dimanche 6 novembre 2022

1985 : de nouvelles mesures de régularisation des instituteurs intérimaires.

 

Hédi Bouhouch

Si les mesures de 1970 et de 1974 avaient permis de régulariser la situation d'un nombre important d'enseignants intérimaires, cela n'a pas  permis pour autant la disparition de cette catégorie d'enseignants, d'autant plus que le ministère de l'éducation a continué à recourir aux intérimaires pour répondre à une partie des besoins des écoles devant l'incapacité des écoles normales à les satisfaire en totalité. 

Ainsi, au cours de l'année scolaire 1981/1982 on comptait 21991 enseignants intérimaires dans les écoles primaires sur un total de 28.338 instituteurs, soit 7.76% de l'ensemble du corps des enseignants. La question de l'avenir des intérimaires se pose donc à nouveau et le ministère décide de lui trouver une solution par de nouvelles mesures exceptionnelles.

 

15 ans après les mesures des années  1970, et après 10 ans de celles de 1974, le ministère a décidé de nouvelles dispositions transitoires par la voie du décret 85-841 (art 32) pour régler la situation des enseignants temporaires qui n'ont pas réussi à obtenir le certificat d'aptitude. Cette fois, on a abandonné le passage par le C.A.E.P pour se limiter à un seul critère, à savoir l'ancienneté. Les agents concernés sont classés en 3 groupes   :

- le premier rassemble ceux dont l'ancienneté est inférieure à deux  ans ; ils sont nommés en tant qu'instituteurs stagiaires, à compter du 1er octobre 1985.

- le deuxième regroupe comprend ceux dont l'ancienneté est supérieure à deux ans et inférieure à 3 ans au 1er octobre 1985. Ceux-là sont appelés à suivre un stage d'une année qui peut être prolongée d'un an, à l'issue duquel ils sont soit titularisés, soit licenciés après avis de la commission administrative paritaire.

- le troisième groupe rassemble tous ceux qui ont une ancienneté égale ou supérieure à 3 ans dans l'enseignement dans les écoles primaires ; ceux-là sont titularisés automatiquement.

 

Avec ces mesures, le nombre d'intérimaires a beaucoup diminué surtout que le C.A.E.P est abandonné. La titularisation s'effectue désormais par la voie de l'inspection pédagogique au terme de la période de stage de deux ou trois ans. Ainsi au cours de l'année scolaire 1989 -1990, sur un total de 46077 enseignants au primaire on ne comptait que 1762 enseignants entre contractuels et suppléants, soit 3.8% de l'ensemble.

L'arrangement décidé en 1985 ne sera pas le dernier que le ministère de l'éducation a décidé, surtout que le recours aux intérimaires ne s'est pas arrêté. Bien au contraire, le phénomène va prendre plus d'ampleur au cours de la deuxième moitié des années 90 et les années 2000, suite à la fermeture des écoles normales des instituteurs en 1991/1992 et leur remplacement par les instituts supérieurs de formation des maîtres (ISFM). Ces derniers ont commencé à être fermés les uns après les autres entre 1996 et 2007[1]. Les institutions qui les ont remplacés (IMEF) en 2007 n'ont pas survécu à leur tour.

Tout cela a fait que la question des enseignants intérimaires sous leur différentes formules et appellations (suppléants, contractuels, agents temporaires…) soit devenue une anomalie structurelle qui menace le système éducatif et empoisonne le climat scolaire et social, surtout après 2011.

Décret n° 841 du 17 juin 1985  Fixant le statut particulier des personnels enseignants exerçant dans les écoles normales d'instituteurs, les écoles d'application et les écoles primaires

Titre X – Dispositions transitoires

Art 32  sont titularisés les maîtres de l'enseignement général et les maîtres de l'éducation manuelle et technique  temporaires ayant enseigné à la date du 1er octobre 1985 pendant au moins 3 ans dans les écoles primaires.

Les instituteurs temporaires ayant une ancienneté égale ou supérieure à deux années et inférieure à trois ans à la date du 1er octobre 1985 sont astreints à une année de stage pouvant être prorogée d'une année au terme de laquelle ils sont soit titularisés soit licenciés après avis de la commission paritaire.

 

Les instituteurs temporaires ayant une ancienneté inférieure  à deux années sont nommés  instituteurs  stagiaires à compter du 1er octobre 1985 et sont alors régis par les dispositions de l'article 24 du présent décret.

L'article 24 stipule que " les fonctionnaires recrutés … sont astreints à un stage de 2 ans pouvant être prorogé d'une 3ème année au terme de laquelle ils sont, après avis de la commission paritaire, soit titularisés soit licenciés.

Fait à Tunis, le 17 juin 1985

P. le Président de la république tunisienne et par dérogation

Le Premier ministre, ministre de l'intérieur

Mohamed Mzali

JORT N° 50 du 23 juin 1985

 

 

Présentation et commentaire Mongi Akrout & Abdessalam Bouzid, Inspecteurs généraux de l'éducation

Tunis , octobre 2022-11-01

Pour accéder à la version Arabe, CLIQUER ICI



[1]  L'ISFM de Sfax fut fermé en septembre 1996, suivi par celui de Tunis en 1997, de ceux de Jendouba et de Gabès en 1998. Le reste  des instituts furent fermés en 2007 ( Gafsa, Kef, Sbeitla, Kairouan).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire