lundi 20 avril 2020

Les travaux du conseil supérieur de l’éducation nationale (La première session- 9 juillet 1971) - Partie4



Hédi Bouhouch
Le blog pédagogique poursuit  la reproduction des documents relatifs au conseil supérieur de l'éducation nationale , l'héritier de l'ancien du conseil de l'instruction publique,  cette semaine nous entamons la publication du procès verbal de la première réunion de ce conseil tenue au mois de juillet 1971, dans un contexte politique particulier, après le limogeage de l'ancien ministre de l'éducation Ahmed Ben Salah.

En lisant le procès verbal de cette  première réunion , on constate une grande différence avec les réunions du CIP de la période colonial comme la session de 1905 que le blog a présenté au cours des semaines passées.
Pour présenter ce PV , le blog pédagogique a sollicité la contribution de M° Mokhtar Ayachi qui a bien voulu répondre à notre requête comme à son habitude , qu'il en soit remercié.
Le blog pédagogique

Le Conseil Supérieur de l'Education, créée en 1888 au sein de la Direction Générale de l'Enseignement Public en Tunisie (5 ans après la fondation de cette dernière), a connu  plusieurs changements au niveau de son appellation, de sa composition et dans ses prérogatives, du début de la période coloniale jusqu'à l'an 2000.
Il convient de rappeler ici que ce Conseil a été créé dans le cadre des nouvelles lois sur l'éducation, édictées par le Président du Conseil des Ministres français, et (en même temps) ministre de l'Éducation, Jules Ferry, lors de la décision de mainmise de la IIIème République sur ce service public. Les dispositions juridiques, ou législatives, prises en France, dans le cadre des mesures démocratiques, trouvaient automatiquement leur projection ou échos dans les colonies, au profit des communautés françaises et européennes qui y vivaient à l'époque.
Cette institution, qui représente un "Comité de Pilotage" ou  une sorte de "parlement de l'éducation" pour le système éducatif public français en Tunisie, si elle a été initialement créée en faveur de la communauté étrangère, les Tunisiens en ont également bénéficié en tant que nouvelles traditions démocratiques introduites dans le pays, tout comme d’autres codes démocratiques et valeurs humaines universelles aussi importantes. Cette structure éducative a été, heureusement, adoptée après l’indépendance, par la loi du 4 novembre 1958, qui a fondé le système éducatif national, dont l'article 38 stipule la création d'un «Conseil Supérieur de l’Education Nationale».
Cependant, cette mesure est restée lettre morte, compte tenu des « crispations » politiques qui seraient liées aux circonstances des lendemains de l’indépendance : opposition youssefiste puis tentative de coup d'État, fomenté  par le groupe Lazhar Chraïti, etc…
 Malheureusement, ce Conseil Supérieur de l’Education  n'a pas connu de continuité dans son activité, voire même dans sa mise en place réelle, car son histoire, après l'Indépendance du pays, n'a été qu'une série d'interruptions, dont la dernière en date a été exprimée par le décret de juin 1971. Ce dernier, lui accordant un caractère consultatif, annonçait, tout de même, pour la première fois, après 13 ans, son activation. La première réunion de ce Conseil a eu lieu, sous la supervision du Premier ministre  Hédi Nouira.
Le P.V. de cette réunion (que le blog se propose de publier), est d'une grande importance,  vu qu’il annonce  les orientations  politiques pour la période  de la décennie post Mahmoud Messaâdi (1958-1968/69) d'une part, et l'orientation socialiste (ou travailliste) du projet d’Ahmed Ben Salah et de l'UGTT, d'autre part.
L’on peut nous demander, enfin, si le type de discours officiel, et  particulièrement les (sept) points mentionnés dans l’intervention de Hédi Nouira, annoncent vraiment une nouvelle orientation de la politique éducative nationale au cours de cette deuxième décennie de l'indépendance
Ou  encore, est-ce que le plan décennal (1959-1969) de développement économique et social, intégrant le projet du système éducatif dans le cadre des investissements dans les ressources humaines (notamment pour la fonction économique de l'éducation),  a déjà traité ces points  importants mentionnés dans le discours de Nouira ? Par ailleurs, ce discours, lui-même, n'a-t-il pas été une reprise, en effet, de ce qui était dit précédemment, dans les nombreux discours d'Ahmed Ben Salah ?
Mokhtar Ayachi


L'intervention de M° Hsan Al Masri, directeur de la pédagogie et de l'inspection


Je souhaite vous présenter  , comme l'a dit M°  le Ministre- un aperçu sur les travaux des commissions permanentes , en premier lieu  ce qui concerne les finalités qu'elles visent, et deuxième lieu ce qui se rapporte à leur composition , et enfin en ce qui concerne  leur mode de fonctionnement et les résultats obtenus.
Il est de coutume que chaque nouveau ministre qui arrive au ministère de l'Éducation nationale demande à des  commissions de revoir les programmes et les horaires alloués à chaque discipline, il s'agissait dans ces cas de pratiques de rafistolage  beaucoup plus qu'un travail pédagogique de fond.

Je me souviens qu'un plan décennal  pour l'éducation  de dix ans avait été élaboré pour la période de 1958 à 1968. C'était une période de stabilité. Et depuis 1968  on a entamé une évaluation de ce plan  en partant  des expériences que nous avons connues , ce plan a été subi une nouvelle évaluation  en 1969 et  puis est venue l'année  1970 pour faire le point sur  ce que nous avons  arrêté  en 1969. Notre ministre de l’Éducation, Chadli Ayari a refusé de suivre la même démarche que ses prédécesseurs , il a pensé constituer  des commissions techniques qui est chargée  avant tout de faire un diagnostic de la situation actuelle de l’éducation et des résultats  des différentes réformes.

Ainsi 12 commissions ont été constituées    : la commission  d'arabe - de français - Commission de l'éducation religieuse et nationale - Commission de la philosophie - Commission des langues vivantes - Commission des sciences mathématiques - Commission des sciences physiques et de chimie - Commission des sciences techniques - Commission des sciences économiques - Commission de l'histoire et de la géographie - Commission des sciences , La Commission de réflexion  pédagogique a été ajouté avec pour tâche,  n'est  pas de  monopoliser la réflexion sur les questions pédagogiques, mais elle sera axée sur la recherche de moyens pédagogiques à même de permettre  l'atteinte de nos objectifs, le reste des commissions examinent les questions pédagogiques.
La première réunion de ces commissions s'est tenue le 6 mars 1971, M° le  Ministre a présenté les finalités de ces commissions et les points qu'elles sont chargées d'étudier. je tiens à les rappeler, il s'agit:
.1.  des programmes,
.2.  des méthodes qui permettent de réaliser les programmes avec le plus d'efficacité et de pertinence,
.3.  des cadres (personnels) éducatifs,
.4.  du matériel et outils scolaires  tels  que des manuels scolaires  et des outils audiovisuels.
Ces commissions ont été formées sur la base de la participation de représentants d'enseignants appartenant aux trois niveaux d'enseignement,  ainsi il n'est pas question d'étudier les questions relatives à l'enseignement primaire loin de l'étude de celles  de l'enseignement secondaire, l'étude  des questions de l'enseignement primaire et secondaire ne doivent pas être  pas réalisés séparément de l'enseignement supérieur. Les commissions  comprenaient également des instituteurs, des professeurs, des conseillers, des inspecteurs, des directeurss et des doyens. elles ne comprennent  que des Tunisiens et cela n'empêche pas la consultation d'étrangers travaillant dans notre pays dans le domaine de l'éducation.
La première des tâches réalisées par ces commissions  était d'établir un diagnostic  sur l’état actuel de l’éducation, pour cela chaque commission avait préparer  un questionnaire  qu'elles ont envoyé  à toutes les écoles primaires (consultation générale) et aux enseignants. Certains, avaient  proposé de reporter  la consultation à plus tard pour l'enseignement supérieur.
Je remarque que certaines commissions ont contacté directement les enseignants peut-être dans les classes même  . Certaines commissions ont achevé la préparation du premier diagnostic, qui comprend deux éléments:
a.     des réformes urgentes qu'on essayera - peut-être - de les   appliquer en totalité ou en  ou partie rapidement, comme c'est le cas les réformes qui concernent les mathématiques.
b.    Des réformes de fonds que nous étudierons  dans le cadre du plan général de l'éducation.
Je rappelle que la désignation de ces commissions  permanentes  signifie qu'elles vont  poursuivre leurs travaux et leurs études et ne changent pas avec le changement de responsables du ministère, de sorte que la réforme puisse continuée  sur la même lancée. .
Nous allons préparer bientôt une consultation auprès   des organisations nationales et les institutions économiques et sociales qui accueillent les diplômés des écoles, des lycées  et des facultés.
Nous espérons vous fournir un rapport écrit sur les travaux  et les conclusions des commissions.

Fin de la quatrième partie, A suivre
Présentation Mongi Akrout, Traduction Abdessalam Bouzid , Inspecteurs Généraux  de l'enseignement retraité
Tunis , mars 2020.

Pour accéder à la version AR, cliquer ICI


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire