Hédi Bouhouch |
L'indépendance
n'a pas mis fin à l'existence du corps des intérimaires dans l'enseignement
primaire, leur nombre a même enregistré une augmentation au cours des premières
décennies de l'indépendance, vu l'augmentation des besoins suite à la politique
de la scolarisation massive et à l'incapacité des écoles normales d'y répondre
et enfin au fait que la titularisation passe obligatoirement par la réussite à
l'examen du certificat d'aptitude pédagogique à l'Enseignement Primaire. (
C.A.P.E.P), système hérité de l'époque du protectorat ; en cas d'échec
l'enseignant reste dans le cadre intérimaire (instituteurs intérimaires et
moniteurs intérimaires de première catégorie).
Au cours de l'année scolaire 1958/1959, le
pays comptait 3954 intérimaires sur un total 6195 maîtres exerçant dans les
écoles primaires, soit 62.2%[1].
Ce nombre n'a cessé d'augmenter suite
aux échecs successifs à l'examen
du certificat d'aptitude.
Dans le cadre de la recherche d'une solution pour
régulariser la situation des intérimaires, le ministère a pris la décision rendue par arrêté le 30 mai 1970[2],
de modifier les conditions de l'examen du C.A.P.E.P et de dispenser certains intérimaires de l'épreuve écrite qui constituait pour eux un obstacle majeur.
Les concernés par cette dispense doivent
remplir les 4 conditions
suivantes (art 21) :
- être âgés de 35 ans au premier janvier de l'année
d'examen,
- avoir 10 ans
d'ancienneté à la même date,
- avoir obtenu au moins 10 sur 20 à la dernière
inspection,
-
avoir déjà participé à au moins 4 sessions à l'épreuve écrite du
C.A.P.E.P sans succès.
D'après l'arrêté, cette procédure exceptionnelle était
valable deux ans seulement (du 1er avril
1970 au 31 mars 1972). Les intéressés ont le droit de participer à deux
sessions seulement pour passer les
épreuves pratiques et orales. (Voir le
texte complet de l'arrêté ci-dessous).
Arrêté du
Ministre de l'Education, de la Jeunesse et des Sports Portant dérogation aux
dispositions de l'arrêté du 29 mai 1970, relatif à l'organisation de l'examen
du Certificat d'Aptitude à l'Enseignement Primaire. Le Ministre de l'Education, de la Jeunesse et des
Sports Vu le décret
N° 61-15 du 3 janvier 1961 fixant le statut du personnel de l'enseignement
primaire ; l’ensemble des textes qui l'ont modifié ou complété; Vu l'arrêté du 29 mai 1970, relatif à
l'organisation de l'examen du Certificat d'Aptitude à l'Enseignement Primaire ; Arrête: ARTICLE
PREMIER - ¨Par dérogation aux dispositions de l'arrêté susvisé du 29 mai
1970 sont dispensés de l'épreuve écrite
de l'examen du Certificat d'Aptitude à l'Enseignement Primaire. Les enseignants remplissant les conditions
suivantes: - avoir 35 ans d'âge
au 1er janvier de l'année d'examen, - avoir 10 ans d'ancienneté de service dans
l'enseignement au 1er janvier de l'année d'examen; - avoir obtenu
une note égale 10 sur 20 au
moins à la dernière inspection, -
avoir participé à 4 sessions au moins, à l'épreuve écrite de cet examen. Les candidats remplissant les conditions précisées
ne peuvent être autorisés à se présenter plus de 2 fois à raison d'une fois
par an aux épreuves orales et pratiques du Certificat d'Aptitude à l'Enseignement Primaire. ART.2 – Ces dispositions seront appliquées pendant
une période de deux ans, du 1er avril 1970 au 31 mars 1972. Tunis, le 30 mai 1970 Le Ministre de l'Education, de la Jeunesse et des Sports Mohamed Mzali Vu: Le Premier Ministre Bahi LADGHAM Jort n° 30 – 113e année - Mardi 9-Vendredi 12- Mardi 16 JUIN 1970 |
a)
Les mesures exceptionnelles de 1974.
Malheureusement, nous ne disposons ni du nombre des
candidats qui s'étaient présentés à l'examen dans les deux sessions, ni du
nombre de ceux qui l'avaient réussi. Par contre, la procédure exceptionnelle de
1970 a permis la régularisation de certains intérimaires, mais pas de
l'ensemble des intérimaires, ce qui a amené le ministère à la renouveler en vertu de l'arrêté du 9
février 1974[3], en
ajoutant à l'arrêté du 9
février 1974, relatif à l'organisation de l'examen du Certificat d'Aptitude à
l'Enseignement Primaire,
un article (art 21) qui reconduit la procédure de 1970 au profit des instituteurs et moniteurs intérimaires (délégués) de
première catégorie, en exercice au 1er janvier 1973, selon les mêmes conditions que celles de 1970 avec une modification de la condition
d'âge, abaissée à 30 ans au premier janvier de l'année d'examen, et en enlevant
la condition de l'ancienneté. L'arrêté de 1974
ne précise pas la période de validité de cette procédure. (art 21). (voir
le texte complet le l'article 21 ci-dessous).
Arrêté du Ministre de l'Education nationale du
9 février 1974, relatif à l'organisation de l'examen du Certificat d'Aptitude
à l'Enseignement Primaire. Le Ministre de l'Education, Art 21 aliéna
2 sont dispensés des épreuves écrites, les
instituteurs et les moniteurs 1ère catégorie intérimaires en exercice à la date
du 1er janvier 1973 et remplissant les conditions ci-après : 1)
Avoir 30 ans d'âge
au 1er janvier de
l'année d'examen 2)
Avoir obtenu
une note professionnelle égale à 10 sur 20 au moins à la dernière inspection, 3)
Avoir
participé à 4 sessions au moins, à l'épreuve écrite du Certificat d'Aptitude à l'Enseignement Primaire. Tunis, le 9 février
1974 Le Ministre de l'Education Nationale Driss GUIGA Vu: Le Premier Ministre HEDI NOUIRA Jort n°11 – 117e année - Mardi 12 février 1974 |
Cette mesure a permis une fois de plus de régulariser
la situation d'une proportion assez importante d'intérimaires, comme
l'indiquent les statistiques suivantes :
Année scolaire |
Moniteurs 1er ordre |
suppléants |
Total M+S |
Total
enseignants |
% M+S |
1974/75 |
4211 |
208 |
4419 |
21917 |
20.19% |
1975/76 |
1918 |
168 |
2086 |
23181 |
8.99% |
Mais la régularisation n'a pas touché tous les agents
intérimaires. Le ministère avait continué à recruter de nouveaux agents
intérimaires car les nouveaux normaliens ne couvraient pas tous les besoins des
écoles primaires, si bien que la question et le devenir de cette catégorie sont
restés à l'ordre du jour. Au cours de l'année scolaire 1981-1982, on comptait
1985[4]
instituteurs intérimaires et 214 suppléants soit 10.5% de l'ensemble des
enseignants du primaire.
Présentation et commentaire Mongi Akrout &
Abdessalam Bouzid, inspecteurs généraux de l'éducation.
Tunis, octobre 2022-10-28
Pour accéder à la version AR, cliquer ICI
[1] Annuaire statistique de
la Tunisie édition 1957.
[2] Arrêté du Ministère de
l'éducation de la jeunesse et du sport
du 30 mai 1970 modifiant l'arrêté du 29 mai 1970 relatif à l'organisation de l'examen du
certificat d'aptitude à l'enseignement primaire.
[3] Arrêté du Ministère de l'éducation du 9 févier 1974 relatif à l'organisation de l'examen du certificat d'aptitude à l'enseignement primaire.
[4] Ce nombre se répartit comme suit : 1985 instituteurs intérimaires et 214 suppléants, leur pourcentage varie beaucoup selon les régions , il atteint 21.7 % à Siliana et 20.7 % à Kasserine.
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