Dans le cadre de la commémoration
de la mémoire de Hédi Bouhouch qui nous a quitté il y a deux ans, le blog
pédagogique publie cette semaine la
communication de Mohamed Négib Adelmoula qu'il a présenté lors de la
célébration du quarantième jours du
défunt le 15 juillet 2017.
Chères collègues ,
chers collèges
Il est difficile de parler alors que les émotions sont vives et les souvenirs se
bousculent à l'occasion de chaque commémoration.
Des commémorations qui tentent de défier la mort implacable comme si on voulait la
dépasser par les bons e souvenirs et l’efficacité
de la présence.
Si Hédi était le doyen des inspecteurs,
être doyen en ce sens n'est
ni un titre ni une fonction, mais plutôt
un mérite que j'ai vu en la personne de Hédi Bouhouch,
cela s'est traduit dans ses paroles, dans
ses positions et dans ses actes. Je vais
rappeler
ici certains événements et certaines
positions qui illustrent ce mérite.
Lorsque j'ai commencé
ma carrière d'inspecteur dans les années
1980, le professeur Hédi Bouhouche était le président de l'amicale des
inspecteurs de l'enseignement secondaire. je venais de quitter la famille des enseignants pour rejoindre une
nouvelle famille professionnelle dont je
ne connaissais l'identité qu'à travers
certains inspecteurs de ma spécialités ou d'autres spécialités que je connaissais.
Alors que je cherchais cette nouvelle identité,
je fus invité à une réunion de bienvenue des nouveaux inspecteurs
organisée par l'amicale des inspecteurs et pour réfléchir aux problèmes du corps. Et c'était le regretté El Hédi Bouhouch qui présidé la réunion, à cette époque je ne le connaissais pas et je n'ai pas entendu parler de lui.
Au cours de la discussion , plusieurs
questions furent soulevées entre autre la question des déplacements ; je
fus attiré par sa façon de poser les problématiques , la manière avec laquelle
il orientait pour les solutionner et formuler les réponses à chaque
intervention, sans perdre de vu l’idéal modérateur directeurs ses propos à
savoir assurer l'unité du corps inspectoral, et à faire face à tout ce qui
pourrait le diviser; l'un des
intervenant a évoqué le poids des déplacements pour les collègues résidents à
Tunis , et soulignant que les collègues
de certaines régions ( il a cité la région) ont trouvé la solution en organisant des déplacement en groupe et se partagent ainsi la charge des déplacements. L’intervention du collègue
n’a pas plu à Si Hédi, il en a vu un jugement sur un cas rare et particulier qui ne mérite ni d'être posé ni d'être commenté,
car cela risque d'alimenter la discorde entre les inspecteurs, sans oublier que
la question a une dimension juridique, l'intervention du
collègue est peut une impression ou un jugement personnel qui ne correspond pas
à la réalité du terrain. Le défunt a commenté l'événement
en disant: Je considère que je n'ai pas entendu ces paroles et voyons comment peut-on
résoudre les problèmes des déplacements selon les décrets, les lois et les exigences de la
profession de l'inspection.
La réponse était pleine de
signification pour moi, et j'ai senti à ce moment que j'étais en
présence d'une personnalité qui est du
coté du corps des inspecteurs et qui transcende les futiles intérêts personnels qui poussent à la polémique et à l'échange d'accusation.
Ce fut pour moi le premier message
significatif que j’ai reçu lors de cette réunion: c’est que
le corps des inspecteurs est un cadre supérieur
au sein du ministère et de l’État, et
qu’il appartient à chacun de ses membres de protéger son statut noble et de prendre les positions
que nécessite ce statut.
Le
deuxième message que j'ai tiré de cette réunion est que le statut du corps des
inspecteurs se détermine par
la position de ses membres et du degré de leur engagement à le défendre, non
seulement de la part de ceux qui sont en dehors du cadre, mais également de
ceux qui en font partie. Ce jour là, il m'a semblé que le regretté Hédi
Bouhouch était l’un des piliers de ce corps, de ses partisans, de ses défenseurs et des
baliseurs de la voie qu'il devait suivre.
À ce moment-là, à la lumière de ce que
j’ai entendu et du discours posé et
responsable du regretté Hadi, j'ai senti de la fierté d’appartenir à ce corps, une fierté teinté par une crainte et un profond sentiment de responsabilité, la
responsabilité de chaque membre qui fait
partie de ce corps en vu de préserver son rang et de le protéger des dérives. Telle
fut ma première rencontre avec si Hédi, une rencontre qui a laissé son empreinte en moi et a fait que je respecte en lui les grandes qualités du responsable qui tisse par ses paroles et ses orientations les traits de l’identité de l'inspecteur et
l’image qu'il faut défendre. Lors de
cette réunion, j'ai eu mes premières
convictions selon lesquelles M. Hédi Bouhouch était détenteur de la symbolique de l’inspection, et qu'il était l'un de ses piliers.
Quelques jours plus tard, le défunt a
pris la direction des programmes à un moment crucial pour le ministère, c'était
au moment de la réforme de 1991; à cette époque
le ministère était dirigé par Le professeur Mohammed charfi; alors que
le chantier de la réforme était
déjà ouvert depuis les années 1980 , des
commissions sectorielles avaient été constituées, elles regroupaient des inspecteurs , des professeurs de
l'enseignement supérieur et du secondaire,
depuis l'arrivée de Charfi , la supervision des commissions passent entre les
mains d'un groupe de conseillers nommés par le ministre dans toutes les commissions sectorielles.
Entre-temps, le regretté Hédi Bouhouch, qui avait agi selon ses convictions qu'il portait sur l'inspection et son rôle dans le système
éducatif, il n'a pas apprécié l'hégémonie exercée par un groupe de conseillers
qui imposaient leurs propres idées ignorant le corps des inspecteurs du
terrain.
Il a écrit tout cela dans un rapport au
Ministre pour sauver la réforme de la dérive et parce qu'il
avait foi dans l'avis de
l'inspecteur dans la prise des décisions
concernant de réforme nécessaires. Le
rapport et les critiques qu'il contenait n'ont pas plu à
certains conseillers qui détenaient le pouvoir à cette époque là. Le
professeur Hédi Bouhouch n'a pas trouvé l'appui nécessaire de la part du
ministre, alors il a choisi de démissionner sans hésitation. Il l'a fait parce qu'il croyait à
l'honneur du travail sur le terrain, et
au rôle de l'inspecteur et de sa
capacité à être dans la sphère de décision du ministère de l'Éducation.
Il n'a pas suivi la
voie facile et ne s'est pas soucié des avantages administratifs comme c'est le
cas de certaines qui sont prêts à tout faire pour garder ces avantages. Hédi
Bouhoush n'a pas accepté de garder le poste en échange de silence et de la soumission,
Il a préféré quitter le poste plutôt que
nier ses convictions. Il l'avait fait en
toute discrétion, sans fracas , et en toute
responsabilité. En faisant çà, il a
gagné en estime et en respect parce
c'est un homme de principe, et un défenseur
d'une vision. C'était donc la leçon:
l'inspecteur c'est un homme de principe.
Al-Hédi est retourné inspecter la tête haute. Son épreuve est un honneur pour
lui et en abandon du poste est une médaille accrochée sur sa poitrine et les
poitrines de tous ses collègues inspecteurs.
C’est une prise de position parmi bien d'autres positions honorables prises
par le défunt, ont en fait un doyen digne de ce titre, c'était un ardent défenseur
de l’inspection. Cet événement avait eu une signification profonde non
seulement pour les proches du défunt, mais également pour les responsables du
ministère qui suivaient les positions de l'homme et en tiraient parti.
La loi de la réformes de l'éducation a été promulguée en 1991 et la
mission des conseillers s'est terminée, le blackout est levé sur regretté Hédi Bouhouch et avec lui
son retour avec un autre ministre à la tête de la direction générale des examens.
Il a retrouvé les responsabilités un homme respecté et digne , tout le monde savait que c’est un
homme difficile et intransigeant quand il s'agit de ses
convictions et des grand choix , il
était un défenseur de l'inspecteur et de
l'inspection d'une manière
inconditionnelle, et il estimait beaucoup ceux parmi ses collègues qui se
distinguent par leur honnêteté, leur amour du travail qui servent le corps.
Les réunions et les rencontres professionnelles étaient des
occasions à la découverte mutuelle et au
raffermissement des liens d'amitié qui nous unissent, ce qui nous unissait
c'était la fidélité pour le corps et le travail à son développement. J'ai découvert
d'autres facettes du personnage au cours de mon mandat à la tête de l'amicale
des inspecteurs de l'enseignement secondaire, notamment la période au cours de
laquelle El Hédi était à la tête la Direction de l'Inspection générale de
l'éducation.
Au cours de cette étape,
le corps de l'inspection a mené de nombreuses luttes pour défendre le statut de
l'inspecteur et défendre ses
revendications matérielles et morales. Le regretté Hédi nous a soutenus dans
cette lutte. Pour l'amicale qui avait de bon rapports avec certains des directeurs généraux du ministère, elle ne les considéré pas comme des rivaux elle
dialoguait plutôt avec eux et sollicitait leur soutien pour notre cause, non seulement en
tant que responsables administratifs
mais en tant qu'inspecteurs avant tout, souvent elle demandait leur aide pour contrer
les parties qui étaient opposés aux intérêts du corps; et quand nous avions
mené une grève des déplacements le Ministre était très monté contre nous , et sans le recours à nos amis inspecteurs qui
faisaient partie de l'administration centrale et à leur tête si Hédi, pour détendre
l'atmosphère avec le ministre, nous n'aurions pas réussi une grande partie à ce
que nous avons réalisé.
En exerçant ses fonctions administratives,
M. Hédi Bouhouche, , n'a jamais nié son
identité professionnelle d'origine, l'identité de l'inspecteur, et nous avons
travaillé dans un cadre de coopération entre amicale et l'inspection générale de l'éducation dans un esprit participatif
très fort. M. Al-Hédi nous aidait afin qu'on soit des partenaires lors de la rédaction du nouveau statut du corps et il nous consultait toujours pour la rédaction des décrets et des notes de services qui lui
sont confiés. Il nous envoyait les versions préliminaires que nous étudions dans le cadre du bureau de l'amicale et nous lui soumettions
nos propositions. et il ne
manquait jamais d'en tenir compte. Nous sentions son
honnêteté et nous étions
convaincu qu’il faisait tout cela pour
défendre le rang de l'inspecteur et nous
ne doutions guère qu'il était le porte-parole
des inspecteurs lors des réunions administratives ou ministérielles et qu'il
était resté notre conseiller dans notre
action au sein de l'amicale.
Si
Hadi était connu par sa rigueur avec
beaucoup de nos collègues, il faisait appel à l'amicale pour résoudre certains problèmes individuels
de nos collègues afin d’éviter toute mesure administrative et nous voyions dans cette démarche pour défendre et protéger
l’image de l'inspecteur aux yeux des
autres. l'image de l'inspecteur responsable et engagé, qui respecte son travail
et qui défend l’éducation, A partir de cela, l'amicale a établi un
partenariat avec l'Inspection générale de l'éducation pour organiser des
séminaires, encadrer les nouveaux
et résoudre les problèmes professionnels auxquels sont confrontés les inspecteurs.
C’est une partie de la personnalité du
regretté Hédi que nous avons tirée de
ses positions, de ses déclarations et de ses actions, Hédi Bouhoush, qui a défendu
l’inspection quand il occupait de nombreux postes à responsabilités au sein
du ministère, il a continué même après
son départ à la retraite, à aimer ce
corps, il a poursuivi par la recherche à servir ce corps en publiant avec son compagnon Mongi Akrout dans le blog qu'ils ont créé,
l'histoire de l'inspection pédagogique ainsi qu'une matière très riche sur
l'histoire des examens nationaux.
Qu'Allah ait pitié de notre cher ami et doyen,
Hédi Bouhoush, qui nous a quitté soudainement, mais son œuvre et ses positions restent gravés dans notre mémoire, elles nous
aideront nous et tous ceux qui veulent
connaître une étape brillante de l'histoire de d'inspection au ministère de
l'Éducation. C’est une leçon pour les nouvelles générations d'inspecteurs, où
elles peuvent y puiser ce qui pourrait
les aider à retrouver le rang et la place de l'inspecteur dans le système éducatif.
Mohamed Negib Abdelmoula ,
Inspecteur général de l'éducation
Traduction:
Mongi Akrout Inspecteur général de l'éducation et Mohamed Negib Abdelmoula
Tunis ;
Avril 2019
Pour
accéder à la version FR , cliquer ICI
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire