donnés dans des locaux modernes  situés au boulevard 9 avril à coté des autres sections de  l'université.

Messadi   avait  parlé de cet objectif en disant: «  (Je  voulais ) donner à l'enseignement Zitounien   un statut digne de la place  de la  religion dans notre entité culturelle et dans  notre  civilisation, et préserver la dignité de La Mosquée Zitouna  en tant qu’ institut  scientifique en le  classant parmi  les instituts supérieurs, au même  niveau  que les autres instituts de l’université moderne en le spécialisant  dans les sciences religieuses afin qu’il  ajoute  dans ce domaine une nouvelle  et brillante phase  aux  glorieuses phases du passé  ( …) . Tel fut la nouvelle situation  grâce à la politique qui poursuivait deux objectifs  , d’un coté  la volonté de sauver  la grande mosquée de la Zitouna  de la situation  archaïque  , et de l’autre coté faire tout pour   sa renaissance  et sa modernisation  afin qu’elle redevienne la Mecque du savoir  et la destination  des  étudiants  qui lui  viennent de la Tunisie et d’ailleurs à la recherche  du savoir et de la foi, et  afin qu’elle  forme même  une nouvelle génération de  Ouléma et de sources de lumière comme  c’était le cas au cours des périodes glorieuses  qu’elle avait connues" [4]
     Il n’a cessé d’exprimer son admiration pour quelques professeurs ( Cheikhs)  de la Zitouna   dont il avait suivi les cours avec son frère, ou ceux qu’il a eu comme professeurs au collège Sadiki  tels que Cheikh Mohammed Belkadhi , le cheikh Abdelaziz Djaït et Cheikh Mohammed Tahar Ben Achour . Il a profité de leurs cours  sur la pensée islamique et de sa relation avec la logique, la jurisprudence , avec la vie sociale et le culte,  ainsi que sa  relation avec la métaphysique ;  il résume  tout ce qu’il a appris   de ses professeurs dans ces termes  :  « la dimension spirituelle » et il conclut son témoignage  en leur souhaitant la miséricorde « car ,comme il le dit,  je leur dois   cet élément de mon humanité qui m’ a enraciné dans mon islamité  et mon arabité » [5]
      Cette mise au point  était nécessaire pour enlever toute équivoque  au sujet de la réforme de l'enseignement  de La  Zitouna. La dite  réforme  a été dénaturée  et  fut considérée comme une suppression de la Zitouna , mais  elle n'a pas connu une période transitoire  qui aurait  pu préparer les gens pour accepter le changement ;  elle fut trop précoce  et d’un seul trait  ce qui  choqua  les gens  qui  sont restés jusqu’à nos jours choqués  , en dépit de tout ce qui est arrivé  plus tard au niveau de l’évolution de la Zitouna et sa promotion au rang d’une université avec plusieurs instituts  spécialisés dans les sciences de la religion  fréquentés par  des étudiants maghrébins et africains.

4.    La philosophie de l'éducation:
     Il  reste un aspect de l’activité de Messadi  , c’est celui qui est en rapport avec son action internationale dans le domaine de l'éducation  et ce qu’il a engendré comme  réflexion  autour des problématiques  et  des finalités de l’éducation . Il a présidé la  Commission  nationale  de l'UNESCO et  la délégation tunisienne  à sa conférence générale au cours de deux  sessions  de  1958 à 1968 et de 1973 à 1976, puis il a été élu membre  du conseil  exécutif et membre consultatif de l'Institut international de planification de l'éducation . En 1971, il  participa en tant que l'une des sept personnalités mondiales  à qui  le Secrétaire général de l'Organisation  a demandé leur avis sur la question : «Où va l'éducation? » à une Commission pour le développement de l'éducation dirigée par Edgar Faure . La réponse de Messsadi  est publiée  dans un article en français intitulé : « L'éducation aujourd'hui et demain » au sein d’un livre collectif sous le titre  "Apprendre  à être "  Nous nous  sommes référés   à cet article pour connaître ses idées sur la philosophie de l'éducation .

   
    Messadi part de la  distinction faite par  le penseur anglais Toynbee entre le  Zélotisme et le hérodianisme[6]: le premier consiste è rechercher  des  solutions  pour le temps présent   dans le passé, Le second   - à l’opposé du premier - fait face au présent et prospecte l’avenir  . Toynbee critique la première orientation   car elle ne résout pas les problèmes actuels, mais elle les occulte derrière le voile du passé, comme l'autruche qui enfouit sa tête dans le sable croyant qu’elle  se cache de ses poursuivants .
     Il critique aussi la seconde orientation  tout en  la  considérant plus utile que la première. Toutefois, elle n’est  pas créative, mais tend à imiter les autres et n'ajoute rien à la civilisation moderne. Ce qui  l’a entaché le plus  c’est l'aliénation et la dépendance des autres. Messadi  donne l’exemple de la Turquie à l'époque de Kemal Ataturk qui a adopté la laïcité occidentale et a procédé à la formation d'une société moderne et instruite, mais à la manière occidentale avec un déni total de son passé,  ce qui l’a amené -par exemple-  à remplacer  les caractères arabes par les caractères latins ; ceci semble  aux yeux de Messaadi une solution radicale, mais  le fait qu’elle a  touché  plusieurs secteurs en même temps et la vitesse à laquelle elle fut appliquée  ont  contribué à la naissance  d'une génération désemparée  et égarée choquée par  la vitesse des transformations  et par l’application du modèle étranger artificiellement .D’autre part, et  on peut retrouver la  même confusion  et le même égarement  chez certains peuples africains bilingues et biculturels  perdus entre deux langues et deux cultures. L'adoption de la solution turque par la Tunisie risque fort d'aboutir aux mêmes résultats.
    Par conséquent, le problème le plus important auquel l'éducation est confrontée à l'époque moderne est celui-ci : « Comment dans un pays quelconque ,  la culture, les techniques et le système éducatif peuvent-ils  sauvegarder  son  identité  et comment la diversité des peuples et des civilisations  peut-elle enrichir le patrimoine humain sans affronter  les mécanismes  contemporains et universels   [7]  vers lesquels se dirige  inéluctablement  la civilisation mondiale ? C'est  à ce grave problème  que  les pays aussi bien développés que sous développés   doivent  trouver une solution urgente.[8].
    Avant de répondre à cette problématique, Messadi présenta certains postulats  pour préparer  la voie à la solution  qu’il propose, dont le plus important est  celui-ci : l’éducation possède une force libératrice pour l’homme  et  a un rapport très solide avec la civilisation et la culture  et leur avenir. Le deuxième postulat est que  l’éducation est universelle et supra nationale , qu’il y a un  grand fossé technique  entre  l'Amérique et l'Europe, ainsi qu'entre l'Occident dans son ensemble et le Tiers Monde, ce dernier étant obligé face à la  révolution technologique  contemporaine  de  s’ouvrir  au monde développé afin de  bénéficier de ses expériences à travers  la réforme de son enseignement tout en évitant le risque « d’aliénation »  et « de la perte   de leur spécificité »  parce que la similitude des civilisations - de son point de vue-  détruit l’esprit d'aventure  et la diversité humaine. L'accélération du développement scientifique et technologique exige  d’être à jour dans le domaine des innovations , avoir une formation continue et  apprendre  à l’élève  et  à l'étudiant comment apprendre.

   En partant  de ces postulats, et en  dépassant les inconvénients des deux orientations  décrites  par Toynbee  , il semble que la solution serait dans   «  l’orientation  de l’homme  vers l'activité créatrice,  grâce à laquelle   ses potentialités  internes  seraient en constante augmentation , et permet  de maitriser la machine ainsi que le monde qui l’entoure , en particulier les moyens numériques et électroniques et les  ordinateurs.  La nouvelle éducation est appelée à réaliser la dimension humaine dans la civilisation et  activer  les forces créatrices de l'être humain. C’est ainsi   que  la révolution scientifique et technologique  offre à l’homme non seulement son identité , mais surtout sa liberté et le sauve  de l'aliénation, de la dépendance vis-à-vis des  autres et de l’imitation  non productive .  La réalisation   d’un projet de cette ampleur  nécessite  non seulement  la contribution de la science  et de la technique, mais aussi la pensée, la philosophie et les arts . Ce sont  eux qui donnent à la civilisation  sa dimension  humaine  et permettent  à « l’homme  de s’auto contrôler  et de contrôler  l’univers  , un contrôle au niveau de sa dignité ».   Ceci, bien sûr, n'est pas une solution individuelle, mais  concerne les différents peuples  qu’ils soient développés ou en voie de développement.
    Telle est la philosophie de l'éducation envisagée par Messadi depuis le début des années soixante-dix,  avant même  l’explosion de la révolution numérique et électronique. Avant que la "mondialisation"  ne devienne une doctrine imposée par le pouvoir de l'argent et des armes et la pression de l'espace  et du temps, l'auteur  est arrivé à cette conception  après avoir traversé des étapes pratiques telles que l'enseignement et le militantisme syndical pour  l'éducation, la responsabilité de la planification  et de la réforme, la généralisation de l’enseignement et  l'utilisation de  l’éducation pour délimiter les caractéristiques de l'identité nationale et libérer le tunisien  de l'aliénation et de la dépendance, ainsi que des traditions et de l'attachement au passé et la sanctification du patrimoine .


Mahmoud Tarchouna 
Tunis , 2011
Traduction Mongi  Akrout , inspecteur général de l'éducation retraité & Brahim Ben Atig , Professeur émérite et révisée par M° Tarchouna
Pour accéder à la version AR, cliquer ICI




[1]  t lll،  p350 .
[2] voir Mahmoud Tarchouna , nouveaux éléments à propos de Messadi , la vie culturelle , janvier 1981, publié à nouveau modifié  dans le livre Al Adab Al Mourid , 5° édition ,1997 , p 145.
[3] opt cité p، 343.
[4] t lll، p 386.
[5]  t lll، p 329.
[6] Hérodianisme et zelotizme - deux options de la société ou de l'état du défi historique, dans la terminologie de A. Toynbee.Les noms donnés par le nom de groupes religieux et sociaux de l'ancien Israël, qui étaient sous la domination de l'Empire romain. Dans le premier cas, "Hérodien" prend maintenant et adapte( analogie dans les événements historiques ultérieurs -.Dans le second cas, le «zélote» conserve soigneusement le passé, ne pas accepter la réalité " Arnold Toynbee estime que "hérodianisme" une réponse plus efficace au défi des deux alternatives comme «zélote» tente de se cacher dans le passé, comme l'autruche, enfoui dans le sable, et "Hérodien" regarde hardiment le présent et l'avenir.
 http://answersis.com/fr/questions/227759
[7]  il entend par ce terme " la mondialisation" qui n'est pas encore connu en 1972.
[8]   opt cité 303.




[1] les œuvres complètes / Mahmoud Messadi : rassemblées et présentées par Mahmoud Tarchouna - Tunis , la maison du sud , 2002 , 478 pages.

1 commentaire:

  1. جزاكم الله خيرا انصح كل الزملاء بالاطلاع و التمعن في هذا المقال

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