Le premier extrait: extrait discours du Directeur de
l'Enseignement ( Louis Machuel) en février 1904, à l’occasion de
l'inauguration solennelle du groupe des écoles primaires supérieures de Sfax par
M. Mougeot, Ministre de l'Agriculture du Gouvernement français et le Résident
général, M. Stephen Pichon.
Le gouvernement veut que tous
les enfants de ce pays, sans distinction de nationalité ni de culte,
reçoivent une instruction et une éducation uniformes
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L'auteur
Louis Machuel est né en Algérie
en 1848 , il a appris le coran dans le
Kuttab , et a étudié la langue arabe , il est devenu
l’un des spécialistes de la pédagogie de l’enseignement de la langue arabe ,
il avait effectué une mission d’étude en Tunisie en 1880 sur la grande mosquée et l’école
Sadiki ; Machuel adhère aux idées
républicaines de Jules Ferry , ministre français de l’instruction
publique français de l’époque , Machuel était partisan d’une école laïque qui
regroupe les enfants indigènes et les enfants européens sans distinction , où
l’on enseignera la langue arabe aux enfants européens et la langue française
aux enfants tunisiens afin de faciliter le rapprochement , l’entente et
l’association , Nommé directeur de l'instruction publique en 1883,il restera à sa tête jusqu’à l’âge
de la retraite en 1908 , il est décédé en 1922 et enterré dans le cimetière de Maxula
Rades selon ses vœux.
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l'extrait.
il «( le gouvernement ) veut que tous les
enfants de ce pays, sans distinction de nationalité ni de culte, reçoivent une
instruction et une éducation uniformes, capables de les rapprocher chaque jour
davantage! au lieu de les diviser, de créer et d'entretenir chez eux un même courant
d'idées, de les habituer enfin, par le respect réciproque de leurs croyances et
la neutralité indéniable de leurs maîtres dans les questions religieuses, à la
pratique des plus hautes vertus sociales, je veux dire la tolérance et la
solidarité.
Monsieur le Ministre, souffre que
je vous en retrace brièvement l'organisation, puisqu'aussi bien j'en suis l'artisan
responsable depuis ses débuts, déjà lointains, jusqu'à l'heure actuelle. Les
principes qui ont présidé à cette œuvre de longue haleine peuvent se
résumer ainsi : mettre autant que possible l’enseignement primaire élémentaire
à la portée de tous en créant des écoles partout où le besoin s'en fait sentir;
organiser dans les grands centres l’enseignement primaire supérieur ; établir
solidement dans la capitale les études secondaires pour les deux sexes. Tel
est le programme que nous avons fidèlement suivi depuis plus de vingt
ans. II y a présentement nos écoles, en effet,
sont largement ouvertes à tous les enfants, quelle que soit leur nationalité :
français, italiens, maltais, indigènes, y sont assis sur les mêmes bancs, sous
une discipline et sous une sollicitude commune . Les indigènes musulmans sont
désireux d'apprendre notre langue, de connaître notre civilisation, de se
pénétrer de nos idées; et, croyez, bien, M. le Ministre, que ce n'est pas sans
profit pour notre influence ni pour nos intérêts. Certes, il est facile
d'avancer que l'instruction, que nous leur donnons peut offrir des
inconvénients : les maintenir dans l'obscurantisme, on aurait de bien plus
grands encore et ce n'est pas devant des représentants du parlement français
qu'on oserait avancer qu'il est mauvais d'appeler les intelligences vers la
lumière.»
Le deuxième Extrait tiré
d'une communication présentée par S.Charléty au congrès de Paris en 1908
L'école franco-arabe, ...,
signifie non pas une école où les élèves français et arabes sont mêlés, mais
une école où les arabes apprennent le
français
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L'auteur
Sébastien
Charléty (1867-1945), professeur d’histoire à
l’université de Lyon , nommé inspecteur général de
l'Enseignement professionnel en Tunisie en janvier 1908[1] , il succéda Louis
Machuel au mois d'octobre1908[2] et
devient directeur de l'instruction publique et des Beaux-Arts à Tunis de
1908 et 1919.
le
départ de L .Machuel à la retraite, et l’arrivée de son successeur
Sébastien charléty à la tête de la direction de
l’instruction publique ; c’était beaucoup plus qu’un changement de
personne ; c’est une nouvelle vision très proche de la vision des
prépondérants ; d’ailleurs, la nomination de Charléty fut saluée par ces
derniers qui rejettent le principe d’assurer la scolarisation des enfants
tunisiens sur le modèle français, et
surtout l’idée de les intégrer dans les écoles françaises, pour partager les
mêmes bancs avec les jeunes européens.
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«L'école franco-arabe, c'est l'école primaire, créée et
administrée par le gouvernement du Protectorat; son nom, un peu équivoque,
signifie non pas une école où les élèves français et arabes sont mêlés, mais
une école où les Arabes reçoivent l'enseignement français. Il arrive souvent
que, dans la pratique, des enfants européens et indigènes y soient assis côte à
côte; mais ce fait, qui a provoqué et provoque encore des considérations en
sens divers, n'est pas à retenir dans la présente discussion.
Je ne considère ici, pour la commodité et la clarté de
l'exposition, l'école franco-arabe que pour ce qu'elle est en réalité dans
nombre de cas, à Tunis, à Bizerte, au Kef à Kairouan, à Sousse, à Sfax : une
école primaire indigène… L'école primaire indigène qui a reçu tout d'abord, sans modifications
appréciables, les programmes et les cours d'études de l'école de France. Mais
cette institution, transplantée, comme il était naturel s'anémia. En présence
des difficultés résultant de la variété des aptitudes et de l'âge des élèves,
de leur assiduité médiocre et surtout de la nécessité d'apprendre aux élèves à
parler la langue dans laquelle l'enseignement serait donné, le maître dut
réduire sensiblement son programme; il n'en subsiste guère que le français et
l'arithmétique!
Le certificat d'études
eut beau s'enrichir d'autres épreuves, elles restèrent ignorées ou
inaccessibles. Et le résultat fut que, sauf dans les centres suffisamment
européens où l'occasion se rencontre fréquente d'utiliser le langage des
Français, les élèves ont vite oublié ce qu'ils avaient appris. Tout
enseignement a, certes, un déchet considérable; mais il laisse dans l'esprit
qui l'a reçu une empreinte de quelque profondeur. L'enseignement qui se borne à
l'étude élémentaire d'une langue, qui tend, par là, à devenir purement formel
et grammatical, ne laisse, ...
— je n'ose dire rien — mais je puis dire (si j'en crois bien des confidences
attristées de maîtres dévoués) qu'il laisse bien peu de chose.
Le premier problème est donc de donner à l'enseignement primaire
indigène la substance qui lui manque, qui survivra aux oublis nécessaires et au
déchet fatal. On ne la trouvera qu'en l'imprégnant, en le pénétrant d'un esprit
nouveau. L'examen continuel et pourtant méthodique, l'observation raisonnée des
réalités où se meut l'enfant indigène,… C'est l'esprit scientifique qui doit
dominer dans l'enseignement à donner aux indigènes ». Si élémentaire soit elle,
l'instruction scientifique peut seule, ajoutait-il, préparer l'enfant à
recevoir l'enseignement professionnel » Charléty au congrès de Paris de 1908
, p 270- 275.
Le troisième extrait tiré rapport que Khairallah ben Mustapha présenta
au congrès de l’Afrique du nord de Paris en 1908
L'auteur
Khairallah Ben Mustapha ( 1867-1965) fils d’un ancien haut
fonctionnaire proche de Khair-Eddine, fit ses étude au collège Sadiki et à
l’école normale al Alaoui , connu pour ses compétences pédagogiques et
ses méthodes pour l’enseignement de la langue arabe , il fut un des membres
du mouvement réformiste tunisien , journaliste au journal francophone
le Tunisien , interprète auprès des tribunaux , il est aussi parmi les
fondateur de la Khaldounia , de l'association des anciens sadikiens et membre
du mouvement des Jeunes Tunisiens avec A.Zaouche , Ali Bach Hamba,
Mohamed Lasram, il présenta au congrès de l’Afrique du Nord de Paris en 1908
un rapport remarquable sur l’enseignement des indigènes en Tunisie (
publié à Tunis en 1910), il fonda la première école coranique moderne totalement arabisée mais où on apprend le
français.
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L'extrait
« Si donc l'école primaire française ne donne
pas satisfaction à la société musulmane, quel genre d'école veut-elle? Non
celle ainsi par la Direction de l'Enseignement, parce que plus particulièrement
fréquentée par des élèves musulmans; mais celle où indigènes et européens
doivent se rencontrer pour apprendre, dès l'enfance, à se connaître et à
sympathiser, à la faveur de cette vérité qu'un peuple est vraiment supérieur à
un autre par son éducation et non par sa force ou sa richesse, sa nationalité
ou sa religion ».
Le programme de cette école doit tenir compte de ce vœu de toute
la partie éclairée de la société musulmane de ce pays, vœu qui s'exprime et se
résume en cette formule : instruire en français, enseigner la langue arabe.
-Instruire en français, parce que l'enfant indigène qui veut
s'asseoir sur les mêmes bancs que l'enfant européen ne peut logiquement
demander qu'on instruise tout le monde dans sa langue ; parce qu'il a grand
intérêt à rapprocher sa mentalité de celle de son protecteur; parce qu'enfin,
quand il est en contact avec l'Européen, il n'y a pas pour lui un autre moyen
de lutter sur le terrain économique et de conserver sa place dans son propre
pays.
Enseigner la langue arabe, c'est-à-dire
l'arabe littéraire, parce que l'indigène le considère comme le complément de
son individualité qu'il tient à ne pas perdre; comme l'instrument de sa
religion à laquelle il est et veut rester attaché; comme le lien qui l'unit
tant au passé dont il a lieu d'être fier, qu'au monde musulman avec lequel il
n'a nullement l'intention de rompre; comme enfin, le moyen de se maintenir dans
le milieu auquel il appartient par treize siècles de traditions et dont il ne
saurait se séparer, sans risquer de rester comme désaxé et désorienté, entre
les deux sociétés arabe et française, objet du mépris de l'une et de la
défiance de l'autre.
«Il sait
bien que cet arabe littéraire est en retard sur les langues européennes et
qu'il s'est atrophié par défaut de culture, et non parce que c’est une langue à
déclinaisons; mais il sait aussi que, depuis quelque temps, cet arabe a déjà
brûlé bien des étapes dans certains pays, comme les Indes, la Syrie, l'Egypte :
et qu'il possède une riche littérature qui compte parmi les plus belles
productions de l'esprit humain.
Au reste, il le considère, cet arabe
littéraire, comme sa langue maternelle et il dit, avec le philosophe Paulsen :
« Il est infiniment cruel d'arracher à un peuple sa langue maternelle ; cela
équivaut presque à arracher sa langue à un individu. »
Présentation Mongi Akrout, inspecteur
Général de l'éducation
Tunis , décembre 2019.
[1] Par Décret de S.A le Bey
en date du 1 janvier 1908 M° Chaelety Sébastien …a été nommé inspecteur
général de l'enseignement des indigènes ( BOIP n°18 , février 1908 , année 21 p.417.418.
[2] Par décret du 6 juillet 1908 , M° Chaelety, inspecteur
général de l'enseignement des indigènes …est nommé directeur de l'enseignement
public en remplacement de M° Machuel …à partir du 1 octobre 1908
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