lundi 25 juin 2018

Suivi des effets des nouvelles consistances de l’épreuve d’histoire et de géographie au baccalauréat.



Hédi Bouhouch
Le baccalauréat  2017 a connu une importante  nouveauté relative à la consistance de l’épreuve d’histoire et de géographie. ( voir le blog pédagogique :L’histoire et la géographie au Baccalauréat Tunisie) 

1.    Rappel des nouveautés annoncées en octobre 2016.
La direction des programmes avait publié en octobre 2016 une circulaire[1] qui a arrêté «  de nouvelles consistances des épreuves d’histoire et de géographie à l’examen du baccalauréat pour les sections « Lettres »  et « Economie et Gestion », parmi les  principales nouveautés apportées par la dite circulaire, nous relevons les suivantes ( voir le blog pédagogique : Questiond’actualité : Quoi de neuf au baccalauréat 2017).


§  L’adoption d’une nouvelle formule qui devrait obliger les candidats à traiter les deux types d’épreuves à savoir la dissertation et l’étude de documents dans l’une ou l’autre matière, cette mesure vise à évaluer les deux compétences essentielles ; celle de la rédaction d’une dissertation et celle de l’étude  de documents historiques et géographiques, car avant cet amendement le candidat avait la possibilité de choisir la dissertation dans les deux disciplines ou les deux sujets d’étude de documents dans les deux matières aussi.


§  L’obligation de proposer deux types  différents de dissertation  qui nécessitent deux plans différents ( par exemple en histoire , si le premier sujet est de type de comparaison ,le second doit nécessiter un plan chronologique…)

§  Le remplacement de l’épreuve du commentaire de documents[2] par une autre épreuve de nature différente , le candidat n’est plus appelé à commenter mais à étudier les documents , sa réponse n’est plus sous la forme d’un texte structuré puisqu’il lui est permis de répondre à chaque question séparément .

§  Le nombre de questions qui accompagnent le ou les documents seront entre 4 et 5 ordonnées selon la méthodologie de la discipline et doivent viser  des compétences variées  du plus simple au plus complexe, le contenu de ces questions  est comme suit :

-                   La première question : elle est destinée à une partie de la présentation (mettre le texte dans son contexte historique, déterminer la problématique)
-                   La deuxième question : elle est réservée pour définir les concepts, les notions , les personnalités citées dans le ou les documents ( une liste des concepts , des notions , des faits et des personnalités  qui pourraient faire l’objet d’un questionnement a été établie )
-                   La troisième question porte sur une compétence pratique (réalisation d’une frise chronologique, compléter une carte historique ou géographique… on peut excepter l’étude d’un texte ou de documents historiques des compétences pratiques si ces documents ne s’y prêtent pas)
-                   Les questions 4 et 5  sont en rapport avec la capacité de l’élève à dégager les données historiques et géographiques et à les commenter… à avoir un avis , comparer entre deux données…
§  Les points accordés à l’aspect méthodologique dans l’étude du ou des documents : 4 points, qui seront répartis sur les questions qui nécessitent des réponses ouvertes, ce sont généralement les dernières questions et qui servent à évaluer les aptitudes du candidat à analyser et à synthétiser.
§  Les consistances  des sujets  portant sur la réalisation des cartes géographiques :
-                   Le nombre de question est limité à trois : la première porte sur la représentation cartographique d’un ou plusieurs phénomènes géographiques, la deuxième et la troisième portent sur la description  et le commentaire de ce ou ces phénomènes représentés  par la carte.
-                   Une liste des principales cartes susceptibles de faire l’objet (totalement ou partiellement)  d’un sujet à l’examen sera établie.
§  Les sujets doivent être accompagnés d’un barème des notes
§  L’utilisation de la calculatrice visée par l’établissement  est autorisée.
§  La troisième nouveauté concerne l’évaluation de la  production des candidats, le document propose une grille d’évaluation qui fixe les champs ; les critères et la répartition des points sur les différents champs.
Nous avons  dit l’an passé que  « ces innovations sont positives et constituent un réel progrès pour les deux disciplines, bien sûr que leur bonne mise en œuvre va demander beaucoup de temps et un effort de formation et d’accompagnement.

1.    L’analyse des résultats de la session 2017 vient confirmer nos dires
a)   Les résultats des candidats de la section « Lettres »
On a choisi une session relativement ancienne (2001) et une autre plus proche (2015) pour comparer leur résultat en histoire et géographie avec les résultats de la session 2017 qui a appliqué pour la première fois les nouvelles consistances présentées plus haut.

fig: Répartition des notes d'histoire et de géographie pour les sessions 2001/2015/2017 ( section Lettres)


L’observation du graphique ci-dessus permet de tirer quelques conclusions dont :
§  La grande ressemblance entre l’allure des courbes de la session 2015 et 2017 , si bien qu’on est tenté de dire que les nouvelles consistances n’ont eu aucun effet sur les performances des élèves , en effet le pourcentage des élèves ayant obtenu des notes inférieures à 6 sur 20  est presque le même pour les deux sessions ( 46.46% et 46.70% respectivement  en 2015 et 2017) ;
§  Le faible nombre de candidats ayant obtenu des notes égales ou supérieures à 16 sur 20 qui n’a pas dépassé 8 candidats sur environ 22000  en 2017 et en 2015 ;
§  Une légère augmentation du pourcentage des candidats ayant obtenu la moyenne au cours de la session 2017 en comparaison avec la session 2015 ( 14.8% au lieu de 10.16%), c’est là la seule différence entre les deux sessions et malgré cela, l’amélioration reste insuffisante.
§  La dégringolade des performances des candidats en histoire et géographie au cours de la session 2015  et la session 2017 en comparaison avec 2001, en effet la distribution des notes de la session 2001 a l’allure d’une courbe de Gauss parfaite avec  un sommet  entre les notes   8/9.99 et 10/11.99 , alors que les courbes de 2015 et 2016 dérivent vers les mauvaises notes leur sommet se situe entre 4/5.99 et 6/7.99 .

fig: Répartition des notes d'histoire et de géographie pour les sessions 2001/2015/2017 (section Economie et Gestion)




b)   Les résultats des candidats de la section « Economie et Gestion »

La situation de la section « Economie et Gestion » parait dans une situation plus grave que celle de la section « Lettres » puisque tous les indicateurs sont en rouge et constituent une source d’inquiétude, en effet :

-         Le pourcentage  des candidats ayant des notes inférieures à 6 sur 20 avait atteint un record   ( 72,46%) au cours de la session 2017, il était de 56.63% en 2015 et seulement 21.69% en 2001.
-         La baisse du pourcentage de candidats ayant obtenu la moyenne est plus qu’inquiétant ils ne représentaient que 3,54%    en 2017 ( un peu moins que 2015 : 4,76% ) mais très en dessous du taux de 2001 (29,39%) ;
-         Le glissement inexorable  des sommets des courbes vers les mauvaises notes, si en 2001 le sommet se situait entre les valeurs de 6 et 7.99 ; en 2015 on le trouve dans l’intervalle 4 et 5.99  et en 2017 , il était entre 2 et 3.99.

-         Enfin une baisse spectaculaire du nombre de candidats qui avaient eu des notes égales ou supérieures à 16 , on ne comptait qu’un seul candidat sur 27000 en 2017 ( ils étaient 12 en 2001)

Conclusion
Après cette lecture des résultats de la session 2017 , la conclusion qui s’impose  c’est que les nouvelles consistances  n’ont pas fait évoluer  les choses dans le bon sens et particulièrement dans la section Economie et Gestion , si l’objectif d’adopter ces nouvelles consistances était d’améliorer les performances des candidats, ceci n’avait pas eu lieu au cours de cette session et la situation  n’est pas surprenante car le changement nécessite  du temps et de l’entrainement mais ceci ne nous empêche pas de dire que la  dégringolade des résultats n’est peut-être pas due à la nature des épreuves seulement et qu’il aurait suffi de la changer pour obtenir des résultats meilleurs , c’est pour cette raison que nous pensions qu’il faudrait l’étude du problème et charger une commission co-présidée par un inspecteur général de l’éducation et un professeur universitaire de préparer un rapport sur la question qui fera l’état des lieux et aidera à penser à des remèdes  afin de sortir de cette crise .

Annexe

Extrait du document publié par la DGPFC
«  l’épreuve d’histoire et de géographie au baccalauréat est composée de deux parties :
§  Une première partie (20 points) est constituée de deux dissertations d’histoire ou de géographie , le candidat choisit l’un des deux sujets.
§  Une deuxième partie (20 points)  qui se rapporte à la discipline qui n’est pas concernée par la première partie et elle sera constituée de deux sujets au choix :
-         En Histoire : une étude de texte ou de documents
-         En Géographie : une étude de statistiques ou une étude de documents ou l’exécution d’une carte.
-          

Mongi Akrout & Khalifa Lahmer ; Inspecteurs d'histoire et de géographie et Brahim Ben Atig , Professeur Emérite.
Tunis, Avril 2018





[1] Circulaire 81-10-2016 du 16 octobre 2016 relative à la répartition pédagogique et aux régimes d’évaluation et aux consistances des épreuves dans toutes les disciplines au niveau des collèges et de l’enseignement secondaire.
http://www.administration.education.gov.tn/2016-10-26/circulaire_81102016.pdf
[2] les consistances des années 1994 et de 2008 parlent  « en histoire de  commentaire d’un texte ou de documents historiques  suivi de questions »  et en géographie  de  « l’exécution d’une carte, ou de l’interprétation de statistiques  ou l’analyse de documents géographiques».

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