dimanche 14 mars 2021

In memoriam de Rachid Romdhan , Inspecteur de l'enseignement secondaire de Français

 


La famille éducative  en général et le corps de l'inspection pédagogique en particulier  ont perdu depuis plus d'un mois l'un de ses illustres membres, il s'agit de Rachid Romdhan qui nous a quitté le 8 février dernier.  

A l'occasion du quarantième jour de sa mort, le blog pédagogique a tenu de rendre hommage à la mémoire de notre  cher disparu en publiant un billet de la plume  de son ami et collègue  le professeur Mongi Riahi . Le blog pédagogique tient à LE remercier vivement  qui a répondu favorablement à notre demande et nous a communiqué ce beau texte pour commémorer la mémoire d'un " pédagogue compétent, un être sincère et passionné, un homme pétri de culture" comme l'avait décrit sa collègue Mme Mounira Hammami .

Paix à son âme

Le blog Pédagogique .

P.S. nous poursuivons la publication du dossier sur la langue d'enseignement la semaine prochaine. 

 

 

Rachid Romdhan est parti sur la pointe des pieds, lui qui brillait par son infinie discrétion et sa grande gentillesse, aura jusqu’au bout su rester digne, réservé et profondément humain. Son parcours, atypique à bien des égards, est à saluer et à connaître pour les collègues inspecteurs qui n’ont pas eu l’heur de le croiser et de l’apprécier. Né à Msaken le 15 juin 1941, il était l’aîné d’une famille de six garçons. Son père, Ahmed Romdhan, était instituteur. Il décrocha son baccalauréat en 1961 assorti d’un prix présidentiel. L’anecdote qu’il se plaisait à rappeler c’est qu’il fallait au récipiendaire du prix se présenter à la cérémonie en costume cravate. Le jeune Rachid fut ainsi amené à emprunter un costume à un parfait inconnu qui résidait dans la même auberge que lui. Une bourse d’études lui fut accordée et lui permit de mener des études supérieures à la faculté de Toulouse. Il obtint coup sur coup une licence, une maîtrise et un DES soutenu en novembre 1967. Dès septembre de la même année, il commença à enseigner en France. En 1969, ce fut le retour en Tunisie. Il enseigna à Nabeul, à Sousse (lycée de jeunes filles et lycée des malvoyants) et enfin à Msaken. Une expérience de coopération l’amena en 75/78 en Irak. Autre facette du personnage, sa passion des dictées de Bernard Pivot. Deux fois, il a participé au concours où il a représenté la Tunisie. Puis ce fut l’aventure de l’inspection avec ses heurs et ses malheurs. Reçu en 1983, il fut affecté à Médenine avec en supplément Gabès, puis ce fut Sfax pour finalement revenir au bercail, à Sousse jusqu’à la retraite en 2000. Il participa à l’élaboration des manuels scolaires et participa à maints stages et séminaires tant en Tunisie qu’à l’étranger. Un grave accident le laissa diminué physiquement pendant des mois, mais il s’obstina à assister à toutes les activités du groupe sans jamais se plaindre. Devant l’adversité, il recourait à l’humour et à la dérision. Nous qui l’avons connu à cette époque gardons de lui ces images de souffrance retenue et de résistance stoïque. Il faut dire que la vie ne l’a pas gâté outre mesure, son parcours personnel est jalonné de drames : suicide d’un frère enseignant d’économie, suicide d’un fils unique, grave accident de voiture… Moi qui l’ai connu sur le tard, j’avais toujours éprouvé beaucoup d’estime pour le battant qu’il était même si vers la fin de sa carrière, il était quelque peu désabusé en assistant à la descente aux enfers généralisée. Si Rachid avait certes perdu un fils mais il avait deux filles exceptionnelles dont l’une est professeure de français. J’ai eu le plaisir de l’encadrer au CAPES et ce n’est que le dernier jour de la formation qu’elle est venue me voir à mon bureau pour me transmettre le bonjour de son père. Je n’avais pas fait le lien et découvris ce jour-là que la discrétion de la fille répondait à celle du père. Elle fut reçue première de sa promotion, et c’était amplement mérité. La retraite fut studieuse pour Si Rachid : il revint sur les bancs de l’école en s’inscrivant à l’Institut Bourguiba des langues vivantes (antenne de Sousse) où il suivit des cours de chinois et de russe. Il était aussi un lecteur assidu et c’est ainsi que je le croisai plus d’une fois au relais culturel de Sousse où il s’approvisionnait en périodiques français. Je l’ai revu une dernière fois en janvier. Il m’a avoué qu’il ne sortait presque plus par crainte du virus. Cela ne l’a pas empêché d’être contaminé et de succomber de la covid19. La grande famille de l’inspection, ses proches et ses nombreux amis garderont pour toujours un souvenir lumineux de cet homme exceptionnel.

Mongi Riahi , Inspecteur principal des collèges et des lycée retraité .

Sousse , Mars 2021.

Pour voir la version Arabe , cliquer ICI 


 

3 commentaires:

  1. Merci cher Mongi pour ce bel hommage à la hauteur de notre ami Rachid qui laisse à celles et ceux qui l'ont bien connu le souvenir d'un être attachant, sincère et intègre.

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  2. Merci cher Mongi pour ce bel hommage à la hauteur de notre ami Rachid qui laisse à celles et ceux qui l'ont bien connu le souvenir d'un être attachant, sincère et intègre.

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  3. Merci cher Mongi pour ce bel hommage à la hauteur de notre ami Rachid qui laisse à celles et ceux qui l'ont bien connu le souvenir d'un être attachant, sincère et intègre.

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