voici
les résultats obtenus
TABLEAU I : La moyenne de tous les élèves interrogés
|
Histoire Arabe |
Histoire Tunisienne |
Histoire Mondiale |
Garçons |
17% |
31% |
52 % |
Jeunes Filles |
20 % |
33% |
47 % |
% Moyen |
18% |
32.5% |
49.5% |
voilà les commentaires faits par le chercheur
« L'examen des réponses a révélé que le choix
a pratiquement porté sur l'histoire mondiale, arabe et tunisienne ,
aussi les quelques cas de préférence européenne (10 au total) ont ils été
assimilés à l'histoire mondiale et les voix pour l'histoire du Maghreb (au nombre de trois) à l'histoire
arabe.
Les résultats obtenus sont indiqués dans le
tableau I.
- Près de la moitié des personnes interrogées
(49,5%) préfèrent l'histoire mondiale .
-
32, 5% ( des élèves se prononcent pour l'histoire tunisienne et 18% préfèrent
les leçons d'histoire arabe
A
remarquer que les jeunes filles sont plus portées vers l'histoire
arabo-musulmane que les garçons; est ce à mettre en rapport avec la remarque de
Jacques Berque que les femmes semblent assurer la sauvegarde des valeurs
traditionnelles dans la société islamique ?
TABLEAU II : Comparaison 3e année 6e année
|
Histoire Arabe |
Histoire tunisienne |
Histoire Mondiale |
3e année |
24% |
41% |
35% |
6e année |
11% |
26% |
63% |
L'examen du tableau II montre qu'en troisième année,
l'histoire mondiale est nettement moins appréciée qu'en sixième année, les matières qui constituent l'essentiel du
programme de la troisième année c'est-à-dire
l'histoire arabe et l'histoire tunisienne remportent 65% des voix.
Ce qui frappe, c'est que l'histoire tunisienne
dépasse largement l'histoire arabe, bien que l'histoire proprement tunisienne
n'occupe qu'une petite place dans le programme.
L'idée de la nation tunisienne semble être plus attirante que les
théories de la grande nation arabe. Un
élève déclarait « Il faut que chaque tunisien sache l'histoire de son pays
pour que, quand un étranger lui demande quelque chose sur l'histoire
tunisienne, il sache répondre, sinon on se moque de lui ». A côté de ce
motif assez secondaire, l'argument suivant revient souvent «C'est notre patrie»
.
Une jeune fille le formule ainsi «Dans les cours
chacune de nous a son mot à dire, car nos parents et nos arrières grands
parents ont vécu dans l'histoire et on connaît bien l'histoire de notre patrie,
car à chaque fête nationale, on se rappelle notre histoire ».
L'histoire arabe toutefois a aussi ses adeptes « je
veux savoir ce qu'ont fait les Arabes d'autrefois, et bien connaître ainsi ma
religion».
TABLEAU III : La 6e année:
SCIENCES |
Histoire Arabe |
Histoire tunisie |
Histoire Mondiale |
Garçons |
8,5% |
31,5% |
60% |
Jeunes Filles |
28,5% |
43% |
28.5% |
% Moyen |
14,5% |
34,5% |
51% |
LETTRES |
Histoire Arabe |
Histoire Tunisie |
Histoire Mondiale |
Garçons |
7,5% |
18% |
73% |
Jeunes Filles |
9 % |
27.5% |
68% |
% Moyen |
4,5% |
21% |
71.5% |
|
Histoire Arabe |
Histoire Tunisie |
Histoire Mondiale |
Garçons S + L |
9 % |
24% |
67% |
Filles S + L |
14,5% |
33% |
52.5% |
% Moyen |
11 % |
26% |
63% |
Le tableau III donne une vue d'ensemble de la
sixième année. On remarque que
l'histoire mondiale a la préférence de 63% des élèves tandis que l'histoire
tunisienne et l'histoire du monde arabe remportent respectivement 27% et 10%
des voix .
La nette
préférence pour l'histoire mondiale se comprend par l'orientation du
programme, en même temps, elle prouve
que les responsables tunisiens ont réussi à dépasser le stade du chauvinisme
étroit et à ouvrir aux élèves une fenêtre sur le monde entier .
D'une manière générale, les jeunes filles sont plus
tournées vers l'histoire arabe et tunisienne que les garçons en 6° année.
En comparant les
scientifiques aux littéraires, il se révèle que ces derniers sont beaucoup plus
universalistes que les scientifiques,
Ceci s'explique probablement par l'orientation des programmes les
littéraires sont, de par leurs études, plus en contact avec d'autres
civilisations que les scientifiques.
L'analyse des
motivations exprimées montre que l'histoire mondiale est préférée surtout à
cause de son aspect universaliste ; un élevé déclare « je suis homme avant
d'être tunisien »; plus détaillée
est la réponse suivante
« les leçons d'histoire
mondiale sont, à mon avis, une source de culture générale et permettent à
l'homme de connaître son "monde " dans son passé, son présent et son
avenir » ;
cela ne va pas au détriment des autres leçons car «les cours d'histoire
mondiale englobent les intérêts de toute autre catégorie d'histoire» .
Tous ces arguments sont résumés dans la réponse
suivante « L'histoire mondiale est une science complète, tous les problèmes humains m'intéressent en
tant qu'homme, de plus, si l'étude territoriale vient en deuxième lieu, c'est
parce que cette étude est un chapitre de l'histoire humaine » .
Un élève qui exprime sa préférence pour l'histoire
européenne déclare « Je pense que l'Europe est la région la plus dynamique
et la plus ouverte; La Tunisie est
influencée surtout par la civilisation européenne ».
Ceux qui préfèrent l'histoire arabe sont
relativement peu nombreux. Il semble que la plupart des jeunes ne se sentent
guère concernés par le nationalisme arabe ;
est ce une désaffectation devant les malheurs du moment, Les partisans de l'histoire arabe avancent
des arguments bien développés « il est temps de nous rappeler que nous
sommes des arabes avant tout et que notre ouverture sur le monde extérieur et
surtout occidental, ne doit pas se faire aux dépens de nos relations avec nos
frères surtout pendant la période historique que nous vivons et dans laquelle
nous risquons la dislocation. Je sens que, par notre histoire commune, notre
position et nos aspirations communes d'unité et de coopération, nous pouvons
être quelque chose dans le monde ».
La nostalgie du passé glorieux joue aussi son rôle : « j'ai l'honneur
d'étudier ainsi une histoire pleine de victoires pour ma nation ». Une
jeune fille déclare : « les pays arabes ayant perdu à cette époque le
prestige dont ils jouissaient auparavant, je veux connaître le développement du
monde arabe à tous les points de vue ; je veux revivre au moins par l'histoire,
cette époque et connaître les causes qui ont donné au monde arabe l'état actuel
».
En
connaissant les causes du déclin, on peut aider à la reconstruction du monde
arabe. C'est ce qui compte pour une élève qui déclare : « Je n'admets pas
l'idée d'un tunisien, mais je me sens arabe». D'autres nuancent davantage leur
attitude et pensent que l'un n'exclut pas l'autre : « étant arabe, il est
plus avantageux que je connaisse le monde arabe ; ainsi je connaîtrai une
partie de l'histoire tunisienne ; pour les autres histoires, je m'en charge».
L'histoire tunisienne est préférée par 27%
des élèves de la 6e année. Une jeune fille précise : « ces leçons me
plaisent et je suis attirée vers l'histoire tunisienne plus que vers les autres
histoires, car la Tunisie est mon pays et avant de connaître l'histoire des
autres, il faut consacrer son temps à connaître son pays ».
Certains mettent du lyrisme dans leurs réponses': « j'ai
besoin de comprendre les situations dans lesquelles vivait mon pays,
d'assimiler les efforts grandioses, le sang qui a coulé et de concevoir
clairement les différentes étapes par lesquelles a passé mon pays pour aboutir
enfin à l'indépendance, à la liberté et de jouir ainsi de notre vie ». Un
autre ajoute : « elle me permet de mieux comprendre la situation actuelle en
visant son évolution et ainsi elle me sera utile dans ma vie».
Source : Obdeijn
(Herman L. M.) : L'enseignement de l'histoire dans la Tunisie moderne
(1881-1970). https://repository.ubn.ru.nl/bitstream/handle/2066/148509/mmubn000001_071668225.pdf?sequence=1
Extraits choisis par Mongi AKROUT,
inspecteur général de l'éducation.
Tunis , décembre 2021
Merci bien, cher inspecteur, pour cette étude bien bénéfique...c'est une sorte de feedback très éloquente... aujourd'hui nous avons besoin de telle étude pour notre éventuelle réforme..
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