lundi 24 février 2014

La correction des devoirs


Avant-propos

En période de fin de trimestre, la question des devoirs, particulièrement celle de la correction des copies, de la correction en classe, des remises des copies et de l’exploitation de ces évaluations, devient le principal sujet de discussions des familles tunisiennes qui ont des enfants qui vont à l’école, et aussi le sujet de débats entre les élèves.

Quelles sont les manifestations du problème ? 
Tel parent ou parente prétend  que l'enseignant ou l’enseignante  ne corrige pas les copies,  et qu’il ou elle se limite à attribuer  des notes à la lumière des résultats de la première évaluation déjà effectuée , en avançant, pour preuve, l’absence de tout signe ou trace écrite  sur la copie de son fils ou de sa fille.  
 Tel autre parent(e ) affirme que l’enseignant(e) de sa  fille ou de son fils  ne fait pas de correction en classe, et ne remet  pas les  copies dans les délais, privant ainsi les élèves d’une occasion pour profiter de la séance de la correction collective en classe et rectifier leurs erreurs ;   cet enseignant(e) a pris l’habitude de remettre les copies aux élèves à la fin d’une séance de cours , car selon lui ou elle , il ou  elle  ne dispose pas de temps, vu la lourdeur du programme et que l'achèvement du programme est plus important que la correction collective du devoir .
 Un troisième  avance que son fils ou sa fille mérite mieux que la note qui lui a été décernée en dissertation,  et que la correction faite en classe  n’a rien ajouté de plus, et qu’elle n’aide guère les élèves à acquérir la méthodologie requise - pour ce genre de sujets . Ce parent estime qu’il faut entrainer les élèves à la méthodologie, et qu’il faut lui consacrer le temps nécessaire, en la traitant d’une manière pratique.
Ces problèmes et ces questions, bien qu’ils soient   exagérés parfois, et quel que soit le degré de leur subjectivité ou de leur objectivité, indiquent une défaillance ou manquement au niveau d’un des aspects de l’acte d’enseignement et de l’apprentissage, à savoir l’évaluation du travail des élèves et de son exploitation.   
L’importance de la correction des devoirs
Dans les situations d'apprentissage et d'enseignement,  s’ il est du devoir des élèves de  bien de se  préparer aux examens et de faire de leur mieux  pour les réussir,   l'enseignant,  de son coté, se doit d’ évaluer  le travail de ses élèves ;  puis de faire la correction collective en classe, et de permettre aux élèves de corriger leurs erreurs individuelles  sous sa supervision et avec son aide , si nécessaire .
Cependant, ces problèmes et ces questions ne datent pas d’aujourd’hui ; ils ont accompagné l’histoire de tous les systèmes éducatifs ; les responsables administratifs et pédagogiques n’ont cessé d’attirer l'attention des enseignants sur la question, à chaque fois que des pratiques qui ne sont pas conformes à ce qui est souhaitable  et recommandable dans ce domaine sont constatées ou rapportées.
L’intérêt accordé à la question s’explique par les fonctions de l’évaluation du travail des élèves et la correction collective en classe : Certaines concernent l’enseignant, tandis d’autres concernent les élèves.
§  Pour l’enseignant, les résultats des élèves aux examens lui permettent d’avoir une idée sur le degré d’assimilation du cours par ses élèves, et de leur capacité à exploiter leurs savoirs et savoirs faire dans de nouvelles situations. Quant à la séance de la correction collective en classe, bien préparée, représente, pour l’enseignant, une occasion pour reprendre les aspects de son enseignement mal assimilés, ou mal compris par une partie de ces élèves, ou par toute la classe.
§  Quant aux élèves, l’évaluation des copies doit leurs donner une information la plus précise que possible sur le niveau de leur travail ; quant à la correction collective, elle doit pouvoir  aider ceux qui n’ont pas réussi leur devoir à surmonter les difficultés qu’ils auraient rencontrées en traitant le sujet de l’examen, et les entraîne,  d’une manière pratique, la  méthodologie à suivre pour réussir. Enfin, la correction des devoirs en classe est, pour l’élève, une nouvelle occasion de revoir ce qu’il a déjà appris, et de consolider les connaissances et les compétences acquises.
Les Instructions officielles et la correction des devoirs
Vu l’importance de la correction et de son rôle  dans l'apprentissage et l’enseignement, les directives relatives au contrôle continu et les instructions  officielles  des  différentes disciplines insistent  sur la nécessité d’accorder à la correction des devoirs toute l’attention qu’elle mérite, de lui consacrer le temps nécessaire et de suivre une méthodologie précise.
La circulaire relative au contrôle  continue du 20 Août  1988 dans les collèges et lycées, appelle,  d’une manière explicite, les enseignants à  « veiller à corriger les devoirs  et les tests» ;  elle  insistent  sur "  l’obligation de remettre les copies  aux élèves à temps et les inviter à les conserver dans un dossier spécial, tout au long de l'année scolaire ".
 D'autre part , les instructions  pédagogiques de toutes les disciplines consacrent  une partie à l’évaluation du travail des élèves, comme par exemple les instructions relatives aux  programmes d'histoire et de géographie de l'année 1992 qui recommandent  : " que les sujets des tests  et des devoirs  doivent être compatibles avec la durée de l’examen, soigneusement préparés , et doivent être suivis d’ une correction qui accorde la priorité aux aspects méthodologiques , tout en évitant de la  présenter comme un corrigé modèle’’.
 Mais pour atteindre les objectifs de l’évaluation et de la correction collective, il existe des techniques simples qu’il faut maîtriser et appliquer avec beaucoup de rigueur tel que :
- l’utilisation de barème et de critères précis au cours de l’évaluation qui seront communiqués aux élèves avant l’évaluation même.

- l’utilisation de symboles conventionnels, de codes   pour indiquer les erreurs sur les copies, lisibles par l’élève.
- combinaison de l'estimation chiffrée ( la note) et les observations écrites;  celles -ci peuvent concerner tout  le travail ou seulement une partie  du devoir ; l’observation portée sur la copie, bien rédigée,  contribue à  expliquer et à justifier la note, et elle  oriente l’élève ( et ses parents) vers les points forts  et les faiblesses de son travail, et elle peut ,aussi, lui apporter des conseils pratiques .
La question de la correction des devoirs dans les anciennes notes de service et les anciennes circulaires
En consultant les archives de  l'école Tunisienne , nous avons trouvé une note de service de la Direction de l’Enseignement Public  qui remonte à 1952, consacrée à cette question ; les responsables pédagogiques  ayant constaté qu’un  certain nombre d'enseignants ont oublié ou  avaient  perdu de vue  l'importance de la correction des devoirs ,ont rédigé  la dite note , qui a tout  simplement rappelé  les instructions  pédagogiques en vigueur  depuis 1938 concernant le sujet.
Cette note  du chef de service de l’enseignement  secondaire  rappelle  la méthode à adopter et les objectifs attendus de l’évaluation et de la  correction collective ;  en insistant  sur ​​le droit de l’élève , qui a fait un devoir , de savoir que  son maître  va l’examiner et  le juger .
La note de service rappelle aussi que l’évaluation des copies et la correction font partie des devoirs professionnels de l’enseignant, ce devoir a une grande influence sur le comportement de la classe et sur la discipline des élèves, en les amenant à travailler de façon productive.
Vu la richesse de cette note de service et sa valeur historique, nous avons voulu la publier dans notre rubrique « Mémoire de l’école Tunisienne », mais ce n’est pas là l’unique raison; son contenu, ses remarques et ses recommandations nous semblent encore valables aujourd’hui, et l’école peut en tirer un grand profit.
Hédi bouhouch & Mongi Akrout
Février 2014

Note de service du 4 janvier 1952 relative à la correction des devoirs (M.Calvet et Chef de service de l'enseignement secondaire 1952)

J’ai l’honneur d’appeler votre attention sur quelques points, relatifs à la correction des devoirs, qui semblent, parfois, avoir été perdus de vue par certains maîtres. Je me bornerai à ce propos de citer quelques extraits des instructions du 30 septembre 1938 auxquelles il convient de revenir lorsqu’il importe de mettre un terme à des pratiques dommageables pour la bonne marche de nos établissements et la formation des enfants qui nous sont confiés.
I.                   Correction écrite des copies
«  l’expérience oblige de reconnaitre qu’il importe à la bonne marche d’une classe que toutes les copies soient, autant que possible, annotées, en tout cas vues et cotées par le professeur . Un enfant qui a travaillé espère et a le droit d’espérer que son travail sera jugé. Un professeur qui se dispenserait de cette obligation ou qui s’en acquitterait avec négligence non seulement manquerait gravement à son devoir professionnel, mais encore n’obtiendrait de ses élèves ni discipline véritable ni travail fécond » (Instruction, page 18)
Le professeur « n’est pas tenu, d’ailleurs, d’amender toutes les fautes individuelles» (p, 19). « On constate que la correction minutieusement détaillée ne produit pas toujours sur les élèves l’effet qu’on s’attend. Selon les classes plus ou moins nombreuses, selon les professeurs, le mode de correction matérielle des copies peut différer. Ce qui est essentiel, c’est que les élèvent sachent qu’on verra, de façon ou d’autre, leurs copies et soient ainsi tenus en haleine » (p.95)

II.                Correction collective
« La correction la plus fructueuses est la correction collective .Le professeur a relevé les erreurs les plus fréquentes et les plus graves ; il les signale, aide les élèves à les expliquer et à les redresser. Il fait refaire le devoir en classe et tout le monde y collabore »(p.19)
Ce dernier point me paraît particulièrement important, et les instructions y reviennent longuement à propos de l’enseignement du français. : « …on ne se bornera pas à la critique de ce qui aura été fait ; on essaiera encore de montrer ce qu’il aurait fallu faire. En d’autres termes, l’intérêt et l’utilité  de la correction collective », - qui doit toujours être précédée de la correction écrite des copies, – c’est que le maître y refait le devoir en collaboration avec les élèves, non pas d’après la seule conception qu’il s’en est faite, ni d’après les seuls éléments empruntés aux devoirs mêmes, mais en combinant  ce que ces éléments et sa conception  propre ont de commun, de façon que la leçon de composition aboutisse à une construction raisonnée, modèle relatif dont le souvenir reste fixé dans les esprits »(p.96)
Ainsi, le couronnement de la correction collective d’une dissertation philosophique doit être l’élaboration en commun d’un plan. Celui-ci sera présenté non comme un « plan –type » mais comme un des plans possibles, car « une question ne comporte pas forcément une réponse unique…, un sujet de composition n’impose pas un plan nécessaire et préétabli » (p.9)
III.             Conservation des copies corrigées
« Les élèves doivent conserver soigneusement leurs anciennes copies corrigées », car lorsqu’un professeur «  a consacré du temps à corriger une copie, il est en droit  d’exiger que ce temps ne soit pas perdu ». Ces devoirs, dont le texte intégral doit figurer sur le cahier de texte de la classe et qu’il est souhaitable de voir numéroter, pourront donc être demandés aux élèves de loin en loin aux élèves par leurs professeurs, et également par vous-mêmes ou par des inspecteurs.
Je vous serais obligé de bien vouloir rappeler ces instructions à tout le personnel enseignant de votre établissement, et me rendre compte des mesures prises pour vous assurer qu’elles soient observées.
P. le Directeur de l’Instruction Publique et po
Le Chef de l’Enseignement Secondaire, de la Jeunesse et des Sport,
M. Calvet
M.Calvet,  Chef de service de l'enseignement secondaire, Note de service du 4 janvier 1952 relative à la  correction des devoirs. Bulletin officiel de l'instruction publique (janvier février mars 1952). n°8; 66° année, pp. 10 - 12.

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1 commentaire:

  1. Y a t-il une circulaire ou une note qui décrit le devoir et son barême ? Exemple : En math, 10 points géométrie et 10 points algèbre ? Mon problème est en éducation civique niveau 8ème année de base. Comment doit être constitué l'examen ? Est t-il normal de n'avoir qu'une question sur 20 points ? Merci de votre retour.

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