lundi 13 janvier 2020

Brève histoire du Conseil supérieur de l'éducation (Deuxième partie)



Brève histoire du Conseil supérieur de l'éducation (deuxième partie , pour voir la première partie, cliquer ici)

Hédi Bouhouch
Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE) est une institution fort ancienne qui a connu de fréquents changements au niveau de son appellation, de sa composition et de ses prérogatives. La création du conseil remonte à la fin du XIX siècle, le premier texte fondateur date de 1888 sous le régime du protectorat et le texte le plus récent date de l'an 2000.

Le blog pédagogique consacre les premiers billets de la nouvelle année 2020 à l'histoire de cette institution, et publiera les procès verbaux des deux seules réunions du conseil, à savoir la réunion de 1971 et celle de 1988.
Cette semaine , le blog évoque l'évolution de la composition et le mode de fonctionnement des conseils successifs depuis le premier conseil de 1888 au dernier conseil de 1989 , et ce qu'on remarque dans cette évolution c'est que les conseils se composait jusqu'au début des années soixante dix de membres appartenant à l'enseignement dont la moitié  représente l'administration et l'autre moitié est composée de membres élus représentant les différentes catégories  d'enseignants, mais depuis la fin des années soixante dix  la représentation des enseignants s'est réduite beaucoup et le principe d'élection est abandonné au profit du principe de désignation.

La composition du conseil et son fonctionnement
.1.  A l'époque du protectorat
a)   la composition du conseil
Au moment de l'institution du conseil en 1888, le nombre de ses membres ne dépassait pas 14, dont la grande majorité appartient au secteur de l'instruction publique et privée. On y trouvait le directeur de l'instruction publique en tant que président, un inspecteur des écoles primaires, le professeur de la chaire publique d’arabe, l’inspecteur général des études arabes, le directeur du collège Sadiki, le directeur du collège Alaoui, un professeur de la grande mosquée désigné par ses collègues, le directeur du collège Saint Charles, un professeur dudit collège nommé par ses collègues, le contrôleur civil de Tunis, le président et le procureur de la république du tribunal de Tunis.
trois directeurs d’écoles privées nommés par le directeur de l’enseignement public.
Avec l'évolution du réseau scolaire et l'augmentation du nombre d'écoles, l'effectif des membres du conseil s'est enrichi par de nouveaux  membres jusqu'à atteindre en 1920 le chiffre 30, on y trouvait :
- 12 membres de droit : le directeur Général de l'instruction publique et des beaux arts (président),  le président du tribunal de Tunis, le procureur de l'état, le directeur de l'institut supérieur de la langue et de la littérature arabes, le chef de service de l'enseignement secondaire, le directeur du collège Sadiki, le directeur du collège Alaou, le directeur du lycée A.Fallière, l'inspecteur des écoles primaires qui faisait fonction de chef de service, le directeur de l'école normale des instituteurs, la directrice de l'école normale des institutrices et l'inspecteur des écoles coraniques et de langue arabe.
- Deux directeurs et une directrice nommés par le directeur de l'enseignement public parmi les directeurs et les directrices des établissements qui ont une personnalité civile (l'école Alaoui, l'école Emile Loubet, l'école Jules Ferry, l'école Paul Cambon).
- Deux instituteurs de l'enseignement privé nommés par le résident général sur demande du directeur de l'enseignement public.
- 13 membres élus :
* deux  membres du conseil consultatif ( un français et un tunisien) élus par leurs pairs.
* 11 représentants et représentantes des différentes catégories d'enseignants élus par leurs collègues : 2 représentants et une représentante des enseignants du secondaire- 2 représentants (un homme et une femme) des professeurs des écoles normales et des écoles primaires supérieures  et des écoles techniques, trois instituteurs et trois institutrices qui représentent leurs collègues.
Le conseil a gardé cette composition jusqu'à la fin de l'époque coloniale.
b)   le fonctionnement du conseil
"Le conseil se réunit au moins une fois par an sur la convocation de son président. … En plus de la session annuelle, le conseil peut se réunir à tout moment en cas de nécessité. Il peut aussi charger une commission pour étudier une question qui s'inscrit dans le cadre de ses attributions (question disciplinaire, étude de projet relatif au statut des fonctionnaires, demande d'ouverture d'école privée…). Lorsque la commission termine son travail, le conseil se réunit en session extraordinaire pour statuer.
La présence de la moitié des membres plus un est une condition pour la validité des délibérations. En cas d'égalité des voix, celle du président sera déterminante. En cas d'indisponibilité du président, il peut désigner un membre du conseil pour présider la réunion.
.2.  La composition du conseil et son fonctionnement depuis l'indépendance
a)    La composition du conseil : Si la composition du premier conseil supérieur de l'éducation nationale (1962) a conservé la même configuration que celle du CIP de l'époque du protectorat, les décrets de 1971, 1988, 1989 et 2000 l'ont beaucoup changée.
§  Le décret de 1962[1] a reproduit pratiquement les anciens décrets et a respecté les mêmes principes dans la composition du conseil [2], en faisant des hommes de l'éducation le principal constituant du conseil et en accordant aux membres élus environ la moitié des sièges du conseil qui s'élevaient à 65 et qui se répartissaient comme suit : 
­   8 membres permanents  : le secrétaire d'état à l'éducation nationale (président), le président de l'Université, l'inspecteur général de l'éducation, le vice président de l'Université (vices présidents), le directeur de l'école normale supérieure, le directeur de l'école normale des professeurs adjoints, les deux sous-directeurs de l'enseignement secondaire et primaire, et les chefs de service (membres).
­   5 membres nommés par le secrétaire d'état parmi les inspecteurs de l'enseignement secondaire, moyen et primaire.
­   10 représentants du parlement et des différentes administrations centrales d'autres secrétariats d'état
­   32 membres élus par les directeurs et les enseignants de tous les cycles.
­   10 représentants des organisations nationales.
§  Le décret de 1971[3] a augmenté le nombre des membres du conseil à 77 , dont la grande majorité sont des représentants de tous les ministères , des établissements d'enseignements et de l'administration centrale , alors que la représentation du corps enseignant élus  se limitait à 13 membres, et il a supprimé les commissions spécialisées , ainsi le conseil de 1971 se présentait comme suit:
­   Le ministre de l'éducation nationale (Président)
­   Le secrétaire d'état chargé de l'enseignement technique et professionnel
­   38 représentants du parlement, des différents ministères et des offices .
­   8 représentants de l'enseignement supérieur dont 7 élus par leurs pairs.
­   12 représentants des différents cycles de l'enseignement dont la moitié est élue.
­   4 représentants des étudiants.
­   13 représentants du parti au pouvoir, des syndicats de l'enseignement et des organisations nationales.
§  Les décrets de 1988[4], 1989[5] et 2000[6] ont modifié radicalement la composition du conseil, D'une part, la présidence du conseil est assurée par le premier ministre (le ministre de l'éducation n'est plus qu'un membre au même titre que les autres depuis 1988). D'autre part, le principe de l'élection de ses représentants est abandonné au profit de la désignation. Enfin, la présence du corps enseignant s'est réduite jusqu'à devenir une représentation symbolique. Ils ne sont plus que quatre qui représentent l'enseignement supérieur et la recherche scientifique désignés par le ministre de l'enseignement supérieur et la recherche scientifique et quatre qui représentent l'enseignement primaire et secondaire désignés par le ministre de l'éducation nationale.

b)   le fonctionnement du conseil

Le décret de 1962 a conservé le même mode de fonctionnement précédent. Le conseil "se réunit en assemblée plénière une fois par an sur convocation du secrétaire d'état à l'éducation nationale. Les commissions spécialisées doivent se réunir également au moins une fois par an. … Plusieurs commissions peuvent se réunir en assemblée sous la présidence du secrétaire d'état."  (art 6) Les commissions techniques doivent adresser à l'assemblée plénière un rapport annuel sur leurs travaux." (art 7).
Le décret de 1971, tout en reproduisant le même mode de fonctionnement (une réunion par an au moins) avait arrêté les conditions de la réunion annuelle du conseil, en précisant que "les délibérations du CSEN ne sont valables que si la majorité absolue de ses membres est présente. A défaut, il est procédé dans les huit jours à une seconde délibération quelque soit le nombre des présents (art 5). L'ordre du jour de la réunion du conseil est élaboré et adopté dès l'ouverture des travaux de celle-ci (art6). Enfin, il est tenu un procès verbal des délibérations du conseil sur un registre côté et paraphé par le Ministre de l'éducation nationale. (art7)
Les décrets de 1988, 1889 et 2000 avaient reproduit les mêmes dispositions concernant le fonctionnement du conseil, le seul ajout concerne "la création d'un comité présidé par le Ministre …chargé d'assurer le suivi de l'exécution des recommandations du conseils"( art 5).

Telle est l'histoire du conseil de l'instruction publique et puis du conseil supérieur de l'éducation nationale depuis 1888 jusqu'en 2000, car après cette date, on n'a plus entendu parler de cette institution.
Nous allons présenter dans les prochains articles un procès verbal de la période coloniale et les procès verbaux des deux seules réunions  du CSEN qui nous sont parvenus : la réunion de 1972 et celle de 1988.    


Mongi Akrout, & Abdessalem Bouzid inspecteurs généraux de l'éducation retraités
Tunis , janvier 2020

Les sources
- Ar RAYED ATTOUNISSI  N° 2 -jeudi 12 Mouharrem 1306 (20septembre 1888).
- Le journal officiel de la république tunisienne n° 63 - 21 -25 décembre 1962.
-Le journal officiel de la république tunisienne n° 28 -29 juin 1971.
- Le journal officiel de la république tunisienne n° 74 -premier  novembre 1988
- Le journal officiel de la république tunisienne n° 62 - 15 septembre 1989
- Le journal officiel de la république tunisienne n° 82 - 13 octobre 2000
                  



[1] Décret  n°403 DU 21 décembre 1962 relatif aux attributions, à la composition et au fonctionnement du CSEN -JORT n° 63 . les 21, 25 décembre 1962.
[2] Le conseil se compose d'une assemblée plénière et de 4 commissions techniques: commission de l'enseignement primaire, commission de l'enseignement moyen, commission de l'enseignement secondaire, commission des bâtiments scolaires .(article premier)

[3] Décret du 26 juin 1971 fixant les attributions , la composition et le fonctionnement du conseil supérieur de l'éducation nationale, Jort n° 28 DU 29 JUIN 1971.
[4] Décret  N° 1819 du 25 octobre 1988  fixant les attributions , la composition et le fonctionnement du conseil supérieur de l'éducation de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique.
[5] Décret n° 1295 du 31 aout 1989  fixant les attributions , la composition et le fonctionnement du conseil supérieur de l'éducation ,de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique.
[6] Décret  2000/2260 du 10 octobre 2000 fixant les attributions , la composition et le fonctionnement du conseil supérieur de l'éducation nationale.

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