Le 1eroctobre 1962, vers 13 heures, je
suis entré en classe pour la première fois de ma vie pour commencer mon voyage
avec la lecture, l'écriture et la mémorisation. Ce jour-là, j'ai été accueilli,
à la porte de la salle numéro 1, par mon
instituteur, que Dieu prolonge sa vie dans le bien, la santé, le bien-être et
la félicité totale, Sidi Abdelhamid Ben Ali Hachicha, pour passer une année
scolaire avec lui à l'école primaire, route de Mahdia, rue Habib Bougatfa à
Sfax, plus connue sous le nom de "l'école Charrad" du nom de son
directeur Sidi Hmed Charrad, que Dieu bénisse son âme.
Mon premier instituteur, Sidi
Abdelhamid Ben Ali Hachicha, est né en 1932. Il a commencé son parcours
scolaire en rejoignant Zaouiet ( Koutteb)
Haj Khalifa en 1937, où il a appris les principes fondamentaux de la
religion et une partie du Coran au moyen de la fameuse tablette (Al laouh) . Il n'avait suivi ni des
leçons de grammaire ni des cours de calcul. (terme générique groupant
l’arithmétique et la géométrie).
J'avais cours tous les jours de 13
heures à 16 heures, sauf le vendredi et le samedi. J'aurais aimé plutôt avoir
cours dans la matinée de huit à onze
heures, mais mes espérances étaient vaines. Ce fut même une occasion pour mes
amis du quartier, avec à leur tête mon ami Habib Hili ou Habib Errouh comme
j'aimais l'appeler, que Dieu bénisse son âme, de se réjouir, de me taquiner et
de me provoquer tant qu'ils le souhaitaient et ne cessaient de me répéter chaque fois qu'on se rencontrait : «
Nous, nous allons passer l'après midi
dans la place (Al batha) à jouer et à
nous amuser, les pauvres, eux ils vont
passer leur après midi en classe ".
Je suivais sans cesse les nouvelles
de Sidi Abdelhamid, et voilà qu'aujourd'hui, il me reçoit dans sa maison,
j'étais accompagné de ma fille Zaineb. Je l'ai trouvé, que Dieu le garde en
bonne santé, devant sa porte à m'attendre. Ma fille et moi avons été très bien
accueillis par sa femme et sa fille. Et il commença à me parler de ses études
et de son parcours dans l'enseignement.
Mon maître, avait commencé ses
études à Zaouiet Haj Khalifa, interrompues en 1943 suite aux bombardements de
la ville de Sfax par les avions allemands et anglais. Ces bombardements avaient
endommagé le toit de Zaouiet Haj Khalifa, la voie ferrée et l'huilerie
"Ghaloula" située sur la route de Mahdia, située à 0,5 km du centre
ville.
En 1944, Sidi Abdelhamid avait
rejoint l'école Achabeb (l'école de la jeunesse) située à la porte Ouest de la
Médina ( Bab El Gharbi) puis l'École Ach-chaabia (l'École Populaire) . En
1949, il put entrer à la Grande Mosquée de Sfax, où il passa trois années.
Après cela, mon maître avait rejoint la capitale pour poursuivre ses études à
la mosquée Al-Zaytouna Al-Mamour, où il a obtenu le diplôme Attahcil qui
sanctionnait la fin du cycle secondaire.
En 1956, il réussit un concours qui
lui a permis d'entamer une carrière d'instituteur. Il commença à enseigner à la
délégation de Ksibet el-Medouni située au Sahel tunisien. Il y resta jusqu'en
1961. L'horaire d'un instituteur était de trente-cinq heures obligatoires en
raison de la rareté des instituteurs à cette époque, moyennant un salaire de
cinquante dinars. Puis en 1961, Sidi Abdelhamid rejoint la délégation de
Jebeniana, puis, en octobre 1962, il est affecté dans mon école primaire.
Neuf ans plus tard, mon instituteur
était affecté à l'école Ech-Chaabia (l'école populaire) située à la porte ouest
de la Médina de Sfax, puis à l'école Anatole France. Ensuite, Il a été nommé
directeur de l'école primaire route Agareb. L'école primaire d'Al-Ajanga fut la
dernière station de sa carrière, avant la retraite.
Avant de faire mes adieux à Sidi
Abdelhamid, je l'ai interrogé sur l'état de l'enseignement dans notre pays,
qu'il a quitté depuis plus de trois décennies et demie. Après un profond
soupir, il m'a dit ceci : « L'enseignement était un véritable
enseignement, aujourd'hui, la plupart des enseignants du primaire et du
secondaire courent derrière l'argent. Ils cherchent à empocher le plus de
centaines de dinars possibles à la fin de chaque mois en donnant des cours
particuliers jour et nuit. Tout cela dans le but d'acheter une voiture de luxe,
de construire une maison luxueuse et de s'offrir les équipements de confort.
Mon fils, je suis inquiet et triste
de la condition des parents. Ils sont très peinés à pouvoir nourrir leurs
enfants et payer les factures d'eau, d'électricité, du téléphone et autres
services essentiels à la vie, en plus des frais des cours de rattrapage,
surtout si leurs enfants sont en terminale. Dans ce cas, le nombre d’heures des
cours complémentaires double plus d'une fois pour alourdir le parent.
Je suis fier du niveau scientifique de
nombreux enseignants et de leurs méthodes pédagogiques modernes. Elles sont
meilleures que celles que nous utilisions par le passé. C'est pourquoi je voudrais
que l'éducateur combine ce qu'il a réalisé sur le plan scientifique et
intellectuel avec la préservation de la noblesse de la mission éducative qui
est chargée d'humilité, d'amour, de sincérité et de loyauté.
.
Je n'oublie pas de conseiller à mes
fils et mes filles les élèves de se tourner vers la lecture, de rester à
l'écart des réseaux sociaux et de s'abstenir de manger des aliments en dehors
de la maison, car ils sont nocifs pour la santé et ne doivent être consommés
qu'en cas d'absolue nécessité. Je les appelle à ne pas charger leurs parents de
nombreuses demandes, qui dépassent généralement leur pouvoir d'achat et leur
statut social.
Msaddek
Cherif, professeur d'arabe à la retraite et écrivain
Traduction
, Mongi Akrout &
Abdessalam Bouzid, Inspecteurs généraux retraités
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