Un jour, je suis passé par hasard
devant une école où j'ai fait mes études primaires. Il s’agit d’une école
rurale dont le bâtisse blanche représentait, il y a plusieurs décennies de
cela, l’espoir des habitants de la
région à l’époque où ils n’avaient aucun espoir. C’est devant cette bâtisse que
les gens se réunissaient et où le médecin, la garde nationale et le facteur
viennent à eux.
La nostalgie m'a conduit à l'intérieur de ses
murs pour voir ce que mon école était
devenue aujourd’hui. Je me cherchais en elle ; je cherchais cet enfant
dont les traits avaient disparu de ma mémoire. Le silence était accablant. En
m'approchant des salles de cours, je me suis
demandé où étaient passés leurs pensionnaires ? Les voix des jeunes à
l’école ne s’arrêtent généralement pas, comme le cœur battant.
Ce silence complet m'a permis de me
souvenir de Sidi Mohamed Abdel Maqsoud, qui nous venait de Sfax après chaque
vacance, chargé des dons de la
civilisation. Je me suis souvenu aussi de Sidi Ibrahim Al-Hadfi, qui venait
chez nous avec son dialecte du jarid et beaucoup de dattes. Je me suis souvenu
de Sidi Ismail Al-Meddeb, mon instituteur et notre directeur, et de son bâton
brillant, qu'il lui suffisait de lever pour qu’on apprenne par cœur
l'intégralité du livre de calcul.
J'ai regardé autour de moi, à la
recherche des arbustes qui entouraient l'école, et que Sidi Ismail en a fait un lieu de révision.
Notre maitre nous divisait en petits groupes
et avait désigné à la tête de chaque groupe un chef d’équipe parmi les
meilleurs d’entre nous. Nous nous rivalisons pour voir qui résoudrait les
problèmes les plus complexes et gagnait ainsi le sourire de Sidi Ismail comme récompense.
J'ai souri à ses souvenirs parce qu’il devancé les voix
qui appelaient aujourd’hui à prendre en
compte les différences individuelles dans l'apprentissage.
Enfin, je me suis souvenu de Sidi Mohamed
Issa, celui qui nous est venu de Kasr Hlal. Il venait de se marier fraichement,
sa jeune épouse sortait très peu et lorsqu'elle
posait un seau devant la porte se sa maison, nous courons rapidement avec le
sceau jusqu'au puits voisin pour lui apporter de l'eau.
Tous étaient le maitre, le médecin et l'espoir.
Je me suis approché d'une salle qui
semblait être nouvellement construite, sa porte était à moitié fermée. J'ai jeté
un coup d’œil et j'ai vu des élèves
silencieux et sans voix, et chacun d'eux portait une ardoise à son front. J'ai
poussé la porte pour trouver un groupe, joyeusement rassemblé, autour d'un
grand récipient plein de couscous garni de morceaux de viande. Il y avait des gens de
l’école mais aussi des gens de
l’extérieur. Personne ne m'avait reconnu, mais ma tenue officielle a déstabilisé
les présents, alors ils ont quitté la salle, à l'exception de l’institutrice.
Certains ont quitté l’enceinte de l’école et les autres ont rejoint leur salle de cours.
J’ai regardé le grand plat de couscous et les élèves
silencieux et j’ai quitté les lieux.
Tout au long de mon trajet de retour
, je me demandais comment une simple planche était devenue un moyen d'obtenir
le silence et comment elle satisfaisait la faim de l’âme.
Magtouf Al Dhaheri, inspecteur
principal des collèges et des lycées
Publié le 06/07/2024 sur sa page
personnelle
Texte traduction : Mongi
Akrout, inspecteur général de l’éducation
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