dimanche 8 mai 2022

Commémoration du décès de Hédi Bouhouch , co-fondateur du blog pédagogique (28 avril 2017-28 avril 2022).

 

 


 

 

Hédi Bouhouch

Cela fait cinq ans que mon ami et mon compagnon de travail et le cofondateur du blog  pédagogique  a quitté ce monde pour un autre monde meilleur, il y a quelques jours sa veuve Mme Amina Trabelsi vient de le rejoindre .

Cher ami , nous ne t'avons pas oublié, tu es toujours parmi nous, ton nom est toujours évoqué chaque fois que je rencontre nos amis ou des anciens du Ministère.

Et comme à chaque commémoration, le blog  te consacre  les numéros du mois de Mai pour publier des témoignages de tes compagnons et amis et certaines de tes productions.

Pour rappel  Docteur Hédi Bouhouch, l'inspecteur général de l'éducation, après quelques années d'exercice en tant qu'inspecteur d'arabe dans l'enseignement secondaire , au cours desquelles il a contribué à innover la fonction, très vite ses qualités ont attiré l'attention des hauts responsables du Ministère  qui l'ont appelé intégré l'administration centrale, c'est ainsi qu'il  occupa plusieurs hautes fonctions au Ministère de l'éducation, en 1989 le ministre Mohamed Charfi  l'avait appelé dans son cabinet en tant que chargé de mission pour s'occuper des lycées pilotes et des questions pédagogiques, puis il l'avait nommé en 1990 à la tête de la direction des programmes d'où il démissionna en octobre 1991 pour retrouver son cartable d'inspecteur principal d'arabe, pour divergence de vue avec certains conseillers du Ministre. En 1994 le Ministre Hatem Ben Othman l'appela pour diriger la prestigieuse direction générale des examens, poste qu'il occupa jusqu'en 2000, lorsque le Ministre Moncer Rouissi le chargea de l'inspection générale  de l'éducation après le départ de monsieur Abdelmajid Gharbi à la retraite , en 2007 le Ministre Sadok Korbi  l'appela à son cabinet pour le charger de la coordination des directions régionales, il y restera jusqu'à son départ à la retraite.

Ces différentes grandes responsabilités ne l'ont pas empêché de poursuivre ses recherches académiques pour soutenir en 1999 une thèse de doctorat sur "les théories de l'apprentissage de la langue et leurs applications" une thèse dont son directeur le Professeur Mohamed Slaheddine Cherif disait ce ci: " j’ai supervisé des dizaines et des dizaines de thèses et de mémoires, mais avec Al Hédi, j’étais plus proche de l’ami lecteur et du conseiller que du directeur de recherche qui commande. Je pense que sa thèse sur les théories de l'apprentissage et de l'acquisition est toujours utile pour la formation des enseignants en raison de sa clarté, de sa documentation et de son organisation. Je n'ai pas trouvé dans toutes les recherches en didactique, thèses et mémoires confondus, que j'ai dirigées ou à la soutenance desquelles j'ai participé, un travail de la qualité de la thèse de Hédi, malgré le respect que j'ai pour beaucoup de ces travaux et malgré mon amour et mon estime pour les étudiants chercheurs dont j'ai dirigé les travaux".

Dans ce numéro,  nous publions le témoignage de Mr Jilani Dridi qu'il a prononcé lors de la cérémonie de commémoration le samedi 15 juillet 2017 au centre international de formation des formateurs et d’innovation pédagogique.

Mr Jilani Dridi, inspecteur de l'enseignement secondaire, a travaillé aux côtés de Hédi Bouhouch durant des années en tant que sous directeur des examens et des concours professionnels. C’est dire qu'il est parmi les personnes les plus qualifiées pour évoquer l'œuvre et les qualités du cher disparu lors de son passage à la direction générale des examens de 1994 à 2000.

Repose en paix Si Hédi , Allah Yarhamek

Le blog pédagogique, avril 2022

 

 

 

 

 



 

 

L'or... ne meurt pas

 

J'ai choisi de donner  à mon témoignage un titre que j'ai repris de feu Hashem Mansour, chef de cabinet du Ministre de l'Éducation Hatem Ben Othman dans les années 90 du siècle dernier, lorsqu'il est venu présenter, en septembre 1994, à tous les responsables et fonctionnaires de la Direction Générale des Examens, le nouveau Directeur Général, le défunt Hédi Bouhouch, pour succéder à M. Abdelmajid Al-Gharbi, qui a été nommé à la tête de l'Inspection Générale de l'Education.

Hashem Mansour a commencé sa présentation en nous disant : « Nous vous offrons une pièce d'or. » M. Mansour savait très bien le grand amour que tous les membres de la famille élargie des examens, au niveau central et régional, avait pour M. Abdelmajid Al Gharbi. Il savait aussi que la vacance que ce dernier allait laisser par son départ  ne pourrait être comblée  que par une personnalité  qui  possède les mêmes qualités que  celles du directeur général sortant, tant au niveau du savoir qu'au niveau du travail et du comportement.

 

Le message  de feu Hashem Mansour a fait une impression positive dans l'esprit des tous les présents  au profit de feu Hédi Bouhouch,  impression qui s'est rapidement renforcée au fil des jours, où il a obtenu  le respect de tous et où son autorité et son charisme ont été ancrés à la tête  de la direction générale.

Au début de la semaine, Si Al-Hédi invitait les responsables de la DGE à une séance de travail pour discuter avec eux de ce que chacun d'eux avait accompli dans son domaine  au cours de la semaine écoulée et du  programme de la semaine en cours, leur donnant quelques conseils et suggestions dans un style particulier  qui est le fruit  de sa longue expérience pédagogique et de sa haute compétence, ce qui a rendu cette réunion périodique agréable  et utile.

Le défunt arrivait tous les jours  tôt à son bureau pour signer des dizaines de notes  de services et pour lire les rapports et les correspondances reçus et émis par la direction, puis il accompagnait  quelques  cadres au café, parmi ceux qui rejoignent leur bureau très tôt, pour déguster  un express qui ne prend pas plus d'un quart d'heure aller-retour.

 

Il avait l'habitude de laisser la porte de son bureau ouverte parce qu'il n'aimait pas les portes closes sauf lorsque cela était nécessaire ou quand la nature du travail l'exigeait, et lorsque certaines erreurs étaient commises par ses subordonnés (cadres, fonctionnaires ou ouvriers), il en supportait lui-même les conséquences et prenait leur défense sans hésiter … car pour lui le travail est complémentarité et participation dans les succès et dans les difficultés. De plus, il savait, en tant qu'inspecteur pédagogique, que les erreurs sont parfois nécessaires et l'expérience ne s'acquiert qu'en les évitant.

 

Outre la supervision des examens scolaires, dits nationaux, dont le plus important est l'examen du baccalauréat, il consacrait son attention et son travail aux examens et aux concours professionnels, qui comptaient plus de cinquante concours et examens par an dont le plus importants était le concours du CAPES.

Il présidait lui même la plupart des jurys avec beaucoup de compétence et d'efficacité, suivait de près le travail des commissions et m'interrogeait parfois sur les membres qui tardaient à mener à bien les tâches qui leur étaient confiées (évaluation des dossiers ou correction des épreuves écrites).

Malgré la maladie qui l'affligeait, il montrait une patience admirable et ne se plaignait jamais, faisant preuve de persévérance, car il considérait que cela faisait partie des aléas de la vie, ne donnant jamais l'image d'impuissance  et défaitisme.

 

C'est ce qui m'a rappelé les paroles de l'Imam et juriste Hasan Al-Basri, qui a vécu à l'époque omeyyade dans la seconde moitié du premier siècle de l’Héjir et la première décennie du deuxième siècle : « La vie est constituée de trois journées : hier qui est parti avec tout ce qu'il avait, demain  que tu ne connaitrais peut être pas et aujourd'hui dont tu dois profiter et travailler. Si Hédi avait l'habitude de travailler, défiant sa maladie, inspiré par la volonté de vivre du poète Abu al-Qasim al-Shabbi, qui lui aussi, luttait contre la maladie. Je rappelle ici  ces vers  :

 

« Lorsque je tends vers un but,…….. je me fais porter par l’espoir et oublie toute prudence ;
******
Qui n’aime pas escalader les montagnes, …….vivra éternellement parmi  les trous » .[1]

Avec cette volonté et cette détermination, il a pu réussir une trilogie rarement réalisée par une personne en peu de temps :

1. - Obtenir  le doctorat en langue et littérature arabes avec mention très honorable.

2. - Etre classé premier  au concours  d’accès au grade d'inspecteur général de l'éducation, où nombre des admis  n'a pas dépassé les doigts de la main.

 .3- Etre décoré par la Médaille Nationale du Mérite Éducatif de première catégorie, dans le secteur de l'Éducation et des Sciences, des mains du Président de la République.

 

Et ainsi, portant le poids de sa maladie, il avait réussi a réunir le doctorat, l'inspection générale de l'éducation et la plus haute décoration.

Il n'est pas exagéré de dire que le défunt est une pièce d'or selon les expressions de feu Hachem Mansour, et lorsqu'il a rejoint le compagnon suprême, son corps est parti, mais il est resté dans l'amour des gens et dans leurs souvenirs.  En effet, l'or ne meurt pas, et c'est peut-être ce que voulait exprimer le poète égyptien Ahmed Shawqi en disant :« Les gens sont de deux types : les morts de leur vivant ---- et d'autres vivants dans le ventre de la terre."

 

J'ai connu le défunt de près, car j'ai travaillé avec lui pendant 6 ans, et j'ai de lui les meilleurs souvenirs.

Nous demandons à Dieu Tout-Puissant de le couvrir de sa miséricorde et de son pardon et de l'accueillir dans son paradis.

 En conclusion, je peux seulement dire que j'ai exprimé mon opinion sur le défunt, et j'ai exprimé le fond de mes pensées, et Dieu en est témoin.

 

Jilani Dridi, inspecteur de l'enseignement secondaire, ancien directeur des examens et concours professionnels

Texte traduit par Mongi Akrout & Abdessalam Bouzid, inspecteurs généraux retraités

 POUR ACCEDER A LA VERSION ARABE - CLIQUER ICI

[1] https://poussiere-virtuelle.com/volonte-vivre-poeme-abou-el-kacem-chebbi/

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire