dimanche 18 février 2024

L'école tunisienne au cours de l’étape fondatrice de l'État de l'indépendance (1958 - 1988)[1] - première partie

 


 

 

Mokhtar Ayachi

Le blog pédagogique propose à ses amis (es)  le texte d'un conférence donnée par l'historien , le Docteur Mokhtar Ayachi  à l'occasion de la célébration du cinquantenaire du système éducatif national (1958/2008), au Centre National d’Innovation Pédagogique et de Recherches en Education (CNIPRE),  au mois de novembre Novembre 2008.


Dans cette conférence,  M° Ayachi a essayé d'analyser l'évolution de l'enseignement tunisien depuis les dernières années du protectorat  jusqu'en 1988, en passant par la décennie (dite) de Messsâdi " qui est  selon les  termes  de l'auteur "  considérée comme fondatrice du système éducatif tunisien, qui a jeté ainsi les bases des choix culturels et éducatifs nationaux. Elle a aussi  marqué  nos orientations jusqu'à nos jours, au niveau de la démocratisation de l'éducation et sa diffusion horizontale et verticale, à travers tout le pays ".   

Le Blog pédagogique remercie M° Ayachi qui nous a permis de reprendre cette précieuse conférence .

 

 

 

 

Introduction

            Le système éducatif national, créé en  1958, était confronté, dès le début, à des défis aussi importants que ceux d'aujourd'hui. Il s'agit de défis d'ordre aussi bien quantitatif que qualitatif dans un monde en pleine mutation, en quête du salut national sur les plans culturel, social et économique.

          Au cours de son histoire, le système éducatif tunisien est passé par plusieurs étapes, il y a eu d'abord, la décennie (dite) de Messsâdi", suivie par  celle des "réformettes" (en l'absence de projets) qui a duré deux décennies encore (des années soixante dix aux années quatre vingt). Enfin, nous arrivons à l'étape des grandes réformes entamées à l'aube des années quatre-vingt-dix (1991), puis au début du deuxième millénaire (2002). Ces trois étapes  ont représenté trois moments principaux  dans l'émergence, la stabilité puis l'évolution de l'école tunisienne.

          La période de Mahmoud Messâdi est souvent considérée comme fondatrice du système éducatif tunisien, qui a jeté ainsi les bases des choix culturels et éducatifs nationaux. Elle a aussi  marqué  nos orientations jusqu'à nos jours, au niveau de la démocratisation de l'éducation et sa diffusion horizontale et verticale, à travers tout le pays. Comprendre notre  politique éducative actuelle, implique nécessairement de se pencher sur l'identité ou  les références de notre école nationale, au moins,  au cours de  la période contemporaine récente.

          Pour saisir les données qui ont influencé l'évolution de notre système éducatif, il est essentiel de s'attarder sur les quatre points cruciaux suivants :

- L'état de l'éducation au moment de l'indépendance,

- Les grandes lignes du système éducatif post-indépendance, et la structure du nouvel enseignement tunisien,

- La mise en place  de la  politique de planification décennale de l'Éducation (1959 - 1969), qui s'inscrivait dans le cadre du plan  de développement économique et social du pays.

- L'état du système éducatif à la fin de la phase fondatrice de l'État national, (c'est à dire après trois décennies jusqu'en 1988).

 

1 - Etat de l’enseignement au moment de l’indépendance ou le lourd héritage colonial :

          Au moment de l'indépendance,[2]  l'état de l'enseignement se présentait comme suit:

          - Une complexité et une dispersion entre trois types d'enseignement : un enseignement français, un deuxième franco-arabe, un troisième arabe et tunisien moderne et un quatrième tunisien traditionnel. Il n'y avait pas un système unique, ou un programme unifié au niveau de l'école primaire et au niveau de l'enseignement secondaire, puisqu'on trouvait  des lycées spécifiquement français, comme le lycée Carnot, et des lycées spécifiquement tunisiens, comme le collège Sadiki ou les classes Sadikiennes qui appliquent  des programmes bilingues (arabe et français) et des lycées mixtes, comme le Collège Alaoui, ou encore les annexes de la Zeytouna.

          - Une  absence d'équité dans la répartition et une inégalité entre l'élément tunisien et  étranger, et entre les régions mêmes,

          - Une marginalisation de la  langue arabe dans les programmes  d'enseignement,

          - Une absence de toute référence au contenu national dans les programmes,

          - Une absence de loi organique réglementant l'enseignement public.

           Au niveau quantitatif, on comptait à la veille de l'indépendance (en 1949) :

- 95. 000 élèves tunisiens dans l'enseignement public, sur un total de 775. 000 enfants en âge de scolarisation, soit 12 %.[3]

- 26. 000 élèves français, sur un total de 27. 500 enfants en âge de scolarisation, soit 94 %, et 35.000 élèves européens (et juifs), sur un total de 45.500 qui étaient en âge de scolarisation, soit 77%.

          Dans l'enseignement secondaire, le nombre d'élèves tunisiens en 1954 ne dépassait guère les 6. 682 unités, par rapport à 2.900.000 habitants (soit une moyenne d'un élève pour 434 habitants) ; Alors que le nombre d'élèves français s'élevait à 5.661 unités pour 145.000 citoyens français résidant en Tunisie (soit une moyenne d'un élève pour 25 résidents, c'est-à-dire un écart de 17 fois entre les deux communautés). En 1955, (l’année de l’Autonomie Interne), un tiers (33,33%) des enfants français et européens âgés de 12 à 17 ans fréquentaient les établissements d'enseignement secondaire, contre un seul élève tunisien. Le rapport est aussi d’un seul lycéen tunisien pour 125 enfants du même âge et groupe social.

          Entre 1950 et 1955 (immédiatement après la réforme de 1949), la croissance annuelle du nombre d'élèves était de l'ordre de 13.200 élèves ; ce qui correspond à 19 % des enfants  en âge d'être scolarisés. Le taux restant (81%) constitue les hordes d'analphabètes, de vagabonds et de mendiants

 

          Ces données soulignent l'importance des réformes éducatives entreprises en Tunisie depuis son indépendance et mettent en lumière les défis auxquels le pays a dû faire face pour créer un système éducatif plus équitable et adapté à ses besoins nationaux.

          A  l'aube  de l’Indépendance, (1955/1956), le nombre d'élèves s'est renforcé de 80.445 unités (y compris plus de 35 000 élèves des coles Coraniques Modernes (E.C.M) , qui ont été intégrée à l'enseignement public. Par ailleurs, le taux de scolarisation (des 6 à 15 ans)  est passé de 19% à 32,7 %, atteignant 37% en 1958. Selon les statistiques de cette première année de l’indépendance, sur les 938.820 enfants que comptait la Tunisie, il y avait:

- 490.220 garçons, dont 218.235 fréquentaient l'école,

- 448.135 filles dont 102.227 scolarisées.

 

Ces chiffres nous montrent que le nombre total d'enfants scolarisés était de 320.362 élèves contre 618.458 enfants qui demeuraient privés d'écoles.

           Au cours de la première année de la création du système éducatif national (1958-1959), 60.000 enfants sur 100.000, âgés de six ans, ont pu trouver une place dans les établissements scolaires. Quant au taux d'analphabétisme, il était  beaucoup plus élevé à cause de la politique coloniale. En 1956, par exemple, le pays comptait 849 analphabètes pour 1.000 citoyens, soit un taux de 745 chez les hommes et plus de 960 chez les femmes. Le pourcentage d'analphabétisme, selon les tranches d'âge, était de 734 ‰ chez les 10-14 ans et de 990 ‰  chez les plus âgés.

          Les responsables nationaux ont su, que parmi les tâches les plus urgentes que le gouvernement tunisien devrait entreprendre au lendemain de l'indépendance, figure la lutte contre l'analphabétisme, la prise en charge de l'éducation et de l'enseignement et la mise en place d'un système éducatif basé sur les fondements modernes, et c'est ce que la loi du 4 novembre 1958 a essayé de réaliser.

2- Les grandes lignes du système éducatif de la Tunisie indépendante et la nouvelle structure de l'enseignement public

          En 1958, dans le cadre de l'édification des bases du nouveau système éducatif, une commission ministérielle a été constituée sous la supervision du leader Habib Bourguiba. Elle a examiné tous les aspects politiques et techniques liés à l'éducation et approuvé les fondements d'un système éducatif national.

          Les travaux de cette commission se sont concentrés sur les  deux objectifs suivants : 

- combler le vide juridique, en mettant en place un système éducatif tunisien, unique et harmonieux qui met fin à la diversité des régimes éducatifs dans le pays,

-  permettre au ministère de l'Éducation de jouer pleinement son rôle dans la construction d'un système culturel national qui relie l'enseignement aux objectifs du développement économique, social, culturel et artistique du pays, tout en tenant compte des défis posés par la croissance démographique afin de réaliser, le plus rapidement possible,  la scolarisation totale. Mais, sur le plan pratique,  la réalisation de tels objectifs nécessitait d'importants moyens en termes de ressources humaines et financières.

          Pour ce faire, des commissions techniques ont été formées en mai 1958, sous la supervision d'un intellectuel  et ancien dirigeant syndical, Mahmoud Messâdi qui était alors le nouveau secrétaire d'État à l'Éducation. Ces commissions ont été chargées d'arrêter les mesures pratiques introduites, dans le cadre de la politique générale éducative décidée par le gouvernement. Il a été décidé, enfin, que le nouveau système éducatif entrera en vigueur à la rentrée scolaire d'octobre 1958.

          C'est le leader Habib Bourguiba en personne qui annonça les grandes lignes du système éducatif, lors d'un discours qu'il prononça le 25 juin 1958[4], à l'occasion de la fête de fin d'année scolaire au collège Sadiki.

           Pour sa part, Mahmoud Messâdi a abordé, lors d'une conférence de presse tenue le 16 septembre 1958, les  différentes problématiques qui se posaient à son ministère, en mettant l'accent sur les solutions adoptées dont :

- L'unification totale de l'enseignement dans le pays,

- sa « tunisification », en lui donnant un caractère national,

 - l'adéquation de l'enseignement avec les besoins nationaux, en accord avec  le processus du développement,

- la diffusion horizontale et verticale de l'enseignement dans le but de démocratiser la répartition régionale (et selon les sexes) de la scolarisation.

 

          Mais, réellement, la tunisification de l'enseignement  a commencé  en septembre 1955, lorsque Jallouli Farès était à la tête  du ministère de l'Éducation (Wizarat El Maäref) dans le cadre des accords de l'indépendance interne. Son successeur, Lamine Chebbi, (frère cadet d'Aboul Al-Qacem Chebbi, et compagnon Mahmoud Messâdi dans la lutte nationale et syndicale), a poursuivi l'œuvre d'unification de l'enseignement  au niveau juridique, depuis Octobre 1956,  pour  les écoles primaires, en intégrant les Ecoles Coraniques Modernes dans l'enseignement public. Celui-ci a continué encore à appliquer les programmes scolaires hérités jusqu'en octobre 1958, date à laquelle ils ont été tunisifiés.

           En effet, c'est à partir du 1er octobre 1958, que les programmes ont été unifiés dans toutes les écoles publiques du pays pour tous les niveaux d'enseignement. Désormais, ces programmes comprennent l'histoire et la géographie de la Tunisie, pays de civilisation arabo-musulmane, faisant partie du Maghreb arabe et du monde arabo-islamique. Les nouveaux programmes ont introduit, entre autre, l'étude de la littérature arabe, de la pensée islamique et de l'éducation civique et religieuse pour préparer les jeunes à remplir au mieux leur mission sociale et nationale.

           En ce qui concerne la langue d'enseignement, l’usage temporaire, de la langue française, véhiculaire de plusieurs matières, a été décidé à tous les niveaux de l'enseignement, en raison, dit-on, du manque de formation moderne des enseignants dans la langue maternelle et par crainte de baisse de niveau des acquis des élèves. Il a été, convenu également d'éviter de prendre des décisions précipitées en vue de l'arabisation de l’enseignement. Ce qui n’aurait pas manqué de prendre un caractère politique ou idéologique qui ne serviraient, d’ailleurs, ni le contenu de l'enseignement ni sa modernisation. La problématique qui demeure posée des décennies, durant, est de l’ordre du « comment arabiser » et « quoi arabiser », à laquelle, en dehors des slogans nationalistes, il n’y a pas eu de réponse…

           La nouvelle réforme a veillé  à mettre en place un système éducatif adapté à la réalité tunisienne et aux besoins du pays. Parmi  ses objectifs les plus importants: former  les cadres  dont le pays avait  besoin pour  répondre aux exigences de l'époque et faire face aux attentes du développement économique et social, liées étroitement à l'éducation et à l'enseignement,  car il s'agit, en effet, d'investissement dans les ressources humaines, créatrices de richesses.

           Sur cette base, l’édification du système éducatif national a pu redonner à l'éducation tunisienne sa fonction sociale naturelle dans le cadre d'une politique nationale, en la mettant  au service de la société et du progrès de l'homme, et en donnant à  l'enfant une éducation de futur citoyen. Ces nouvelles mesures éducatives de l’Etat national devaient permettre la formation de cadres techniques et autres au service de la prospérité économique, sociale et culturelle du pays.

          Le nouveau système éducatif visait également à établir les composantes d'une culture moderne suivant le rythme du développement du monde moderne. Désormais, le nouvel enseignement se met à évoluer en symbiose avec  le progrès des sciences et des arts grâce à ses programmes dans les différents cycles, accordant à l'enseignement  des mathématiques, des sciences naturelles, physiques et techniques la place qu'elles devraient occuper dans la culture moderne. D'autre part, l’orientation de l’enseignement national s'est accompagnée d’une ouverture aux civilisations et aux cultures étrangères, en vue d’une participation efficace à la pensée humaine dans tous les domaines.

           Enfin,  sur le plan  de la diffusion horizontale et verticale de l'enseignement et sa démocratisation, la loi du 4 novembre 1958 visait l'atteinte d'un taux de scolarisation élevé ; ce qui a conduit le gouvernement de l'indépendance  à se heurter à deux types de difficultés :

- la première consistait à faire face aux effets de l'héritage colonial au niveau de la propagation de l'analphabétisme  parmi toutes  les tranches d'âge  de la  population.

- la deuxième, se traduisait par la croissance démographique rapide (plus de 2% par an) due à l'amélioration de la situation économique et sanitaire du citoyen.

 

          D'autre part, pour réaliser  les principes généraux déjà mentionnés, conformément aux moyens disponibles et assurer la diffusion horizontale et verticale de l'enseignement selon les besoins nationaux urgents, longtemps négligés par le pouvoir colonial, il a été décidé d'appliquer les mesures suivantes :

- Réduction, au niveau de l'enseignement primaire, de la durée des années de scolarisation à six ans, au lieu de sept,

- Réduction de l'horaire hebdomadaire comme suit : 15 heures au lieu de 30 heures habituelles pour les 1ère et 2ème année.  Pour les quatre autres années suivantes (3ème – 6ème), cet horaire est diminué, pour sa part, passant de 30 heures à  25  heures .

Paradoxalement, ces mesures visant à réduire les besoins  en enseignants pour relever le taux de scolarisation, sont venues au moment  où le Ministère a libéré  837  enseignants zeytouniens (en octobre 1958). Des stages de formation ont été organisés à leur intention, en vue d’améliorer leur rendement et les intégrer ensuite dans le corps enseignant. Parallèlement à ces mesures, l'arabisation totale de la première et la deuxième année  de l'école primaire a réalisée.

          Au niveau de l'enseignement moyen, qui vise à former des techniciens dans quelques spécialités (industrie et commerce), les études durent 3 ans. Quant à l'enseignement secondaire, il avait pour objectif de préparer les cadres moyens techniques, notamment, et de former les meilleurs pour l'enseignement supérieur. La durée de ses cursus fut réduite, pour sa part, à six ans, au lieu de 7 années auparavant.

          Au niveau de l'enseignement supérieur, la création d'une Université tunisienne est prévue deux ans après l’entrée en vigueur de la loi du 4 novembre 1958 (soit le 31 mars 1960). Elle avait pour mission d'organiser et de rationaliser la gestion des établissements d'enseignement supérieur dont certains ont commencé à être tunisifiés, alors que d'autres ont vu le jour depuis la fin de 1956. Le nombre d'étudiants pourrait atteindre, à court terme, environ 12.000 unités, selon le plan décennal du développement économique et social (1959-1969) prévoyant la généralisation de l’éducation.

          Dès l'année scolaire 1959-1960, les services du ministère de l'Éducation nationale, ont établi, dans le cadre du plan décennal, un programme pour la généralisation de l'éducation. Ce programme  comportait les quatre principaux chapitres suivants:

- La planification  des étapes de la diffusion de l'enseignement,

- La préparation d'un système de formation et de recrutement des instituteurs et des professeurs,

- La planification  des constructions scolaires nécessaires à la réalisation du programme,

- L'estimation des budgets annuels pour le fonctionnement et l'équipement couvrant la période du plan.

 

Ce plan décennal visait aussi:

- La généralisation de l'enseignement primaire et son obligation sur dix ans (à un rythme soutenu) ; alors que les prévisions de l'augmentation annuelle du nombre d'élèves est estimée à 50.000 ou 55.000,

- La répartition équitable de l'enseignement entre les hommes et les femmes et entre les  différentes régions du pays,

- La diffusion de l'enseignement secondaire pour former des cadres moyens à différents niveaux,

- La création d'un enseignement supérieur national pour répondre à l'urgence de former le plus grand nombre possible de compétences et de cadres supérieurs nécessaires à tout progrès et à toute prospérité  matérielle et morale.

 

          Pour leur part, les prévisions de la dernière année d’application de ce plan décennal (1968-69), devaient être comme suit:

- Au niveau de l'enseignement primaire: le nombre d’élèves devrait passer de 320.362 à 837.800 unités,

- L'enseignement moyen, devrait connaître la même tendance avec des chiffres passant de 7.712 à 36.239 élèves en 1968-1969,

- Les effectifs de l'enseignement secondaire devraient  passer de 15.570 à 93.790 élèves, (sans compter les élèves des annexes de la Zeytouna). Ce qui porte le total général, selon ces prévisions, de 343.643 à 966.996 élèves[5] . 

 

          Le gouvernement  de l'indépendance  était convaincu, en intégrant l’éducation dans le cadre du plan général du développement économique et social, que le progrès est étroitement lié à l'éducation et à l'instruction. En effet, investir dans les ressources humaines est le meilleur investissement pour créer de la richesse afin d'assurer l'harmonie nécessaire entre le développement du capital humain et les projets de développement économique et social.

          Dans la continuité du premier plan décennal susmentionnée, le plan général de développement a fixé l'évolution des différents cycles. Ainsi, il a prévu que le nombre des élèves du primaire, par exemple, atteindrait 926.700 unités en 1970-1971.

          Ce plan général de développement vise également à:

- réaliser la généralisation l'enseignement primaire et de la scolarité obligatoire en 1971,

- atteindre (au cours de la même année mentionnée) un taux 70% de la scolarisation à l'école primaire, (90% des garçons et 48% pour les filles)

- admettre 40% des élèves du primaire dans l'enseignement secondaire.

 

          Au niveau de l'infrastructure, à la première année de l'indépendance, le nombre d'écoles  primaires était de 575 écoles. Il est passé, après 10 ans, à 1.354 écoles ; alors que le nombre d'établissements d'enseignement moyen et secondaire qui était, en 1956 – 1957,  de 39, (y compris les collèges zeytouniens), est devenu, dix ans plus tard, au nombre de 109 établissements.

          L'enseignement supérieur[6], comptaient au cours de l'année universitaire 1965/1966, des effectifs de l’ordre de 6.230 étudiants, répartis sur onze instituts supérieurs et facultés[7].

          Pour sa part, le taux du budget de l'éducation, dans le budget général de l'État, a atteint 17,96% au cours de l'année 1958-1959, soit une valeur de 8.424.300 dinars, sur 46.854.000 dinars. Ce chiffre a continué d'augmenter jusqu'à atteindre 18.74% du budget général de l’Etat (9.111.630 dinars, sur un total de 48.600.000 dinars) au cours de l'année 1959/1960, et  24%  en 1966[8].

           Mais, cette tendance s'est-elle poursuivie après la décennie Mahmoud Messsâdi, ou bien des signes d'apathie ont-ils commencé à apparaitre, en l'absence d'un projet éducatif en tant que composante  du projet de développement  économique et social du pays?

Fin de la 1er partie, à suivre

 

Mokhtar Ayachi,

In Etudes d'histoire culturelle: Histoire de l'éducation et

mouvements de jeunes en Tunisie, pp. 277-282.

Traduit par Mongi Akrout & Mokhtar Ayachi

 

Pour  accéder à la version Arabe, cliquer ici

 



[1]  Ayachi Mokhtar, conférence donnée à l'occasion de la célébration du cinquantenaire du système éducatif national (1958/2008), Centre National d’Innovation Pédagogique et de Recherches en Education (CNIPRE), Tunisie, Novembre 2008.

[2] Cf.Ayachi Mokhtat, enseignement colonial (1949-1958) et choix culturels de la Tunisie indépendante, thèse de Doctorat. Université Paris 7. 1979.600p.

[3]  Y compris les élèves des Ecoles Coraniques Modernes qui comptaient en 1949 : 23.600 élèves. Et si nous nous limitons au secteur public, ce taux descendrait à 9.2%.

[4]  Voir les points suivants du discours du président Habib Bourguiba à l'occasion (25 juin 1958)

[5] كتابة الدولة للتربية القومية . انبعاثنا التربوي

[6] l'Université est créée conformément au décret républicain du 31 mars 1960.

 

[7] Voir les statistiques de l'enseignement supérieur pour la fin des années soixante au Musée de l'Éducation

[8] Idem.

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