dimanche 19 octobre 2014

Point de vue sur la nouvelle façon de calcul de la moyenne annuelle générale à l'examen du baccalauréat



  NOUS SOMMES HEUREUX D'OUVRIR, CETTE SEMAINE, LE BLOG PÉDAGOGIQUE A NOTRE  HONORABLE COLLÈGUE   ALI RAHMOUNI  INSPECTEUR GÉNÉRAL DE L'EDUCATION , POUR PARTAGER  SES RÉFLEXIONS  AU SUJET DE LA  RÉVISION DU MODE DE CALCUL DE LA MOYENNE ANNUELLE  AU BACCALAURÉAT DÉCIDÉE CET ÉTÉ PAR LE MINISTÈRE. 

ALORS BONNE LECTURE ET N’HÉSITER PAS DE NOUS FAIRE PART DE VOS RÉACTIONS ET VOS COMMENTAIRES
Hédi Bouhouch & Mongi Akrout 



Dans un souci de participer  au débat sur la question du calcul des résultats du contrôle  continue dans la moyenne finale de l'examen du baccalauréat, surtout après que les choses se sont  précisées relativement et la situation est devenue plus claire, suite aux décisions relatives à l'éducation, du Conseil des ministres au cours de l’été passé, et en particulier la procédure de révision de la méthode de calcul des résultats du contrôle continu dans la moyenne finale du baccalauréat.
 Nous  avons voulu transmettre aux décideurs, et en particulier aux commissions  techniques qui se penchent sur le sujet à l'heure actuelle ces quelques réflexions.
1.    rappel des principales décisions et de leurs  mobiles
Le ministère de l'Éducation a publié sur sa page officielle un communiqué [1]  dans lequel il annonce «les décisions duConseil des Ministres tenu le 27 Août 2014 relatives aux questions de l’éducation,
On y trouve en particulier à propos de la question qui nous intéresse les décisions suivantes :« la révision des modalités de la valorisation du travail au cours de l’année scolaire et du rachat :  la révision  de la modalité  du calcul de la moyenne  finale du baccalauréat  en accordant à la moyenne annuelle générale de la quatrième année  le taux 20%  au lieu de 25 % habituel , à condition que l'écart entre la moyenne de l'examen du baccalauréat et la  moyenne annuelle générale ne dépasse pas  trois  points (03), de manière à assurer la qualité et l'équité » et « le maintien du rachat dans la session principale et la session de contrôle pour les élèves dont la moyenne annuelle générale est égale au moins à 10 sur vingt , le conseil des ministre a en outre recommandé de revoir les conditions et les critères du rachat de manière à garantir l’intérêt suprême de l’élève et la qualité des outputs du système éducatif »
La nouvelle procédure comprend quatre composantes:
    Le maintien du principe de la valorisation  des résultats du contrôle continue des candidats,
   La réduction du poids de la moyenne annuelle générale de 25 à 20 %,
   L’introduction d’une nouvelle  condition pour limiter les abus, un plafond est institué,  l’écart entre la moyenne de l'examen et la moyenne annuelle ne doit pas dépasser  3 points,
    Le maintien du mécanisme du rachat  après révision des ses conditions et de ses critères.
Quant aux raisons et les motivations annoncées, elles sont au nombre de trois:

   Réviser les modalités de la valorisation de l’effort de l'élève au cours de l'année scolaire,
    Garantir la qualité des outputs de l’école,
    Respecter le principe de l'équité.
La dernière phrase du paragraphe du communiqué du ministère résume parfaitement les raisons de ces mesures, on y lit   que toutes ces mesures visent à "assurer le meilleur intérêt de l'élève et améliorer la  qualité des  produits du  système éducatif."
Quant aux raisons implicites et sous entendues, elles visent à  mettre un terme aux dérives qui avaient  entaché  l’application des 25 %  ces  dernières années et la propagation du phénomène de l'amplification des moyennes annuelles, ce qui a permis à plusieurs centaines de  candidats d'obtenir le diplôme de baccalauréat avec des moyennes à l’examen très faibles.
2.    L’application des nouvelles procédures et les interprétations possibles
Nous voulons  commencer par  reconnaitre que le ministère a pris une décision saine et courageuse, et nous  lui souhaitons du succès. dans un souci de lui assurer les meilleures conditions de succès et pour prévenir   des dérives  possibles,  nous  présentons  les observations suivantes, en accord avec les motivations du ministère  annoncées plus haut.
§  La nouvelle procédure a fixé  un plafond  pour profiter des résultats du contrôle continu
a.     la nouvelle procédure a fixé  à  trois points (03)  l’écart maximal  entre la moyenne  de l’examen (ME) et la moyenne  annuelle générale en 4ème année (MAG) pour intégrer ce dernier dans le calcul de la moyenne finale du baccalauréat (MB).
b.    Et elle a réduit le poids de la moyenne annuelle générale (MAG) de 25 %  à 20 % seulement.
De telle façon que si la moyenne à l’examen est inférieure à la moyenne annuelle générale, la première comptera pour 80% et la seconde pour 20% à condition que l’écart entre les deux, soit inférieur à trois points, dans ce cas la moyenne finale du baccalauréat sera calculée selon la  formule suivante :

MB = ( 4 ME+MA) / 5 =( 4 ME+ME+ D) / 5 = ( 5 ME+ D) / 5  = ME + D/5
ME = Moyenne de l’examen .MA = Moyenne annuelle générale en 4ème année
MB = Moyenne finale du baccalauréat.    D   = MA - ME
 Or puisque D doit être inférieur à trois (03), le gain maximum possible dans tous les cas de figure  sera de 0.60.


L’application de cette procédure permet indiscutablement de «  préserver la qualité des outputs du système éducatif » puisque la moyenne minimale nécessaire pour être admis sans rachat doit être de 9.40  à l’examen(ME) et celle nécessaire pour pouvoir profiter des mesures de rachat est de 8.40 à l’examen(ME).
§  Les éventuels problèmes  qui pourraient  se poser lors de l'application  
Le  communiqué du ministère a exigé: « un plafond  de 3 points pour l’écart entre la moyenne de l'examen et la moyenne  annuelle générale  pour tenir compte de ce dernier dans le calcul de la moyenne finale du bac."
Cette phrase ou cette exigence peut  avoir au moins deux interprétations, et peut donc être appliquée de deux façons:
*   La première consisterait à ne pas considérer la moyenne annuelle générale  si l’écart  dépasse le plafond de 3 points.
Dans ce cas la moyenne annuelle ne seras pas prise en considération, et la moyenne finale du baccalauréat sera égale à la moyenne obtenue à l’examen.
Prenons un exemple pour illustrer ce cas ; un candidat qui  obtient à l'examen une moyenne  de 9,45 sur 20 , et ayant  au cours de l’année scolaire  moyenne annuelle 13.24 sur 20; dans ce cas, la différence est 3,79, elle dépasse le plafond, la moyenne  annuelle ne sera pas considérée, et la  moyenne finale  sera celle obtenue  à l’examen  c'est-à-dire 9,45. Ce candidat risque de ne pas décrocher son bac, s’il ne remplit pas  les conditions de rachat.
 Les  jurys de l'examen vont se retrouver au mois de juin  face à et des situations  très délicates  quand ils seront obligés  de prendre des décisions inéquitables et injustes, et  afin d’illustrer ces situations, en voici quelques échantillons.
Nous supposons que les deux candidats  a et b  remplissent les conditions de rachat et le reste des candidats ne les remplissent pas :   
candidat
Moyenne examen
Moyenne annuelle
différence
Moyenne finale
décision
a
8.50
11.45
2.95
09.09
Admis passable
b
8.55
11.60
3.05
08.55
contrôle
c
9.60
11.60
2
10.00
Admis passable
d
9.90
12.91
03.01
9.90
contrôle
e
7.40
10.40
03.00
08.00
Refusé
f
7.98
11.00
03.02
07.98
Refusé
g
11.60
13.60
2
12.00
Admis A.bien
h
11.90
14.91
03.01
11.90
Admis passable

Nous avons voulu  à travers ces exemples  offrir des signaux  pour attirer l’attention sur les   problèmes  ou les dérives possibles au niveau de l’application   ,  le candidat -b- par exemple se retrouve  refusé  alors que,  sa moyenne à l’examen et sa moyenne annuelle  sont  meilleures  que celles obtenues par le candidat - a- (et peut-être que tous les deux sont de la même classe  et de la même école), notre candidat  se retrouve refusé  à cause d’un dépassement du plafond fixé de  0.05 point . Dans de tel cas, le candidat peut être sanctionné à cause de ses bons résultats au cours de l'année scolaire qui reflètent la réalité de son effort, la décision du jury dans de tel cas  ne sera ni juste ni équitable ni même justifiable.
les cas que nous avons présenté dans le tableau précédent ne sont des cas théoriques  , nous sommes certains qu’ils seront présents en grand nombre et vont être à l’origine de plusieurs contestations ,ce qui risque de générer de nombreuses  demandes de révision  des notes du contrôle  continu et des moyennes annuelles ,cette fois, vers la baisse ;sous  prétexte d'erreurs (réelles ou non) lors de la saisie des notes sur les bulletins ou  livrets  ou pour toutes autres raisons.
*   La seconde  interprétation consiste à se limiter à comptabiliser  seulement 3 points  si l’écart entre la moyenne annuelle et la moyenne de l’examen  dépasse le plafond ou la barre des trois points, dans ce cas la moyenne finale sera calculée selon  la formule  suivante:

MB = ( 4 ME+ME + 3) / 5 =( 4 ME+ME+ 3) / 5 = ( 5 ME+ 3) / 5  = ME + 3/5 = ME + 0.6
ME = Moyenne de l’examen .MA = Moyenne annuelle générale en 4ème année
MB = Moyenne finale du baccalauréat.    D   = MA - ME

Pour illustrer cette  deuxième  méthode, nous allons reprendre  les mêmes cas  précédents pour voir l’impact  de la deuxième méthode  sur les résultats des candidats.
Notre candidat qui  avait obtenu  à l'examen de 9,45 de vingt et avait  une année moyenne annuelle 13,24 , la différence étant de 3,79 elle dépasse le plafond autorisé: dans ce cas on retranche ce qui dépasse le  plafond et on ne retient  que 3 points seulement, la moyenne annuelle qu’on retiendrait sera de  12, 45 ; si on suit cette procédure  , on applique la formule suivante pour le calcul de la moyenne finale du baccalauréat :
(9,45 × 4  + 12,45) / 5 = 10,05
Ainsi la nouvelle méthode change la décision et le candidat sera admis avec  la mention passable ; et  si on applique la méthode pour les cas précédemment présentés, en supposant que les deux candidats  a et b  remplissent les conditions de rachat et le reste des candidats ne les remplissent pas :   
candidat
Moyenne examen
Moyenne annuelle
différence
Moyenne finale
décision
a
8.50
11.45
2.95
09.09
Admis passable
b
8.55
11.60
3.05
09.15
Admis passable
c
9.60
11.60
2
10.00
Admis passable
d
9.90
12.91
03.01
10.50
Admis passable
e
7.40
10.40
03.00
08.00
Refusé
f
7.98
11.00
03.02
8.58
Refusé
g
11.60
13.60
2
12.00
Admis A.bien
h
11.90
14.91
03.01
12.50
Admis A.bien

A travers les exemples précédents, nous voyons qu’en appliquant la deuxième méthode  nous arrivons à éviter  les inconvénients engendrés par la première, et à atteindre  les deux objectifs à la fois, à savoir:
   Valoriser l’effort de tous les candidats au cours de l'année scolaire, sans exception, ainsi le principe de  l'équité sera respecté.
    Enrayer l’inflation des notes et des moyennes , car elle ne sert plus à grand chose , puisque désormais  la moyenne  annuelle  maximale qui pourrait profiter à  un candidat pour réussir sans rachat  est de 12.40 et  que  la moyenne annuelle  maximale qui pourrait profiter à  un candidat pour réussir avec  rachat  est 11,40.
3.    Les conditions du rachat
Nous ne pouvions pas terminer ce papier sans dire quelques mots  sur  la question du rachat  et  sur ses conditions.
Pour être pratique,  on va se limiter à une seule et unique  proposition de changement à même  de  garantir  la qualité des outputs du système éducatif ,  nous proposons d’exiger l’obtention d’une note  de 8 sur 20 au moins  dans chacune des matières spécifiques de la  section au lieu et à la place de la condition actuelle qui se limite à exiger  une moyenne arithmétique d’au moins pour les deux matières ( les autres conditionsde rachat seront reconduites sans changement).
Cette dernière proposition (obtention d’une note d’au moins égale à 08 sur 20 dans les matières spécifiques de chaque section) devrait être appliquée sur tous les candidats dans un souci d’équité, c’est une sorte de note éliminatoire qu’on préconise et qui pourrait contribuer à améliorer la  qualité des  produits du  système éducatif en corrigeant les effets négatifs du jeu de la pondération dans  le calcul de la moyenne à l’examen.
Pour conclure nous émettons le souhait que ces réflexions qui sont le produit d’une longue expérience en tant que président de jury de correction ou de président de centre de correction du baccalauréat puisse aider les décideurs à trouver  la formule qui « assure l’intérêt  suprême de l'élève, réalise  la  qualité des  produits du  système éducatif " et préserve les acquis de l’école tunisienne.
Ali Rahmouni , Inspecteur général de l'éducation à la retraite
Tunisie, Octobre 2014

Le texte est traduit par Hédi Bouhouch  et Mongi Akrout

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