dimanche 30 octobre 2022

Les titularisations exceptionnelles des instituteurs intérimaires au début des années 70.

 

 

Hédi Bouhouch

Le blog pédagogique poursuit cette semaine la publication des textes relatifs à la titularisation des instituteurs intérimaires. Cette fois on s'intéresse à la période de la première moitié des années soixante dix.

L'indépendance n'a pas mis fin à l'existence du corps des intérimaires dans l'enseignement primaire, leur nombre a même enregistré une augmentation au cours des premières décennies de l'indépendance, vu l'augmentation des besoins suite à la politique de la scolarisation massive et à l'incapacité des écoles normales d'y répondre et enfin au fait que la titularisation passe obligatoirement par la réussite à l'examen du certificat d'aptitude pédagogique à l'Enseignement Primaire. ( C.A.P.E.P), système hérité de l'époque du protectorat ; en cas d'échec l'enseignant reste dans le cadre intérimaire (instituteurs intérimaires et moniteurs intérimaires de première catégorie).

 Au cours de l'année scolaire 1958/1959, le pays comptait 3954 intérimaires sur un total 6195 maîtres exerçant dans les écoles primaires, soit 62.2%[1]. Ce nombre n'a cessé d'augmenter suite  aux échecs successifs à  l'examen du certificat d'aptitude.

Dans le cadre de la recherche d'une solution pour régulariser la situation des intérimaires, le ministère a pris  la décision rendue par arrêté le 30 mai 1970[2], de modifier les conditions de l'examen du C.A.P.E.P  et de dispenser certains intérimaires  de l'épreuve écrite  qui constituait pour eux un obstacle majeur. Les concernés par cette dispense doivent  remplir les  4 conditions suivantes (art 21)  :

- être âgés  de 35 ans au premier janvier de l'année d'examen,

- avoir 10 ans d'ancienneté à la même date,

- avoir   obtenu au moins 10 sur 20 à la dernière inspection,

- avoir déjà participé à au moins 4 sessions à l'épreuve écrite du C.A.P.E.P  sans succès.

D'après l'arrêté, cette procédure exceptionnelle était valable deux ans  seulement (du 1er avril 1970 au 31 mars 1972). Les intéressés ont le droit de participer à deux sessions seulement pour  passer les épreuves  pratiques et orales. (Voir le texte complet de l'arrêté ci-dessous).

 

Arrêté du Ministre de l'Education, de la Jeunesse et des Sports Portant dérogation aux dispositions de l'arrêté du 29 mai 1970, relatif à l'organisation de l'examen du Certificat d'Aptitude à l'Enseignement Primaire.

Le Ministre de l'Education, de la Jeunesse et des Sports

Vu le décret N° 61-15 du 3 janvier 1961 fixant le statut du personnel de l'enseignement primaire ; l’ensemble des textes qui l'ont modifié ou complété;

Vu l'arrêté du 29 mai 1970, relatif à l'organisation de l'examen du Certificat d'Aptitude à l'Enseignement Primaire ;

Arrête:

ARTICLE PREMIER - ¨Par dérogation aux dispositions de l'arrêté susvisé du 29 mai 1970 sont dispensés de l'épreuve écrite  de l'examen du Certificat d'Aptitude à l'Enseignement Primaire.

 Les enseignants remplissant les conditions suivantes:

- avoir 35 ans d'âge  au 1er janvier de l'année d'examen,

- avoir 10 ans d'ancienneté de service dans l'enseignement au 1er janvier de l'année d'examen;

- avoir   obtenu  une note égale  10 sur 20 au moins  à la dernière inspection,

- avoir participé à 4 sessions au moins, à l'épreuve écrite  de cet examen.

Les candidats remplissant les conditions précisées ne peuvent être autorisés à se présenter plus de 2 fois à raison d'une fois par an aux épreuves orales et pratiques du Certificat d'Aptitude à l'Enseignement Primaire.

ART.2 – Ces dispositions seront appliquées pendant une période de deux ans, du 1er avril 1970 au 31 mars 1972.

Tunis, le 30 mai 1970

Le Ministre de l'Education, de la Jeunesse et des Sports

Mohamed Mzali

Vu:

Le Premier Ministre

Bahi LADGHAM

Jort n° 30 – 113e année  - Mardi 9-Vendredi 12- Mardi 16 JUIN 1970

 

a)   Les mesures exceptionnelles de 1974.

Malheureusement, nous ne disposons ni du nombre des candidats qui s'étaient présentés à l'examen dans les deux sessions, ni du nombre de ceux qui l'avaient réussi. Par contre, la procédure exceptionnelle de 1970 a permis la régularisation de certains intérimaires, mais pas de l'ensemble des intérimaires, ce qui a amené le ministère à  la renouveler en vertu de l'arrêté du 9 février 1974[3], en ajoutant à l'arrêté du 9 février 1974, relatif à l'organisation de l'examen du Certificat d'Aptitude à l'Enseignement Primaire, un article (art 21) qui reconduit la procédure de 1970  au profit des instituteurs  et moniteurs intérimaires (délégués) de première catégorie, en exercice au 1er janvier 1973,  selon les mêmes conditions que celles  de 1970 avec une modification de la condition d'âge, abaissée à 30 ans au premier janvier de l'année d'examen, et en enlevant la condition de l'ancienneté. L'arrêté de 1974  ne précise pas la période de validité de cette procédure. (art 21). (voir le texte complet le l'article 21 ci-dessous).

 

Arrêté du Ministre de l'Education nationale du 9 février 1974, relatif à l'organisation de l'examen du Certificat d'Aptitude à l'Enseignement Primaire.

Le Ministre de l'Education,

Art 21  aliéna 2

sont dispensés des épreuves écrites, les instituteurs et les moniteurs 1ère  catégorie intérimaires en exercice à la date du 1er janvier 1973 et remplissant les conditions ci-après :

1)    Avoir 30 ans d'âge  au 1er  janvier de l'année d'examen

2)    Avoir obtenu  une note professionnelle égale à 10 sur 20 au moins  à la dernière inspection,

3)    Avoir  participé à 4 sessions au moins, à l'épreuve écrite  du Certificat d'Aptitude à l'Enseignement Primaire.

 

Tunis, le 9 février  1974

Le Ministre de l'Education Nationale

Driss GUIGA

Vu:

Le Premier Ministre

HEDI NOUIRA

Jort n°11 – 117e année  - Mardi 12 février  1974

 

 

Cette mesure a permis une fois de plus de régulariser la situation d'une proportion assez importante d'intérimaires, comme l'indiquent les statistiques suivantes :

 

Année scolaire

Moniteurs 1er ordre

suppléants

Total M+S

 Total enseignants

% M+S

1974/75

4211

208

4419

21917

20.19%

1975/76

1918

168

2086

23181

8.99%

 

Mais la régularisation n'a pas touché tous les agents intérimaires. Le ministère avait continué à recruter de nouveaux agents intérimaires car les nouveaux normaliens ne couvraient pas tous les besoins des écoles primaires, si bien que la question et le devenir de cette catégorie sont restés à l'ordre du jour. Au cours de l'année scolaire 1981-1982, on comptait 1985[4] instituteurs intérimaires et 214 suppléants soit 10.5% de l'ensemble des enseignants du primaire.

 

Présentation et commentaire Mongi Akrout & Abdessalam Bouzid, inspecteurs généraux de l'éducation.

Tunis, octobre 2022-10-28

Pour accéder à la version AR, cliquer ICI

 



[1] Annuaire statistique de la Tunisie édition 1957.

[2] Arrêté du Ministère de l'éducation de la jeunesse et du sport  du 30 mai 1970 modifiant l'arrêté du 29 mai 1970  relatif à l'organisation de l'examen du certificat d'aptitude à l'enseignement primaire.

[3] Arrêté du Ministère de l'éducation du 9 févier 1974 relatif à l'organisation de l'examen du certificat d'aptitude à l'enseignement primaire.

[4]  Ce nombre se répartit comme suit : 1985 instituteurs  intérimaires et 214 suppléants, leur pourcentage varie beaucoup selon les régions , il atteint  21.7 %   à Siliana et 20.7 % à Kasserine.

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire