 |
| Mohamed Smaoui |
Vu
la valeur de ce type de documents et en hommage à cette génération
d’instituteurs qui sont les fondateurs de l’école tunisienne, le blog
pédagogique a voulu présenter à ses
lectrices et ses lecteurs des extraits de ce carnet, mais avant cela une brève
présentation de l’instituteur Mohamed Smaoui s’impose rédigée par Mme Samia ,
qu’elle soit remerciée pour tout.
|
Mohamed Smaoui est né le 29 avril 1933 à Sfax dans une famille qui compte
6 garçons et 2 filles, son père était
fellah et avait un contrat mgharsi avec un colon français, souvent absent en
raison de la charge de la mise en valeur du henchir et la plantation des
oliviers, la famille est gérée par les frères ainés et habitait la maison
ancestrale, un grand Borj à étage dans un grand terrain, (jnen). qui abritait
plusieurs familles : grands parents, oncles mariés, tantes …. Dès l’âge de 6 ans Mohamed, rejoint l’école franco-arabe
de merkez Kammoun, route de Gremda, pas très loin de notre domicile, il y
resta 7 années : (2 années en cours préparatoire, 2 années en cours
élémentaire 2années années cours moyen et une année cours supérieur). Il obtient le certificat d’études primaires et le
concours de la sixième. il s’inscrit au collège de Sfax, sis à l’actuelle
avenue Habib Bourguiba au centre de la ville moderne de Sfax où il a réussi à décrocher le brevet d’Arabe, ce qui lui a
permis d’être recruté en tant que Moniteur de 1er ordre. Il décida
d’arrêter les études pour entamer une riche carrière dans l’enseignement
primaire, sa première affectation fut à l’École franco-arabe Errached sise
Merkez Sahnoun (Sfax), au début de l’année scolaire 1953-1954, il fut
muté-dans le cadre du roulement - à l’école franco-arabe de Remada en tant
que moniteur adjoint intérimaire - catégorie
A, chargé de la classe franco-arabe .Il
y passa 3 années
alors qu’il n’avait que 18 ans. Au cours de l’année 1954, Mohamed Smaoui a réussi l’examen du certificat
d’aptitude pédagogique (C.A.P) qui lui a permis d’obtenir sa titularisation
en tant qu’instituteur.  Remada est une ville située à 78 km au sud de la
ville de Tataouine qui était à cette
époque sous l’autorité de l’armée française
qui a construit des maisons pour ses soldats et une école Franco - Arabe
. Quoique les conditions étaient difficiles, notre jeune instituteur a
réussi à tisser des liens avec les soldats français, il partageait
avec eux des repas, et les déplacements sur le trajet vers Sfax pour rejoindre le bus et assistait à des
films avec eux. En 1956 il regagna sa ville natale,
après avoir été affecté à l école primaire Merkez Kammoun où il exerça jusqu’
à la retraite. Mohamed était un homme studieux et ambitieux, il a décidé de suivre des
cours du soir à la chambre de commerce de Sfax parallèlement à son travail, il décrocha un brevet
commercial, ainsi il a pu assurer des services à certains organismes en tant
que comptable pour s’occuper et
améliorer ses revenus . Le 25 Avril 2018 , Si Mohamed nous quitta
pour un monde meilleur ; Allah yarhmou .Ses élèves continuent à se souvenir de lui et lui sont
reconnaissants . Samia Turki née Smaoui. Sfax – août 2024 |
Qu’est ce que le carnet
historique de l’école
Il s’agit d’un d’une sorte de journal dans
lequel le directeur de chaque école est appelé à consigner «au jour le jour l’historique de l’école et toutes les informations »[1] , il a
été institué par la circulaire du 15 janvier 1907 de la direction générale de
l’instruction publique.
Extraits des
recommandations pour tenir le carnet historique
«L’historique de chaque école sera continué, au jour le jour le jour au jour par
le directeur ou la directrice. De cette manière tous les faits importants
seront notés ; il ne se produira pas de lacune…
A
cet effet , en même temps que la présente circulaire, chaque école recevra
un cahier cartonné destiné à la suite de l'historique de l'école ; ce
cahier contiendra : 1° la présente circulaire 2° l'historique de l'école
pour l'année 1906 d'après le plan ci-après le même que celui précédemment suivi ;
3° l’historique de l'école pour les années suivantes, historique établie de
préférence au jour le jour à mesure que se produiront les événements à noter ou
tout au moins à la fin de chaque trimestre (31 décembre- 31 mars- 31 juin). Le
rapport semestriel devra mentionner très brièvement les faits enregistrés au
carnet historique.
Messieurs
les inspecteurs seront invités à se faire présenter ce carnet au cours de leurs
visites ou inspections.
Plan
à suivre
Les
renseignements seront donnés et les faits seront décrits d'après l'ordre
chronologique dans une forme succincte.
CHAPITRE
PREMIER
Création
de l'école - date d'ouverture-
1er
local- nombre des élèves par nationalité - 1er directeur (nom,
prénom, lieu (département) et date de naissance, dernière fonction et résidence
; adjoint à l'ouverture- s'il y a lieu- (le nom, prénom, lieu département et
date de naissance, dernière fonction et résidence) cérémonie s'il y a lieu qui
accompagne l'ouverture de l'école (autorités présentes, paroles prononcées …).
CHAPITRES
SUIVANTS
Les
renseignements ci-dessus feront l'objet du premier chapitre, les chapitres
suivants se rapportent en chacun à une année scolaire et seront désignés par la
date de cette année en gros caractères année scolaire 19..-19..
Dans chacun de ces chapitres, on indiquera et
on décrira dans l'ordre chronologique où ils seront produits les faits suivants :(
indiquez les dates) population scolaires
par nationalité- changement de l'organisation pédagogique- changement dans le
local- changement dans le personnel- examens auxquels se sont présentés les
élèves- que deviennent les élèves de l'école en général…
-
Divers (fêtes scolaires- promenades- visites- passage de troupes- vaccination…)
Quelques
extraits choisis
École
franco-arabe de Remada
Année
1952
L'école
de Remada a été ouverte le 1er mars
1952, elle est située à l'ouest de la localité. Elle comprend une classe sous
un préau avec 7 fenêtres, un appartement qui comprend 3 pièces, une salle de
bain, une cuisine, un WC , une cour.
Le local est construit par l'État.
L'effectif scolaire comprend 30 garçons et une
fille, tunisiens musulmans. Cours préparatoire 1ère année formée le 1er Mars
1952. L'école est dirigée par M. Gacem Ahmed, né le 11 janvier (1927) dix neuf
cent vingt-sept. Originaire de Beni Hassen (Caïdat Djemmal). Région de Sousse. Moniteur
d'enseignement général bilingue intérimaire.
J'ai reçu la visite de Mr le commandant du
groupement saharien du Sud tunisien le 12 mars 1952 ainsi que la visite de Mr
le lieutenant-chef des affaires indigènes à Dhibat le 17 mars 1952, le 19 après,
j'ai reçu le médecin-chef du G.S.S.T, Mr le capitaine Julien qui a vacciné
contre la variole les élèves de l'école.
Le
soir du 20/3/52 juste à 3h45 de l'après-midi, J'ai reçu Mr Perron, Inspecteur
de l'Enseignement Primaire de la Circonscription de Gabès accompagné par
l'ingénieur des travaux publics et Monsieur l'architecte pour la réception de
l'école qui est faite par l'entrepreneur des travaux publics Mr Brahim Belfki
originaire de Sfax.
Année scolaire
1953-1954
Mme Haran
Jeanne née le 20 février 1915 à Paris (Monitrice Intérimaire) remplace Madame
Salles à la Direction du groupe scolaire de Remeda. Elle est chargée de la
classe française.
Mr Smaoui Mohamed (moniteur adjoint
intérimaire. catégorie A) est chargé de
la classe franco-arabe en remplacement
de Monsieur Bézouiche (moniteur bilingue intérimaire).
La population scolaire et de 51 élèves, 40
musulmans et 11 français au 15 octobre 1953.
Des rentrées sont prévues pour la classe
française avant le 1er janvier 1954.
Année
scolaire 1955-1956
Mr
Mengel François, né à … le 20 décembre 1930 et maintenu à la direction du
groupe scolaire de Rémada. Il est chargé de la classe française.
vu le nombre des élèves inscrits sur la liste
d'attente, une classe franco-arabe est créée le 10 octobre.
Monsieur Smaoui Mohamed (délégation
renouvelée) et chargé de la 1ère classe (CM .CE) .
Monsieur
Hamida Ben Amara, moniteur bilingue intérimaire , est chargé de la 2e
classe (CP1 CP2 ).
Au 15 octobre 1955, la population scolaire et
de 91 élèves : 64 garçons et 27 filles.
14 français dont 4 d'Algérie ;
75 musulmans tunisiens ;
2
Tripolitains.
Les 2 classes effectuent le roulement dans le
seul local disponible.
Visite de Monsieur Gélinaud, Inspecteur de
l'enseignement primaire le 11 janvier 1956.
Le groupe scolaire devient école franco-arabe,
la classe française dépendant, à partir du 12 janvier 1956 de la mission
culturelle.
Monsieur Hamida Ben Amara est nommé à l'école
franco-arabe de Béni keddache.
Au 15 janvier 1956, la population scolaire est
de 68 élèves : 12 filles et 56 garçons ;
6 Français d'Algérie ;
60 musulmans tunisiens ;
2
tripolitains.
Au
15 avril 1956, la population scolaire est de 68 élèves 11 filles et 57 garçons :
6 Français d'Algérie ;
61 musulmans ;
1 tripolitain.
Extraits choisis par Mongi Akrout,
inspecteur général de l’éducation
Tunis
, Août 2024
Je rends hommage à l'auteur de cette initiative.
RépondreSupprimermerci beaucoup
Supprimer