Nous abordons l’histoire des années
quatre –vingt, par le témoignage d’un acteur direct de cette période ; il
s’agit du Ministre de l’éducation nationale, M° Mohamed Hédi Khelil,[1] qui a nous a fait
l’honneur et le plaisir d’introduire l’étude de cette période.
Au cours de cette décennie, six ministres se sont succédés à
la tête du département, dont le premier[2] d’entre eux est resté
cinq années de suite ; il s’est entouré d’un cabinet composé de cadres
de l’enseignement primaire, n’ayant aucune expérience de l’enseignement
secondaire, technique et professionnel, ni même de l’évolution des
technologies pédagogiques dans le monde. Cette période s’est caractérisée par
un laxisme absolu et une allergie à toute initiative de rénovation. Le
Ministre s’est efforcé de chercher des justifications incompréhensibles pour
entraver les propositions du 6ème plan relatives à la réforme du
système éducatif, et notamment l’instauration de l’école de base. Il a fallu
attendre le remaniement ministériel de mai 1987 et l’arrivée du Ministre Med
Sayeh, secondé par Med Hédi Khelil (secrétaire d’état), pour que
s’engage une réflexion profonde sur le système éducatif, et surtout
régulariser la situation de droit du système régi par une loi périmée, celle
de 1958.
Des mesures urgentes relatives à l’aménagement des programmes
et à l’organisation des services régionaux ont été adoptées à la rentrée
1987/89.
Le maintien de Med Hédi Khelil, au poste de
secrétaire d’état de l’enseignement primaire et secondaire, pour assister le
ministre Tijani Chelly, en novembre 1987, a permis de poursuivre les travaux
engagés et d’accélérer le chantier éducatif en créant :Une commission
chargée de la réforme, 14 commissions permanentes groupant des éducateurs
appartenant aux trois ordres d’enseignement. ;9 commissions spécialisées
chargées d’étudier les questions relatives aux horaires, à l’orientation, à
la formation des enseignants…Et une commission pour l’école de base.
La nomination de Med Hédi Khelil à la tête du
ministère de l’éducation, en avril 1988, a facilité l’aboutissement des
travaux en juin 1988, par l’élaboration d’un document
intitulé : « Réforme du
système éducatif : les grandes orientations et le cadre
juridique ».
Les conclusions de ce rapport ont été soumises au premier
congrès du parti au pouvoir, le RCD[3], qui les a adoptées dans
sa motion générale sur l’éducation ; puis, les lignes directrices de la
réforme ont fait l’objet d’une consultation auprès des parties politiques des
organisations nationales et du conseil économique et social, avant d’être
soumises au conseil supérieur de l’éducation qui s’est réuni en session
ordinaire, le 6 janvier 1989, sous la présidence du premier Ministre.
Par ailleurs, la fin de la décennie sera marquée par des
mesures caractéristiques :
§ L’introduction progressive de
l’Ecole de base à partir de la rentrée 1989/1990.
§ L’introduction progressive de
l’enseignement de l’informatique et l’ouverture du centre Bourguiba de
l’informatique (CBMI)
§ Le démarrage de l’enseignement des
droits de l’homme
§ L’orientation vers l’enseignement
professionnel à partir de la 9ème année et non plus après six ans
d’enseignement primaire.
Mohamed Hédi Khelil, ancien ministre de l’éducation nationale
Tunis, Mars 2016
|
Introduction :
En dépit des différentes mesures
administratives et pédagogiques qui ont été prises au cours des années soixante-
dix, l’amélioration du taux de scolarisation au niveau de l’école primaire et
le développement de l’infrastructure de base ne furent pas accompagnés d’une
amélioration qualitative des acquis des élèves et du rendement du système ;
les taux d’échec et d’abandon étaient encore élevés.
C’est
la raison pour laquelle les années quatre- vingt furent des années de
réflexion, de cogitations et d’analyses, centrées sur les grandes questions de
l’éducation ; de nouveau, on met
sur la table les mêmes problèmes récurrents, à savoir le redoublement, l’abandon et le décrochage scolaire précoce; d’une
façon générale, la question de l’échec scolaire et ses rapports avec les
programmes scolaires, le système d’évaluation et de passage, l’orientation
scolaire et les sections et les différentes filières de l’enseignement.
Cette réflexion et les conclusions des
différentes commissions avaient préparé le terrain à la deuxième grande réforme
de l’enseignement en Tunisie : la réforme de 1991.
I.Le contexte général
Cette nouvelle étape coïncide avec
l’accession de Mohamed Mzali au poste de premier ministre le 23 Avril 1980,
succédant à Hédi Nouira que la maladie avait contraint à se retirer ; ce
fut une décennie très difficile sur tous les plans :
1.
Sur le plan politique :
Le régime est entré dans une phase de
faiblesse et de fragilité, causées par les luttes entre les différentes
factions de la classe politique au pouvoir, à propos de la succession du président Bourguiba, très
diminué par la maladie, et de plus en plus isolé et sous l’influence de
quelques personnes, surtout après avoir écarté ses plus proches conseillers,
comme son fils Bourguiba junior ( lé 7 janvier 1986), puis sa femme Wassila
Bourguiba (le 11 août 1986 ), et enfin son vieux compagnon et secrétaire
particulier, Allala Laouiti .
Au milieu des années 80, le pays
traversa une série de crises politiques et sociales successives, suite à la
falsification des élections générales de novembre 1981 ; parmi ces crises,
nous citons la révolte du pain, du
3janvier 1984, suite à la décision d’augmenter le prix du pain ; la crise
avec le voisin libyen et l’expulsion de 32000 ouvriers tunisiens du sol
libyen, dans des conditions dramatiques ; les incidents armés de Gafsa qui
ont suivi ces expulsions; et enfin la crise entre le gouvernement et les dirigeants de la centrale syndicale
qui ont été évincés et remplacés par une direction soutenue ( les shourafa) par
le premier ministre.
Toutes ces crises ont entamé le crédit
et l’image du premier ministre, Mohamed Mzali, surtout après l’échec de sa
tentative de démocratiser la vie politique et d’établir des contacts avec
l’opposition non reconnue, comme les islamistes ; la machine politique
semble être en panne et tout le monde est en attente.
2.
Sur le plan économique
Le pays a connu une grave crise
financière suite à la chute des prix du pétrole et la lourdeur de sa dette
extérieure, en 1986, pour la première fois le pays enregistre un taux de
croissance négatif et a du se soumettre aux exigences des institutions
financières internationale et entamer un programme d’ajustement structurel (P.A.S),
en 1986.
3.
Sur le plan de l’éducation et de l’enseignement,
La situation était marquée par :
§ la persistance des mêmes tares, malgré les réformes et les
mesures prises au cours de la décennie précédente ( 1970 /1980): l’amélioration des taux de scolarisation , surtout au niveau de
l’enseignement primaire ne fut pas accompagnée d’une amélioration qualitative
au niveau des acquis des élèves ; le rendement de l’école reste très
faible, et l’échec scolaire est devenu endémique ; ainsi 20% des
garçons et 30% des filles interrompent
leurs études avant d’atteindre la 6ème année de l’enseignement primaire.
§ La succession de six ministres, (voir tableau ci-dessous) ; le
professeur Mohamed Frej Chadli était le
seul à être resté au poste une longue période (6 ans), quant aux cinq autres
ministres, leur passage fut si court (entre moins de trois mois pour le
professeur Abdelaziz Ben Dhia, et une année (pour Mohamed Al Hédi Khelil), pour
qu’ils aient eu le temps de faire quelque chose de durable, d’où les décisions
biscornues prises par certains d’entre eux[4].
En dépit de cela, la première moitié de la
décennie a été marquée par l’ouverture de plusieurs dossiers importants, comme
le dossier de l’école de base; et après une période de turbulence, à la fin de
la décennie, la réflexion reprend et a permis
de prendre des décisions très importantes, comme le démarrage de la mise
en place de l’école de base, et
l’émergence de l’idée de
concevoir une nouvelle loi de l’éducation qui remplacerait la loi de
1958 ; tout ceci a préparé le
terrain à la réforme de 1991.
Les différents ministres de la décennie
quatre-vingt
Nom et prénom
|
période
|
|
1
|
Mohamed fraj Chedly
|
24/4/80 - 5/5/86
|
2
|
Abdelaziz Ben Dhia
|
5/5/86- 3/7/86
|
3
|
Amor Chedly
|
3/7/86 -16/5/87
|
4
|
Mohamed Sayah
|
16/5/87 - 7/11/87
|
5
|
Tijani Chelly
|
7/11/87 - 12/4/88
|
6
|
Mohamed El Hédi Khelil
|
12/4/88 - 11/4/89
|
II.
La première phase (1980/1987) :
ouverture des grands dossiers
Les débuts de la décennie, qui
correspond à la période du ministre Frej Chedly, fut marquée par l’ouverture de
plusieurs dossiers importants, comme :
1.
Le dossier de l’école de base
Au vu des différents paramètres et
indices (taux de scolarisation, redoublement, décrochage et échec scolaire), la
volonté des planificateurs s’est orientée, au cours de la préparation du 6ème
plan de développement, vers la mise en place de « l’école de base » ;
la note d’orientation du 6ème
plan ( 1982-1986) a évoqué « la nécessité de réaliser le projet de l’école
de base qui était considéré comme un projet économique et social » ;
au cours « d’une séance plénière de la commission nationale sectorielle de
l’éducation nationale, tenue le 29 avril 1981, sous la présidence du
Ministre de l’éducation , a approuvé les rapports issus des trois sous
commissions ( celle de l’enseignement primaire, celle de l’enseignement
secondaire et celle de l’école de base .» [5]
« Les travaux de la commission
nationale avaient été mené dans une double direction :
La première visait « l’amélioration
du fonctionnement du système d’enseignement dans le cadre des structures existantes,»
La deuxième prévoyait de « se
pencher sur l’étude d’une réforme globale du système éducatif et présenter la
première esquisse d’une école de base de 8 ou 9 ans , en continuité avec l’esprit de la note
d’orientation pour le VI ème plan élaborée par le Ministère du plan et des
finances » qui a considéré « la réforme du secteur éducatif , a coté
de huit autres réformes, comme prioritaire pour la décennie 1982/1991. »[6]
C’est ainsi que conformément aux
recommandations de la sous commission de l’école de base, « une commission
technique fut chargée de poursuivre et d’approfondir la réflexion sur le
système éducatif en liaison avec les autres commissions consultatives … et
surtout avec celle issue du Ministère du plan et des finances »
Mais, devant les divergences de vue
entre le ministère de l’éducation et celui du plan et des finances, le bureau
politique du parti ( PSD) décida de
créer une commission nationale présidée par Hamed Karoui et avec Mondher
Gargouri comme rapporteur ( représentant du ministère du plan et des finances),
la commission, après 35 réunions, a recommandé la mise en place de l’école de
base, en affirmant que le budget de l’état est capable de supporter les
dépenses nécessaires.
Seulement, certaines parties étaient
opposées au projet (luttes internes), le ministère s’est allié au côté des
réticents ; pour cela, il a chargé ses services de revoir l’évaluation du
coût pour monter que le pays n’était pas capable de le financer en ce moment ;
c’est ainsi que le projet de l’école de base entra en hibernation,
provisoirement.
Il faudrait rappeler que ce nouveau
concept - l’école de base - s’inscrit
dans un courant mondial qui tend vers une réorganisation de scolarisation, en
liant la période de 12/ 15 ou 16 ans, à la période qui la précède (6/12
ans) ; cette orientation va amener vers une évolution du concept de
l’enseignement obligatoire, tel qu’il est défini par la loi de 1958 (ART 2),[7] pour l’étendre jusqu’à 16
ans, l’âge légal autorisant l’emploi des jeunes.
a.
Le Ministre Frej Chedly présente sa
vision de l’école de base
A la rentrée 1982/83, s’est tenue une grande réunion ( le 5
novembre 1982), à Sousse, en présence du Ministre en personne, à qui on convia le corps des
inspecteurs du primaire et du secondaire ; cette réunion fut consacrée à
la question de l’école de base[8] ; le ministre en
profita pour présenter le projet de l’école de base, ses objectifs, son
organisation et les moyens que sa mise en place nécessiterait, en insistant sur
les points suivants :
§ Le projet de l’école de base fait partie
d’une vision globale, qui vise à réformer le système éducatif dans son
ensemble ; il est un élément d’un tout, mais cet élément constitue le
point de départ. C’est la base, que
chaque enfant devrait acquérir en termes
de savoir, qui va lui permettre d’entamer sa vie, soit en poursuivant ses
études, ou en intégrant la vie active ; l’école de base n’est ni
l’enseignement primaire, ni le premier
cycle de l’enseignement secondaire dans leur conception classique; elle est les
deux à la fois, mais avec une nouvelle vision et une nouvelle optique.
§
la mise en place de l’école de base vise à réaliser
plusieurs objectifs à la fois, dont celles-ci :
-
Maintenir l’enfant le plus longtemps avant la poursuite
de son enseignement secondaire, puisque chaque élève va suivre des études
durant 9 ans qui vont lui permettre d’avoir une formation qui l’aidera à
affronter l’avenir.
-
Suivre le mouvement du progrès scientifique et
technologique … Il ne peut y avoir d’école de base tant qu’on n’intègre pas
dans ses programmes les activités manuelles, pour préparer l’enfant à la vie
pratique.
-
Responsabiliser de plus en plus l’enfant, le préparer
à devenir autonome et plus efficace, et plus apte à réussir dans la vie.
Le ministre a précisé qu’on ne peut
penser à mettre en place l’école de base tant que mous ne disposons pas des
locaux et des enseignants qui répondent à nos besoins, et il avança trois
scénarios :
-
Le premier est la mise en place de l’école de base
année par année ; cela va nécessiter 9 ans pour achever le projet.
-
Le deuxième prévoit le démarrage depuis la quatrième
année, puisque les trois premières années sont homogènes n cela va demander 6
ans.
-
Le troisième scénario prévoit le démarrage simultanée
de la 1er et de la 7ème, le montage demanderait ainsi 3
ans, en partant d’en haut, et 6 en partant d’en bas.
Le ministre a informé les présents que
c’est le deuxième scénario qui fut retenu, car les deux autres présentaient des
inconvénients majeurs, en comparaison avec le deuxième.
Les études durent 9 années à l’école de base, divisées en trois cycles
de trois années chacun ; le passage d’une classe à l’autre d’une façon
quasi automatique, le taux de passage devrait être autour 90%, le redoublement
ne devrait pas dépasser 6%, et l’abandon autour de 4%. Pour atteindre ces
objectifs, nous devons :
-
assurer les conditions pédagogiques et les moyens
éducatifs qui permettent aux élèves d’assimiler les cours qui leurs sont
présentés et les préparent à recevoir d’autres apprentissages
-
réduire la taille des classes, en fixant le nombre
d’élèves par classe à 30 au maximum, par la construction de nouvelles salles de
classe ( 3800 salles en 1984 , et de nouveaux laboratoires pour arriver à la moyenne de 225 élèves par labo pour les classe de 4ème
5ème et 6ème année, et une moyenne de 150 élèves par labo pour les classe de 7ème
8ème et 9ème année)
-
augmenter l’horaire hebdomadaire pour atteindre 25
heures pour les trois premières années et 30 heures pour la 4ème ,5ème
et 6ème année.
-
Former 10600 instituteurs et institutrices pour les
six premiers niveaux, sur la base de 25 heures par instituteur, et 5400
professeurs pour les trois niveaux suivant, sur la base de 18 heures par
professeur.
§ L’école de base constitue une entité
autonome, ce qui nécessite une révision des programmes actuels qui doivent
répondre à la nouvelle vision, et en
tenant compte de la nouvelle structure de l’enseignement qui fait que tout
cycle (école de base / enseignement
secondaire) constitue une entité
indépendante.
§ L’école de base est sanctionnée à la fin
de la 9ème année par un concours qui permet à ceux qui le
réussissent d’accéder à l’enseignement secondaire ; ce dernier prépare les
élèves au diplôme de l’enseignement secondaire, qui n’ouvre pas les portes de
l’université à ceux qui l’obtiennent ; l’accès à l’enseignement supérieur
se fera par voie de concours organisés par les facultés et les instituts
supérieurs.
§
Le ministre a évoqué aussi plusieurs autres questions
qui étaient encore en suspens, comme la question de l’espace qui va accueillir
l’école de base, le profil de ses enseignants et du cadre administratif. [9]
b.
Les commissions techniques régionales
étudient le projet
Le ministère, chargé de ce dossier,
avait désigné l’inspecteur général Mohsen Mezghanni, pour s’occuper du dossier ; en 1983, une
commission fut former dans chaque gouvernorat présidée par le directeur
régional de l’enseignement secondaire, ou par le délégué régional de
l’enseignement primaire, et regroupant des enseignants, des directeurs et des
inspecteurs représentant les deux degrés de l’enseignement ; chaque
commission fut appelée à étudié les différents aspects de la question et
d’émettre les propositions et les avis de la région ; une commission nationale
présidée par l’inspecteur général fera la synthèse des rapports régionaux et
soumettra son rapport final au ministre de l’éducation.
Les commissions avaient travaillé sur
les objectifs de l’école de base et sur ses différents cycles ou degrés ;
elles ont aussi fixé les grandes lignes des programmes, en mettant en avant le
travail manuel et l’enseignement
technologique, et prévoyant les ateliers et les équipements
nécessaires ; les commissions avaient aussi traité la question du passage
de la 6ème à la 7ème de l’école de base , et la question
des espaces et des locaux et ont fait
des propositions au sujet du
regroupements des petits élèves avec les élèves au seuil de l’adolescences, au
cas où la décision d’adopter un espace unique pour l’école de base.
La commission nationale a achevé ses
travaux au cours de l’année 1983/84 ; Le président a remis son
rapport au ministre en 1984 ; [10] la position du
ministère n’était pas claire, vis-à-vis du rapport, qu’il n’avait ni rejeté ni
adopté ; il a eu une position attentiste, et a décidé de le reporter à
plus tard, en raison du coût du projet, au moment où le pays traversait
d’énormes difficultés financières; mais le débat sur l’école ne s’est pas
arrêté pour autant, certains avaient commencé à donner leurs avis et à émettre
des recommandations par la voie de la presse ou des revues spécialisées ;
la question de la langue de l’école de base fut, peut être, celle qui polarisa
les discussion. Mokhtar Ben Ammar, inspecteur principal des sciences naturelles
et sous- directeur des examens, défendait, dans un article paru dans le
bulletin pédagogique, l’idée d’utiliser la langue arabe à l’école de
base : « l’unification de la langue d’enseignement est devenue
aujourd’hui une nécessité pour affermir la personnalité nationale et pour améliorer
le rendement scolaire d’une manière utile et évidente.»[11]
2.
L’évaluation du système du contrôle
continu au secondaire
Dix ans après l’adoption du système du contrôle continu pour évaluer les élèves des collèges et des
lycées, le ministère a chargé une commission[12] en octobre 1983 «
de revoir le régime du contrôle continu , et surtout les aspects négatifs qui
sont apparus au cours de son application
et d’essayer de concilier entre l’ancien système des examens
trimestriels et le contrôle continu » , la commission est appelé aussi à
étudier les moyens d’alléger le système , de réviser les types de tests et de
trouver une formule de coordination entre les professeurs et entre les
disciplines »
La commission a remis son rapport au
ministre le 19 octobre 1983, dans lequel nous trouvons les propositions
suivantes :
-
Le maintien du contrôle continu au niveau de l’écrit,
de l’oral et des travaux pratiques.
-
L’allègement du système par la réduction du nombre de
tests et de devoirs écrits, ce nombre devrait être proportionnel à l’horaire de
chaque matière
-
Programmation de devoirs de synthèse à la fin de
chaque trimestre et leur attribuer un coefficient deux (2), soit le double de
celui attribué aux devoirs ordinaires et aux tests.
-
Traiter les cas d’absence (sanctionner les absences
par la note Zéro ou refaire passer le devoir en cas d’absence justifiée).
-
Habituer les élèves des classes terminales aux
conditions de l’examen du baccalauréat à la fin de chaque semestre.
La direction des programmes a adopté la
plupart des recommandations du rapport et les a inclus dans la nouvelle
circulaire du contrôle continu de l’année scolaire 1984/85, le système du
contrôle continu va connaitre d’autres amendements au cours des années 90 et
les années suivantes.
3.
Le dossier de l’orientation scolaire
Les critères utilisés au cours de
l’orientation des élèves à la fin de la troisième années de l’enseignement
secondaire long étaient la cause de plusieurs problèmes : alors que les
textes recommandent de tenir compte de deux facteurs dans l’orientation , le
premier est la capacité d’accueil des différentes sections ,le deuxième est l’ aptitude
de l’élève selon ses moyennes annuelles dans les matières littéraires et les
matières scientifiques[13], et malgré la
recommandation d’organiser des réunions préparatoires pour suivre les résultats
des élèves et découvrir leurs aptitudes, l’orientation se faisait uniquement
sur la base des résultats scolaires (
surtout les moyennes annuelles des matières principales).
Cette pratique a engendré une explosion
des demandes de réorientations chaque année soit à la fin de la 4ème
et même à la fin de 5ème.
D’un autre coté, les membres des
conseils d’orientation, qui se tiennent à la fin de chaque année scolaire dans
les établissements ,ont remarqué qu’une catégorie d’élèves qui ont la moyenne
annuelle générale, sans avoir obtenu la moyenne de 9 sur 10 dans les matières
principales, mais leur profil ne s’est pas encore précisé d’une façon très
nette pour être orienté vers l’une des sections ; ces cas sont à l’origine
du retour de la question
sur les critères de l’orientation ; faut- il tenir compte des
résultats quantitatifs ou des aptitudes , ou des deux à la fois ?
C’est cette dernière option qui fait
l’unanimité chez les parents et chez les enseignants, mais sa mise en
application nécessite la présence de spécialistes de l’orientation et la préparation d’un
dossier pour de suivi pour chaque élève, toutes ces problématiques ont été à
l’origine d’une série de propositions pour améliorer le système de
l’orientation, comme :
-
La révision des textes en vigueur pour y intégrer de
nouveaux critères.
-
La création d’une fonction de professeur orienteur
dans chaque lycée diplômé en psychologie, qui aura la charge de préparer le
dossier de l’orientation et qui suivra les résultats des élèves pour essayer de
découvrir leurs aptitudes et leurs préférences, ce professeur sera aussi le
lien avec le milieu familial et social.
-
L’institution d’une note d’aptitude qui évalue les
compétences de l’élève et ses capacités tout au long de l’année.
-
La prolongation du tronc commun d’une 4ème
année et reporter l’orientation pour la fin de la quatrième année, car c’est au
cours de cette année que les aptitudes de l’élève se précisent après voir
dépasser le cap de l’adolescence.[14]
Fin
de la première partie : A suivre : Cliquer ici pour accéder à la deuxième partie
Hédi Bouhouch & Mongi Akrout,
Inspecteurs généraux retraités
Tunis ; octobre 2015
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les références juridiques : première partie ».; Blog pédagogique
Bennour,
A : « A propos de le réforme éducative :les
références de la réforme scolaire : deuxième partie » ; Blog pédagogique
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Bouhouch et Akrout . Rapport de la commission sur
l’enseignement secondaire[1] L’Action 18-9-1967, ; Blog pédagogique
Jerbi,A. La politique éducative ou quelle
politique éducative pour quelle réforme de l'éducation?
Boukhari . O. la gouvernance du système éducatif
tunisien
Bennour, A : Les
références de la réforme scolaire : Deuxième partie
Bouhouch et Akrout. Histoire des réformes éducatives en Tunisie
depuis le XIXème siècle jusqu’à no jours : Les réformes de la période
précoloniale (1° partie) . Blog pédagogique
Bouhouch et
Akrout. Histoire des réformes éducatives en Tunisie depuis le XIXème siècle
jusqu’à no jours : les réformes de la période précoloniale(2ème partie) ;
Blog pédagogique
Bouhouch et Akrout.Histoire des réformes éducatives en
Tunisie depuis le XIXème siècle jusqu’à no jours : les réformes de 1958 (1er partie) ; Blog
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Bouhouch et Akrout.Histoire des réformes éducatives en
Tunisie depuis le XIXème siècle jusqu’à no jours : les réformes de 1958 (2ème partie) ; Blog
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Bouhouch et Akrout.Histoire des réformes éducatives en
Tunisie depuis le XIXème siècle jusqu’à no jours : les réformes de 1958 (3ème partie) ; Blog
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Bouhouch et
Akrout.Histoire des réformes éducatives en Tunisie depuis le XIXème siècle
jusqu’à no jours 3ème partie : Evaluation de la réforme de 1958 et
les tentatives d’adapter le système à l’évolution continue de la réalité :
Les réformes de la période de 1967 à 1969( 1° partie)
Bouhouch et Akrout.
Histoire des réformes éducatives en Tunisie depuis le XIXème siècle jusqu’à no
jours 3ème partie : Evaluation de la réforme de 1958 et les
tentatives d’adapter le système à l’évolution continue de la réalité : Les
réformes de la période de 1967 à 1969 (2ème partie)
L’histoire des réformes scolaires en Tunisie depuis
l’indépendance : CHAPITRE 4 : Les réformes des années soixante- dix et le début
des années quatre-vingt ( partie 1)
http://bouhouchakrout.blogspot.com/2016/02/lhistoire-des-reformes-scolaires-en.html
L’histoire
des réformes scolaires en Tunisie depuis l’indépendance : Chapitre 4 : Les
réformes des années soixante- dix et le début des années quatre-vingt ( partie
2)
L’histoire des réformes scolaires en Tunisie
depuis l’indépendance : Chapitre 4 : Les réformes des années soixante- dix et
le début des années quatre-vingt ( partie 3)
L’histoire des réformes scolaires en Tunisie
depuis l’indépendance : CHAPITRE 4 : Les réformes des années soixante- dix et
le début des années quatre-vingt ( partie 4)
http://bouhouchakrout.blogspot.com/2016/02/lhistoire-des-reformes-scolaires-en_29.html
Les réformes scolaires depuis l’indépendance
: Les commissions permanentes : orientations et recommandations Partie 1
Les réformes scolaires depuis l’indépendance
: Les commissions permanentes : orientations et recommandations Partie 2
Les grandes orientations pour la réforme du
système éducatif tunisien, janvier 1988
http://bouhouchakrout.blogspot.com/2016/03/les-grandes-orientations-pour-la.html
L’enseignement tunisien entre le présent et
l’avenir » par Abou al Kacem Mohamed Kerrou
http://bouhouchakrout.blogspot.com/2016/04/lenseignement-tunisien-entre-le-present.html
[1] M° Khelil
fut -Sous-directeur de
l’Enseignement Technique et Professionnel au Ministère de l’Education :
1971-1973. Directeur de l’Enseignement Secondaire :1974-1981. Directeur des Examens Scolaires et des
Concours Professionnels :1981-1983. Il quitta le ministère de l’éducation pour
diriger le secteur de la formation professionnelle en tant que Président
Directeur Général de l’Office de la Formation Professionnelle :1983-1987.
Il retrouva Bab bnet en 1987 en tant Secrétaire
d’Etat chargé de l’Enseignement Primaire et Secondaire :1987-1988. Puis Ministre
de l’Education :1988-1989. Après
avoir quitter le Ministère , il sera élu député pour deux mandats successifs 1989-1994
et 1994-1999.où il présidera la Commission de l’Education, de la Culture et de l’Information
[2] Il s’agit de Mohamed Frej
Chedly qui occupa le poste de 1980 /1986
[3] RCD : Rassemblement
constitutionnel démocratique est le
parti politique tunisien fondé le 27 février 1988 à la place parti socialiste destourien
[4] Parmi ces décisions,
celles décidées par le professeur Amor Chadli comme la suppression de
certaines directions régionales de l’enseignement secondaire, le limogeage de
directeurs de l’administration centrale au cours de réunion de travail, retour
à la rentrée le 1er octobre et retour au régime trimestriel , retour
au français à la 1er année de l’école primaire… ou celles prises par
Abdelaziz Ben Dhia qui changea les conditions d’admission et de rachat au
baccalauréat par deux fois ( la deuxième fois après les délibérations de la
première session et le départ des jurys) , ce cafouillage poussera le
gouvernement a décrété une nouvelle session spéciale au mois de cseptembre1986.
[5] Ces données ont été puisées
dans « le rapport sur le VI ème ^lan de l’éducation 1982-1986 ,
République tunisienne , Ministère de l’éducation nationale, p 1.
[7] L’article 2 parle « d’un enseignement obligatoire de Six à
12 ans »
[8] Voir le résumé de l’intervention du ministre dans la revue
« les échos de l’éducation » n° du mois de décembre 1982, p 16-19.
[9] Toutes ces informations sont extraites du discours du ministre
déjà cité
[10] Le rapport sur l’école de
base 1984 ?
[11] Mokhtar Ben Ammar,
vers une école de base arabisée, bulletin pédagogique de l’enseignement
secondaire, nouvelle série, n°1, Mai 1983, PP 41/42
[12] La commission était constituée par MM.Abdelaziz ben Hsan -
président - ( directeur général des programmes) , Sadok Gouider - Rapporteur -
( directeur des examens) , Mohsen Ben jmaa( directeur de l’enseignement
secondaire) , Abdelmajid Dhouib ( inspecteur général) , Mde Hédi Khill,
Mustapha ben Nejma, Mohamed Fayala, Ahmed Zghall, Mohamed Zbouna ( Membres)
[13] Le circulaire n° 76 du 16 mars 1978 et le
circulaire n° 33 du 28 février 1979.
[14] Mohamed Zbouna : propos et propositions autour de
l’orientation scolaire, Bulletin pédagogique de l’enseignement secondaire , N°1
, Mai 1983, pp 35/40 . (L’auteur est un ancien de l’école normale supérieure,
licencié d’arabe, a été durant une
longue période directeur régional de l’enseignement).
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