lundi 23 mars 2020

Les travaux du conseil supérieur de l’éducation nationale (La première session- 9 juillet 1971) - Partie 1



Hédi BOUHOUCH
Le blog pédagogique poursuit  la reproduction des documents relatifs au conseil supérieur de l'éducation nationale , l'héritier de l'ancien du conseil de l'instruction publique,  cette semaine nous entamons la publication du procès verbal de la première réunion de ce conseil tenue au mois de juillet 1971, dans un contexte politique particulier, après le limogeage de l'ancien ministre de l'éducation Ahmed Ben Salah.

En lisant le procès verbal de cette  première réunion , on constate une grande différence avec les réunions du CIP de la période colonial comme la session de 1905 que le blog a présenté au cours des semaines passées.
Pour présenter ce PV , le blog pédagogique a sollicité la contribution de M° Mokhtar Ayachi qui a bien voulu répondre à notre requête comme à son habitude , qu'il en soit remercié.
Le blog pédagogique

Le Conseil Supérieur de l'Education, créée en 1888 au sein de la Direction Générale de l'Enseignement Public en Tunisie (5 ans après la fondation de cette dernière), a connu  plusieurs changements au niveau de son appellation, de sa composition et dans ses prérogatives, du début de la période coloniale jusqu'à l'an 2000.
Il convient de rappeler ici que ce Conseil a été créé dans le cadre des nouvelles lois sur l'éducation, édictées par le Président du Conseil des Ministres français, et (en même temps) ministre de l'Éducation, Jules Ferry, lors de la décision de mainmise de la IIIème République sur ce service public. Les dispositions juridiques, ou législatives, prises en France, dans le cadre des mesures démocratiques, trouvaient automatiquement leur projection ou échos dans les colonies, au profit des communautés françaises et européennes qui y vivaient à l'époque.
Cette institution, qui représente un "Comité de Pilotage" ou  une sorte de "parlement de l'éducation" pour le système éducatif public français en Tunisie, si elle a été initialement créée en faveur de la communauté étrangère, les Tunisiens en ont également bénéficié en tant que nouvelles traditions démocratiques introduites dans le pays, tout comme d’autres codes démocratiques et valeurs humaines universelles aussi importantes. Cette structure éducative a été, heureusement, adoptée après l’indépendance, par la loi du 4 novembre 1958, qui a fondé le système éducatif national, dont l'article 38 stipule la création d'un «Conseil Supérieur de l’Education Nationale».
Cependant, cette mesure est restée lettre morte, compte tenu des « crispations » politiques qui seraient liées aux circonstances des lendemains de l’indépendance : opposition youssefiste puis tentative de coup d'État, fomenté  par le groupe Lazhar Chraïti, etc…
 Malheureusement, ce Conseil Supérieur de l’Education  n'a pas connu de continuité dans son activité, voire même dans sa mise en place réelle, car son histoire, après l'Indépendance du pays, n'a été qu'une série d'interruptions, dont la dernière en date a été exprimée par le décret de juin 1971. Ce dernier, lui accordant un caractère consultatif, annonçait, tout de même, pour la première fois, après 13 ans, son activation. La première réunion de ce Conseil a eu lieu, sous la supervision du Premier ministre  Hédi Nouira.
Le P.V. de cette réunion (que le blog se propose de publier), est d'une grande importance,  vu qu’il annonce  les orientations  politiques pour la période  de la décennie post Mahmoud Messaâdi (1958-1968/69) d'une part, et l'orientation socialiste (ou travailliste) du projet d’Ahmed Ben Salah et de l'UGTT, d'autre part.
L’on peut nous demander, enfin, si le type de discours officiel, et  particulièrement les (sept) points mentionnés dans l’intervention de Hédi Nouira, annoncent vraiment une nouvelle orientation de la politique éducative nationale au cours de cette deuxième décennie de l'indépendance
Ou  encore, est-ce que le plan décennal (1959-1969) de développement économique et social, intégrant le projet du système éducatif dans le cadre des investissements dans les ressources humaines (notamment pour la fonction économique de l'éducation),  a déjà traité ces points  importants mentionnés dans le discours de Nouira ? Par ailleurs, ce discours, lui-même, n'a-t-il pas été une reprise, en effet, de ce qui était dit précédemment, dans les nombreux discours d'Ahmed Ben Salah ?
Mokhtar Ayachi


République tunisienne / Ministère de l’éducation nationale
Les travaux du conseil supérieur de l’éducation nationale
La première session-  9 juillet 1971
Le contenu du dossier
1-Avant propos
2- Allocution  d’ouverture de Monsieur le Ministre de l’Education
3- Discours de Monsieur le Premier Ministre
4-  exposé  du Ministre de l’Education
5- Synthèse  présentée par le directeur de la pédagogie et de l’inspection
6- Débats et discussion
7- Le décret   
8 - Liste des membres des commissions permanentes

Avant propos
Le 29 juin 1971 est paru le décret instituant le Conseil Supérieur de l’Education Nationale, c’est une institution chargée d’étudier les fondements et les règles sur lesquels doivent se baser nos choix  nationaux dans le domaine de l’éducation  qui est notre point de départ pour le progrès et la victoire.
La composition du conseil  a regroupé tous ceux qui ont un rapport avec l’instruction et l’éducation, toutes les institutions et les organisations y sont nécessairement  représentées, la question de l’éducation et de l’enseignement est une affaire nationale  qui concerne la nation entière, aucune partie quelque soit son importance  ne peut avoir le monopole  des  choix : ni le gouvernement, ni l’administration ni aucun groupe.  Doù la gravité de la responsabilité  du conseil  et ce que la nation attend de lui.
C’est ce qui explique la joie des éducateurs et de la nation tout entière de sa naissance et de son entrée en fonction ,  et la présence du Premier Ministre pour  présider la première session  du conseil  qui s’est tenue le 9 juillet 1971 à la faculté des lettres  9 avril est la preuve du grand intérêt qu’accorde l’état aux travaux du conseil.

Allocution de bienvenue   de Monsieur le Ministre de l’Education: Le professeur Chedly Ayari

Monsieur le Premier Ministre
Chers collègues
Permettez-moi   tout d’abord , de présenter mes vifs remerciements à Monsieur Hédi Nouira , le premier Ministre qui , malgré ses nombreuses  préoccupations a tenu à présider lui-même la première session du conseil supérieur de l’éducation nationale , au nom de son excellence le président Habib Bourguiba .

C’est là la preuve du grand intérêt qu’accorde l’état à l’éducation et à la bonne  préparation des générations montantes  qui répondent aux exigences de l’authenticité, de la civilisation et des besoins du développement du pays.
Le gouvernement a fait de l’éducation une question nationale, la nation par la voix de ses  différentes institutions participe au choix de ses fondements et de sa philosophie, elle est aussi au service de ses programmes et elle participe aussi aux choix de la manière de l’intégrer dans la marche du développement global.
Notre conseil est la meilleure preuve  du caractère national de la question éducative de part sa composition élargie qui a regroupé l’administration et toutes les organisations nationales de telle façon qu’il sera la cellule de base pour la recherche d’un système éducatif  bâti  sur les quatre fondements  suivants fixés par le président de la république dans son discours à l’occasion de la journée du savoir le 30 juin 1971 : démocratie, efficience, authenticité et ouverture ; la philosophie de ce discours sera la  référence des travaux de ce conseil jusqu’à la réalisation et le renforcement de ces quatre fondements.
Notre Conseil, le Conseil supérieur de l'éducation nationale, est  la meilleure preuve du caractère  national de la question  éducative, ce conseil   avec sa composition élargie qui rassemble  l'administration tunisienne et toutes les organisations nationales, de sorte qu'il constituera la principale cellule de recherche d'un nouveau système éducatif fondé sur les quatre piliers définis par son Excellence le Combattant suprême  le président Habib Bourguiba dans son discours du 30 juin 1971 qui sont : la démocratie, l'efficience ; l'authenticité et l'ouverture.
Ce discours, dont la philosophie sera le guide des travaux de ce Conseil, afin que ces piliers puissent être réalisés et soutenus.

Fin de la première partie, A suivre

Présentation Mongi Akrout, Traduction Abdessalam Bouzid , Inspecteurs Généraux  de l'enseignement retraité
Tunis , mars 2020.









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