Mongi Abid, 12 septembre 1950 – 10 décembre 2006 - Un pionnier de l'introduction des nouvelles technologies dans l'enseignement des SVT.

 

 

Mongi ABID Aujourd'hui , 10 décembre 2023, voilà presque 17 ans que notre ami Mongi Abid a quitté ce monde. A cette douloureuse occasion , le blog pédagogique a voulu consacrer le billet de cette semaine pour commémorer sa mémoire et pour que la nouvelle génération d'inspecteurs de l'enseignement secondaire en général  et ceux des SVT en particulier  prennent connaissance de l'autorité scientifique et pédagogique que fut Mongi Abid . Il  avait joué un rôle très important  dans l'évolution des programmes et des méthodes de l'enseignement de l'éveil scientifique dans les écoles primaires et  des SVT dans notre pays au cours des années 80, 90 et 2000. Et si le blog s'intéresse à la commémoration de la mémoire de Mongi Abid, c'est pour montrer qu'il n'oublie pas les pionniers de l'école tunisienne et qu'il sera toujours fidèle à leur mémoire , telle est sa mission depuis sa création :  la sauvegarde de la mémoire de l'école tunisienne. Ce billet doit beaucoup à notre ami Brahim Ben Salah, qui a mis à notre  disposition plusieurs documents qui nous ont permis de préparer cet hommage, qu'il en soit remercié. Ces  documents sont : - Une lettre de la famille du défunt adressée au ministre de l'éducation demandant de  donner le nom de Mongi Abid  à l'un des établissements scolaires de Sfax; -Une lettre sur le même sujet signée par plusieurs organisations et associations installées à Sfax ( Bureau régional de l'UGTT, Bureau régional de la LTDDH, le syndicat de base des inspecteurs de l'enseignement secondaire, l'association de protection de l'environnement et de la nature de Sfax, l'amicale des inspecteurs de l'enseignement secondaire, l'association des S.V.T; - Le curriculum vitae de Mongi Abid; - L'allocution de M. Brahim Ben Salah  prononcée le 30/12/2022 à l'occasion de la cérémonie officielle tenue au collège pilote, cité Al Ons à Sfax, qui portera à partir de cette journée le nom : collège pilote Mongi Abid.

 

 Le 10 décembre 2006, l'école tunisienne a perdu l'un de ses illustres inspecteurs de l'enseignement secondaire (spécialité : Sciences de la vie et de la terre), Mongi Abid nous a quittés.

Mongi, je vais l'appeler ainsi, car il n'est pas pour moi un simple collègue, c'est un ami d'enfance, nous avons fait notre scolarité primaire ensemble à l'école primaire El Faleh, sise Merkez Al Hajem, route Menzel Chaker à Sfax, de 1955 à 1961. Puis nos routes se sont séparées un bon moment, Mongi est allé suivre ses études secondaires au lycée 15 novembre 1955 de Sfax (plus connu sous l'appellation Al Hay) dans la section A, alors que je fus orienté vers le lycée de garçons, route de Gabès. Après le baccalauréat, en 1967, Mongi rejoint la faculté des sciences de Tunis pour poursuivre ses études scientifiques où il décrocha sa maitrise en 1971, à la suite de quoi il entama une riche carrière dans l'enseignement qu'il poursuivit avec un grand succès durant 35 ans.

-  1971-1985 : Professeur d'enseignement secondaire

Il commence sa carrière en tant que professeur de l'enseignement secondaire dans les lycées du gouvernorat de Sousse (lycée mixte de M'saken, de 1971 à 1974, puis au lycée Mhamed-Maarouf, de 1974 à 1977), pour retrouver son lycée d'origine, le lycée 15 Novembre 1955  de 1977 à 1985.

- 1981-1985 : Conseiller pédagogique

Le professeur se distingue par ses compétences et ses qualités. Il fut choisi par son inspecteur pour le seconder et l'aider à encadrer les jeunes enseignants stagiaires. Ainsi, en plus de son travail en tant que professeur, il est nommé conseiller pédagogique. C'était l'anti chambre de l'inspection.

- 1985-2006 : Inspecteur de l'enseignement secondaire

En 1985, Mongi franchit le pas, en réussissant le concours des inspecteurs. Il passa toute sa carrière d'inspecteur à la direction régionale de l'enseignement de Sfax. En 1993, il réussit le concours d'accès au grade d'inspecteur principal, au mois de mai 2006, quelques mois avant son décès, il fut nommé inspecteur général de l'éducation, le grade le plus élevé pour le corps des inspecteurs.

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Par décret n° 2006-1315 du 8 mai 2006. Les inspecteurs principaux des écoles préparatoires et des lycées secondaires  et les inspecteurs principaux des écoles primaires dont les noms suivent sont nommés dans le grade d’inspecteur général de l’éducation : - Brahim Ben Salah, - Mohamed Ben Hmida, - Hamadi El Kar, - Moncef Boughzala, - Abdelbaki Oueslati, - Abderrazak Besrour, - Mongi Abid, - Taher Kaudia, - Ahmed Ben Messaoud, - Abdessalem Bouzid.

 

 

SON ŒUVRE

Mongi, l'inspecteur était un perfectionniste, un bourreau de travail. Nous partagions le même bureau à l'inspection pédagogique de Sfax, sise rue Magida Boulila. Quand il n'est pas en tournée d'inspection ou en formation, il passait tout son temps dans son bureau à rédiger ses rapports, à se documenter pour être à jour, ne cessant jamais de perfectionner ses compétences en pédagogie et surtout en didactique des SVT.

Il a participé à plusieurs sessions de formation aussi bien en Tunisie qu'à l'étranger : (session de formation à l'élaboration des manuels scolaires et les outils d'apprentissage au Canada, session de formation sur l'accompagnement pédagogique en France, session de formation sur les techniques d'inspection et de l'évaluation en France, session de formation sur les compétences de base en Belgique…).

 

Tout cela et ses convictions intimes lui ont permis de faire progresser l'enseignement de l'éveil scientifique à l'école primaire et l'enseignement des sciences de la vie et de la terre au collège et au lycée. Il est ainsi devenu un pionnier de l'innovation dans l'enseignement et un fervent défenseur des nouvelles technologies.

Il n'a pas cessé de chercher à innover les pratiques pédagogiques en classe en utilisant les NTI. En 2002, il a mis au point une application numérique sur l'appareil reproductif, qui lui a valu le premier prix des innovations pédagogiques, concours organisé par le ministère de l'éduction.

Cette première innovation fut suivie d'autres réalisations telle la mise au point d'un support numérique pour améliorer la production végétale destiné aux élèves de 1^er année secondaire …

Sa production

Mongi a aussi enrichi par ses ouvrages la bibliothèque scolaire tunisienne. On lui doit plusieurs ouvrages parascolaires :

- Les manuels de SVT destinés aux élèves de 7^ème, de 8^ème et de 9^ème  année de l'enseignement de base

- Les manuels de SVT destinés aux élèves de 1^ère et de 2^ème année de l'enseignement secondaire.

 

Sa participation aux examens nationaux

De par ma position à la direction générale des examens, j'étais témoin de l'engagement, du sérieux et du sens du devoir chez Mongi. La DGE avait toujours l'habitude de faire appel à lui pour faire partie des commissions de choix des sujets ( bac et DFESEB) et pour présider les jurys de correction des épreuves dans le centre de correction à Sfax.

Il constituait avec Hédi Bouzid, Abderrazak Baccouche une équipe qui a assuré durant plusieurs sessions la qualité des sujets des examens nationaux. La contribution de Mongi était particulièrement précieuse au niveau de la qualité technique des graphiques toujours présents dans les sujets des SVT, grâce à sa grande maitrise des logiciels de dessin.

Je me rappelle de sa dernière participation. C'était au mois d'avril ou de mai 2005 ou 2006 (j'ai oublié l'année exacte), il avait l'habitude de passer à mon bureau avant de rejoindre sa commission et il faisait la même chose à la fin de la journée. Ce jour-là, je l'ai trouvé très fatigué ; il avait mal à la hanche, me disait-il. Il trainait la jambe et il s'appuyait sur un collègue pour rejoindre sa voiture, il devait rentrer à Sfax dans cet état. J'étais terriblement inquiet.

Cet homme, malgré son état et malgré les risques, n'a pas hésité à prendre sa voiture, à faire 540 km pour faire son devoir, alors qu'il aurait pu demander et obtenir une dispense.

Quelques mois plus tard, j'ai appris qu'il était très fatigué. Je me suis rendu chez lui à Sfax. Je l'ai trouvé très affaibli et il m'a révélé son mal, me disant : Mongi c'est fini, c'était la dernière fois que je voyais mon ami.

Adieu l'ami, que Dieu t'accueille dans son paradis éternel.

 

 

Extrait de l'hommage fait par son collègue Brahim Ben Salah lors de la cérémonie organisée le 20 décembre 2022 à l'occasion de la baptisassions du collège pilote, cité Al Ons au nom de Mongi Abid.   "Le regretté Mongi Abid était un patriote sans pareil. Il était un éducateur fidèle aux jeunes générations. Il était un homme de sciences et d'action qui ne s'arrête jamais. Pour lui, la science était un défi, un enjeu civilisationnel et un moyen d'éclairer et de libérer les esprits des jeunes. Mongi Abid accomplissait ses différentes tâches avec beaucoup de dévouement. Il remplissait son devoir de la meilleure manière, avec justice et droiture. Son principe dans le travail et le respect et l'amour. C'est ainsi qu'il était aimé et respecté par tous ceux qui l'ont connu ou ont travaillé avec lui. Mongi Abid croyait à la valeur du travail. Pour lui, la valeur de l'homme est dans ce qu'il fait et dans ce qu'il réalise Il était fidèle à ce principe parce qu'il aimait sa patrie qui le lui a reconnu et l'honore aujourd'hui, en donnant son nom à cet établissement scolaire en reconnaissance à ses qualités afin de commémorer sa mémoire auprès des enfants de ce peuple. Les qualités de Si Mongi sont si nombreuses qu'il est impossible de les citer toutes à cette occasion, mais je vais essayer de les résumer en citant ce proverbe "l'arbre se reconnait par ses fruits". Qu'y a-t-il de meilleurs fruits que ceux qu'a laissés le défunt, trois enfants parmi les hautes compétences scientifiques, qui sont la fierté de la nation, de leurs familles, et de leurs amis. Je veux citer notre fils Skander chirurgien, notre fille Dorra cardiologue, et notre fils Mohamed ingénieur et expert international en télécommunication. --------------------------------------------------------------------------------------- Témoignage de Mme Asma Abbès Smaoui, inspectrice générale SVT   Monsieur Mongi Abid était aimé et respecté par ses collègues ainsi que par les enseignants qu'il avait encadrés. Je n’oublie jamais son travail collaboratif, fructueux et professionnel lors de l’élaboration de documents pédagogiques, la conception du manuel scolaire des sciences de la vie et de la terre niveau première année secondaire de la réforme de 2002, la préparation et la coanimation disciplinaires et interdisciplinaires de certaines séances de formation pour les enseignants et les capésiens, ainsi que lors de l’accomplissement des tâches en équipe d’inspecteurs. À cela s’ajoute ses compétences de créativité et d’innovation liées notamment à la conception de dessins assistés par ordinateur, à la création d’animations pour simuler des phénomènes naturels et à l’intégration des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans le processus d’enseignement/apprentissage.

 

Mongi Akrout, Inspecteur général de l'éducation retraité

Tunis, novembre 2023

 

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