Hédi Bouhouch |
Le baccalauréat
2017 a connu une importante nouveauté
relative à la consistance de l’épreuve d’histoire et de géographie. ( voir le blog pédagogique :L’histoire et la géographie au Baccalauréat Tunisie)
1. Rappel des nouveautés
annoncées en octobre 2016.
La direction des programmes avait publié en octobre 2016 une circulaire[1]
qui a arrêté « de nouvelles consistances des épreuves d’histoire et de
géographie à l’examen du baccalauréat pour les sections « Lettres » et « Economie et Gestion », parmi
les principales nouveautés apportées par
la dite circulaire, nous relevons les suivantes ( voir le blog
pédagogique : Questiond’actualité : Quoi de neuf au baccalauréat 2017).
§ L’adoption d’une nouvelle formule qui devrait
obliger les candidats à traiter les deux types d’épreuves à savoir la
dissertation et l’étude de documents dans l’une ou l’autre matière, cette mesure
vise à évaluer les deux compétences essentielles ; celle de la rédaction
d’une dissertation et celle de l’étude
de documents historiques et géographiques, car avant cet amendement le
candidat avait la possibilité de choisir la dissertation dans les deux
disciplines ou les deux sujets d’étude de documents dans les deux matières
aussi.
§ L’obligation de proposer deux types différents de dissertation qui nécessitent deux plans différents ( par
exemple en histoire , si le premier sujet est de type de comparaison ,le second
doit nécessiter un plan chronologique…)
§ Le remplacement de l’épreuve du commentaire de
documents[2] par une autre épreuve de
nature différente , le candidat n’est plus appelé à commenter mais à étudier
les documents , sa réponse n’est plus sous la forme d’un texte structuré
puisqu’il lui est permis de répondre à chaque question séparément .
§ Le nombre de questions qui accompagnent le ou les
documents seront entre 4 et 5 ordonnées selon la méthodologie de la discipline
et doivent viser des compétences
variées du plus simple au plus complexe,
le contenu de ces questions est comme
suit :
-
La première question : elle est destinée à une
partie de la présentation (mettre le texte dans son contexte historique,
déterminer la problématique)
-
La deuxième question : elle est réservée pour
définir les concepts, les notions , les personnalités citées dans le ou les
documents ( une liste des concepts , des notions , des faits et des
personnalités qui pourraient faire
l’objet d’un questionnement a été établie )
-
La troisième question porte sur une compétence
pratique (réalisation d’une frise chronologique, compléter une carte historique
ou géographique… on peut excepter l’étude d’un texte ou de documents
historiques des compétences pratiques si ces documents ne s’y prêtent pas)
-
Les questions 4 et 5
sont en rapport avec la capacité de l’élève à dégager les données
historiques et géographiques et à les commenter… à avoir un avis , comparer
entre deux données…
§ Les points accordés à l’aspect
méthodologique dans l’étude du ou des documents : 4 points, qui seront
répartis sur les questions qui nécessitent des réponses ouvertes, ce sont
généralement les dernières questions et qui servent à évaluer les aptitudes du
candidat à analyser et à synthétiser.
§ Les consistances des sujets
portant sur la réalisation des cartes géographiques :
-
Le nombre de question est limité à trois : la
première porte sur la représentation cartographique d’un ou plusieurs
phénomènes géographiques, la deuxième et la troisième portent sur la description et le commentaire de ce ou ces phénomènes
représentés par la carte.
-
Une liste des principales cartes susceptibles de faire
l’objet (totalement ou partiellement)
d’un sujet à l’examen sera établie.
§ Les sujets doivent être accompagnés d’un
barème des notes
§ L’utilisation de la calculatrice visée
par l’établissement est autorisée.
§ La troisième nouveauté concerne l’évaluation de la production des candidats, le document propose
une grille d’évaluation qui fixe les champs ; les critères et la
répartition des points sur les différents champs.
Nous avons dit l’an passé que « ces
innovations sont positives et constituent un réel progrès pour les deux
disciplines, bien sûr que leur bonne mise en œuvre va demander beaucoup de temps
et un effort de formation et d’accompagnement.
1. L’analyse des résultats de la
session 2017 vient confirmer nos dires
a) Les résultats des candidats de
la section « Lettres »
On
a choisi une session relativement ancienne (2001) et une autre plus proche
(2015) pour comparer leur résultat en histoire et géographie avec les résultats
de la session 2017 qui a appliqué pour la première fois les nouvelles
consistances présentées plus haut.
fig:
Répartition des notes d'histoire et de géographie pour les sessions
2001/2015/2017 ( section Lettres)
L’observation
du graphique ci-dessus permet de tirer quelques conclusions dont :
§ La grande ressemblance entre l’allure des courbes
de la session 2015 et 2017 , si bien qu’on est tenté de dire que les nouvelles
consistances n’ont eu aucun effet sur les performances des élèves , en effet le
pourcentage des élèves ayant obtenu des notes inférieures à 6 sur 20 est presque le même pour les deux sessions (
46.46% et 46.70% respectivement en 2015
et 2017) ;
§ Le faible nombre de candidats ayant obtenu des
notes égales ou supérieures à 16 sur 20 qui n’a pas dépassé 8 candidats sur
environ 22000 en 2017 et en 2015 ;
§ Une légère augmentation du pourcentage des
candidats ayant obtenu la moyenne au cours de la session 2017 en comparaison
avec la session 2015 ( 14.8% au lieu de 10.16%), c’est là la seule différence
entre les deux sessions et malgré cela, l’amélioration reste insuffisante.
§ La dégringolade des performances des candidats en
histoire et géographie au cours de la session 2015 et la session 2017 en comparaison avec 2001,
en effet la distribution des notes de la session 2001 a l’allure d’une courbe
de Gauss parfaite avec un sommet entre les notes 8/9.99 et 10/11.99 , alors que les courbes
de 2015 et 2016 dérivent vers les mauvaises notes leur sommet se situe entre
4/5.99 et 6/7.99 .
fig: Répartition
des notes d'histoire et de géographie pour les sessions 2001/2015/2017 (section
Economie et Gestion)
b) Les résultats des candidats de
la section « Economie et Gestion »
La situation de la section
« Economie et Gestion » parait dans une situation plus grave que
celle de la section « Lettres » puisque tous les indicateurs sont en
rouge et constituent une source d’inquiétude, en effet :
-
Le
pourcentage des candidats ayant des
notes inférieures à 6 sur 20 avait atteint un record ( 72,46%) au cours de la session 2017, il
était de 56.63% en 2015 et seulement 21.69% en 2001.
-
La
baisse du pourcentage de candidats ayant obtenu la moyenne est plus qu’inquiétant
ils ne représentaient que 3,54% en 2017 ( un
peu moins que 2015 : 4,76% ) mais très en dessous du taux de 2001
(29,39%) ;
-
Le
glissement inexorable des sommets des
courbes vers les mauvaises notes, si en 2001 le sommet se situait entre les
valeurs de 6 et 7.99 ; en 2015 on le trouve dans l’intervalle 4 et
5.99 et en 2017 , il était entre 2 et
3.99.
-
Enfin
une baisse spectaculaire du nombre de candidats qui avaient eu des notes égales
ou supérieures à 16 , on ne comptait qu’un seul candidat sur 27000 en 2017 (
ils étaient 12 en 2001)
Conclusion
Après cette lecture des résultats de la session
2017 , la conclusion qui s’impose c’est que
les nouvelles consistances n’ont pas
fait évoluer les choses dans le bon sens
et particulièrement dans la section Economie et Gestion , si l’objectif d’adopter
ces nouvelles consistances était d’améliorer les performances des candidats,
ceci n’avait pas eu lieu au cours de cette session et la situation n’est pas surprenante car le changement nécessite du temps et de l’entrainement mais ceci ne
nous empêche pas de dire que la
dégringolade des résultats n’est peut-être pas due à la nature des
épreuves seulement et qu’il aurait suffi de la changer pour obtenir des
résultats meilleurs , c’est pour cette raison que nous pensions qu’il faudrait
l’étude du problème et charger une commission co-présidée par un inspecteur
général de l’éducation et un professeur universitaire de préparer un rapport
sur la question qui fera l’état des lieux et aidera à penser à des remèdes afin de sortir de cette crise .
Annexe
Extrait du document publié par la DGPFC
« l’épreuve d’histoire et de géographie au baccalauréat est
composée de deux parties :
§ Une première
partie (20 points) est constituée de deux dissertations d’histoire ou de
géographie , le candidat choisit l’un des deux sujets.
§ Une deuxième
partie (20 points) qui se rapporte à
la discipline qui n’est pas concernée par la première partie et elle sera
constituée de deux sujets au choix :
-
En Histoire : une étude de texte ou de
documents
-
En Géographie : une étude de statistiques ou
une étude de documents ou l’exécution d’une carte.
-
|
Mongi Akrout & Khalifa Lahmer ; Inspecteurs d'histoire et de
géographie et Brahim Ben Atig , Professeur Emérite.
Tunis, Avril 2018
[1] Circulaire
81-10-2016 du 16 octobre 2016 relative à la répartition pédagogique et aux
régimes d’évaluation et aux consistances des épreuves dans toutes les
disciplines au niveau des collèges et de l’enseignement secondaire.
http://www.administration.education.gov.tn/2016-10-26/circulaire_81102016.pdf
[2] les consistances des
années 1994 et de 2008 parlent « en
histoire de commentaire d’un texte ou de
documents historiques suivi de questions » et en géographie de
« l’exécution d’une carte, ou de
l’interprétation de statistiques ou l’analyse de documents
géographiques».
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