dimanche 6 octobre 2024

la rentrée scolaire 1912/1913 en Tunisie

 

 

Abdeljalil Zaouche

A l’occasion de la rentrée scolaire 2024-2025, le blog pédagogique propose à ses lecteurs un document se rapportant à la rentrée scolaire 1912/1913 extrait d’un rapport présenté par  M. Abdeljalil Zaouche, rapporteur du budget de l’enseignement
 devant les membres de la commission consultative[1] à l’occasion de la discussion du budget pour l'année 1913 de la direction de l’instruction publique le 14 novembre 1912.


Le rapporteur a parlé de l’importance de la question de l'instruction des musulmans pour les membres tunisiens de la commission, il a évoqué la marginalisation des éléments musulmans dont le taux de scolarisation est resté très faible par rapport aux enfants des communautés européennes, et il demande plus d’écoles pour accueillir plus d’enfants “ indigènes “ .

 

Extraits du  rapport

 

Séance du jeudi 14 novembre 1912 

 La séance est ouverte à trois heures sous la présidence de M. Roy, en présence de M. Charléty, Directeur général de l’Enseignement.

 Tous les délégués sont présents.

Budget de l'enseignement

M. Zaouche, rapporteur du budget de l’Enseignement, donne lecture du rapport suivant :

Messieurs,

 Longtemps encore, de tous les chapitres du budget, celui de l’enseignement sera, pour la population indigène, de beaucoup le plus intéressant.

 Dans leur ensemble, sans nul doute, les prévisions de dépenses au sujet desquelles nous sommes, chaque année, appelés à donner notre avis, retiennent notre sérieuse attention. Jamais, quand l’occasion se présente, nous ne nous faisons faute de réclamer qui une route, qui un bureau de poste, qui une ligne de chemin de fer, et parfois la lutte ne laisse pas d’être vive entre nous pour faire prévaloir les intérêts de la région que nous représentons plus spécialement. Mais le  jour où nous avons à examiner le budget de l’enseignement, l’accord est parfait dans cette enceinte : tous, nous demandons des écoles et encore des écoles, tous nous réclamons plus d’instruction pour la population indigène. J'oserai même dire que nous ne nous en tenons pas là : nous posons hardiment en principe que les indigènes sont prêts à tous les sacrifices qui pourront leur être demandés pour le développement des œuvres d’enseignement populaire.

Aussi bien la tâche du rapporteur du budget de l’enseignement est-elle d’autant plus aisée qu’il n’a pas seulement l’adhésion de tous ses collègues de la section indigène, qu’il sait pouvoir compter sur la bonne volonté, jamais mise en défaut, du fonctionnaire éminent qui préside depuis quatre ans aux destinées de l’enseignement dans la Régence. Et dût sa modestie en souffrir, nous tenons  à  exprimer ici, une fois de plus, à l’honorable M°. Charléty la gratitude profonde de nos compatriotes pour tout ce qu’il a déjà fait en faveur de l’instruction des indigènes.

Première partie : Dépenses Ordinaires

Ce budget est en augmentation sensible par rapport aux précédents. Il s’élève, en effet, en dépenses ordinaires, à la somme totale de 3.813.002 fr. 20 contre 3.507.354 fr. 20 en 1912, soit une différence en plus de 305.648 francs. Il y a là un fait dont nous ne saurions nous étonner, encore moins nous plaindre, puisqu’il est avéré que le nombre des enfants qui demandent à être admis dans les écoles va toujours croissant et que, dans plus d’un établissement, on est encore obligé de refuser des élèves.

C’est ainsi qu’à la rentrée d’octobre 1912, les écoles primaires de la Régence ont reçu :

Français ; 

5.600

Indigènes musulmans

10.000

Indigènes israélites

4.500

Etrangers

9.000.

Or, le chiffre des enfants musulmans qui fréquentent les écoles primaires, bien qu’en progression continue depuis quelques années, n’est pas seulement inférieur de beaucoup à celui des autres éléments ethniques, il est encore bien inférieur à celui des enfants d’âge scolaire que renferme une population d’au moins 1.500.000 âmes, en regard de laquelle nous trouvons, d’une part, d’après le dernier recensement de la population européenne, 46.000 Français, 88.000 Italiens, 11.000 Maltais; de l’autre, d’après des évaluations dignes de foi, environ 45.000 israélites.

ANNEXE N°1  - ENSEIGNEMENTS SCOLAIRES DIVERS

 

I.               Nombre d'élèves indigènes à la rentrée d'octobre 1912 : 10.000 environ, soit une augmentation de 1.500 sur le 1er janvier dernier.

II. Classes ouvertes du 1er octobre 1911 au 31 octobre 1912 : 87, dont 29 spécialement pour les Indigènes. Il faut compter, en outre, 23 classes où l'enseignement de l’arabe est exclusivement donné.

III.         Enseignement professionnel. Apprentissage scolaire. Nombre d'apprentis :

- 16 écoles qui reçoivent 345 apprentis, non compris l’école de Metlaoui, qui compte une trentaine d’apprentis mineurs. 

- 4 écoles primaires préparent tout spécialement les indigènes au métier d’agriculteur : à Tunis, Kairouan, Sfax et Gabès.

En outre, un enseignement agricole est donné dans toutes les écoles  fréquentées  par  les Indigènes.

- Ksar-Helal : tissage.

- Metlaoui-mine : travaux de mines.

Adjim, Kellabine, Mahdia : pèche et navigation.

 - Nabeul (Ecole de filles musulmanes) : broderies et dentelles.

Kairouan, Sousse, Monastir, Mahdia, Gafsa, Tunis (Ecoles de filles musulmanes) : tapis, broderies et dentelles.

Dans ces écoles l’enseignement est adapté aux besoins locaux.

    IV. Nombre de maîtres d'arabe nommés du 1er octobre 1911 au 1 er octobre 1912 : 23.

A noter que 5 de ces maîtres sont des mouderrès sortant d’Alaoui, où ils ont été spécialement préparés en vue des fonctions qu’ils ont à remplir. On peut certainement beaucoup attendre de ces maîtres pour le développement des études arabes.»

 

Source - Procès-verbaux de la conférence consultative 1912, 36ème session/Régence de Tunis.1912. p.p401et suivantes

https://bibliotheque-numerique.diplomatie.gouv.fr/ark:/12148/bpt6k91057001.texteImage

 

Pour accéder à laversion Arabe, cliquer ICI



[1] [1] La conférence consultative est née  1890  est une sorte d'assemblée « des représentants de la colonie pour prendre leur avis au sujet de questions touchant à leurs intérêts agricoles, industriels et commerciaux »[1]., la C.C  a tenu sa première session en janvier 1891; Le 2 février 1907 un décret beylical    donne à la C.C le droit d'examiner le  budget de l'État  et crée une section tunisienne composée de  16 membres nommés à vie (15 musulmans et un israélite), consacrant l'une des revendications des Jeunes Tunisiens.

 

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