Origine et
évolution de la semaine bloquée
Au début des années 1990, des
mouvements des élèves ont conduit à la réduction de la durée des examens, qui
s’étalaient auparavant sur deux semaines à la fin de chaque trimestre. En
novembre 1991, les examens ont été concentrés en une période de quatre jours en
fin des premier et deuxième trimestres, et dix jours à la fin de l’année
scolaire. [1]
Suite à de nouvelles protestations
des enseignants et des élèves, une nouvelle circulaire du ministre de
l’éducation parue en février 1992[2] a prolongé cette période à une semaine pour les
examens du 3ème trimestre, désormais appelée "semaine
bloquée". Durant cette période, les cours sont suspendus pour permettre
aux élèves de passer les épreuves écrites, une par jour, selon un calendrier
établi par la direction de
l’établissement puis par l’administration centrale. Les matières concernées ne
dépassaient généralement pas six, mais dès 1994, il est devenu possible
d’organiser deux épreuves par jour : une le matin et une l’après-midi.
Les autres épreuves, dites
"épreuves du pré-bloqué", étaient organisées la semaine précédant la
semaine bloquée. Elles sont, réalisées pendant les heures de cours normales, et
elles concernaient souvent les matières nécessitant plus de temps de correction
car le professeur de ces disciplines a en charge jusqu’à 18 classes, comme
l’histoire, la géographie, la musique, l’éducation civique ou l’éducation
religieuse.
Remarque : Une circulaire de
1994 a permis , en cas de nécessité pédagogique, de faire passer certaines de
ces épreuves pendant la semaine bloquée après concertation avec les enseignants
concernés.
Conséquences de ce système
Ce qui était au départ une mesure
temporaire pour calmer les élèves et rétablir l’ordre dans les lycées, est devenu une composante immuable du système du contrôle continu. Cependant,
cette organisation a engendré plusieurs dérives :
1.
Impact sur
l’apprentissage : Les élèves se retrouvent
accaparés par les examens durant deux semaines consécutives. Les enseignants,
eux, sont mobilisés pour préparer, surveiller et corriger les épreuves.
L’apprentissage est ainsi perturbé.
2.
Charge administrative : La dernière semaine, qui vient
après les deux semaines consacrées est entièrement dédiée à la correction, à la
remise des copies corrigées, au calcul
des moyennes et à la transmission des résultats à l’administration.
Face à ces inconvénients,
plusieurs commissions, dont celle de 2008, ont proposé d’abolir les semaines
bloquées pour prolonger le temps d’apprentissage. Elles ont également
recommandé un système d’évaluation plus flexible, permettant aux enseignants de
répartir les examens sur l’ensemble du trimestre ou du semestre.
Une opportunité pour les cours
particuliers
Malgré ces propositions, les
ministres successifs ont hésité à modifier un système perçu comme un acquis par
les élèves et par les syndicats. Le ministère s’est contenté de lancer des
actions de formation pour les enseignants sur la construction des examens, les
critères d’évaluation et l’analyse des résultats des élèves.
Cependant, les semaines bloquées
ont favorisé des pratiques discutables. Elles ont conduit à la prolifération
des cours particuliers, souvent onéreux, destinés à préparer les élèves aux
épreuves. Ces cours, qui se poursuivent parfois tard dans la nuit, sont devenus
un marché lucratif, mais non sans dérives.
Réflexion sur les responsabilités
Ces dérives soulèvent plusieurs questions :
- Responsabilité des élèves :
Certains ne s'investissent pas suffisamment pendant les cours réguliers et
comptent sur les cours particuliers pour compenser rapidement leurs
lacunes.
- Responsabilité des enseignants :
Certains transfèrent les exercices pratiques essentiels des cours
officiels vers les cours particuliers.
- Responsabilité des programmes : Une
mauvaise répartition des activités éducatives peut également être en
cause, ne laissant pas assez de temps pour les entraînements en classe.
En réalité, ces facteurs semblent
interconnectés, contribuant ensemble aux dysfonctionnements observés. Une
réflexion approfondie s’impose pour repenser ce système d’évaluation de manière
plus équitable et plus efficace ».
Pour conclure, nous constatons que les dérives et
les problèmes décrits par les deux auteurs de l’extrait, il y a environ dix
années son encore là , ils se sont plutôt aggravés et complexifiés ; remarquons d’après nous que ce n’est pas le
système du contrôle continu qui en est le responsable, mais la responsabilité incombe à la manière de son application et qu’il
est nécessaire de traiter le plus rapidement possible, la tâche n’est ni
difficile ni impossible.
Hédi Bouhouch & Mongi Akrout Inspecteurs généraux de l’éducation
Tunis, 2015
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