Extraits du document le « Programme des programmes » Partie 3

Hédi Bouhouch Dans le souci de préserver la mémoire de l’école tunisienne et de mettre en valeur les apports des acteurs de l’éducation à travers les différentes époques, la présente publication propose à ses lecteurs des extraits d’un document de référence émis en septembre 2002 par la Direction générale des programmes et de la formation continue, à l’époque du ministre Moncer Rouissi. Il s’agit du document intitulé « Programme des programmes », conçu comme un cadre de référence pour accompagner la réforme éducative de 2002. Ce document commence par établir un diagnostic de l’état de l’école tunisienne à cette période, en mettant en lumière les nouveaux enjeux auxquels elle devait faire face. Il consacre ensuite l’essentiel de son contenu à la présentation de l’approche par compétences — une approche pédagogique importée de l’étranger et adoptée par le ministère de l’Éducation — en détaillant les rôles que devaient y jouer les différents acteurs : l’enseignant, l’élève et les parents. Le texte décrit également les types de compétences visés et dresse le profil de l’élève à former selon cette nouvelle vision. Toutefois, cette ambition est restée lettre morte, freinée par de nombreux obstacles. Près d’un quart de siècle plus tard, force est de constater que l’école tunisienne demeure dans une situation comparable à celle décrite dans le diagnostic du Programme des programmes.

 

LES PROFILS DE SORTIE DE L’ENSEIGNEMENT SCOLAIRE

 

La Loi d’orientation de l’éducation et de l’enseignement scolaire du 23 juillet 2002 constitue la référence principale dans la définition des profils de sortie de chaque cycle d’enseignement. L’un des mérites de cette loi, ce par quoi elle innove, est d’envisager  la question des objectifs éducatifs et des buts de l’enseignement dans toutes ses dimensions et dans une vision globale cohérente mettant en rapport tous les aspects du processus éducatif.

Outre les fondements et les principes sur lesquels repose le projet éducatif tunisien, la Loi accorde une importance particulière aux contenus et aux compétences qui dessinent les profils des élèves à la sortie des différents cycles conformément à la mission dévolue à l’école et aux objectifs du système éducatif. Ces profils constituent le fil conducteur de la loi et se lisent en filigrane dans tous ses articles lesquels sont construits selon l’ordre logique suivant :

 

Mission de l’éducation :

Elle occupe le Titre premier du texte constituant ainsi le fondement de l’éducation et des objectifs à atteindre et que le législateur a ainsi définis dans l’article 3 :« L’éducation a pour finalité d’élever les élèves dans la fidélité à la Tunisie et la loyauté à son égard, ainsi que dans l’amour de la patrie et la fierté de lui appartenir. Elle affermit en eux la conscience de l’identité nationale et le sentiment d’appartenance à une civilisation aux dimensions nationale, maghrébine, arabe, islamique, africaine et  méditerranéenne, en même temps qu’elle renforce l’ouverture sur la civilisation universelle.

L’éducation a aussi pour but d’enraciner l’ensemble des valeurs partagées par les Tunisiens et qui sont fondées sur la primauté du savoir, du travail, de la solidarité, de la tolérance   et   de   la   modération.   Elle   est   garante   de   l’instauration  d’une   société profondément attachée à son identité culturelle, ouverte sur la modernité et s’inspirant des idéaux humanistes et des principes universels de liberté, de démocratie, de justice sociale et des droits de l’Homme ».

 

Les fonctions de l’école :

De la mission de l’éducation qui exprime l’aspiration de la société et sa vision de l’avenir des jeunes générations découlent les objectifs éducatifs et les fonctions de l’Ecole définis dans les articles 7,8,9 et 10 de la Loi comme suit :

L’éducation : Elle  s’intéresse  aux  dimensions  morales,  spirituelles,  physiques  et esthétiques de l’élève ; au développement de la personnalité et à la formation du citoyen. C’est le domaine des valeurs, des comportements, des attitudes et de l’intégration sociale.

L’instruction : Elle vise à développer les facultés intellectuelles des élèves, à les doter des connaissances, des savoirs et d’une culture générale leur permettant de s’insérer dans la société du savoir et d’apprendre tout au long de la vie.

La qualification : Elle vise à développer chez les élèves des compétences et des savoir-faire facilitant leur « formabilité » tant scolaire que professionnelle.

Le  texte  de  la  loi  a  fixé  à  chacune  de  ces  fonctions  des  objectifs  précis  qui contribuent, dans leur complémentarité et leur cohérence, à dessiner les profils de sortie dans leurs dimensions personnelles, civiques, cognitives, culturelles et pratiques ainsi que leur degré d’accomplissement au terme de chaque cycle scolaire.

 

Les cycles scolaires

La   réalisation   des   objectifs   éducatifs   progressivement   et selon   des   étapes complémentaires n’est pas en contradiction  avec le principe de l’autonomie de chaque cycle et ses finalités propres. La loi subdivise l’enseignement scolaire en deux cycles distincts :

L’enseignement de base : Il constitue une entité à part entière ayant ses propres objectifs. C’est un minimum requis de savoirs, de compétences et de savoir-faire qu’il convient de garantir à tous les élèves. Il constitue, à ce titre, la base sur laquelle repose l’apprentissage  tout    au  long  de  la  vie,  la  formabilité  et  l’employabilité.    Outre  la préparation au cycle scolaire suivant et à l’accès à la formation professionnelle, il garantit également l’intégration dans la société et l’engagement dans la vie active.

L’enseignement secondaire : Il constitue une étape importante dans la définition du projet d’avenir de l’élève et un tournant dans sa scolarité. Il vise à doter l’élève, en plus d’une culture générale, d’une formation approfondie dans l’un des champs du savoir ou bien d’une formation spécialisée dans un domaine spécifique lui donnant la possibilité soit  de  poursuivre  ses  études  dans  l’enseignement  supérieur,  soit  de  rejoindre  la formation professionnelle, soit de s’insérer dans la vie active.

 

Les enseignements

Afin de mieux établir le rapport entre les contenus des différents enseignements et les objectifs visés, la loi a défini les fondements sur lesquels reposent les programmes et la contribution de chaque discipline à la réalisation de ces objectifs et ce dans une démarche intégrative  qui  dépasse  la   parcellisation  et   le   cloisonnement  entre  les   différents apprentissages.

Le programme n’est pas une simple distribution de contenus divers sur des matières distinctes, mais un tout complémentaire et cohérent.

 

Les compétences requises

Partant du  principe de  l’intégration à  l’intérieur de  chaque matière  et  entre  les matières ; et dans un souci d’une plus grande cohérence entre les objectifs éducatifs, la Loi  d’orientation  a  fixé  les  « compétences  transversales »  à  l’acquisition  desquelles contribuent toutes les matières. La compétence devient, de ce point de vue, le lieu de rencontre des disciplines et de leur intégration. De là se dégagent les profils du Tunisien de demain que l’école est chargé de former

Ces profils se déploient dans les dimensions suivantes :

- Les dimensions personnelles : Ils ont trait aux fondements de la personnalité de l’individu/ Homme

-  Les  dimensions civiques : Elles  touchent à  la  socialisation et  à  la  formation du citoyen.

- Les dimensions cognitives et culturelles : Elles visent le développement intellectuel, scientifique et culturel de l’élève.

 

- Les dimensions pratiques : Elles référent à la qualification et à la préparation à la vie active.

Chacune de  ces  dimensions est  composée  de  multiples facettes qui    constituent ensemble le profil de sortie et ce qu’il suppose comme aptitudes, compétences et savoir- faire.

 

 

Fin du 3° extrait  ; pour voir la 1^er extrait, cliquer ICI et pour le 2° extrait, cliquer ICI

 

Présentation et sélection de l’extrait par Mongi Akrout, inspecteur général de l’éducation

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