lundi 11 juin 2018

Quoi de neuf au bac 2018 ?



Hédi Bouhouch
Le baccalauréat 2018  amène plusieurs nouveautés qui touchent les fraudes, les troisièmes  langues étrangères , les spécialités artistiques pour les élèves du lycée Al Omrane et enfin le recours aux nouvelles technologies pour l'envoi des sujets et l'édition des diplômes.
le blog pédagogique consacre le billet de cette semaine à la présentation de ces différentes nouveautés.

1.    Plus de sévérité vis-à-vis des fraudeurs
La lutte anti-fraude semble être un souci important dans la stratégie du ministère de l’éducation, cela s’est traduit dans les textes régissant le baccalauréat, en effet l’article 19 de l’arrêté du 24 avril 2008 relatif à l’organisation du baccalauréat  a connu  des amendements successifs pour essayer de contrer les fraudeurs et les dissuader par l’alourdissement des peines encourues.
a.     En 2008 l’article en question a assimilé la fraude à la tentative de fraude, et à la mauvaise conduite, et il n’a pas fait de différence entre l'auteur principal de la fraude et ses complices. Les sanctions administratives et pénales peuvent être prononcées à l’encontre des responsables du centre et des surveillants.
La mission de statuer sur les différentes  irrégularités est confiée    à  « des jurys chargés d’enquête », sans préciser leur composition, ni l’autorité qui est chargée de les nommer ;  ces jurys jouissent de larges prérogatives , ainsi ils  peuvent décréter la nullité de  l'examen s’ils jugent qu’il y a fraude ou tentative de fraude ou mauvaise conduite caractérisée à l’encontre de l’auteur principal et de ses complices éventuels ; en plus de cette sanction, les jurys peuvent  proposer également  au ministre de l’éducation  de décider l’interdiction de  participation à l'examen , pour une période comprise entre un et cinq ans .Les décisions de la nullité prononcées par la commission des fraudes sont définitives et prennent effet immédiatement ; elles sont sans appel et ne peuvent pas être   contestées.


b.    L’amendement de 2014[1]
Devant l’apparition de nouveaux moyens de fraude et devant la multiplication des manifestations d’incivilités au cours de l’examen,le ministère  avait introduit un nouvel amendement  en 2014 qui sanctionne le candidat qui introduit dans la salle de l’examen « un poste électronique ou tout autre moyen de communication »  ou qui « perturbe le déroulement de l'examen du baccalauréat »
En outre l’amendement comble une lacune dans le texte de 2008 en précisant  l’autorité qui est habilitée à désigner« les commissions d'enquête »[2] qui seront chargées de l’étude des dossiers, dans les cas où elles confirment l’existence de l’infraction , ces commissions prononceraient  « la nullité de l'examen à l'encontre des candidats reconnus coupables »


L’amendement a créé une nouvelle instance il s’agit d’une « commission nationale chargée par le ministre de l'éducation à prononcer des sanctions à l'encontre des candidats reconnus coupables dans les cas de fraude ou de mauvaise conduite  » , cette tâche revenait avant cet amendement aux commissions d’enquête , mais devant les écarts constatés dans  les sanctions entre les différentes commissions pour les mêmes infractions , le ministère a décidé de confier cette tâche à une commission unique  centrale afin d’harmoniser les sanctions et dans cette optique le nouvel amendement à chercher à cadrer  les sanctions en distinguant entre les infractions
de fraude ,de tentative de fraude qui ne sont pas accompagnées de violences verbales ou et matérielles et celles où le candidat agresserait le personnel du centre d’examen ; dans les premiers cas la sanction pourrait être  une interdiction de s'inscrire à l'examen pour une période allant de 1 à 3 ans pour les secondes la sanction sera plus lourde , l’interdiction de s'inscrire à l'examen pourrait aller dans ces cas   de 2 à 5 ans. 

c.     Les amendements  de 2018
§  Amendement de février 2018   [3]
Ce dernier  amendement  est venu renforcer encore plus la lutte contre les « fraudes électroniques »  en effet il est désormais interdit « aux candidats d'apporter tout appareil électronique au centre d'examen, sauf la calculatrice selon les dispositions en cours »  , ainsi l’interdiction ne se limitait pas à la salle de l’examen comme le stipulait l’amendement de 2014  , tout manquement est considéré comme une tentative de fraude » (article 4 –nouveau- dernier paragraphe –nouveau-)
§  L’amendement de Mai 2018 : plus de sévérité [4]
Le dernier amendement en date ( 15 mai 2018) est venu durcir les sanctions pour espérer dissuader les candidats qui projetteraient de tricher à  l’examen et ( ou) feraient preuve d’incivilité et d’indiscipline au cours de l’examen, dans ces cas  la sanction  est relevée « à cinq (5) ans d'interdiction de s'inscrire à l'examen en plus de l’exclusion de tous les établissements éducatifs publics » , quant àla fraude ou la  tentative de fraude qui sont accompagnées de mauvaise conduite, d’incivilité et de violence  la sanction  est portée à  six (6) ans d'interdiction de s'inscrire à l'examen en plus de l’exclusion de tous les établissements éducatifs publics , alors que la sanction en cas d’incivilité et d’indiscipline  ( sans fraude ou tentative de fraude ) elle est portéeà 3 ans d'interdiction de s'inscrire à l'examen en plus de l’exclusion de tous les établissements éducatifs publics . (Article 19 -dernier paragraphe nouveau).
2.    Plus de numériques et de nouvelles technologies dans la gestion des examens nationaux
Le ministère de l’éducation  et la direction générale des examens  font  figure encore une fois de pionniers  dans le domaine de l’utilisation des NTIC , entamée depuis le début des années 2000 , l’informatisation et le recours aux nouvelles technologies viennent de franchir un nouveau palier cette année par deux mesures révolutionnaires :
-      La première est l’utilisation de la signature électronique des diplômes délivrés par la DGE (Bac  et DFEEB) , cette technologie appelée QR  (abréviation de l'anglais Quick Response) signifie que le contenu du code peut être décodé rapidement par un lecteur de code-barres, un téléphone mobile, un smartphone, ou encore une webcam. Son avantage est de pouvoir stocker les informations  et les données directement reconnues par des applications. Cette nouvelle technologie  va permettre  de se passer de la signature manuelle qu’apposaient les présidents des centres d’examens ou la direction générale des examens , et elle va donner la possibilité  aux candidats d’obtenir  leur diplôme  dès la proclamation des résultats, elle  va permettre  aussi de se passer de la procédure de la légalisation des copies des diplômes.

-      La deuxième innovation est l’envoi des sujets des épreuves sous un format numérique  à partir de la DGE vers les différents centres d’examens,  ce procédé fut appliqué  cette année pour les épreuves orales et pratiques (musique et informatique), il est prévu de  l’utiliser dans les prochaines années pour les épreuves écrites. cette nouvelle technique va permettre  de réduire les travaux d’impression et mettre un coup d’arrêt  au bal de voitures  pour le transport des sujets.
3.    Les autres nouveautés
L’amendement du 5 février2018  a amené  deux autres nouveautés[5] :
§  La première consiste à ajouter une nouvelle langue étrangère dans la liste des matières optionnelles il s’agit de la langue portugaise ainsi l’élève aura le choix entre   l’allemand, l’espagnol , l’italien , le russe , le chinois , le turc ( introduit en 2014) , et le portugais.
§  La révision de l’horaire et des coefficients des disciplines artistiques pour les candidats du lycée des arts Al Omrane, le  nouvel 6ème point de l’article 8  stipule que « Les candidats à l'examen du baccalauréat relevant du lycée des arts « El Omrane» passent les épreuves suivantes :
- pour l'éducation musicale, ou l'éducation théâtrale : les candidats passent les épreuves écrites et pratiques, la moyenne finale est calculée sur la base de la moyenne arithmétique des deux notes obtenues dans les deux épreuves : pratique et écrite,
- pour l'éducation artistique, la moyenne finale est égale à la note obtenue dans l'épreuve écrite seulement,
- est accordé le coefficient 2 aux matières artistiques, la durée de l'épreuve écrite est fixée à deux (2) heures ». 

-Annexe1- Article  19 de l’arrêté du 24 avril 2008  relatif au régime du baccalauréat
Toute fraude ou tentative de fraude ou mauvaise conduite à l’examen du baccalauréat seront sanctionnées selon les modalités suivantes :

1.    fraude ou tentatives de fraude ou mauvaise conduite constatées dans les centres des épreuves pratiques ou écrites :

a) les jurys chargés d’enquête portant sur les cas de fraude ou de mauvaise conduite, délibèrent, pour chaque cas, sur la base d’un dossier comportant les pièces suivantes :
- les rapports des deux surveillants,
- le rapport du président du centre d’examen et du vice président le cas échéant
- les questionnaires adressés aux candidats concernés,
- les documents saisis, relatifs au cas de fraude et au manifestation de mauvaise conduite le cas échéant,
- ainsi que tous les documents et pièces susceptibles de permettre aux jurys de prendre les décisions adéquates,
b) les jurys chargés d’enquête portant sur les cas de fraude ou de mauvaise conduite déterminent s’il y a eu fraude caractérisée ou tentative de fraude ou mauvaise conduite,

c) dans tous les cas, les jurys prononcent la nullité de l’examen, pour les deux sessions, à l’encontre de l’auteur principal de la fraude ou la tentative de fraude, à l’encontre de l’auteur de la mauvaise conduite et à l’encontre de leurs complices,

d) outre la prononciation de la nullité de l’examen, les jurys chargés de l’enquête portant sur les cas de fraude ou de la mauvaise conduite peuvent proposer au ministre de l’éducation et de la formation, après appréciation des circonstances et du degré de gravité de la fraude ou de la mauvaise conduite, de prendre la sanction d’interdire aux candidats concernés de s’inscrire à l’examen et leur exclusion des établissements éducatifs publics pour une période allant de un à cinq ans.

Les jurys peuvent également proposer d’engager une enquête administrative afin de délimiter les responsabilités dans les cas examinés.

2.    cas de fraude ou de mauvaise conduite constatés lors de la correction :

Si un professeur s’aperçoit, en corrigeant les copies, que certaines d’entre elles se ressemblent impliquant une présomption de fraude, ou de conduite des propos sans rapport avec le sujet de l’examen et touchant à la personne du professeur-correcteur ou au système éducatif d’une façon générale, il sera appelé à rédiger un rapport où il explicite les raisons de ses soupçons et à le remettre au président de la commission de correction. Ce dernier chargera un deuxième professeur de corriger de nouveau les copies douteuses.
Le président du centre de correction établit un dossier comportant :
- le rapport du premier professeur-correcteur,
- le rapport du deuxième professeur-correcteur,
- le rapport du président de la commission de correction,
- ainsi que tous les documents et pièces susceptibles de permettre aux jurys de prendre les décisions adéquates.
Les jurys chargés d’enquête portant sur le cas de fraude ou de mauvaise conduite seront appelés à délibérer sur ces cas, à la lumière de ce dossier enrichi par les questionnaires des candidats concernés et des surveillants le cas échéant, ils détermineront s’il y a eu ou non fraude, et il sera de même pour les cas de mauvaise conduite. Dans l’affirmative, la nullité de l’examen est prononcée à l’encontre des candidats reconnus coupables. Les jurys peuvent proposer une des sanctions prévues à l’article 19 du présent arrêté.

Les cas de fraude ou tentative de fraude et de mauvaise conduite feront l’objet de procès-verbaux
Source : Journal Officiel de République Tunisienne, 25 avril 2008, N° 34, Page 1326

- Annexe2 – Evolution des sanctions selon les arrêtés de 1981 et 2008 
Arrêté du 24 avril 2008
Arrêté du 16 avril 1981
Ajout de l’infraction de mauvaise conduite (introduite depuis l’amendement  du 31 mars 1998)
Les sanctions prévues en plus de l’annulation de l’examen :
l’interdiction de s’inscrire à l’examen et L’exclusion des établissements scolaires publics    pour une période allant de un à cinq ans.
Evoque l’infraction de fraudes et  de tentatives de fraudes
Les sanctions prévues en plus de l’annulation de l’examen :
1-    Le blâme
2-    l’interdiction de s’inscrire à l’examen pendant une année ou plus.
     3- L’exclusion des établissements scolaires publics et privées   l’interdiction de s’inscrire à l’examen pour une période allant de un à cinq ans.
    4-L’exclusion définitive des établissements scolaires  et universitaires  cette sanction entraine l’interdiction de s’inscrire aux  examens

P.S: vu la multiplication des amendements qui ont touché l'arrêté de 2008 organisant  l'examen du baccalauréat il serait souhaitable de publier un nouvel arrêté qui regroupe tous ces amendements.
Mongi Akrout Inspecteur général de l’éducation, et Brahim Ben Atig, Professeur Principal émérite.
Tunis , Mai 2018

Anciens articles  du blog  sur le même thème

Question d’actualité : Quoi de neuf au baccalauréat 2017.

La fraude au baccalauréat tunisien




[1]Arrêté du ministre de l'éducation du 14 mars 2014, modifiant et complétant l'arrêté du 24 avril 2008 relatif au régime de l'examen du baccalauréat.
[2] en réalité cette commission a été mise en place dès la session de 2013 , et fut présidée par A.Hadded , inspecteur général de l'éducation
[3]Arrêté du ministre de l'éducation du 5 février 2018, complétant l'arrêté du 24 avril 2008, relatif au régime de l'examen du baccalauréat.
[4]Arrêté du ministre de l'éducation du 15 mai 2018, modifiant l'arrêté du 24 avril 2008, relatif au régime de l'examen du baccalauréat.
http://www.iort.gov.tn/WD120AWP/WD120Awp.exe/CTX_10144-38-SlEDzMRWWe/RechercheTexte/SYNC_1805622437
[5]Arrêté du ministre de l'éducation du 5 février 2018, complétant l'arrêté du 24 avril 2008, relatif au régime de l'examen du baccalauréat.

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