lundi 11 avril 2016

Les grandes réformes scolaire depuis l’indépendance( Partie V ) : les années quatre- vingt : les travaux préparatoires de la réforme de 1991


Nous abordons l’histoire des années quatre –vingt, par le témoignage d’un acteur direct de cette période ; il s’agit du Ministre de l’éducation nationale, M° Mohamed Hédi Khelil,[1] qui a nous a fait l’honneur et le plaisir d’introduire l’étude de cette période.   



Au cours de cette décennie, six ministres se sont succédés à la tête du département, dont le premier[2] d’entre eux est resté cinq années de suite ; il s’est entouré d’un cabinet composé de cadres de l’enseignement primaire, n’ayant aucune expérience de l’enseignement secondaire, technique et professionnel, ni même de l’évolution des technologies pédagogiques dans le monde. Cette période s’est caractérisée par un laxisme absolu et une allergie à toute initiative de rénovation. Le Ministre s’est efforcé de chercher des justifications incompréhensibles pour entraver les propositions du 6ème plan relatives à la réforme du système éducatif, et notamment l’instauration de l’école de base. Il a fallu attendre le remaniement ministériel de mai 1987 et l’arrivée du Ministre Med Sayeh, secondé par Med Hédi Khelil (secrétaire d’état), pour que s’engage une réflexion profonde sur le système éducatif, et surtout régulariser la situation de droit du système régi par une loi périmée, celle de 1958.
Des mesures urgentes relatives à l’aménagement des programmes et à l’organisation des services régionaux ont été adoptées à la rentrée 1987/89.
Le maintien de Med Hédi Khelil, au poste de secrétaire d’état de l’enseignement primaire et secondaire, pour assister le ministre Tijani Chelly, en novembre 1987, a permis de poursuivre les travaux engagés et d’accélérer le chantier éducatif en créant :Une commission chargée de la réforme, 14 commissions permanentes groupant des éducateurs appartenant aux trois ordres d’enseignement. ;9 commissions spécialisées chargées d’étudier les questions relatives aux horaires, à l’orientation, à la formation des enseignants…Et une commission pour l’école de base.
La nomination de Med Hédi Khelil à la tête du ministère de l’éducation, en avril 1988, a facilité l’aboutissement des travaux en juin 1988, par l’élaboration d’un document intitulé :   « Réforme du système éducatif : les grandes orientations et le cadre juridique ».
Les conclusions de ce rapport ont été soumises au premier congrès du parti au pouvoir, le RCD[3], qui les a adoptées dans sa motion générale sur l’éducation ; puis, les lignes directrices de la réforme ont fait l’objet d’une consultation auprès des parties politiques des organisations nationales et du conseil économique et social, avant d’être soumises au conseil supérieur de l’éducation qui s’est réuni en session ordinaire, le 6 janvier 1989, sous la présidence du premier Ministre.
Par ailleurs, la fin de la décennie sera marquée par des mesures caractéristiques :
§  L’introduction progressive de l’Ecole de base à partir de la rentrée 1989/1990.
§  L’introduction progressive de l’enseignement de l’informatique et l’ouverture du centre Bourguiba de l’informatique (CBMI)
§  Le démarrage de l’enseignement des droits de l’homme
§  L’orientation vers l’enseignement professionnel à partir de la 9ème année et non plus après six ans d’enseignement primaire.
Mohamed Hédi Khelil, ancien ministre de l’éducation nationale
Tunis, Mars 2016


Introduction :
En dépit des différentes mesures administratives et pédagogiques qui ont été prises au cours des années soixante- dix, l’amélioration du taux de scolarisation au niveau de l’école primaire et le développement de l’infrastructure de base ne furent pas accompagnés d’une amélioration qualitative des acquis des élèves et du rendement du système ; les taux d’échec et d’abandon étaient encore élevés.  
C’est  la raison pour laquelle les années quatre- vingt furent des années de réflexion, de cogitations et d’analyses, centrées sur les grandes questions de l’éducation ;  de nouveau, on met sur la table les mêmes problèmes récurrents, à savoir le redoublement, l’abandon  et le décrochage scolaire précoce; d’une façon générale, la question de l’échec scolaire et ses rapports avec les programmes scolaires, le système d’évaluation et de passage, l’orientation scolaire et les sections et les différentes filières de l’enseignement.
Cette réflexion et les conclusions des différentes commissions avaient préparé le terrain à la deuxième grande réforme de l’enseignement en Tunisie : la réforme de 1991.

I.Le contexte général
Cette nouvelle étape coïncide avec l’accession de Mohamed Mzali au poste de premier ministre le 23 Avril 1980, succédant à Hédi Nouira que la maladie avait contraint à se retirer ; ce fut une décennie très difficile sur tous les plans :
1.    Sur le plan politique :
Le régime est entré dans une phase de faiblesse et de fragilité, causées par les luttes entre les différentes factions de la classe politique au pouvoir, à propos  de la succession du président Bourguiba, très diminué par la maladie, et de plus en plus isolé et sous l’influence de quelques personnes, surtout après avoir écarté ses plus proches conseillers, comme son fils  Bourguiba junior  ( lé 7 janvier 1986), puis sa femme Wassila Bourguiba (le 11 août 1986 ), et enfin son vieux compagnon et secrétaire particulier, Allala Laouiti .
Au milieu des années 80, le pays traversa une série de crises politiques et sociales successives, suite à la falsification des élections générales de novembre 1981 ; parmi ces crises, nous citons  la révolte du pain, du 3janvier 1984, suite à la décision d’augmenter le prix du pain ; la crise avec le voisin libyen et l’expulsion de 32000  ouvriers tunisiens du sol libyen, dans des conditions dramatiques ; les incidents armés de Gafsa qui ont suivi ces expulsions; et enfin la crise entre le gouvernement  et les dirigeants de la centrale syndicale qui ont été évincés et remplacés par une direction soutenue ( les shourafa) par le premier ministre.
Toutes ces crises ont entamé le crédit et l’image du premier ministre, Mohamed Mzali, surtout après l’échec de sa tentative de démocratiser la vie politique et d’établir des contacts avec l’opposition non reconnue, comme les islamistes ; la machine politique semble être en panne et tout le monde est en attente.
2.    Sur le plan économique
Le pays a connu une grave crise financière suite à la chute des prix du pétrole et la lourdeur de sa dette extérieure, en 1986, pour la première fois le pays enregistre un taux de croissance négatif et a du se soumettre aux exigences des institutions financières internationale et entamer un programme d’ajustement structurel (P.A.S), en 1986.
3.    Sur le plan de l’éducation et de l’enseignement,
 La situation était marquée par :
§  la persistance  des mêmes tares, malgré les réformes et les mesures prises au cours de la décennie précédente ( 1970 /1980): l’amélioration des taux de scolarisation , surtout au niveau de l’enseignement primaire ne fut pas accompagnée d’une amélioration qualitative au niveau des acquis des élèves ; le rendement de l’école reste très faible, et l’échec scolaire est devenu endémique ; ainsi 20% des garçons et  30% des filles interrompent leurs études avant d’atteindre la 6ème année de l’enseignement primaire.

§  La succession de six ministres,   (voir tableau ci-dessous) ; le professeur Mohamed Frej Chadli  était le seul à être resté au poste une longue période (6 ans), quant aux cinq autres ministres, leur passage fut si court (entre moins de trois mois pour le professeur Abdelaziz Ben Dhia, et une année (pour Mohamed Al Hédi Khelil), pour qu’ils aient eu le temps de faire quelque chose de durable, d’où les décisions biscornues prises par certains d’entre eux[4].
En dépit de cela,  la première moitié de la décennie a été marquée par l’ouverture de plusieurs dossiers importants, comme le dossier de l’école de base; et après une période de turbulence, à la fin de la décennie, la réflexion reprend et a permis  de prendre des décisions très importantes, comme le démarrage de la mise en place de l’école de base, et   l’émergence de l’idée  de concevoir une nouvelle loi de l’éducation qui remplacerait la loi de 1958 ; tout ceci a  préparé le terrain à la réforme de 1991.

Les différents ministres de la décennie quatre-vingt

Nom et prénom
période
1
Mohamed fraj Chedly
24/4/80 - 5/5/86
2
Abdelaziz Ben Dhia
5/5/86- 3/7/86
3
Amor Chedly
3/7/86 -16/5/87
4
Mohamed Sayah
16/5/87 - 7/11/87
5
Tijani Chelly
7/11/87 - 12/4/88
6
Mohamed El Hédi Khelil
12/4/88 - 11/4/89


II.            La première phase (1980/1987) : ouverture des grands dossiers
Les débuts de la décennie, qui correspond à la période du ministre Frej Chedly, fut marquée par l’ouverture de plusieurs dossiers importants, comme :
1.    Le dossier de l’école de base
Au vu des différents paramètres et indices (taux de scolarisation, redoublement, décrochage et échec scolaire), la volonté des planificateurs s’est orientée, au cours de la préparation du 6ème plan de développement, vers la mise en place de « l’école de base » ; la note  d’orientation du 6ème plan ( 1982-1986) a évoqué « la nécessité de réaliser le projet de l’école de base qui était considéré comme un projet économique et social » ; au cours  « d’une séance plénière  de la commission nationale sectorielle de l’éducation nationale, tenue le 29 avril 1981, sous la présidence du Ministre de l’éducation , a approuvé les rapports issus des trois sous commissions ( celle de l’enseignement primaire, celle de l’enseignement secondaire et celle de l’école de base .» [5]
« Les travaux de la commission nationale avaient été mené dans une double direction :
La première visait « l’amélioration du fonctionnement du système d’enseignement dans le cadre des structures existantes,» 
La deuxième prévoyait de « se pencher sur l’étude d’une réforme globale du système éducatif et présenter la première esquisse d’une école de base de 8 ou 9 ans  , en continuité avec l’esprit de la note d’orientation pour le VI ème plan élaborée par le Ministère du plan et des finances » qui a considéré «  la réforme du secteur éducatif , a coté de huit autres réformes, comme prioritaire pour la décennie 1982/1991. »[6]  
C’est ainsi que conformément aux recommandations de la sous commission de l’école de base, « une commission technique fut chargée de poursuivre et d’approfondir la réflexion sur le système éducatif en liaison avec les autres commissions consultatives … et surtout avec celle issue du Ministère du plan et des finances »   
Mais, devant les divergences de vue entre le ministère de l’éducation et celui du plan et des finances, le bureau politique  du parti ( PSD) décida de créer une commission nationale présidée par Hamed Karoui et avec Mondher Gargouri comme rapporteur ( représentant du ministère du plan et des finances), la commission, après 35 réunions, a recommandé la mise en place de l’école de base, en affirmant que le budget de l’état est capable de supporter les dépenses nécessaires.
Seulement, certaines parties étaient opposées au projet (luttes internes), le ministère s’est allié au côté des réticents ; pour cela, il a chargé ses services de revoir l’évaluation du coût pour monter que le pays n’était pas capable de le financer en ce moment ; c’est ainsi que le projet de l’école de base entra en hibernation, provisoirement.
Il faudrait rappeler que ce nouveau concept - l’école de base -  s’inscrit dans un courant mondial qui tend vers une réorganisation de scolarisation, en liant la période de 12/ 15 ou 16 ans, à la période qui la précède (6/12 ans) ; cette orientation va amener vers une évolution du concept de l’enseignement obligatoire, tel qu’il est défini par la loi de 1958 (ART 2),[7] pour l’étendre jusqu’à 16 ans, l’âge légal autorisant l’emploi des jeunes.
a.    Le Ministre Frej Chedly présente sa vision de l’école de base
A la rentrée 1982/83,  s’est tenue une grande réunion ( le 5 novembre 1982), à Sousse, en présence du Ministre  en personne, à qui on convia le corps des inspecteurs du primaire et du secondaire ; cette réunion fut consacrée à la question de l’école de base[8] ; le ministre en profita pour présenter le projet de l’école de base, ses objectifs, son organisation et les moyens que sa mise en place nécessiterait, en insistant sur les points suivants :
§  Le projet de l’école de base fait partie d’une vision globale, qui vise à réformer le système éducatif dans son ensemble ; il est un élément d’un tout, mais cet élément constitue le point de départ. C’est la base,  que chaque enfant devrait acquérir  en termes de savoir, qui va lui permettre d’entamer sa vie, soit en poursuivant ses études, ou en intégrant la vie active ; l’école de base n’est ni l’enseignement primaire,  ni le premier cycle de l’enseignement secondaire dans leur conception classique; elle est les deux à la fois, mais avec une nouvelle vision et une nouvelle optique.
§     la mise en place de l’école de base vise à réaliser plusieurs objectifs à la fois, dont celles-ci :
-       Maintenir l’enfant le plus longtemps avant la poursuite de son     enseignement secondaire, puisque chaque élève va suivre des études durant 9 ans qui vont lui permettre d’avoir une formation qui l’aidera à affronter l’avenir.
-       Suivre le mouvement du progrès scientifique et technologique … Il ne peut y avoir d’école de base tant qu’on n’intègre pas dans ses programmes les activités manuelles, pour préparer l’enfant à la vie pratique.
-       Responsabiliser de plus en plus l’enfant, le préparer à devenir autonome et plus efficace, et plus apte à réussir dans la vie.
Le ministre a précisé qu’on ne peut penser à mettre en place l’école de base tant que mous ne disposons pas des locaux et des enseignants qui répondent à nos besoins, et il avança trois scénarios :
-       Le premier est la mise en place de l’école de base année par année ; cela va nécessiter 9 ans pour achever le projet.
-       Le deuxième prévoit le démarrage depuis la quatrième année, puisque les trois premières années sont homogènes n cela va demander 6 ans.
-       Le troisième scénario prévoit le démarrage simultanée de la 1er et de la 7ème, le montage demanderait ainsi 3 ans, en partant d’en haut, et 6 en partant d’en bas.

Le ministre a informé les présents que c’est le deuxième scénario qui fut retenu, car les deux autres présentaient des inconvénients majeurs, en comparaison avec le deuxième.

Les études durent 9 années à l’école de base, divisées en trois cycles de trois années chacun ; le passage d’une classe à l’autre d’une façon quasi automatique, le taux de passage devrait être autour 90%, le redoublement ne devrait pas dépasser 6%, et l’abandon autour de 4%. Pour atteindre ces objectifs, nous devons :
-         assurer les conditions pédagogiques et les moyens éducatifs qui permettent aux élèves d’assimiler les cours qui leurs sont présentés et les préparent à recevoir d’autres apprentissages
-         réduire la taille des classes, en fixant le nombre d’élèves par classe à 30 au maximum, par la construction de nouvelles salles de classe ( 3800 salles en 1984 , et de nouveaux laboratoires  pour arriver à la moyenne de 225  élèves par labo pour les classe de 4ème 5ème et 6ème année, et une moyenne de 150  élèves par labo pour les classe de 7ème 8ème et 9ème année)
-         augmenter l’horaire hebdomadaire pour atteindre 25 heures pour les trois premières années et 30 heures pour la 4ème ,5ème et 6ème année.
-         Former 10600 instituteurs et institutrices pour les six premiers niveaux, sur la base de 25 heures par instituteur, et 5400 professeurs pour les trois niveaux suivant, sur la base de 18 heures par professeur.
§  L’école de base constitue une entité autonome, ce qui nécessite une révision des programmes actuels qui doivent répondre à la nouvelle vision,  et en tenant compte de la nouvelle structure de l’enseignement qui fait que tout cycle  (école de base / enseignement secondaire)  constitue une entité indépendante.
§  L’école de base est sanctionnée à la fin de la 9ème année par un concours qui permet à ceux qui le réussissent d’accéder à l’enseignement secondaire ; ce dernier prépare les élèves au diplôme de l’enseignement secondaire, qui n’ouvre pas les portes de l’université à ceux qui l’obtiennent ; l’accès à l’enseignement supérieur se fera par voie de concours organisés par les facultés et les instituts supérieurs.
§     Le ministre a évoqué aussi plusieurs autres questions qui étaient encore en suspens, comme la question de l’espace qui va accueillir l’école de base, le profil de ses enseignants et du cadre administratif. [9]

b.    Les commissions techniques régionales étudient le projet

Le ministère, chargé de ce dossier, avait désigné l’inspecteur général Mohsen Mezghanni,  pour s’occuper du dossier ; en 1983, une commission fut former dans chaque gouvernorat présidée par le directeur régional de l’enseignement secondaire, ou par le délégué régional de l’enseignement primaire, et regroupant des enseignants, des directeurs et des inspecteurs représentant les deux degrés de l’enseignement ; chaque commission fut appelée à étudié les différents aspects de la question et d’émettre les propositions et les avis de la région ; une commission nationale présidée par l’inspecteur général fera la synthèse des rapports régionaux et soumettra son rapport final au ministre de l’éducation.
Les commissions avaient travaillé sur les objectifs de l’école de base et sur ses différents cycles ou degrés ; elles ont aussi fixé les grandes lignes des programmes, en mettant en avant le travail manuel et l’enseignement  technologique, et prévoyant les ateliers et les équipements nécessaires ; les commissions avaient aussi traité la question du passage de la 6ème à la 7ème de l’école de base , et la question des espaces et des locaux et ont  fait des propositions  au sujet du regroupements des petits élèves avec les élèves au seuil de l’adolescences, au cas où la décision d’adopter un espace unique pour l’école de base.
La commission nationale a achevé ses travaux au cours de l’année 1983/84 ; Le président a remis son rapport au ministre en 1984 ; [10] la position du ministère n’était pas claire, vis-à-vis du rapport, qu’il n’avait ni rejeté ni adopté ; il a eu une position attentiste, et a décidé de le reporter à plus tard, en raison du coût du projet, au moment où le pays traversait d’énormes difficultés financières; mais le débat sur l’école ne s’est pas arrêté pour autant, certains avaient commencé à donner leurs avis et à émettre des recommandations par la voie de la presse ou des revues spécialisées ; la question de la langue de l’école de base fut, peut être, celle qui polarisa les discussion. Mokhtar Ben Ammar, inspecteur principal des sciences naturelles et sous- directeur des examens, défendait, dans un article paru dans le bulletin pédagogique, l’idée d’utiliser la langue arabe à l’école de base : « l’unification de la langue d’enseignement est devenue aujourd’hui une nécessité pour affermir la personnalité nationale et pour améliorer le rendement scolaire d’une manière utile et évidente.»[11]

2.    L’évaluation du système du contrôle continu au secondaire
Dix ans après l’adoption du  système du contrôle continu  pour évaluer les élèves des collèges et des lycées, le ministère a chargé une commission[12] en octobre 1983 «  de revoir le régime du contrôle continu , et surtout les aspects négatifs qui sont apparus au cours de son application  et d’essayer de concilier entre l’ancien système des examens trimestriels et le contrôle continu » , la commission est appelé aussi à étudier les moyens d’alléger le système , de réviser les types de tests et de trouver une formule de coordination entre les professeurs et entre les disciplines »
La commission a remis son rapport au ministre le 19 octobre 1983, dans lequel nous trouvons les propositions suivantes :
-          Le maintien du contrôle continu au niveau de l’écrit, de l’oral et des travaux pratiques.
-          L’allègement du système par la réduction du nombre de tests et de devoirs écrits, ce nombre devrait être proportionnel à l’horaire de chaque matière
-          Programmation de devoirs de synthèse à la fin de chaque trimestre et leur attribuer un coefficient deux (2), soit le double de celui attribué aux devoirs ordinaires et aux tests.
-          Traiter les cas d’absence (sanctionner les absences par la note Zéro ou refaire passer le devoir en cas d’absence justifiée).
-          Habituer les élèves des classes terminales aux conditions de l’examen du baccalauréat à la fin de chaque semestre.
La direction des programmes a adopté la plupart des recommandations du rapport et les a inclus dans la nouvelle circulaire du contrôle continu de l’année scolaire 1984/85, le système du contrôle continu va connaitre d’autres amendements au cours des années 90 et les années suivantes.
3.    Le dossier de l’orientation scolaire
Les critères utilisés au cours de l’orientation des élèves à la fin de la troisième années de l’enseignement secondaire long étaient la cause de plusieurs problèmes : alors que les textes recommandent de tenir compte de deux facteurs dans l’orientation , le premier est la capacité d’accueil des différentes sections ,le deuxième est l’ aptitude de l’élève selon ses moyennes annuelles dans les matières littéraires et les matières scientifiques[13], et malgré la recommandation d’organiser des réunions préparatoires pour suivre les résultats des élèves et découvrir leurs aptitudes, l’orientation se faisait uniquement sur la base des résultats scolaires (  surtout les moyennes annuelles des matières principales).
Cette pratique a engendré une explosion des demandes de réorientations chaque année soit à la fin de la 4ème et même à la fin de 5ème.
D’un autre coté, les membres des conseils d’orientation, qui se tiennent à la fin de chaque année scolaire dans les établissements ,ont remarqué qu’une catégorie d’élèves qui ont la moyenne annuelle générale, sans avoir obtenu la moyenne de 9 sur 10 dans les matières principales, mais leur profil ne s’est pas encore précisé d’une façon très nette pour être orienté vers l’une des sections ; ces cas sont à l’origine du  retour de la  question   sur les critères de l’orientation ; faut- il tenir compte des résultats quantitatifs ou des aptitudes , ou des deux à la fois ?
C’est cette dernière option qui fait l’unanimité chez les parents et chez les enseignants, mais sa mise en application nécessite la présence de spécialistes   de l’orientation et la préparation d’un dossier pour de suivi pour chaque élève, toutes ces problématiques ont été à l’origine d’une série de propositions pour améliorer le système de l’orientation, comme :
-         La révision des textes en vigueur pour y intégrer de nouveaux critères.
-         La création d’une fonction de professeur orienteur dans chaque lycée diplômé en psychologie, qui aura la charge de préparer le dossier de l’orientation et qui suivra les résultats des élèves pour essayer de découvrir leurs aptitudes et leurs préférences, ce professeur sera aussi le lien avec le milieu familial et social.
-         L’institution d’une note d’aptitude qui évalue les compétences de l’élève et ses capacités tout au long de l’année.
-         La prolongation du tronc commun d’une 4ème année et reporter l’orientation pour la fin de la quatrième année, car c’est au cours de cette année que les aptitudes de l’élève se précisent après voir dépasser le cap de l’adolescence.[14]

Fin de la première partie : A suivre : Cliquer ici pour accéder à la deuxième partie

Hédi Bouhouch & Mongi Akrout, Inspecteurs généraux retraités
Tunis ; octobre 2015
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Les grandes orientations pour la réforme du système éducatif tunisien, janvier 1988

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L’enseignement tunisien entre le présent et l’avenir » par Abou al Kacem Mohamed Kerrou

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[1]  M° Khelil  fut  -Sous-directeur de l’Enseignement Technique et Professionnel au Ministère de l’Education : 1971-1973. Directeur de l’Enseignement Secondaire :1974-1981.  Directeur des Examens Scolaires et des Concours Professionnels :1981-1983. Il quitta le ministère de l’éducation pour diriger le secteur de la formation professionnelle en tant que Président Directeur Général de l’Office de la Formation Professionnelle :1983-1987. Il retrouva Bab bnet en 1987  en tant Secrétaire d’Etat chargé de l’Enseignement Primaire et Secondaire :1987-1988. Puis Ministre de l’Education :1988-1989.  Après avoir quitter le Ministère , il sera élu député pour deux mandats successifs 1989-1994 et 1994-1999.où il présidera la Commission de l’Education, de la Culture et de l’Information  

[2] Il s’agit de Mohamed Frej Chedly qui occupa le poste de 1980 /1986
[3] RCD : Rassemblement constitutionnel démocratique est le  parti politique tunisien fondé le 27 février 1988  à la place parti socialiste destourien
[4] Parmi ces décisions,  celles décidées par le professeur Amor Chadli comme la suppression de certaines directions régionales de l’enseignement secondaire, le limogeage de directeurs de l’administration centrale au cours de réunion de travail, retour à la rentrée le 1er octobre et retour au régime trimestriel , retour au français à la 1er année de l’école primaire… ou celles prises par Abdelaziz Ben Dhia qui changea les conditions d’admission et de rachat au baccalauréat par deux fois ( la deuxième fois après les délibérations de la première session et le départ des jurys) , ce cafouillage poussera le gouvernement a décrété une nouvelle session spéciale au mois de cseptembre1986.
[5] Ces données ont été puisées dans «  le rapport sur le VI ème ^lan de l’éducation 1982-1986 , République tunisienne , Ministère de l’éducation nationale, p 1.
[6]  Opt cité P 1
[7] L’article 2 parle « d’un enseignement obligatoire de Six à 12 ans »
[8] Voir le résumé de l’intervention du ministre dans la revue « les échos de l’éducation » n° du mois de décembre 1982, p 16-19.
[9] Toutes ces informations sont extraites du discours du ministre déjà cité
[10] Le rapport sur l’école de base 1984 ?
[11]  Mokhtar Ben Ammar, vers une école de base arabisée, bulletin pédagogique de l’enseignement secondaire, nouvelle série, n°1, Mai 1983, PP 41/42
[12] La commission était constituée par MM.Abdelaziz ben Hsan - président - ( directeur général des programmes) , Sadok Gouider - Rapporteur - ( directeur des examens) , Mohsen Ben jmaa( directeur de l’enseignement secondaire) , Abdelmajid Dhouib ( inspecteur général) , Mde Hédi Khill, Mustapha ben Nejma, Mohamed Fayala, Ahmed Zghall, Mohamed Zbouna ( Membres)
[13] Le circulaire n° 76 du 16 mars 1978 et le circulaire n° 33 du 28 février 1979.
[14] Mohamed Zbouna : propos et propositions autour de l’orientation scolaire, Bulletin pédagogique de l’enseignement secondaire , N°1 , Mai 1983, pp 35/40 . (L’auteur est un ancien de l’école normale supérieure, licencié  d’arabe, a été durant une longue période directeur régional de l’enseignement).

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